Une Nouvelle Société, ce n'est pas seulement la reformulation
des idéaux de justice et de bien-être que l'humanité
poursuit depuis des millénaires; c'est la mise à jour des
outils qui permettent de les atteindre. Car, ne nous leurrons pas, s'il
devient concevable de créer aujourd'hui un monde meilleur, ce n'est
pas parce que la nature humaine a changé; c'est parce que les moyens
techniques dont nous disposons favorisent cette amélioration et mettent
le bien commun dans la trajectoire des objectifs individuels, lesquels demeurent
aussi égoïstes que jamais.
Ainsi, il y aura une meilleure répartition de la richesse dans un
Nouvelle Société pour trois (3) raisons, dont aucune n'est
angélique. 1) Parce que la richesse collective croissante permet
qu'un pourcentage plus élevé de la population atteigne le
seuil à partir duquel d'autres facteurs que l'argent contribuent
prioritairement au bonheur; 2) parce que la concentration de la richesse
met en péril la structure de pouvoir elle-même et qu'une majorité
effective va faire le choix de la sécurité plutôt que
de la cupidité; 3) parce qu'une société complexe voit
augmenter la proportion de ses membres qui sont indispensables et donc de
ceux qui ont un pouvoir de négociation réel pour obtenir plus
de la collectivité.
Pour ces raisons, qui sont essentiellement liées à l'essor
de la technologie, nous allons vers un monde plus équitable. Pour
des raisons qui sont aussi le fruit de la technologie moderne et que nous
verrons dans un prochain texte, nous allons également vers un gouvernement
plus démocratique; pour ces mêmes raisons, l'État doit
faire le choix inévitable d'adapter ses procédés de
gestion hérités de l'Ère industrielle à la réalité
du monde contemporain.
Dans une Nouvelle Société, la relation entre le citoyen et
l'État sera modifiée de deux (2) façons fondamentales
complémentaires. 1) Par la gestion à distance via l'Internet
de l'immense majorité des démarches qui constituent le dialogue
entre les individus et l'administration publique, et 2) par la venue d'un
"cicérone", un professionnel qualifié qui prendra
le citoyen par la main et le guidera dans les dédales de l'administration,
s'assurant qu'il répond aux exigences de cette dernière mais
en retire aussi son dû.
0. INTRODUCTION
On estime aujourd'hui à plus de quatre-vingt millions (80 000 000)
sur la planète la foule des utilisateurs de l'Internet; dans 5 ans,
il y en aura sans doute dix fois plus. Certaines sociétés
- les U.S.A les premiers - seront alors devenues des "sociétés
branchées" et une société qui ne sera pas branchée
ne sera plus une société moderne. On estime que 20% des Québécois
utilisent déjà l'Internet pour leur travail ou par plaisir
et la croissance est exponentielle.
Bientôt, la totalité ou presque des citoyens pourront aisément
et efficacement accéder à l'Internet; quand ce seuil d'universalité
sera atteint - comme il l'a été pour la téléphonie
et la télévision - l'État ne pourra pas se désintéresser
du phénomène et choisir de ne maintenir avec ses commettants
qu'une communication de qualité inférieure. Pourrait-on imaginer,
aujourd'hui, une société où les hôpitaux, les
écoles, les postes de police n'auraient pas le téléphone?
L'État devra se brancher. Il devrait le faire tout de suite.
Quand l'État mettra en place les mécanismes requis pour administrer
une société branchée, ce changement constituera un
pas bien concret vers une Nouvelle Société, rendant imminents
tous les autres changements que nous avons décrits sur ce site touchant
la main-d'oeuvre, l'éducation, la santé .... et la politique.
(La fiscalité, comme nous l'avons dit, ne pourra sans doute pour
sa part être transformée qu'APRÈS l'avènement
d'une Nouvelle Société (voir Texte 706).
Nous verrons d'abord dans ce texte le processus type de relations entre
les citoyens et l'administration , les composantes qui apparaissent à
la description des fonctions de la majorité des organismes de l'État
et qui peuvent être traitées avantageusement en ligne. Nous
en verrons ensuite des applications reliées au fonctionnement de
quatre (4) secteurs-clefs de l'activité de l'État que nous
avons vus dans des textes précédents - Santé, Éducation,
Main-d'oeuvre, Fiscalité - ainsi qu'à celui du Droit que nous
avons déjà brièvement touché et à ceux
de la Culture et de l'Information. Pour chacun de ces secteurs, nous proposerons
une ébauche des dossiers à établir.
Branchée ou non, l'administration de l'État ne perdra pas
de sa complexité, laquelle, au contraire, ne peut aller qu'en augmentant.
Nous terminerons donc en indiquant comment la société fournira
un guide, un "cicérone" à l'administré pour
que celui-ci, malgré cette ceomplexité puisse tire le meilleur
parti des services que l'État lui offre.
1. LA GESTION EN LIGNE
Le rôle d'un organisme d'État - ministère ou institution
- consiste pour une bonne part en relations avec la population; un problème
est posé et doit recevoir sa solution, des renseignements doivent
être colligés, une enquête, une analyse, une évaluation
doivent être faites, une décision doit être prise. Ces
relations peuvent être gérées en ligne de façon
plus rapide et plus efficace que de toute autre façon, puisque l'Internet
permet l'interactivité et que les capacités techniques de
l'ordinateur facilitent la recherche et la communication.
Tout ne peut pas être fait par la machine. Une partie du travail exige
réflexion et les ordinateurs ne remplaçant pas le jugement;
il faut parfois un humain au bout du fil. Une grande partie du processus
administratif, toutefois, consiste à accomplir certaines procédures
et à remplir des formulaires: la quasi-totalité du temps de
certains fonctionnaires se passe à recueillir l'information. Ce sont
ces procédures qui sont au coeur de la relation entre l'administration
et les administrés et qui, souvent mises en place à une autre
époque, occasionnent aujourd'hui le plus clair des pertes de temps
et des frustrations chez les administrés. Le temps qu'on passe à
remplir des papiers est déjà ennuyeux, mais le temps qu'on
perd à se rendre là où ils doivent être remplis
et à attendre en file au guichet est totalement vexatoire.
Tout ça doit changer. Ce n'est pas que le besoin que ces procédures
venaient combler au temps des crayons à mine de plomb et du papier-carbone
n'existe plus; il existe toujours, mais il y a désormais d'autres
façons d'y satisfaire. Les procédures mécaniques qui
entourent les tâches "humaines" d'analyse et de décision
peuvent maintenant être traitées avantageusement en ligne.
La transformation de la procédure administrative habituelle pour
tenir compte de cette nouvelle possibilité entraînera des économies
majeures et une amélioration spectaculaire de la qualité des
services.
La gestion en ligne sur Internet réduit les coûts de façon
dramatique, car on peut alors s'en remettre aux techniques robotisées
pour tout le travail prè-programmé d'interaction: envoi de
formulaires, suivi périodique des dossiers, voire la plus grande
partie des réponses aux questions posées. Une interface humaine
reste indispensable pour le traitement de certains dossiers, mais en automatisant
tout ce qui peut l'être on obtient déjà une efficacité
multipliée.
Disons le tout de suite: cette efficacité accrue ne doit pas
servir à limoger des fonctionnaires et mener à une aggravation
du chômage technologique sous prétexte de réaliser des
économies; elle doit servir à un recyclage des ressources
humaines et à offrir de meilleurs services. Nous y reviendrons. Pour
le moment, disons seulement qu'une Nouvelle Société sera gérée
en ligne.
Le citoyen d'une société branchée obtiendra sur
son écran chaque formulaire à remplir ainsi que les instructions
pour le faire. Ayant fourni les renseignements demandés - dont une
grande partie seront des éléments d'identification redondants
qu'il pourra insérer en pressant une seule touche de son clavier
- l'utilisateur transmettra le formulaire, d'un seul geste également,
à toutes les parties qui doivent en recevoir copie. Chacune prendra
la décision qu'il lui appartient de prendre, en ordre séquentiel
ou simultanément, selon le cas, après quoi la décision
finale sera inscrite à un registre central et l'autorisation ou le
permis seront transmis au demandeur qui pourra imprimer le document ou la
vignette requise. Quiconque en a l'autorité pourra vérifier
par la suite "en ligne" l'authenticité de ce document.
Ceci est d'autant plus facile à réaliser que ce sont les mêmes
procédures standards d'interface avec la public qui, à quelques
différences près, apparaissent à la description de
fonctions de la majorité des organismes de l'État. Les relations
ponctuelles des citoyens avec l'État peuvent s'inscrire dans quelques
catégories-types bien limitées dont chacune peut donner lieu
à sa propre procédure d'interface. Ceci suggère la
création d'autant de "casiers postaux virtuels" au sein
d'un organisme qu'on y retrouve de ces catégories, chaque casier
postal devenant l'équivalent virtuel d'un "guichet" à
usage dédié.
1.1 L'INTERFACE STANDARD
Comment la communication entre l'administration et l'administré va-t-elle
s'établir quand l'État aura décidé de gérer
"en ligne"? A partir de la page index de l'organisme auquel il
s'adresse, l'usager a accès aux divers casiers postaux (guichets)
et aux instructions permettant de savoir auquel s'adresser. L'accès
à un casier postal lui donne le choix entre divers formulaires à
utiliser, ainsi que la possibilité parfois d'y ajouter des notes
de son crû. Le formulaire à remplir est l'élément
essentiel du dialogue qui va s'engager. C'est par les protocoles - désormais
omniprésents sur l'Internet - de retour vers l'expéditeur
ou vers tout autre casier postal virtuel préprogrammé d'un
formulaire que l'internaute n'a qu'à remplir, que le fonctionnaire
obtiendra désormais l'immense majorité sinon la totalité
de son information.
L'administration a pour coutume de produire des douzaines ou des centaines
de formulaires distincts. Quand on n'imprime plus les formulaires mais qu'ils
apparaissent à l'écran, on peut se limiter à un seul
formulaire évolutif, demandant à l'usager de cheminer à
son insu dans ce qui devient un arbre de décisions. Chaque fois qu'il
répond à une question du formulaire, le reste du formulaire
est remanié en fonction de sa réponse, déterminant
au besoin des centaines de versions finales du formulaire dont le début
pourtant est toujours le même.
La tâche de celui qui remplit le formulaire est simplifiée...
et celle du fonctionnaire aussi. En effet, on n'a plus à limiter
pour des raisons logistiques le nombre de versions finales alternatives
du formulaire; le questionnaire reste simple pour celui qui le remplit,
même si l'arbre de décisions est complexe et inclut des différences
subtiles. Le résultat en est que, lorsque l'usager a complété
la séquence de choix successifs qui lui a été présentée,
il a non seulement fourni toute l'information requise, mais il l'a aussi
structurée de façon à ce qu'il soit le plus facile
possible d'y apporter une solution.
Le formulaire final répondant précisément aux besoins
de la requête, la part qu'on pourra en traiter automatiquement par
ordinateur en sera d'autant augmentée et le travail d'analyse et
de décision du fonctionnaire responsable en sera d'autant simplifié.
Les éléments dont le formulaire ne tient pas compte mais que
l'usager considère significatifs peuvent être ajoutés
en notes au formulaire. L'examen de ces notes permettra de bâtir avec
le temps des formulaires de plus en plus adéquats.
On ne demandera jamais à l'usager d'envoyer plusieurs copies d'un
même document: l'aiguillage sera automatique vers qui de droit. La
production de pièces jointes ne créera pas de problème,
puisque les documents d'appoint seront acheminés directement par
l'organisme qui en a la garde vers le site où ils sont requis à
la demande de celui-ci. Il suffira que l'usager coche au formulaire la mention
autorisant cet accès à l'information.
A moyen terme, d'ailleurs, seule l'adresse du document d'appoint apparaîtra
aux divers sites où il doit en exister copie, faisant lien vers la
version électronique "originale" qui restera aux archives
virtuelles de l'émetteur du document. C'est chez ce dernier que l'original-papier
du document, s'il y en a un, restera prudemment en voûte; des copies
en seront conservées en micro-fiches, sur CD ou par tout autre procédé
semi-matériel pour parer à toute éventualité,
mais la transmission ultérieure du document deviendra exclusivement
virtuelle.
Quand toute l'information lui est parvenue, le fonctionnaire doit procéder
à l'analyse qu'on attend de lui et prendre la décision qu'il
lui appartient de prendre, après quoi il transmet le formulaire,
enrichi de sa propre contribution, vers celui qui dans la séquence
administrative interne doit ensuite intervenir. Celui-ci procède
de même et achemine à son tour le dossier (le formulaire initial
enrichi des apports de tous ceux qui y sont déjà intervenus)
vers l'intervenant suivant, et ainsi de suite jusqu'à ce que le dossier
ait été complètement traité et que toutes les
décisions aient été prises.
Aujourd'hui, quand l'un des organismes de l'État a pris une décision,
celle-ci doit faire l'objet d'un document écrit - (confirmation,
permis, etc) - et ce document doit être transmis: a) à celui
qui en a fait la demande, et souvent b) à des tiers intéressés.
Quand l'État est en ligne, il n'est pas question de renvoyer ces
documents par la poste. Quand la séquence est complétée,
le formulaire est ré-acheminé par courriel au requérant
et aux autres intéressés, porte un numéro de contrôle
et fait preuve des décisions intervenues.
L'usager pourra tirer une copie imprimée de ce document, mais cette
formalité deviendra vite superflue, sauf lorsque le document devra
servir à l'étranger, dans les pays en voie de développement
de leur propres sites. Dans le pays d'origine, quiconque voudra s'assurer
de l'authenticité d'un document émis par un organisme d'État
n'aura qu'à communiquer avec le Guichet-vérification de l'organisme
pour en obtenir confirmation. Naturellement, si le document est à
usage restreint confidentiel, ou s'il confère un droit à son
détenteur nommément désigné, celui-ci pourra
être tenu de s'identifier et d'introduire un NIP quand il voudra en
permettre l'accès ou en tirer avantage.
1. 2 LES GUICHETS
Quels sont les casiers postaux virtuels (guichets) qu'on retrouvera normalement
dans la plupart des organismes d'État, sans préjudice à
ceux que nous identifierons plus loin à l'examen des besoins de certains
domaines d'activité bien spécifiques?
a) un "Guichet-requêtes". Le plus utilisé et celui
qui initie la plupart des relations entre le citoyen et l'administration.
L'usager y accède au formulaire évolutif qui devrait pouvoir
correspondre à toute demande que l'usager souhaiterait présenter
à l'organisme: passeport, permis, certificats, etc.
b) un "Guichet-renseignements". C'est ici que les usagers
poseront leur questions. Le guichet consistera en une liste de réponses
pré-programmées liées à des questions pré-formulées
entre lesquelles l'usager choisira; seules les questions "originales"
exigeront l'attention d'un préposé. Pour inciter les usagers
à consentir l'effort nécessaire pour identifier leur interrogation
à une question pré-formulée, il devra y avoir un coût
lié à la présentation d'une question "originale".
Au départ, le pourcentage des questions exigeant une intervention
humaine sera significatif. Toutefois, ces questions "originales"
re-formulées et les réponses qui y seront apportées
viendront s'ajouter à celles du système automatisé
initial et enrichiront la banque de réponses. Le pourcentage de questions
exigeant une intervention humaine sera donc décroissant; il diminuera
d'autant plus rapidement que les questions seront bien re-formulées
et que la procédure d'accès sera intuitive;
c) un "Guichet-suggestions". Ici, on commentera, on se plaindra,
on félicitera et on apportera des recommandations constructives.
Ce guichet renverra un accusé de réception automatique. Il
recevra une attention "humaine" à la mesure des ressources
disponibles. (Ce guichet pourra, comme nous le verrons plus loin, devenir
un "cahier des doléances").
d) un "Guichet-dénonciations". Il n'est pas utile qu'un
tel guichet existe dans tous les organismes mais il est indispensable qu'il
en soit crée un dans tous les cas où l'organisme a le mandat
de faire respecter la loi. Ainsi, il faut pouvoir dénoncer les cas
de pollution, le braconnage, les atteintes aux droits des enfants, etc.
L'accès à l'information envoyée à ce guichet
sera restreint à des fonctionnaires autorisés à cet
effet et qui devront préserver la confidentialité des dénonciations;
e) un "Guichet-soumissions". Certains organismes - (à moins
que la fonction ne soit centralisée en un site unique "Approvisionnement")
- maintiendront un guichet réservé au processus d'appel d'offres,
de vente aux enchères et de présentation de propositions et
devis; les activités découlant des relations établies
à ce guichet exigeront naturellement une intervention humaine continue;
f) un "Guichet-caisse". Il permet de recevoir des fonds ou de
faire un paiement. Il est totalement automatisé et on y accède
généralement via le Guichet-requêtes ou le Guichet-soumissions.
g) un "Guichet- vérifications". Totalement automatisé
en pratique, mais auquel il faut adjoindre une ressource humaine en appui
(back-up), toute panne étant ici intolérable.
1.3 LES DOSSIERS INDIVIDUELS
En plus de simplifier et d'accélérer considérablement
le processus, le traitement en ligne de l'émission et du contrôle
des permis et procédures réglementaires permettra d'obtenir
une cohérence jusqu'à maintenant utopique dans l'application
de la réglementation, les liens établis entre les divers dossiers
faisant que ceux-ci se corroborent les uns les autres, ou au contraire se
contredisent, auquel cas on prendra les mesures appropriées pour
corriger la situation. Ceci, toutefois, appelle un réserve importante
car la cohérence n'est pas toujours la première priorité
La cohérence n'est pas toujours la première priorité.
La première priorité, c'est souvent le respect de la vie privée
du citoyen. Les limitations inhérentes aux procédés
de gestion qu'a utilisés l'État jusqu'à maintenant
ont imposé que chaque dossier traité le soit pratiquement
sans référence à une relation globale entre l'État
et l'individu. Cette ignorance a été souvent saluée
comme une bénédiction par ceux qui souhaiteraient que l'État
se recroqueville à la partie congrue. Ils ne veulent pas voir que
l'obligation imposée à l'appareil gouvernemental de refaire
maintes fois le même travail fait surtout l'affaire de ceux qui trichent...
alors que le citoyen ordinaire n'a pas à y gagner et que c'est lui,
au contraire, qui paye le prix de la redondance programmée.
Nous n'avons pas à discuter ici du bien fondé des restrictions
qui sont imposées à l'État. Dans une société
branchée, on PEUT lier les dossiers, mais rien dans l'établissement
d'une gestion en ligne ne vient supprimer les barrières que l'on
peut vouloir maintenir à la transmission de l'information entre les
divers secteurs d'activité de l'État. C'est dans la mesure
où la population l'acceptera qu'une part plus ou moins importante
de l'information relative aux rapports de l'État avec chaque citoyen
pourra être intégrée en un tout.
À l'intérieur des cadres de certains secteurs comme la
santé, l'éducation ou les paiements de transferts, la fiche
sectorielle complète de l'individu deviendra sans doute disponible
chaque fois qu'un décision devra intervenir. Qu'il faille ou non
lier entre eux les dossiers sectoriels, toutefois, est une décision
plus grave, puisque les autorisations d'accès ne sont pas nécessairement
accordées aux même personnes d'un secteur à l'autre
et pas pour les mêmes motifs. Soulignons donc qu'il sera tout aussi
facile de garder ces secteurs étanches qu'il l'est aujourd'hui de
réserver au titulaire d'un compte en banque l'accès à
ses fonds.
1.4 UNE RELATION HUMAINE
On pourrait être tenté de penser que cette nouvelle approche
de gestion par courriels interposés, faisant largement appel à
des ordinateurs et à des algorithmes, déshumanise la relation
entre l'administration et les citoyens. En fait, c'est au contraire qu'il
faut s'attendre, comme la mise en place des pilotes-automatiques a favorisé
le contact entre l'équipage et les passagers: quand tout ce qui peut
être automatisé l'a été, tout ce qui ne peut
pas l'être reprend sa véritable importance qui est de faire
appel à une compétence humaine. Pour cette raison, sauf s'il
y a péril imminent, la première règle d'interface avec
l'administration pour le citoyen d'une société branchée
doit être: "Ne venez pas, ne téléphonez pas:...
branchez vous !" Quand il y a urgence - en santé, par exemple
- les délais tendront vers zéro. Quand il s'agira d'une relation
courante, tout ira plus vite mais sans précipitation indue et, surtout,
on remettra à l'usager le contrôle sur cette relation entre
lui et l'État.
Ainsi, dès le premier contact entre l'administré et le fonctionnaire,
la communication par Internet permet une nouvelle attitude. Plus sereine.
Plus courtoise. Il faut se connaître. Donnant l'exemple, l'État
devrait se présenter sur son propre site, référant
par liens aux pages index de chacun de ses organismes et de chacune de ses
institutions. Chaque organisme ou institution de l'État, sur son
propre site, devrait publier:
a) son profil, sa mission et ses objectifs;
b) son historique avec séries chronologiques explicatives;
c) sa structure (organigramme), identifiant les titulaires des divers postes
et leurs responsabilités;
d) les éléments quantitatifs et descriptifs permettant de
comprendre le fonctionnement de cet organisme: budget, statistiques, graphiques,
cartes, cadastres, inventaires, etc.
e) une description simple et claire de son autorité. Un aspect fondamental
de la mission de plusieurs organismes consiste à édicter des
normes et/ou à les faire respecter. Le citoyen doit savoir dans quelle
mesure et comment un organisme d'État peut ainsi lui imposer des
obligations ou restreindre sa liberté. C'est ici qu'on le lui dira.
(Avec référence par liens à la législation et
à la réglementation pertinente aux relations de l'organisme
avec les usagers et le public).
L'organisme ayant eu la délicatesse de se présenter, chaque
relation ponctuelle en ligne avec l'administration permettra aussi que le
citoyen soit informé de la nature et des objectifs concrets de la
démarche qu'il entreprend; le préposé au guichet qui
affronte aujourd'hui une file d'attente n'a pas le temps de le lui expliquer
mais le site Internet, lui, a tout son temps....
La page index de chaque organisme de l'État traitant avec le public
débutera par le choix qui sera offert à l'usager de savoir
précisément ce qu'il est venu chercher sur ce site de l'État
et pourquoi il doit accomplir cette formalité. On ne lui imposera
pas ces renseignements, mais on les tiendra à sa disposition, lui
permettant à sa discrétion l'accès par liens à
trois (3) dossiers de contexte indiquant :
a) le circuit général de fonctionnement de l'organisme - clairement
identifié au sein du circuit de fonctionnement simplifié de
l'appareil de l'État - afin que l'usager puisse voir et comprendre
dans son contexte la mission de l'organisme ainsi que la raison d'être
et les résultats qu'on attend de la démarche qu'il entreprend;
b) la liste des formulaires que l'organisme utilise pour obtenir et véhiculer
l'information qu'il requiert ainsi que pour rendre et transmettre ses décisions
(une liste courte qui indiquera les formulaires évolutifs de départ,
une liste longue qui se référera aux objectifs visés
et sera accessible par engin de recherche et mots-clefs.)
c) le cheminement-type à l'intérieur de l'organisme des diverses
versions finales des formulaires qu'on pourra lui demander de remplir, de
même que les délais moyens d'acheminement entre les diverses
étapes de ce circuit. Une fonction interactive robotisée permettra
à tout moment le dépistage (tracing) à l'intérieur
du circuit d'un formulaire déjà rempli et soumis par l'usager.
Cette fonction peut être totalement automatisée, dans la mesure
ou la transmission des formulaires au sein de l'appareil gouvernemental
est elle-même faite entièrement d'ordinateur à ordinateur.
Quand l'usager est ainsi situé et sait qu'il pourra, à tout
moment, savoir où en est rendue son affaire et si elle suit un cheminement
normal dans les délais normaux, il cessera de s'énerver et
de trépigner. Les gens ne s'impatientent pas tous les jours durant
les neuf mois d'une grossesse....
2. LES SECTEURS-CLEFS
Tout le processus de gestion de l'État se transforme quand l'État
gère une société branchée. Pour illustrer ce
changement, nous verrons ici une ébauche des dossiers à établir
dans huit (8) secteurs-clefs de l'activité de l'État que le
branchement à l'Internet va radicalement transformer: Domiciliation,
Santé, Éducation, Main-d'oeuvre, Droit, Culture, Fiscalité
et paiements, Information.
Ceci pour montrer d'abord la similitude de certaines fonctions mais aussi
comment chaque secteur d'activité de l'État peut avoir sa
spécificité. Ls activités de tous les secteurs peuvent
logiquement s'inscrire dans les catégories générales
que nous avons indiquées ci-dessus, mais certaines de ces activités
prennent parfois une telle ampleur relative, ou font appel à une
information si sensible dans un secteur particulier, qu'il est alors préférable
de modifier le processus standard d'interface pour en tenir compte.
En examinant un à un ces secteurs-clefs, nous mettrons donc
en évidence les différences parfois subtiles qu'il semble
opportun d'établir entre les modalités concrètes de
gestion de leurs dossiers respectifs. La santé est le secteur où
il est le plus important de préciser ainsi la démarche et
nous le verrons plus en détail, mais chaque secteur a les siennes.
2.1 DOMICILIATION
La démarche de "domiciliation" représente le premier
pas logique vers la mise en place d'une gestion en ligne de la relation
entre le citoyen et l'État. En plus de donner une adresse virtuelle
à l'individu, comme son nom l'indique, elle lui fournit aussi d'autres
éléments qui lui permettent de s'identifier. C'est une fonction
d'identification que l'État actuellement n'assume pas mais qui devient
nécessaire. Une Nouvelle Société doit viser à
tirer les gens de leur anonymat, à refaire de chaque individu une
personne. C'est une condition indispensable pour que tous ensemble nous
formions vraiment une société organique et non seulement un
agglomérat d'entités productrices comme ont voulu que nous
le devenions ceux qui nous ont exploité.
2. 1. 1 Le domicile virtuel
La société est devenue si complexe et la mobilité si
grande qu'on a parfois peine à se retrouver. Il serait utile que
chacun ait une adresse permanente ce que la technique rend maintenant possible.
Dans une société branchée, l'État peut fournir
gratuitement à chaque personne physique ou morale une adresse virtuelle
- comme les "branchés" ont aujourd'hui leur adresse de
courriel chez leur serveur Internet - et constituer un bottin complet accessible
en ligne indiquant l'adresse virtuelle de tous ses citoyens.
Ce qui est d'une grande utilité non seulement sociale, mais juridique.
Notre justice repose sur la notion qu'on peut et qu'on doit, comme première
étape pour faire valoir un droit, signifier d'abord un avis puis
d'autres procédures à qui de droit ... ce qui exige qu'on
puisse le trouver. Lorsque l'État donne à toute personne physique
ou morale une adresse de courriel permanente, un numéro d'identification
officiel (NIO) permanent qui lui servira de signature et la possibilité
de choisir et de changer à sa discrétion un numéro
d'identification personnel (NIP) qui fera foi de l'apposition de cette signature,
le problème est résolu. Tout le monde a un domicile.
Cette adresse de courriel qu'on donne gratuitement au citoyen ou à
une compagnie devient son domicile légal, virtuel mais permanent.
Toute personne ou compagnie dispose dès lors d'une adresse pour fin
de signification et, puisque tout le monde peut avoir accès au courrier
adressé à son domicile virtuel à partir de n'importe
quel ordinateur branché, il n'y a rien de choquant à ce qu'on
exige de tous qu'ils lisent leur courrier au moins une fois par mois. Toute
personne peut dès lors être considérée comme
ayant reçue légalement signification de tout document qui
lui a été expédié le jour où elle accède
à son courrier ou, si elle néglige d'y accéder, 30
jours après l'envoi du courriel à cette adresse par l'expéditeur.
2. 1. 2 La page perso
Toute personne physique ou morale - en plus de cette boite postale qui deviendra
son domicile virtuel - recevra également un espace sur le site de
l'État - disons 10 M de mémoire - où elle pourra inscrire
ce qu'il lui plaira d'y mettre: ce sera son site personnel, sa "page
perso". Normalement, apparaîtront sur ce site deux types de données.
Des données que la personne choisira de rendre publiques et d'autres
auxquelles elle voudra restreindre l'accès à ceux-là
seulement qui disposeront d'un mot de passe qu'elle leur donnera et qu'elle
pourra changer par la suite aussi souvent qu'il le voudra.
Ainsi, on trouvera généralement à la "page perso"
de chaque individu ou compagnie une page d'introduction accessible à
tous et qui ne contiendra qu'une information anodine ou, au contraire, le
message viscéral que son auteur veut vraiment transmettre au monde
entier. On y trouvera aussi, cependant, les liens vers divers volets dont
chacun exigera qu'on dispose d'un code pour y avoir accès.
Sur une de ces pages, l'individu aura son dossier académique
complet relié à une autre page qui indiquera son expérience
professionnelle, les deux constituant son curriculum vitae. Une autre page
contiendra une présentation de lui-même pour fin d'établir
des relations sociales ou affectives, une autre son bilan financier avec
des liens vers quelques rapports de crédit, une autre son dossier
médical continuellement mis à jour. C'est a partir de son
adresse de courriel constituant son domicile virtuel que ceux qui en ont
l'autorité ou la permission pourront, chacun selon ses droits, accéder
au dossier judiciaire de l'individu, comme d'autres à ses dossiers
médicaux, éducationnels, financiers, etc.
Mia celà dit, ce à quoi servira avant tout la page perso de
l'individu, c'est à lui redonner une personnalité. Dans une
société anonyme où la solitude de chacun est à
la mesure de son interchangeabilité, il est bon que toute personne
cherche à se définir par quelque chose: ses idées,
ses bonnes oeuvres, son hobby... Il y a déjà, sur le seul
site Géocities, plus de trois millions de quidams qui ont créé
leur page personnelle où ils expriment ce qui leur sert de raison
de vivre.
Plus l'on s'éloigne d'une société où l'on s'identifiait
par son métier ou sa profession pour aller vers une civilisation
du loisir, plus cette notion prend d'ampleur. Il devient vital d'en tenir
compte, car c'est sur cette base que se créent les nouvelles affinités
et les conséquences pour la société en deviendront
surprenantes. (Pensons à la Chine, qui a supprimé sans pitié
ni grands problèmes toute opposition politique formelle... pour se
retrouver aujourd'hui sans parade devant des dizaines de millions d'adeptes
d'un quasi-culte qui ne demandent qu'à faire un peu de gymnastique
et une méditation matinale mais qui, forts de leur nombre, manifestent
comme personne n'ose le faire ... et n'en démordent pas. Pensez à
Dioclétien, qui avait d'autres chats à fouetter, à
qui l'on apprend que les esclaves chrétiens ont des mots de passe
secrets et se réunissent pour comploter...
2. 1. 3 Les bottins sectoriels
Un professionnel autonome profitera sans doute de cet espace "page
perso" qui lui est accordé sur le Web pour faire connaître
ses services. Rien de mal à ça; il est excellent, au contraire,
face à un marché du travail salarié qui se rétrécît
de plus en plus, d'encourager le travail autonome (voir Texte 701.html).
Rien ne devrait s'opposer à ce que des transactions en ligne soient
effectuées à partir d'une page perso, ni à ce que des
liens conduisent d'une page perso vers un site commercial.
Le monde devient plus complexe; il faut aller plus loin que les Pages Jaunes.
Il est temps de penser à un catalogue universel des biens et services
(voir Texte 117.html) et il y a des secteurs professionnels
où l'importance d'identifier les ressources disponibles dépasse
les simples exigences de la concurrence. Dans bien des cas l'individu sera
inscrit à un bottin sectoriel mis à jour annuellement et qui
dirigera justement vers sa page perso ceux qui voudront recourir à
ses services.
Le secteur de la santé en est un exemple sur lequel nous reviendrons
plus loin. De même celui de l'éducation, encore plus complexe
puisque, si tout le monde n'est pas guérisseur, tout le monde à
la limite a quelque chose à enseigner. Il serait opportun de créer
aussi un "annuaire-arts & lettres" pour aider les professionnels
autonomes qui oeuvrent dans les divers champs de la culture. Il sera utile
également de trouver en ligne la liste complète des avocats,
des architectes, etc.
La constitution de bottins sectoriels pour les diverses professions ne requiert
pas d'efforts particuliers. Dès que le professionnel s'est identifié,
pour les fins de la domiciliation, et a créé à sa convenance
une page perso à laquelle sont intégrés son dossier
académique et son résumé de carrière, il suffit
d'un mot-clef ou d'une série de mots-clefs intuitifs - "architecte",
"psychologue", etc - pour que le sous-dossier sectoriel se crée
de lui-même. La décision de l'État, en ce qui a trait
aux bottins sectoriels, consiste d'abord à exiger pour certaines
professions - et pour d'autres pas - que l'information soit fournie, à
en standardiser ou non le format de présentation et à publiciser
plus ou moins la disponibilité de cette information
2. 2 SANTÉ
Le branchement universel de la population à l'Internet peut apporter
une large contribution à la solution des problèmes de la santé.
D'abord, sur le plan médical au sens strict et, ensuite, sur le plan
de la logistique et de la gestion du réseau de la Santé.
Nous identifierons sept (7) dossiers de ce secteur qu'on devrait mettre
en ligne. Chacun de ces dossiers sera transindexé (cross-classified)
et relié par hypertexte: a) à l'information pertinente de
tous les dossiers de tous les autres secteurs constituant la maquette complète
du site de l'État, et b) à toute l'information de tous les
sites du Web... à la mesure du temps disponible pour ce référencement
et de l'efficacité des engins de recherche dont on disposera.
2. 2. 1 Les dossiers médicaux
a) Dossier "information médicale". C'est un traité
constamment mis à jour de la science médicale et un élément
de la section "Encyclopédie" de la "Bibliothèque"
virtuelle dont nous parlerons plus loin.. Ce dossier est un outil de travail
pour tous les professionnels du secteur de la santé et ses divers
chapitres serviront de point de départ à des "forums"
dont nous verrons aussi plus loin les modalités. L'accès général
au dossier "information médicale" sera en principe ouvert
à tous, comme le seront normalement tous les tomes de l'Encyclopédie,
mais l'accès à certains sous-dossiers - (toxicomanie, pharmacologie,
euthanasie...) pourra en être restreint aux seuls membres de certaines
professions médicales; c'est une décision qu'il appartiendra
à l'État de prendre.
Des liens aux données épidémiologiques historiques
et courantes du Ministère et du réseau de la santé
compléteront l'utilité de ce dossier "information médicale".
Peut-on s'imaginer l'intérêt énorme pour le service
responsable de voir apparaître instantanément sur une carte
du Québec tous les cas d'une maladie contagieuse dès qu'ils
sont rapportés et d'en voir l'incidence et la prévalence mises
à jour sans délai?
Voit-on l'intérêt pour la population qu'un médecin puisse
voir apparaître à son écran, dès que l'usage
en est autorisé, tous les médicaments brevetés et leurs
équivalents génériques, avec leur description et les
données statistiques pertinentes à leur utilisation respective
continuellement mises à jour par un service honnête et impartial,
plutôt que d'être informé des progrès de la pharmacopée
par des vendeurs de grandes firmes pharmaceutiques?
b) Dossier "personnel/médical ". C'est l'un des volets
à accès restreint qui doit être joint à la page
perso au domicile virtuel de l'individu. Ce dossier comporte tout l'historique
clinique du patient, incluant tous les diagnostics qui ont été
portés sur son état de santé au cours de sa vie et
par qui ils l'ont été, de même que la médication
qui a été prescrite en chaque cas, l'effet de cette médication
et les commentaires des intervenants. Le dossier "personnel/médical"
est joint au dossier personnel de l'individu et on peut y accéder,
si on en a le code d'entrée spécifique requis, par l'adresse
qui lui sert de domicile virtuel.
Le dossier "personnel/médical" est mis à jour automatiquement
- littéralement de minute en minute en cas d'activité intense
- puisque chaque fois qu'un médecin, un infirmier ou un autre professionnel
de la santé intervient auprès du patient - prescrit ou applique
un traitement - il doit le noter à ce dossier comme il note présentement
la fiche clinique du patient. La différence est que le dossier "personnel/médical"
est une fiche clinique permanente de l'individu et le suit toute sa vie
durant.
Chaque professionnel de la santé est muni de son propre code d'accès
professionnel qui l'identifie pour accès aux dossiers personnels
médicaux tout en limitant son accès à ce qu'il lui
est permis d'en connaître; l'intervenant peut ajouter au dossier du
patient - et son ajout est signé de son NIO/NIP et porte l'heure
et la date où il l'a inscrit - mais il ne peut jamais rien en retrancher,
même de ce que lui-même y a consigné. Seul un service
ad hoc du Ministère de la santé pourra retrancher du dossier
d'un patient, avec la permission de celui-ci et à la demande du professionnel
auteur du texte à retrancher.
Seul l'individu lui-même - (un droit dont il faudrait un ordre judiciaire
pour le priver) - ou un professionnel de la santé à l'intérieur
des limites de l'autorisation que lui confère son statut peuvent
avoir accès au dossier "personnel/médical" d'un
individu. À l'intérieur de la partie à laquelle celui
qui le consulte a droit d'accès à ce dossier - qui peut devenir
volumineux - un engin de recherche par mots-clefs permet le repérage
facile en cas d'urgence de ce que le consultant juge pertinent.
Ne serait-il pas bon que celui qu'on transporte d'urgence à l'hôpital
y soit précédé par son dossier déjà remis
à l'urgentologue qui l'attend, plutôt que de devoir s'en remettre
à un bracelet de pacotille qui sera parfois la seule barrière
entre lui et un choc anaphylactique? Ne serait-il pas avantageux que le
médecin traitant soit automatiquement prévenu de l'hospitalisation
d'urgence d'un de ses patients? Ce sont des applications concrètes
du dossier "personnel/médical". Mais, naturellement, il
ne s'agit pas ici seulement de consulter mais de gérer l'information;
c'est ce que fera "Esculape".
c) Programme "Esculape". On pourrait lui donner tout autre nom.
Entre les mains des professionnels de la santé il s'agit d'un logiciel
d'aide au diagnostic mais Esculape doit être, surtout, un logiciel
d'aide à l'autodiagnostic. Pour créer un système de
santé qui offre à la population, à un coût raisonnable,
la panoplie des nouveaux outils de la médecine, il faut optimiser
la disponibilité des médecins et autres professionnels de
la santé dans les cas où leur intervention est indispensable
mais les dégager des interventions où leur compétence
n'est pas vraiment requise. Quand on renonce à leur présence,
il n'y a pas de meilleur substitut que le patient lui-même. Esculape
est décrit en détail au Texte 705.html.
2. 2. 2 Logistique et gestion
a) Dossier "personnel/santé-administratif" Parallèlement
au dossier "personnel/médical" il doit exister au sein
de l'administration, pour chaque individu, un dossier de type administratif
décrivant l'historique de ses relations avec le réseau de
la santé - visites médicales, hospitalisations, comportement
et attitudes, utilisation des ressources y compris les médicaments
prescrits, etc - ainsi que les incidences financière de cette relation,
tant pour l'État que pour les assureurs privés* ou, le cas
échéant, l'individu lui-même.
*(C'est une aberration de vouloir aujourd'hui garantir à tout
individu un traitement égal par les assureurs en dissimulant l'information
pertinente. On n'en arrive ainsi qu'à introduire un biais dans l'analyse
actuarielle et donc un risque supplémentaire dont l'assureur se couvrira
par une augmentation générale de ses primes. La solution de
justice est que l'État, au nom de la solidarité collective,
assume la surprime liée à la condition de l'assuré.)
Ce dossier "personnel/santé-administratif" doit être
ouvert à l'individu concerné comme aux responsables autorisés
du réseau, ces derniers y ayant accès chacun selon sa compétence,
telle que limitée par son code d'accès. A l'examen comparatif
de ces dossiers, toute la question de l'abus des ressources du système
par certains individus se trouvera éclairée... et une simple
photo récente, qui devra obligatoirement être versée
annuellement au dossier, évitera toutes les fraudes et erreurs liées
à une mauvaise identification.
b) Dossier "annuaire/santé". Il s'agit d'un annuaires descriptif
en trois volets des ressources du secteur de la santé. Dans un premier
volet, tous les intervenants en santé sont inscrits avec leurs coordonnées,
un bref résumé de leurs antécédents académiques
et professionnels et la description de l'activité professionnelle
pour laquelle ils sont qualifiés et détiennent les permis
requis. Nous avons parlé plus haut des bottins sectoriels (cf: 2.
1. 3), ce premier volet de l'annuaireésanté en est un exemple.
L'information qu'on y trouve refère aux éléments pertinents
du dossier personnel de l'individu qui y est inscrit et vice-versa. On peut
donc avoir y avoir accès par lien à partir d'une page perso,
comme cet annuaire peut lui même conduire à celles-ci.
L'information qu'on trouve à cet annuaire doit être parfaitement
crédible. Elle est donc préparée par l'intervenant
concerné mais ne peut être introduite à l'annuaire que
par un corps professionnel compétent autorisé à le
faire et disposant du code requis. Exception à cette règle,
l'intervenant lui-même peut indiquer à l'annuaire ses disponibilités
de temps; s'il part en vacance, ou n'a pas une place à son agenda
pour les prochains trois mois, qu'il le dise. Rien, sauf cette disponibilité
qui peut être modifiée en tout temps, ne doit pouvoir être
rayé de l'annuaire sans l'autorisation de l'individu et du corps
professionnel compétent sans un ordre du tribunal.
Dans un deuxième volet de l'annuaire/santé, on trouve la localisation,
la description et le détail des services, équipements et ressources
disponibles dans toutes les institutions et tous les centres de santé
du réseau, incluant le secteur pharmacie. C'est l'institution concernée
elle-même qui prépare l'information, mais c'est le Ministère
qui s'assure qu'elle est factuelle et la met en ligne, sous réserve
de la même exception indiquée plus haut concernant la disponibilité
concrète des services. (Si un scanner n'a pas une minute de disponibilité,
aussi bien le savoir...)
Dans un troisième volet, précédée d'une mise
en garde appropriée, on indiquera la même information que dans
les volets #1 et #2, mais concernant cette fois les ressources humaines
et techniques du vaste secteur des médecines alternatives. S'il n'existe
pas de corporation professionnelle régissant les activités
d'un intervenant ou d'un établissement qui veut s'inscrire à
ce volet de l'annuaire, ces derniers pourront rédiger eux-mêmes
leur description et celle de leurs services et les y inscrire, mais le texte
publié et accessible en ligne au public portera alors la mention
"Auto-description non corroborée"... et l'on punira toute
fausse représentation avec une sévérité exemplaire
qui sera dissuasive.
c) Dossier "Gestion Santé". C'est un dossier/logiciel de
gestion intégré à l'usage des gestionnaires du Ministère
et du réseau de la santé et qui permet le traitement de toutes
les requêtes ainsi que le suivi de tous les guichets (cf: 1. 2) de
l'interface standard entre l'État et les citoyens, en plus de la
gestion interne de toutes les autres activités du Ministère
et du réseau. Chaque fonctionnaire y aura accès selon ses
besoins et la nature de l'autorisation d'accès qui lui aura été
remise. Ce programme permettra une gestion plus rapide et plus efficace
de tous les aspects administratifs du système, incluant au premier
chef la rémunération des ressources et le traitement des données
pertinentes à l'administration et au fonctionnement des hôpitaux,
cliniques et autres centres de santé.
Ce n'est pas le but de ce rapport de détailler les fonctions de l'État
dans le secteur de la santé (voir Texte 705.html).
Donnons en pourtant quelques exemples qu'une gestion en ligne facilitera.
Utilisant ce dossier/logiciel de gestion intégré, il sera
possible de connaître en tout temps la capacité d'hébergement
utilisée, la disponibilité des équipements, la saturation
des urgences et salles de soins intensifs, les délais d'attente par
spécialités, la distribution des omnipraticiens et spécialistes
sur le territoire, etc. Ce programme peut gérer les admissions et
leur ré-acheminement, l'allocation des salles de chirurgie, les plans
d'amortissement et de remplacement du matériel et des immeubles,
etc. Des sous-programmes peuvent assurer le suivi des budgets du Ministère
et des diverses institutions, prévoir l'impact des admissions en
médecine à l'université et des mises à la retraite,
etc, etc.
Il y a des éléments découlant de l'exploitation de
ce programme de gestion par le réseau qui peuvent être intéressants
pour les citoyens (ex: délais d'attente, disponibilité des
spécialistes, etc ). Dans la mesure où ils viennent expliciter
l'information disponible au dossier de consultation "annuaire/santé",
ces éléments devraient pouvoir leur être accessibles;
dans son ensemble, toutefois, le dossier Gestion-Santé est destiné
aux administrateurs du réseau de la santé; la plus grande
partie des renseignements qu'il contient est confidentielle et ces renseignements
sont réservés à ceux qui ont une raison valable d'en
prendre connaissance.
d) Dossier "doléances". (voir Texte 705.html).
Il s'agit d'un cas particulier du "guichet-suggestions" (cf: 1.
2 c), un dossier d'interface humaine auquel on espère que le Ministère
assignera les ressources nécessaires. Comme tout autre fournisseur
de services, un professionnel ou une institution - centre de santé
ou hôpital - devrait chercher à satisfaire ses clients et,
lorsqu'il ne les satisfait pas, il faudrait qu'on le lui fasse savoir. Toute
personne qui a eu recours aux services d'un professionnel de la santé
ou qui a reçu des traitements en clinique ou à l'hôpital
devrait pouvoir porter des commentaires sur ces services. Délais,
attention, courtoisie, qualité du gîte comme du couvert...
Le patient a le droit de dire d'un hôpital ce qu'il dirait d'un hôtel,
sans préjudice à son évaluation de la qualité
des soins eux-mêmes, dont il a aussi le droit de se plaindre même
si on comprend qu'il n'a pas obligatoirement toute la compétence
d'en juger.
Dans le cas de la Santé, nous croyons que l'information envoyée
au volet "doléances" du"guichet-suggestions"
ne doit pas se limiter à un échange entre l'État et
l'usager mais être rendue publique. Quiconque le désire doit
pouvoir mettre en ligne un commentaire au guichet ad hoc du secteur Santé
du site de l'État . Ce commentaire doit être accessible à
tous s'il n'est pas diffamatoire... et une opinion n'est pas diffamatoire
si elle n'est pas présentée comme un fait.
Quiconque a été hospitalisé devrait aussi, à
son départ de l'hôpital, remplir un fiche notant la qualité
des services qu'il y a reçus et chaque centre de santé du
réseau devrait transmettre au Ministère chaque semaine les
données ainsi recueillies , celles-ci constituant une enquête
permanente sur la satisfaction des usagers. et devant aussi être publiés
sur le site de l'Éat à la page de l'institution concernée.
Trimestriellement, chaque institution devrait faire connaître ses
propres commentaires et explications se référant globalement
ou spécifiquement aux remarques et suggestions apportées par
sa clientèle; le Ministère devrait aussi apporter les siens,
commentant la situation qui semble prévaloir dans le domaine de la
santé. Toutes ces données devraient être accessibles
au grand public sur le site de l'État.
2. 3 ÉDUCATION
L'Éducation est un autre secteur-clef au sein duquel on peut distinguer
entre les éléments techniques (ici, pédagogiques et
didactiques) et les dossiers administratifs . Le problème concret
est ici de décider où s'arrête le processus de référence,
puisque tout ce qui est connu peut faire l'objet d'un apprentissage. L'extension
qu'on donne au dossier est arbitraire et limitée par la volonté
de l'État d'allouer les ressources pour le référencement.
On pourra se référer au Texte 704.html
pour voir dans quel contexte s'intègrent les dossiers que nous
décrivons ci-dessous.
2. 3. 1 Pédagogie et didactique
a) Dossier "information-éducation". C'est tout simplement
le texte 'in extenso" de tous les documents à caractère
pédagogique ou didactique dont on peut disposer. Il inclut les manuels
de l'élève et les manuels du maître pour tous les cours
inscrits à la maquette pédagogique de l'ensemble des institutions
d'enseignement publiques ou privées du Québec, à tous
les niveaux allant du primaire à l'universitaire, tant pour la formation
générale que professionnelle.
Toutes les "notes de cours" de tous les enseignants doivent
être accessibles via ce dossier; le paiement des droits d'auteurs
sur ces notes - ou sur tout autre document publié sur ce dossier
- se fera en utilisant les facilités qu'offre l'Internet de débiter
et créditer les comptes ou cartes de crédit des usagers d'un
montant déterminé pour permettre l'accès à n'importe
quel site ou page d'un site.
Doivent aussi être accessibles par liens, à partir du dossier
"information-éducation", tous les livres et documents cités
dans les cours. L'usage des liens en hypertexte permet l'accès immédiat
à toutes les références et évite la ré-insertion
redondante des textes de base dans tous les cours qui doivent s'y référer.
Sont accessibles également par liens en hypertexte, dans la mesure
où l'on aura pu réaliser en tout ou en partie ce travail considérable
de liaison, tous les documents et traités, québécois
d'abord puis étrangers ensuite, pertinents à l'éducation/formation,
incluant les thèses doctorales sur le sujet.
Ce qui le caractérise ce dossiere, en pratique, c'est sa présentation
d'un contenu en parallèle à des techniques d'enseignement
et d'apprentissage afin qu'il constitue un outil de formation continue.
b) Dossier "maquette autodidactique". Le dossier "information-éducation"
constitue un outil valable de formation continue mais il demeure statique.
La transmission efficace et à coûts modiques d'un savoir en
croissance exponentielle - la somme de nos connaissances double tous les
dix ans ! - exige que celui qui veut apprendre assume désormais une
autonomie plus grande. Si on veut diffuser l'éducation et la formation
sans que le coût de cette diffusion n'excède rapidement les
moyens dont notre société peut disposer pour atteindre cet
objectif, il faut non seulement donner accès à tout le matériel
pédagogique disponible présentement mais il faut, surtout,
utiliser les possibilités qu'offre le médium Internet pour
créer et mettre en ligne un contenu éducationnel interactif
dynamique tout en y joignant une interface humaine mais uniquement dans
la mesure où celle-ci est requise (voir Texte 704.html).
Une société branchée pourra enfin mettre l'accent sur
l'apprentissage autodidactique. Le cours magistral traditionnel est une
réminiscence d'un passé lointain. Une présence humaine
est certainement indispensable pour "éduquer", au sens
profond du terme, mais certainement pas pour "enseigner" quand
enseigner signifie transmettre des connaissances, ce qui est le cas de la
formation continue. Tous les cours magistraux peuvent et doivent dans l'avenir
posséder aussi leur version autodidactique. C'est une condition sine
qua non de l'universalité de l'éducation.
Tous les cours présents et passés et encore disponibles de
la télévision éducative seront télédéchargés
via Internet vers quiconque en fait la demande, mais ceci est un début
modeste. Il est impérieux de transcrire dans un format qui en facilite
l'apprentissage autodidactique (programmed learning) et de publier sur le
Web le plus vite possible TOUT le contenu de nos programmes dont on souhaite
qu'il devienne l'objet d'un apprentissage formel.
L'avantage considérable d'établir une relation sur Internet
plutôt que via la télévision éducative est la
possibilité d'une interface humaine pour les fins du coaching, du
parrainage, du tuteurat ainsi que pour le suivi de toutes les activités
de contrôle et de docimologie. On peut intégrer dans chaque
cours lui même une évaluation formative et un premier contrôle
docimologique des connaissances(didacticiel), mais il faut, pour les fins
de la diplômation, qu'un être humain intervienne à une
certaine étape pour effectuer le contrôle final des acquis
dans un environnement surveillé.
Quand le contenu éducationnel en forme autodidactique est transmis
par l'Internet, c'est tout l'éventail des cours qui devient disponible
pour l'étudiant au moment où il le souhaite; il n'est pas
limité à une grille horaire. Autres avantages, la dimension
multimédia permet de passer de l'image au texte à volonté,
d'accélérer le déroulement du cours au rythme de l'apprenant,
de revenir en arrière au besoin.
L'autodidaxie, quand elle est mise en pratique dans le cadre de l'Internet,
n'a plus les désavantages d'un cours par correspondance. Le "maître",
par exemple, n'est jamais bien loin; la technique est déjà
disponible, si ce type de contact s'avérerait utile, pour faire apparaître
en direct à l'écran le visage du professeur donnant son cour.
Parce qu'elle permet à l'élève son propre rythme d'apprentissage
et sa propre sélection préférentielle des outils multimédias,
incluant même à l'occasion la présence magistrale, l'autodidaxie
sur le Web n'est plus une technique de deuxième choix mais la méthode
la plus performante de formation continue.
En plus du cursus scolaire, l'accès universel à l'Internet
permet aussi de mettre en ligne toute connaissance qui peut être transmise.
A coté d'un programme d'enseignement formel déjà plus
vaste et plus complet que celui dont nous disposons présentement,
il faut donc s'attendre à ce que la culture sous toute ses formes,
perçue comme un objet d'apprentissage, devienne aussi largement accessible
à la population, allant, comme nous le verrons plus loin, de reproductions
de tous les tableaux de tous les musées du monde jusqu'à l'intégrale
de Bach. Simultanément, qu'on le veuille ou non, attendons-nous à
ce que le secteur privé offre à une population branchée
des cours variés, allant de l'astrologie à la croissance personnelle
en passant par la courtepointe.
2. 3. 2 Logistique et gestion
a) Dossier "personnel/éducation". Comme chaque individu
peut avoir à son domicile virtuel son dossier personnel/médical
en annexe à sa page perso, chaque individu peut aussi y avoir son
dossier "personnel/éducation" qui contient son dossier
académique complet, la liste des cours qu'il a suivis, les notes
et résultats qu'il a obtenus et la copie conforme des diplômes
qu'on lui a accordés. On dit "peut avoir", mais c'est en
fait une exigence quasi incontournable, puisque ce dossier académique
constitue la première section de son curriculum vitae sans lequel
il sera bien difficile pour l'individu d'accéder au marché
du travail. Le dossier "personnel/éducation" comportera
deux (2) paliers
À son premier palier, ce dossier prendra généralement
la forme d'un questionnaire simple à remplir par l'individu et auquel
les institutions d'enseignement concernées téléchargeront
sur demande l'information (diplômes, etc ) faisant preuve de ses énoncés.
Une institution pourra inscrire au dossier de l'individu, mais elle ne pourra
rien en effacer. L'individu ne pourra pas effacer ni modifier le texte téléchargé
par l'institution. Un code que l'individu pourra changer à sa guise
permettra l'accès à ce premier palier de son dossier "personnel/éducation",
libre à l'individu de confier ce code à qui il veut. Un format
standard de présentation du dossier académique ne sera pas
imposé mais sera fortement suggéré, puisque les employeurs
ne seront pas favorablement impressionnés par l'originalité
en ce domaine, surtout s'ils utilisent un logiciel pour effectuer un premier
tri parmi les CV qu'ils reçoivent .
Le deuxième palier du dossier "personnel/éducation"
de l'individu aura son propre code d'accès distinct et comportera
une information discrétionnaire. Chacun pourra décider d'y
mettre copie de ses travaux universitaires, des thèses, recherches
et mémoires qu'il a soumis, des articles qu'il a publiés de
même qu'une description de ses activités parascolaires, voire
la description de sa participation à des activités sociales
qu'il peut penser formatives. On peut y ajouter des commentaires et recommandations
des professeurs, de même que les autres documents que l'individu juge
pertinents à la description et à la compréhension de
son profil académique.
Un document signé par un tiers ne pourra être téléchargé
au dossier de l'individu que par son auteur, sous la foi du NIO de ce dernier
validé par son NIP. (La question peut rester ouverte de savoir si
le détail des résultats scolaires obtenus, incluant échecs
et abandons, devrait être versé au premier ou ou deuxième
palier du dossier "personnel/éducation", mais nous favorisons
la première solution: la transparence ici ferait gagner bien du temps.)
b) Dossier "annuaire/éducation". On peut dire de cet annuaire,
à peu de choses près, les mêmes choses que pour l'annuaire/santé,
Il s'agit, ici aussi, d'un annuaires descriptif en trois volets.. Tous les
intervenant en éducation y sont inscrits au volet # 1 avec leurs
coordonnées, leur CV et les permis qu'ils détiennent; l'information
est inscrite au dossier par un corps professionnel autorisé à
le faire. On y trouve au volet # 2, inscrites par le Ministère, la
localisation et la description des services de toutes les institutions d'enseignement
publiques ou privées. Ici aussi, un troisième volet permet
qu'un intervenant inscrive lui-même la description de ses services
pourvu qu'il y ajoute la mention "Auto-description non corroborée".
Nous avons dit plus tôt que la page perso peut servir à des
fins commerciales et professionnelles. Un service d'éducation ou
de formation peut souvent être fourni en ligne et il est donc normal
qu'il soit aussi payé en ligne. Rien ne s'oppose à ce que
l'annuaire/éducation puisse référer à la page
perso ou à un autre site de l'individu sur lequel celui-ci offrira
ses services et touchera la rémunération convenue par le biais
des mécanismes de débit/crédit automatiques que l'Internet
rend possibles. Tout un marché peut s'ouvrir ainsi en éducation
sur lequel les gens s'échangeront les uns les autres leurs expertises
respectives et en retireront un revenu. C'est la recommandation que faisait
déjà Ivan Illytch il y a une génération et qui
devient enfin facilement réalisable.
c) Programme Nestor. Il s'agit d'un logiciel d'orientation. Ayant accès
à toutes les exigences d'admission de tous les programmes d'enseignement
et de formation publics et privés, Nestor pourra indiquer à
chaque individu, au vu de son dossier académique, quels sont les
cours auxquels il peut s'inscrire et les conditions financières rattachées
à cette inscription. Connaissant la filière des exigences
d'admission de tous les cours du système, le logiciel peut aussi
établir une séquence de cours successifs menant, à
partir du niveau de formation acquise présent de l'individu, vers
toute qualification académique de quelque niveau que ce soit.
Relié à une banque de données qui établira la
correspondance entre toute formation académique et les exigences
de tout poste de travail, le programme Nestor pourra indiquer le chemin
critique menant de la compétence actuelle de l'individu vers toute
autre qualification professionnelle souhaitée et établir pour
lui un véritable plan de de formation. Naturellement, cette orientation
ne tiendra pas compte des aptitudes particulières ni des goûts
de l'individu; celui-ci devra donc compléter cette analyse en ligne
faite pas Nestor par la consultation d'un psychologie ou d'un conseiller
d'orientation... mais il aura déjà au départ quelques
idées en tête.
d) Gestion-Éducation
La gestion courante interne du secteur éducation/formation se fera
aussi en ligne. Il y aura donc l'équivalent exact du dossier Gestion
Santé du chapitre précédent dont on peut reprendre
ici tout ce que nous en avons dit en changeant les éléments
terme à terme. Notons, à titre d'exemple, que la gestion en
ligne facilitera particulièrement une approche vraiment modulaire
à la préparation des programmes d'enseignements, ce qui représente
des économies énormes au moment de la rédaction initiale
et, surtout, au moment des mises à jours périodiques de ces
programmes
2.4 MAIN-D'OEUVRE
Notre premier problème social, c'est le chômage. La solution
de tous nos autres problèmes passe par la solution de celui-ci et
la ré-affectation aux fonctions de production de biens et services
de ce quart des travailleurs qui ne travaillent plus, qu'ils soient formellement
en chômage, assistés-sociaux, en retraite anticipée
involontaire, aux études faute de mieux à faire ou qu'ils
aient simplement décidé de ne plus "participer"
à la main-d'oeuvre. Si les travailleurs redeviennent actifs, leur
pouvoir d'achat augmente, les revenus de l'État augmente, l'économie
tourne, la criminalité diminue, la morosité s'estompe et l'espoir
renaît.
Nous avons déjà expliqué en détail comment régler
le problème de la non-participation et faire en sorte que tous ceux
qui veulent travailler puissent ré-intégrer le marché
du travail (voir Texte 701.html). Comment l'accession
de l'État à l'Internet contribue-t-il à résoudre
le problème du chômage?. Dans le domaine de la main-d'oeuvre,
ce n'est pas tant la relation des citoyens avec l'État qui est primordiale
que les relations entre citoyens eux-mêmes - employeurs et employés
- qui s'établissent par le biais de l'État.
L'État est ici un facilitateur et, sur un marché du travail
vaste et complexe, il est devenu l'intermédiaire de plus en plus
obligé entre l'offre et la demande d'emplois. Il y a peu de rôles
de l'État qui soient aujourd'hui aussi importants que celui de favoriser
l'emploi et pourtant il n'y en a pas dont il paraisse s'acquitter aussi
mal. Malgré ses discours sur la création d'emplois, l'État
n'a jamais identifié correctement les travailleurs et les offres
d'emplois et ne les a même pas codés de façon à
pouvoir les apparier efficacement.
L'État n'a pas fait cette identification ni ces codage compatibles
entre travailleurs et emplois parce que jusqu'à présent -
à tort ou à raison - on a jugé que les difficultés
techniques inhérentes à cet appariement lui-même rendaient
académique l'intérêt de la définition en un seul
vocabulaire commun des caractéristiques des travailleurs et des emplois.
Avec l'Internet, on n'a plus cette excuse. L'appariement devient aisé
- c'est toujours cette application d'un ensemble sur un autre - dès
qu'on a fait un inventaire des ressources humaines et une analyse des postes
de travail et que les résultats en sont exprimés dans un même
langage.
L'État qui fait cette enquête et cette analyse et qui gère
la main-d'oeuvre en ligne, ça voudrait dire que chaque travailleur
peut connaître à tout moment tous les postes de travail pour
lesquels il est qualifié et que tout employeur peut savoir précisément
quels travailleurs possèdent les compétences qu'il recherche.
L'État, pour sa part, sait du même coup quelles sont les inadéquations
à corriger à terme par une formation, laquelle peut alors
être parfaitement adaptée au besoin.
Pour obtenir et traiter l'information nécessaire et réaliser
l'appariement offre-demande, l'État doit constituer et gérer
en ligne les dossiers suivants:
a) Dossier "personnel/professionnel". Pour chaque citoyen de 15
ans et plus, c'est un dossier qui comporte tout son cheminement de carrière
incluant, normalement sans solution de continuité, tous les emplois
qu'il a occupés et toutes les activités professionnelles autonomes
qu'il a exercées. Un lien entre ce dossier et le dossier "personnel/éducation"
de l'individu aura pour effet d'insérer automatiquement son dossier
académique comme un élément de son CV chaque fois qu'il
en autorisera la transmission.
Le dossier"personnel/professionnel" est mis à jour
par l'individu lui-même, sauf pour son code d'identification à
l'inventaire de la main-d'oeuvre (cf: dossier suivant), un code que l'État
inscrira d'office au dossier "personnel/professionnel" de l'individu
et qui servira à l'identifier et à le décrire pour
les fins des contacts employeurs/employés précédant
et accompagnant le placement. Comme pour les dossiers "personnel/médical"
et "personnel/éducation", on peut accéder au dossier
"personnel/professionnel" de l'individu par l'adresse de courriel
qui lui sert de domicile virtuel et y entrer si on a le code requis.
C'est l'individu qui donne le code d'accès à son dossier "personnel/professionnel"
et qui en change à sa convenance, mais il y a des exceptions à
cette règle. D'abord, ce dossier est toujours accessible à
l'engin de recherche de l'État que nous verrons ci-dessous et qui
a pour fonction de faire l'appariement entre l'offre et la demande d'emploi:
il faut que l'État est une vision claire de nos ressources humaines.
Ensuite, si l'individu touche des prestations de complément de revenu
de l'État, il est considéré comme activement à
la recherche d'un emploi et son dossier "personnel/professionnel"
devient automatiquement accessible aux employeurs.
b) Dossier "inventaire de la Main-d'oeuvre" (voir Texte 701.html). C'est la banque de données indiquant pour
tous les travailleur, leur formation professionnelle et leur expérience
et d'assignant à chacun un code descriptif de ses compétences.
c) Dossier "analyse de tâches" (voir Texte 701.html).
Chaque entreprise a son profil de production que constitue la somme des
postes de travail complémentaires qui définissent son activité
et dont chacun a son code descriptif.
d) Dossier "maquette du système de production". (voir Texte
701.html). Il s'agit du dossier synthèse de
l'information créée par le dossier précédent
, regroupée et ramenée aux simples codes des postes de travail.
pour assurer l'anonymat ,mais indiquant continuellement les écarts
offre-demande de travail pour n horizons prévisionnels.
e) Programme Argus. Comme pour Esculape et Nestor, ondonnera aussi à
ce programme le nom qu'on voudra. C'est un programme d'appariement. Chaque
employeur n'a qu'à introduire le numéro de code descriptif
d'un poste de travail pour obtenir sur le champ la liste de tous les travailleurs
aptes à occuper ce poste. Corollairement, un travailleur n'a qu'à
introduire au système son code descriptif pour obtenir la liste de
tous les emplois disponibles faisant appel à sa compétence,
avec l'adresse de courriel de l'employeur et, si l'employeur l'a prévu,
recevoir automatiquement une description plus précise de l'emploi
offert indiquant le lieu de travail et les conditions de rémunération.
f) Dossier Gestion Main-d'oeuvre.
Toute la gestion interne du secteur peut être faite en ligne; nous
n'avons pas à la décrire ici (voir Texte 701.html).
Notons, toutefois, qu'à la différence des secteurs Santé
et Éducation/formation, le secteur Main-d'oeuvre n'exige pas que
l'État maintienne un dossier individuel de ses relations avec chaque
travailleur, seulement de ses relations avec ceux qui ont été
les bénéficiaires de programmes d'assistance. Concernant ces
derniers, il est important que l'on puisse connaître les offres d'emplois
qui ont été faites à ceux qui bénéficient
d'une aide de l'État, comme le suivi que ceux-ci ont donné
à ces offres et la raison pour laquelle, le cas échéant,
ils n'ont pas profité de ces offres pour ré-intégrer
le marché du travail.
Les mesures prises actuellement pour effectuer ce contrôle sont souvent
perçues comme odieuses. Quand l'État gère le placement
en ligne, toute manifestation d'intérêt d'un employeur envers
un employé potentiel ou toute démarche d'un travailleur auprès
d'un employeur laisse une trace au système. On peut même faire
en sorte que copie du courriel pertinent soit automatiquement versée
à un dossier ad hoc de l'État et disponible pour une vérification
occasionnelle ou périodique, l'accord à cette dernière
procédure pouvant être partie des conditions sine qua non au
versement des prestations. A l'État de décider s'il veut recourir
à ce moyen de contrôle, mais il est important de souligner
que ce moyen devient possible dès que les démarches de placement
se font ainsi en ligne. Naturellement, il faut qu'une ressource humaine
procède à l'enquête à laquelle cette information
pourrait donner lieu.
2. 5 DROIT
Nous n'avons pas présenté et ne présenterons pas dans
le cadre de ce site, comme nous l'avons fait pour la Main-d'oeuvre, la Santé,
l'Éducation et la Fiscalité, un projet intégré
de réforme du Droit. Pourquoi? Parce qu'alors que ces quatre secteurs
susnommés et quelques autres posent un problème technique
global dont on peut discuter pour atteindre des buts sectoriels qui font
consensus, le droit est une création parfaitement arbitraire de la
société et que ce sera à une Nouvelle Société
de définir les lois qui lui conviendront. Il y a des points toutefois
où le droit peut aussi faire l'objet d'une correction technique.
Dans cette optique, nous avons proposé une solution à deux
(2) problèmes spécifiques découlant de l'application
de la justice - les coûts et délais de la justice (voir Texte
702.html) et l'exécution des jugements (voir
Texte 703.html) - mais sans nous pencher sur le bien
fondé des lois elles-mêmes. De la même façon,
nous avons proposé ci-haut une solution au problème de la
domiciliation (cf: 2.1) et nous proposons maintenant une solution à
un autre problème concret inhérent au cadre juridique dans
lequel nous évoluons: la preuve de l'existence et de l'authenticité
des documents. Nous le faisons ici parce que c'est l'avènement de
l'Internet et de la gestion en ligne des dossiers publics qui rend évidente
la solution du problème.
2. 5. 1 LES REGISTRES
Qu'il y en a des registres sur cette terre... ! Si la Bibliothèque
virtuelle que nous verrons plus loin est la mémoire de la société,
les registres sont ses pense-bête. Nous ne nous référons
pas aux documents corporatifs, institutionnels et bancaires gardés
en voûtes, parfois réduits en microfiches ou stockés
sur disques; les chances sont minces qu'il soit jamais nécessaire
d'avoir accès à ces documents. A coté de cette morgue
pour documents défunts mais qu'on n'ose pas enterrer, il y a tous
les registres d'usage courant ou dont on sait - comme les testaments - qu'il
faudra bien un jours y avoir accès. Nous ne les énumérerons
pas tous, on risquerait d'en oublier.
Citons seulement les registres de la propriété et ceux de
l'état civil, ceux des véhicules et autre biens meubles, ceux
où sont notés les permis d'exercice des professions, les permis
d'exploitation commerciale de locaux ou d'outillages spécialisés
- ascenseurs, bouilloires etc. - et les permis de construction. Aussi, les
patentes, marques de commerce, copyrights (avec quelques lacunes) et, bien
sûr, la masse des documents pertinents aux causes devant les tribunaux
(sans parler de ceux aux archives) et tout le contenu des greffes de notaires....
Tout notre système économique - et une bonne part de nos relations
personnelles - repose sur des décisions administratives, des ententes
et des événements dont il faut faire la preuve, celle-ci tenant
à des documents dont il faut établir l'authenticité.
C'est pour ça que nous avons des registres et des notaires. Aujourd'hui,
comme depuis l'Antiquité, il est fastidieux et coûteux de prouver
et d'authentifier.
Tout ça peut changer dans une société branchée.
D'abord, non seulement tout le processus décisionnel de l'État
et la transmission des documents qui y mènent peut être fait
à distance, comme nous le verrons en détail plus loin, mais
l'accès aux documents de toute nature qui font la preuve des faits
et des décisions prises peut être obtenu en ligne par quiconque
y a intérêt et est autorisé à y accéder.
Le stockage des originaux papiers se fera encore en voûte... mais
désormais ils y resteront. Au fur et à mesure que les documents
en format électronique, facilement accessibles, remplaceront ceux
dont il n'existait qu'une version papier, la distinction entre classeurs
et archives s'estompera et les archives comme les registres courants deviendront
toujours accessibles, sans limitation de temps, faisant finalement la jointure
sans couture avec le contenu de la Bibliothèque.
Il n'y a pas que la production de documents de l'État qui laissera
des traces permanentes. Dans une société branchée,
toute personne peut télécharger (upload) un document "signé"
de son NIO dans le casier postal de qui que ce soit (accompagné de
la mention que son NIP a été utilisé pour le faire)
et ce téléchargement dont la trace est gardée au système
fait la preuve de sa date et de son heure: c'est une signification formelle
(cf: 1.2). On peut faire encore mieux, toutefois: l'État peut créer
un "greffe virtuel" et le mettre à la disposition de tout
le monde, donnant une extension nouvelle au concept de document authentique.
2. 5. 2 LE GREFFE VIRTUEL
L'État peut permettre à tous ses citoyens munis d'un NIO et
d'un NIP de télécharger gratuitement sur une page "Greffe"
du site de l'État - à des conditions variables répondant
aux besoins des usagers - tout document dont la taille n'excède pas
100 K (ou allant même jusqu'à 10 M, en payant un frais modeste).
Le document, dont on connaît alors le moment précis d'inscription,
sera réputé enregistré comme devant notaire en date
de cette inscription. En fait, il le sera, puisqu'une copie du document
sera envoyée automatiquement à la demande de l'usager au notaire
de son choix.
Il est possible de faire ce qu'on veut de ce document. Il est possible de
rendre ce document public immédiatement ou plus tard, comme d'en
limiter l'accès à ceux qui disposent du code que leur a donné
l'auteur à cette fin. Il est possible de stipuler que ce document
ne pourra être effacé, qu'il le sera à une date pré-déterminée,
qu'il ne pourra être modifié sans l'autorisation d'un tribunal,
etc. Mieux, il est possible de donner des témoins à ce document,
ceux-ci le contresignant alors de leur NIO et de leur NIP. On peut augmenter
encore la fiabilité du processus, en exigeant que le système
retourne à l'expéditeur un accusé réception
de la date et de l'heure de l'enregistrement (avec ou sans une copie du
texte enregistré), le numéro de code de cet accusé
réception devenant nécessaire pour avoir de nouveau accès
au document si tel est le voeu des signataires
Ce qui peut-être fait par une seule personne - pour un testament,
par exemple - peut être fait par plusieurs, simultanément avec
toutes les parties en ligne ou à tour de rôle, de sorte que
des contrats peuvent ainsi être signés, à distance et
être enregistrés sur le champ. Des contrats dont on pourra
stipuler qu'il faudra l'intervention unanime des signataires pour les modifier
ou dont on stipulera qu'ils ne peuvent PAS être modifiés. La
possibilité de créer à bon compte et sans délais
des actes authentiques et de les enregistrer à un greffe universel
entraînera une accélération révolutionnaire du
rythme des affaires.
De même, l'impact sera considérable de la possibilité
qu'apporte le branchement de la société d'établir facilement
l'antériorité d'une publication ou d'une idée, puisque
un texte téléchargé peut porter la contrainte que même
l'auteur ne pourra plus JAMAIS (bon, disons pas avant 50 ans... ) y apporter
de modifications. L'inscription au registre approprié ne permet donc
pas seulement de déterminer sans contestation l'heure d'une hypothèque,
mais aussi de faire la preuve enfin sans ambiguïté d'un copyright
puisque une copie est téléchargée du texte lui-même.
Ceci est particulièrement pratique quand il s'agir d'un texte à
diffusion restreinte ou qui n'a pas fait l'objet d'une publication et ne
sera donc pas en bibliothèque prochainement avec le ISBN approprié.
Le même principe s'applique à un accord de non divulgation/non
circonvention (NDNC), à l'ébauche d'une marque de commerce
et, ce qui devient de plus en plus nécessaire, aux versions préliminaires
des travaux de recherche universitaires .
Naturellement, celui qui veut protéger un concept aura à faire
un choix entre une publication ouverte à tous qui établira
sans aucun doute ses droits face à tout venant.... et une diffusion
restreinte qui le laissera vulnérable à une défense
d'originalité subjective et de bonne foi. Un choix à faire,
aussi, de permettre ou non l'accès des engins de recherche du Web
au document téléchargé, selon que l'auteur veut ou
ne veut pas attirer l'attention sur le fait qu'il s'intéresse au
sujet dont traite le document. Ce choix dépendra pour une bonne part
de l'habileté dont feront preuve les responsables de la classification
pour rendre intuitif le repérage des éléments du registre.
Par auteurs, par dates et catégories traditionnelles, bien sûr,
mais aussi par divers discriminants taxinomiques à définir,
l'auteur ou les auteurs gardant en tout temps le droit de préciser
que le document NE doit PAS être classifié.
Par delà l'usage du greffe universel pour des fins juridiques ou
commerciales, ne négligeons pas la possibilité d'y inscrire
aussi pour la postérité ce que l'on voudra bien. La petite
histoire deviendra grande quand chacun, dans un siècle, pourra suivre
document par document la vie de son trisaïeul comme celle d'un personnage
historique. Nous sommes la première génération qui
ne sera jamais oubliée.
2. 6 CULTURE
Nous avons parlé de culture dans un texte précédent
(voir Texte 704.html) sans en faire l'objet d'une
proposition intégrée. La raison en est que je considère,
pour paraphraser un dicton du siècle dernier, qu'une société
produit une culture comme le "foie secrète la bile" et
qu'on a tout intérêt à la laisser faire sans trop vouloir
la diriger. Qu'un État favorise le développement et la diffusion
de la "culture" en général. soit, mais qu'il veuille
la définir et en privilégier des aspects au détriment
d'autres aspects est une expérience d'apprenti-sorcier.
La bonne manière d'encourager la culture c'est d'en faciliter la
consommation sans a priori (voir Texte 112.html )
et de fournir un accès facile à la culture sous toutes ses
formes. C'est le but des propositions que nous ajoutons ici. Plus qu'ailleurs
sur ce site, je vais faire référence à la situation
québécoise; je ne crois pas qu'il sera difficile aux lecteurs
non-québécois d'extraire du texte ce qui peut s'appliquer
dans tout autre contexte
2. 6. 1. La Bibliothèque virtuelle
La source de culture la plus évidente que le Québec puisse
mettre en ligne est une Bibliothèque virtuelle. Quand on pense aux
sommes qui seront investies pour doter le Québec d'une bibliothèque
nationale qui ne sera jamais à la TGB française que ce qu'est
notre Cathédrale Marie-Reine-du Monde à Saint-Pierre de Rome,
on ne peut que lever les yeux au ciel. Une bibliothèque de l'avenir
ne peut être que virtuelle, une collection de grimoires, d'incunables
et autres documents matériels ne pouvant constituer au mieux qu'un
Musée du Livre.
Que doit-on mettre sur la page "Bibliothèque" du site de
l'État du Québec? En principe, tout ce qui porte un numéro
ISBN ou l'équivalent. L'objectif final est que tout ce qui a été
publié et sera publié soit disponible en ligne et puisse apparaître
à l'écran ou être imprimé à la discrétion
de l'usager, parfois gratuitement, parfois moyennant un frais d'accès
et de télé-déchargement couvrant les droits d'auteurs.
Nous ne parlons pas seulement de littérature, mais aussi de tout
le corpus des travaux de recherche scientifique que leurs auteurs souhaitent
publier et qui constituent l'état de la science et de la technique.
Ceci implique le scanning d'une masse colossale de livres et de périodiques.
Une masse si considérable, que même traiter la production courante
taxerait sérieusement les ressources du système, ce qui transforme
en travail de longue haleine le traitement des archives du passé.
Pourtant, nous voulons Platon et Voltaire en ligne au moins tout autant
que les dernières bandes dessinées. Que doit-on faire?
En faire un travail de concertation. Il existe présentement dans
le monde des centaines de sites publics et privés qui font face au
même dilemme, ne parvenant même pas à maintenir à
jour la publication des documents scientifiques dont l'accessibilité
est pourtant la condition sine qua non de notre évolution technologique
collective. Le site de l'État du Québec doit collaborer à
l'effort mondial de mise en ligne de la production littéraire et
scientifique et prendre un maximum d'initiatives pour promouvoir ce travail.
Dans un premier temps, toute la production littéraire et scientifique
québécoise courante doit être scannée et mise
en ligne dans la "Bibliothèque" du site de l'État,
de même que toutes les publications périodiques québécoises
incluant les journaux. Ceci n'engage pas de frais pour l'État autres
que l'effort d'en imposer l'obligation aux éditeurs, une obligation
peu coûteuse puisque ceux-ci n'auront qu'à fournir au site
une version électronique du document qui est celle à partir
de laquelle ils travaillent déjà.
Ensuite, il faut scanner la production québécoise passée,
ce qui ne représente encore qu'une tâche tout à fait
réalisable. Quand ce sera fait, la Bibliothèque possédera
une masse de documents créés ou compilés au Québec
qui n'existeront nulle part ailleurs et son agencement reflétera
une vision québécoise du monde: c'est sa première mission.
Cette mission menée à terme, le site du Québec, en
collaboration avec la France et à titre de contribution à
la mission de la francophonie, pourrait assumer une partie raisonnable du
scanning de la production passée en langue française. L'important
ne sera pas tellement la partie de cette tâche qui sera assumée
par le Québec que la visibilité de cette initiative, laquelle
forcera un peu la main des autres intéressés et dont l'intelligentsia
francophone mondiale saura gré au Québec. La publicité
qu'en retira l'expertise québécoise dans ce domaine d'avenir
sera une retombée intéressante de cette démarche.
Au delà de ce travail de mise en ligne, d'oeuvres québécoises
en toutes langue d'abord, puis d'oeuvres étrangères francophones,
la Bibliothèque maintiendra des contacts avec les autres sites mondiaux
animés des mêmes intentions. Elle référera aux
oeuvres littéraires et scientifiques sur l'Internet, en quelque langue
qu'elles aient été publiées et où que soit situé
le site où elles apparaissent. Le faisant, la Bibliothèque
pourra faciliter, par des accords de réciprocité, la diffusion
mondiale à partir de ces mêmes sites de la production québécoise.
Notre production sera d'autant mieux diffusée ailleurs que le travail
de mise en ligne en aura été fait ici correctement et de façon
exhaustive.
Cette diffusion peut être la planche de salut pour les auteurs québécois,
puisque le site du Québec aura pour politique sacrée de recueillir
à la source les droits d'auteur, par paiement en ligne. Le faisant
scrupuleusement pour les auteurs étrangers, le site du Québec
sera dans une position de force pour demander qu'on le fasse aussi ailleurs
pour les auteurs québécois. La rentabilité future du
métier d'écrivain, au Québec mais aussi ailleurs, ne
passe pas par l'édition traditionnelle où l'auteur ne touche
que 8 ou 10% du prix de vente de trente ou quarante dollars d'un bouquin
que peu de lecteurs potentiels peuvent se permettre; il passe par l'Internet,
où l'auteur ne touchera que 1/100 ème ou 1/200 ème
de cent du mot..., mais pour des écrits que des dizaines ou des centaines
de milliers de gens voudront payer quelques dollars pour lire.
En plus des oeuvres littéraires et scientifiques, une Bibliothèque
doit aussi fournir accès à la connaissance sous la forme structurée
d'une Encyclopédie. Il ne s'agit pas de créer de toutes pièces
une nouvelle Encyclopédie sur le site de l'État du Québec,
mais de fournir, à partir de la page "Encyclopédie"
du site du Québec, les références à TOUTES les
encyclopédies qui sont déjà sur le Web et à
toutes celles qui le seront dans l'avenir, au fur et à mesure de
leur apparition en ligne. C'est une tâche qui n'est pas simple, puisqu'elle
exige un mode à la fois intuitif et parfaitement rationnel de référencement.
Si le Québec se donne la peine de le faire, les internautes du monde
se précipiteront sur le site du Québec comme des hannetons
vers la lumière. Certaines banques de données exigent des
frais d'accès; la politique du site du Québec devrait être
de relayer ces frais sans plus vers l'usager. La publicité qu'on
en retirera vaudra bien des fois le coût des efforts à y mettre.
Reliées à la Bibliothèque, il faut mettre en ligne
également une Cinémathèque et une Musicothèque
dont les fonctions sont évidentes et dont les objectifs respectifs
et les stratégies de mise en place seront les mêmes que ceux
de la Bibliothèque au sens strict: a) priorité à la
production québécoise courante, puis historique, b) participation
à l'effort mondial de mise en ligne pour atteindre à terme
l'exhaustivité par référencement, et c) protection
des droits d'auteurs. La Bibliothèque, c'est l'essentiel du patrimoine
de l'humanité; la mettre en ligne au profit de tous les Québécois,
c'est leur remettre enfin leur héritage.
2. 6. 2 Le Musée universel
Contrairement à un écrit, dont l'essence tient la plupart
du temps à son contenu et non à sa forme, il y a dans un Musée
de verre ou de pierre des sculptures, des meubles - et que sais-je, encore
- toutes choses qui ne peuvent pas être intégralement reproduites
sur un site Web, . Parce que beaucoup des objets qu'on conserve en musée
ne peuvent être qu'imparfaitement reproduits, le Musée universel
ne remplace en aucune façon mais vient plutôt compléter
les musées traditionnels. Le Musée universel permet une connaissance
des arts plus largement répandue et constitue un ajout pour la culture
dont un site de l'État ne doit pas se priver.
Sur le plan de sa réalisation, le Musée universel présente
aussi d'autres défis que le simple scanning d'un écrit. Non
seulement pour la représentation des oeuvres tridimensionnelles -
un art en soi - mais même pour la numérisation des tableaux,
gravures et autres pièces apparemment en deux dimensions mais auxquelles
leur texture peut conférer un relief qui n'est pas sans importance.
Sous ces réserves, il demeure qu'on peut désormais, pour l'art
pictural en particulier, obtenir des reproductions remarquables de vérité
et qui peuvent servir à transmettre une part valable du message de
l'artiste.
Cette part du message vaut d'être diffusée plus largement,
car l'art fait aussi partie du patrimoine de l'humanité et tout ce
qu'on peut faire pour que ceux qui ne vont pas au Louvre ou aux Uffizzi
puissent néanmoins ressentir un peu de l'émotion esthétique
qui s'en dégage est un pas en avant pour la culture. La Joconde à
l'écran de l'ordinateur apporte plus que l'oeuvre reproduite dans
un livre d'art, ne serait-ce que parce qu'on peut l'agrandir, en extraire
un détail ou un autre, en reconstituer les couleurs originales selon
diverses hypothèses et, de toute autre façon, mettre à
profit les possibilités techniques de l'affichage en ligne d'un document
numérisé. On peut inviter la Joconde au salon du monde ordinaire.
Créer un Musée universel exige en tout premier lieu le captage
de l'image, ce qui demande que l'on fasse appel à des professionnels.
Reproduire le seul contenu des Musées du monde serait déjà
une tâche énorme, y ajouter les collections privées
et assurer simultanément le suivi de la production contemporaine
rend cette tâche encore plus gigantesque. Pour parvenir à l'achever,
avec les mêmes objectifs d'exhaustivité que nous avons fixés
à la Bibliothèque, demande encore plus d'efforts que pour
celle-ci. La constitution du Musée universel sur le site de l'État
du Québec exige donc que participent à ce projet d'autres
ressources que celle du Québec car l'immense majorité des
oeuvres à reproduire sont ailleurs et il faut maximiser le référencement.
Dans le cadre d'une démarche pour constituer un Musée universel,
la participation première du Québec serait de prendre l'initiative
de constituer le collectif international qui réalisera ce travail.
Cette démarche serait tout à l'honneur du Québec et
ne demanderait pas des investissements considérables (encore ici,
il ne faut pas perdre de vue les retombées de ce genre de mise en
valeur de notre expertise et de notre créativité). Après
qu'il se sera fait le champion de l'idée elle-même, la tâche
subséquente du Québec serait d'exécuter sa part de
la mission commune ainsi définie en assurant la reproduction de toutes
les oeuvres des artistes québécois présents et passés.
S'il y met toute l'énergie requise, le Québec pourrait devenir
le premier État au monde dépositaire d'un exemplaire virtuel
de toute la production picturale significative de sa culture nationale.
Ce concept est tout a fait réalisable. Il existe déjà
sur le Web quelques exemples de sites offrant des reproductions d'oeuvres
d'art ainsi que l'information qui s'y rattache. Ce sont des sites encore
modestes, si on pense à l'immensité de la tâche à
accomplir, mais qui établissent indubitablement la faisabilité
du concept. L'oeuvre de bâtir le Musée universel demeure à
entreprendre; le Québec pourrait jouer un rôle de pionnier
en ce domaine.
2. 6. 3 La culture au quotidien
Une société branchée fournit à tous l'accès
gratuit au "Musée" et à la "Bibliothèque",
ce qui permet à chacun, en quelque sorte, de se bâtir à
sa convenance une culture de base sur mesure. La culture, toutefois, ne
s'arrête pas là et l'État en ligne peut mettre à
profit les ressources du système pour favoriser davantage le développement
de la culture en créant ici des dossiers sur le modèle de
ceux créés pour les secteurs Santé, Éducation,
etc.
a) Dossier "annuaire-arts & lettres". Cet annuaire est constitué
sur le même modèle que les annuaires relatifs aux secteurs
de la santé et de l'éducation. Puisque le propre de l'art
est d'être libre et librement structuré, l'obligation que l'inscription
au volet # 1 de ces annuaires soit faite par un organisme reconnu est cependant
ici supprimée et cet annuaire ne comporte pas de "troisième
volet"; c'est toujours l'artiste qui s'inscrit et se décrit
lui-même ,et la mention "Auto-description non corroborée"
est automatique. On ne doit pas avoir à demander à qui que
ce soit de confirmer que l'on est un artiste.
De la même façon, ce sont les salles de spectacles, galeries,
espaces et autres lieux d'art et établissements dont les services
sont reliés à l'art et aux lettres qui s'inscrivent eux-mêmes
au volet # 2, sans intervention de l'État. Un "annuaire-arts
& lettres" permettra aux ressources humaines qui veulent oeuvrer
dans le secteur de la culture de se faire connaître ainsi que les
"produits" qu'ils offrent et d'initier des relations commerciales
en ligne. On pourra, à partir de cet annuaire, créer l'embryon
d'un marché transparent pour les oeuvres d'art.
b) Dossier "événementiel". L'État peut ajouter
une nouvelle dimension à sa promotion des arts & lettres et de
la culture en faisant sur son site Internet la promotion de tous les spectacles
et événements littéraires et artistiques. Les journaux
le font déjà, mais de façon bien incomplète
et ils ne disposent pas, comme l'Internet, de la capacité d'adapter
sans cesse la nouvelle à l'évolution de la situation. Quand
on parle sur l'Internet d'un spectacle, on peut aussi montrer le plan de
la salle, faire les réservations sur le champ et toucher en ligne
le prix des billets. On peut aussi faire la critique de tout événement
artistique et de toute production littéraire et ne pas limiter cette
critique à l'opinion supposément éclairée d'un
ou plusieurs experts, mais ouvrir aussi le site aux commentaires de tous
les internautes, à la seule condition qu'ils s'identifient par NIO/NIP.
On peut même ouvrir systématiquement un forum de discussion
sur chaque événement artistique ou littéraire - vernissage,
lancement de livre, etc. - dès qu'un nombre à déterminer
d'internautes en font la demande. Il n'y a pas de limites, en pratique,
au nombre de forums que le site de l'État peut héberger et,
dès qu'on procède par mots-clefs et engin de recherche, il
est possible de structurer correctement l'information pour que l'on puisse
en tout temps diriger les citoyens vers tous les forums auxquels ils s'intéressent.
Le système peut même facilement faire apparaître automatiquement
à l'écran de l'internaute les nouvelles concernant les événements
dont il a manifesté le désir d'être informé.
c) Dossier "édition". Promotion, critiques et forums sont
des utilisations sans surprise des capacités de l'Internet. L'État
peut faire plus. L'État peut, par exemple, assurer la publication
sur le Web de tout livre, essai, ou autre document littéraire ou
scientifique d'un auteur québécois qui en fait la demande
et mettre en place la procédure simple qui permet de percevoir du
lecteur et de payer à l'auteur le montant - pas nécessairement
le même - que celui décidera d'exiger pour en permettre soit
la lecture en ligne soit le télédéchargement.
Il faudrait faire en sorte que l'auteur qui soumet son texte pour publication
en ligne soit considéré comme ayant aussi automatiquement
satisfait à toutes les formalités de copyright, d'obtention
de numéro ISBN et de dépôt légal aux bibliothèques
nationales du Québec et du Canada, le système prenant ces
détails en charge pour lui. L'auteur aura du même coup enregistré
son oeuvre à la Bibliothèque virtuelle de l'État, la
rendant accessible au monde entier. En éliminant les contraintes
physiques et matérielles à la publication des ouvrages on
permettra un essor inouï de la production littéraire et scientifique
québécoise, La première nation qui posera ce geste
prendra une longueur d'avance sur toutes les autres sur le plan de la diffusion
de sa culture. Tout ce qui sera produit ne sera évidemment pas bon...
mais les lecteurs d'une société branchée sépareront
le bon grain de l'ivraie.
On peut faire encore plus. L'État peut avoir pour politique d'accorder
à tout auteur qui répond à certains critères,
au moment de la publication en ligne de son oeuvre, une subvention forfaitaire
ou une avance sur les droits d'auteurs qu'il touchera de cette publication
sur le Web. Le montant de la subvention peut varier selon la nature de l'oeuvre
(poésie, roman, essai...), selon sa taille... ou selon tout autre
facteur d'évaluation qualitative dont les responsables décideront,
parmi lesquels il ne serait pas bête d'inclure le simple succès
des oeuvres précédentes, succès facile à mesurer
par un compteur sur la page du site de publication et le montant payé
en droits d'auteurs.
N'y a-t-il pas danger que les décisions de subvention prises soient
arbitraires? Bien sûr. Mais faut-il parler de cette approche en ligne
pour prendre conscience de l'arbitraire qui prévaut actuellement
dans la distribution des subventions? Danger de piratage? Comment serait-il
plus plus grand que celui que permet présentement la photocopie?
La mort des éditeurs et des libraires? Est-ce qu'on ne comprend pas
que, du seul fait qu'elle existe, la technologie pour faire ce que nous
proposons ici les a déjà condamnés et que le débat
sur la publication électronique par l'État ne fait que fournir
l'occasion d'aider à leur recyclage? La vérité, c'est
que la politique actuelle de droits d'auteurs et la filière de distribution
des produits littéraires sont toutes deux irrémédiablement
désuètes.
Et ce que nous disons des oeuvres littéraires vaut aussi, a fortiori,
pour les oeuvres musicales. Le secteur en croissance le plus rapide sur
le Web est actuellement celui de la diffusion des oeuvres musicales par
les procédés du type MPEG. C'est jouer à l'autruche
que de ne pas penser tout de suite à une nouvelle façon de
protéger les compositeurs et paroliers. Que le site du Québec
crée une section de la Bibliothèque consacrée à
la musique et qu'il s'impose aux internautes par la qualité de sa
reproduction et l'exhaustivité de son répertoire, respectant
les règles du droit d'auteur comme celles-ci s'appliqueront à
mesure qu'elles évolueront. Il n'y a pas d'autre solution.
Ce que nous avons dit du livre, sur le plan des subventions, vaut pour la
musique. Acheter un disque aujourd'hui est faire preuve d'une grande honnêteté
ou d'une grande ignorance. Le monde change et il n'est pas certain qu'un
"Celine Dion", sortant en exclusivité sur Internet et ne
coûtant à télédécharger qu'une fraction
du prix d'un disque - tout en rapportant encore plus à son auteur-interprète
! - ne serait pas une excellente affaire. Évidemment, il y a des
perdants à ce changement et il y aura quelque part une lutte féroce;
mais les perdants ont déjà perdu: on ne reviendra pas en arrière.
d) Dossier "reproduction". Ce que le livre et le disque sont à
la Bibliothèque, les autres oeuvres d'art le sont au Musée.
Quand il s'agit de la reproduction bi-dimensionnelle et donc essentiellement
imparfaite d'une sculpture ou d'une oeuvre architecturale, par exemple,
le Musée ne fait que multiplier l'impact de l'art sans se poser en
rival de l'art lui-même. Pour les oeuvres picturales, la problématique
est différente, car les procédés de reproduction modernes
permettent des copies souvent indiscernables des originaux, la valeur supérieure
de ceux-ci ne tenant plus à l'image représentée ni
à la technique dont elle fait preuve mais au caractère intangible
que constitue sa qualité même d'être un "original".
Ce n'est pas l'Internet qui pose ce problème, le problème
existe depuis la photographie et la possibilité d'imprimer sur diverses
textures.
Qu'est-ce que l'Internet vient apporter? Une occasion de diffuser l'art
et de créer un nouveau marché pour les artistes. Tout ce qui
est créé peut être "exposé" au Musée
virtuel, il suffit que l'artiste en fasse la demande. Tout ce qui est au
Musée peut être visionné sur l'Internet. Tout ce qui
a été visionné et dont l'original est à vendre
peut être acquis en s'adressant à l'artiste ou propriétaire
de l'oeuvre à son domicile virtuel dont les coordonnées sont
disponibles, entre autres, à l'Annuaire-arts & lettres. Tout
ce qui a été visionné peut aussi être acquis
sous forme de reproductions. On peut télédécharger
ce qui apparaît à l'écran pour un coût modique,
mais on peut aussi en tirer une reproduction de qualité.
Dans le cas des peintures, dessins et autres oeuvres graphiques, on peut
supposer qu'après visionnement gratuit de l'oeuvre à domicile
le télédéchargement en aurait lieu la plupart du temps
dans une boutique spécialisée permettant le transfert de l'oeuvre
sur un support "noble". Chaque copie télédéchargée
contre paiement porterait un numéro séquentiel, la date de
télédéchargement et le nom de l'acheteur. Cette information
étant simultanément inscrite à un registre, on ferait
ainsi de chaque copie un "original" en quelque sorte - au même
titre qu'une lithographie à reproduction limitée - à
cette distinction près que la priorité aurait son prix et
que la valeur marchande des premiers tirages via l'Internet tendrait sans
doute, avec le temps, à dépasser celle des plus récents.
2. 7 FISCALITÉ ET PAIEMENTS DE TRANSFERT
Il est instructif de prendre conscience que l'activité de l'État
consiste aujourd'hui, pour une bonne part, à recevoir de l'argent
de ses citoyens et à leur en remettre. Environ la moitié du
revenu national est perçu par l'État en taxes directes ou
indirectes et dépensé pour notre bien, une grande partie de
ces dépenses correspondant aux paiements de transfert: allocations
pour chômage, vieillesse, maladie, etc. Dans une société
branchée, tous les versements à l'État et tous ces
paiements peuvent être effectués "en ligne".
Nous avons déjà expliqué comment et pourquoi une Nouvelle
société passera d'un impôt sur le revenu à un
impôt sur le capital (Voir Texte 706.html).
Quand elle le fera le paiement en ligne ira de soi. Nous avons dit également
que c'est la dernière des transformations qui serait acceptée
et il est probable que l'État sera en ligne avant que notre société
ne modifie sa fiscalité. C'est dans cette optique que nous précisons
les modalités de paiement ci dessous.
2. 7.1 La fiscalité
a) L'impôt sur le revenu - qu'on peut appeler le dossier "impôt
direct" - est d'une gestion on ne peut plus facile. Le contribuable
établissant le contact avec son domicile virtuel le premier lundi
de janvier voit apparaître à son écran la formule de
déclaration d'impôt annuelle qu'il doit remplir. Aussi longtemps
qu'il ne l'a pas fait, la déclaration reviendra à son domicile
virtuel tous les lundis matin. Une semaine avant l'échéance
pour sa remise, elle apparaît à l'écran et y reste.
Mis à part le dossier Esculape et les procédures judiciaires
qui lui seraient adressées, rien n'est plus transmis au domicile
virtuel de contribuable que cette déclaration d'impôt jusqu'à
ce qu'elle ait été remplie et envoyée au guichet prévu
à cet effet. Rien n'interdit au contribuable de faire préparer
sa déclaration par son comptable, son "cicérone"
(voir ci-dessous) ou qui il veut, mais c'est à son domicile virtuel
qu'apparaît la déclaration.
Quand le contribuable a rempli sa déclaration, il la fait parvenir
au guichet et, d'un clic supplémentaire accompagné de son
NIO et de son NIP, il donne instructions à son institution financière
de payer le montant dû. Tout de suite ou plus tard, en un seul ou
plusieurs versements, tout dépend de la flexibilité du fisc;
le système, lui, peut recevoir et donner suite à quelques
instructions pré-programmées que ce soit qu'on y aura insérées.
Les retenues à la source peuvent être remises au compte de
l'État par les employeurs de la même façon; les travailleurs
autonomes peuvent faire parvenir leurs acomptes de la même manière
et ajuster leur compte en fin d'exercice, tout comme maintenant. Si c'est
l'État, comme c'est le cas la plupart du temps, qui doit de l'argent
au contribuable à la fin de l'exercice financier, il pourra lui faire
parvenir le trop-perçu de la même façon en créditant
son compte de banque et en lui en donnant avis à son domicile virtuel.
b) le dossier "taxation indirecte". Les impôts indirects
- la taxe de vente, par exemple - peuvent être versés de la
même façon. En fait, ils peuvent être prélevés
facilement au moment même de la transaction à partir d'une
caisse enregistreuse branchée. Un système un peu plus complexe
- mais techniquement tout à fait réalisable - permettrait
de tenir compte des taxes payées à l'achat des intrants de
sorte que seul le reliquat vraiment dû soit versé à
l'État. Toutes les autres cotisations à verser, celles reliés
à la masse salariale, par exemple, peuvent l'être de la même
manière. Le citoyen peut aussi, toujours de la même façon,
payer ses taxes scolaires ou municipales ou une amende à n'importe
quel palier de gouvernement. En réalité, il peut ainsi payer
à l'État, sous tous ses avatars, tout ce qu'il doit payer
à l'État pour quelque raison que ce soit.
2. 7. 2 Les paiements de transfert
L'État donne autant qu'il reçoit. Parfois un peu plus, ce
qui nous crée un déficit puis une dette. L'État donne
aux chômeurs, aux pauvres, au vieux, aux parents, aux veuves, aux
malades..... et même parfois, sous forme de subventions, aux riches
et à des compagnies milliardaires. Naturellement, toutes les modalités
de paiement sont simplifiées quand on accepte la notion d'un travail/revenu
garanti (Voir Texte 701). La procédure de
paiement, elle reste la même.
Elle reste la même parce que rien n'empêche que ce paiement
unique alors, comme tous ces paiements que nous faisons aujourd'hui, soient
effectués directement aux comptes bancaires des intéressés.
Il y a longtemps que l'habitude de signer des chèques et de les mettre
à la poste n'a plus sa raison d'être. On pourrait créditer
les comptes bancaires à partir d'instructions données via
l'Internet, mais il faut souligner que cette formalité n'est même
pas vraiment nécessaire.
Cette façon qui semble révolutionnaire de recevoir des paiement
comme de payer ses taxes et son impôt n'introduit en fait que des
changements cosmétiques à l'opération de paiement elle-même.
Les virements de fonds entre l'État et ses citoyens-contribuables
sont déjà effectués par l'intermédiaire d'une
banque à la sortie comme à l'arrivée des fonds....
et les banques sont déjà branchées. Quand il s'agit
de payer à l'État, on économise du papier et des timbres
en le faisant via l'Internet mais l'argent part du même endroit pour
aller au même endroit et il s'y rend de la même façon.
De banque à banque. Pour les paiement de l'État aux citoyens
il suffirait de faire les transaction en ligne et de ne plus envoyer de
chèques, ce qui n'exige rien de plus que la décision de le
faire.
2. 7. 3 L'État-caissier
Si on voulait une approche vraiment révolutionnaire mettant à
profit les ressources de l'Internet, on pourrait simplement sauter le détour
par la banque. Chaque citoyen pourrait recevoir des paiements de transferts
directement sur ordinateur, le numéro de vérification qui
lui serait transmis n'ayant qu'à être entré à
un guichet automatique - qui pourrait être un guichet de l'État
lui-même - pour qu'on crédite le compte du citoyen ou qu'on
lui verse des espèces au guichet même. Ceux qui font présentement
des paiements à l'État via une banque, pour les impôts
directs et indirects ou pour toute autre raison, pourraient le faire désormais
directement via l'Internet en débitant un "compte-citoyen"
qui serait approvisionné, entre autres, par tous les paiements de
transferts que l'État y déposerait. On ne se rend peut-être
pas compte que pour beaucoup de citoyens un compte-citoyen recevrait plus
d'argent de l'État qu'il ne lui en remettrait. Ce serait particulièrement
le cas de beaucoup de ceux qui, touchant des paiement de transferts, sont
responsables de la vaste majorité des transactions avec l'État.
Ce qu'apporte une société branchée, sur le plan des
transactions financières, c'est la possibilité pour l'État
d'agir commodément lui-même comme banquier. Naturellement,
pour une foule de raisons qui dépassent le cadre de ce rapport, il
n'est pas question que l'État devienne banquier sans que n'intervienne
un changement social autrement plus profond que la seule gestion en ligne
des dossiers de l'État !. (Voir Texte 401)
N'espérons pas que l'État devienne soudain banquier... mais
il pourrait devenir caissier... Le concept d'un compte-citoyen établi
auprès d'une banque à charte - et où s'effectuent et
se compensent les paiement faits par l'État au citoyen et par le
citoyen à l'État - est une option intéressante que
la gestion en ligne des transactions de l'État avec ses citoyens
rend possible. Si on décidait de poursuivre dans cette voie, chaque
citoyen aurait ainsi son compte avec l'État sur lequel s'opérerait
compensation des débits et crédits de ses opérations
avec celui-ci. Un solde positif sur ce compte pourrait rapporter l'intérêt
d'un bon du trésor, à demande ou à terme, et l'État
pourrait même consentir une marge de crédit sur ce solde pour
favoriser la consommation.
2. 8 INFORMATION
Une société branchée est avant tout une société
informée. Nous verrons dans un autre texte les implications politiques
d'un accès ouvert à toute cette information qui est le fluide
vital dont se nourrit notre société mais nous voulons attirer
ici l'attention sur quatre (4) autres aspects du phénomène.
2. 8. 1 La connaissance
Quand l'internaute se branche à l'internet, il a accès à
des millions de sites dont chacun, en un sens, veut l'informer. Beaucoup
de ces sites véhiculent une information dont l'intérêt
est limité, mais il en reste des milliers qui apportent une contribution
valable, allant des statistiques sur le climat à la liste des hôtels
du monde, en passant par des douzaines d'encyclopédies et des documents
techniques et scientifiques de pointe. Quand un État prend la décision
de structurer cette information pour ses citoyens, ce dernier peut pratiquement
TOUT trouver sur l'Internet: il a accès à l'univers des connaissances.
Nous avons parlé d'une Bibliothèque et d'un Musée pour
encadrer l'information de type permanent, mais le site de l'État
peut et doit aussi donner accès à une masse de renseignements
plus ou moins volatils mais qui n'en sont pas moins factuels. Toutes les
séries statistiques au fur et à mesure de leur disponibilité,
les rôles d'évaluation et des données ponctuelles dont
l'intérêt est bien réel, comme la présence des
députés en chambre, par exemple... L'État peut fournir
une petite partie de cette information dans le cadre de ses dossiers de
gestion administrative et simplement faciliter la mise en ligne du reste,
ce qui sera le cas des annuaires et dossiers individuels, en commençant
par les pages perso dont nous avons déjà parlé.
L'accès public universel ou restreint à toute cette information
- (dans certains cas, il y aura des décisions à prendre: accès
aux casiers judiciaires ou divulgation des rapports de crédit, par
exemple) - constituera un outil dont on ne peut surestimer l'importance
pour les professionnels, les hommes d'affaires et les citoyens en général.
Ce sera aussi le premier pas vers une "société transparente"
dont nous parlerons un jour. Ce n'est pas tant la diffusion de cette information
qui modifiera la société - (l'apathie des citoyens ne disparaîtra
pas même si on peut y pallier en rendant l'accès à l'information
plus facile) - que le fait même que cette information devienne disponible.
2. 8. 2 Les nouvelles
Une nation de "branchés" peut recevoir de ses gouvernants
une information sur les événements de l'actualité ainsi
que des commentaires sur ces événements. Ceci, pour une nation
comme le Québec soumise à un blitz incessant de nouvelles
provenant de sources étrangères à sa culture, permet
de ré-équilibrer les forces en présence. CNN ne diffuse
pas une vision impartiale du monde, faisant la part belle à la culture
française ou expliquant de façon sympathique le modèle
chinois de gouvernement. Que le Québec profite de l'auditoire que
lui fournit une société branchée pour diffuser un message
québécois et une vision québécoise du monde
nous semble tout à fait de bonne guerre. Il nous semblerait même
un peu jocrisse qu'il ne le fasse pas
Naturellement, on dira que cette possibilité engendre le danger d'une
manipulation de la part du pouvoir et le risque que les intérêts
du gouvernement et donc d'un parti en viennent à primer ceux de l'État.
Ce risque, indéniable, n'est cependant pas plus grand que celui que
pose une radio-télévision d'État et il peut-être
géré de la même manière, par la création
d'une entité autonome responsable de l'information "en ligne".
Quand on examine la situation créée par l'accès universel
à l'Internet, on voit que le risque de contrôle par l'État
est toutefois beaucoup moins grand que lorsqu'il s'agit de la télévision
puisque les sources directes d'information se multiplient. À la disparition
du monopole des grandes agences sur l'information mondiale qui joue à
un certain niveau au profit du Québec et de sa culture correspond,
à un niveau local, la disparition similaire de ce qui pourrait être
un monopole de l'information entre les mains du gouvernement au profit de
tous les citoyens dont chacun sur l'Internet peut avoir son tour au micro...
Un dossier "journal" devrait fournir en ligne un compte rendu
quotidien sommaire des événements mondiaux et nationaux auquel
viendraient s'ajouter, dès qu'ils sont connus, les "flashes"
et les "scoops" dont il conviendrait de tenir la population informée.
Il n'y a pas de raison, si cette page est bien faite, pour qu'elle ne devienne
pas l'accès privilégié des Québécois
à la connaissance du monde et des événements. Au delà
de la simple nouvelle, cette page "journal" peut aussi apporter
des commentaires; elle peut, par référence aux autres journaux
du Québec ou de l'étranger, apporter une vision nuancée
de sa propre interprétation.
Ajoutant une dimension supplémentaire, le dossier "journal"
peut d'ailleurs s'ouvrir largement à l'opinion de ses lecteurs à
la seule condition qu'ils s'identifient par NIO/NIP. Généralisant
ce que avons suggéré pour la critique et la discussion des
événements culturels, le site de l'État devrait permettre
autant de forums sur toutes et chacune des nouvelles publiées au
dossier "journal" qu'il y aura de ces nouvelles qui susciteront
chez les internautes le désir d'engager un débat.
2. 8. 3 Le quotidien et l'urgence
Une nation de "branchés" peut aussi avoir accès
à une information pratique sans cesse mise à jour et qui peut
s'avérer bien utile dans la vie de tous les jours comme en périodes
de crise. Pensons d'abord à une information de commodité courante
- état des routes, température, heures d'ouverture des bureaux,
etc. etc. Chacun devrait pouvoir obtenir ces renseignements à sa
discrétion en consultant la page appropriée où ils
apparaissent et sont mis à jour. Quand il s'agit d'une information
plus spécialisée - lancement d'appels d'offres, le niveau
des hautes eaux, l'heure des marées, etc. - l'internaute devrait
pouvoir, à sa demande, être avisé de tout changement
à la page correspondante. Ce service existe déjà sur
l'internet.
En plus de cet accès à une information de commodité
courante, le citoyen devrait être péremptoirement informé
des nouvelles "critiques" et de l'évolution des crises
comme celle du verglas, par exemple. Sur la page de tout organisme d'État
devrait apparaître au besoin une note "Avis et directives"
soulignant toute nouvelle ayant un caractère d'urgence et relative
à la mission de cet organisme. C'est via ces notes que le citoyen
pourrait être avisé du risque de feux de forêts, d'inondations...
de verglas. Normalement, l'information que fournit l'État en ligne
serait toujours disponible pour ceux qui veulent en prendre connaissance
mais ne serait jamais imposée à ceux qu'elle n'intéresse
pas; on peut penser, cependant, que si un message revêtait un caractère
d'urgence il pourrait exceptionnellement apparaître d'office à
l'écran de l'usager dès que celui-ci accède au site
de l'État ou à son domicile virtuel.
2. 8. 4 La co-information
L'innovation la plus cruciale qu'apporte l'Internet sur le plan de l'information,
c'est de passer le micro au monde ordinaire. Il se passe bien des choses
sur la planète auxquelles un journaliste n'est pas invité,
mais il y a presque toujours un témoin du monde ordinaire à
chaque événement. Dans une société branchée
dont le gouvernement souhaite la transparence, la population peut elle-même
contribuer à l'information des citoyens par les citoyens en mettant
en ligne les événements dont elle a connaissance.... pour
autant qu'on lui crée le site où télécharger
cette information.
Il est déjà possible aujourd'hui, à quiconque le souhaite,
de rapporter sur le Web tout ce qu'il veut. Il n'y a pas, cependant, de
site "vox pop" sur le Web où soit réunis les "scoops"
de tout le monde et il y a donc peu de chances que même le renseignement
le plus vital puisse être capté par un nombre significatif
d'internautes; la forêt cache efficacement tous les arbres. Ce serait
bien autre chose s'il existait un site précis où l'on sait
que l'information des gens de la rue est disponible et si la publicité
de ce site était faite avec les moyens dont dispose un État.
Quel est l'avantage d'un tel site? On permet ainsi à quiconque a
vu ou entendu quelque chose d'en faire part à tout le monde, ce qui
brise le monopole des professionnels de l'information. Une excellente chose
pour la démocratie, parce que l'information que nous recevons des
médias traditionnels est toujours subtilement biaisée. Nous
vivons aujourd'hui une censure subtile mais efficace, résultat d'une
entente tacite entre toute une partie bien-pensante de la société
qui a sa vision du monde... et les médias qui font partie de cette
élite bien-pensante et qui ne VOIENT vraiment pas autre chose. Les
médias sérieux respectent certains tabous. Tout ce qui n'est
pas "bien" n'est pas publié dans nos médias "sérieux,
" n'est pas vraiment diffusé dans la population et, finalement,
n'intéresse plus personne.
En passant le micro à la population, on rétablit l'équilibre.
L'important n'est pas tant ce qui sera dit que le fait que tout pourra être
dit: la transparence, deviendra enfin un fait acquis. Ce qui est bien, mais
n'est pas tout. Il est essentiel que le monde ordinaire connaisse les faits,
mais il n'aura vraiment droit de parole que s'il peut aussi exprimer son
opinion. Nous avons vu plus haut l'importance de créer des forums.
La population ne donnera jamais son opinion d'aussi bon gré que pour
commenter les nouvelles issues spontanément de la population elle-même
et ce sont ces commentaires qui confirmeront ou infirmeront les nouvelles.
Tout ce que dit la population ne sera pas vérité d'Évangile,
mais tout ne sera pas seulement ragots non plus... Il faut demander au monde
ordinaire de dire ce qu'il a vu... et ce qu'il en pense.
Le problème que pose la gestion d'un tel site - et supposons que
nous ne parlions que d'un site conçu en fonction du Québec
- c'est de classifier l'information de sorte qu'on puisse y trouver ce qu'on
cherche, un défi significatif auquel il faudrait consacrer un peu
de réflexion. Un État qui s'en donnerait la peine pourrait
créer un tel site et en faire un projet-phare pour tous les sites
semblables qui se créeront inévitablement sous peu dans le
monde entier. Structurer cette information pour en optimiser l'accès
à tous est un pré-requis à une vraie démocratie
et un défi intéressant que le branchement universel de la
société incite a relever.
3. LE RÉFÉRENCEUR
Une Nouvelle Société sera plus libertaire que celle qui s'achève
et le pouvoir de décision de l'État sous toutes ses formes
y sera plus limité. La participation de l'État comme fournisseur
de services augmentera, au contraire, dans la mesure où il y aura
de plus en plus de choses dont on gagnera comme collectivité à
confier la réalisation à des organismes oeuvrant sans buts
lucratifs à l'échelle d'un État. Le rôle de l'État
sur l'Internet est une bonne illustration de cette fonction de l'État
qui devra désormais être souvent un facilitateur sans prétendre
assumer une autorité.
Quand l'État devient webmestre - et non seulement gère en
ligne ses dossiers d'interface avec le public mais offre aussi à
celui-ci des dossiers de consultation comme la Bibliothèque virtuelle
- il doit, comme quiconque gère un site, faire constamment le choix
entre une fonction de "créateur" de matériel original
et une fonction de guide vers des textes de référence externe
existant déjà sur le Web.
L'État qui monte en ligne n'a pas à tout faire lui-même;
il peut s'acquitter parfaitement de sa mission envers une société
branchée en limitant sa fonction de créateur à ce dont
il est incontournable qu'il soit lui-même l'auteur. Il peut jouer
uniquement pour le reste le rôle de "référenceur",
guidant les citoyens-internautes vers des sites réalisés par
d'autres créateurs de pages Web et auxquels il se limitera à
donner accès. Ce choix déterminera pour une bonne part les
coûts d'opération du site de l'État comme la relation
que celui-ci entretiendra avec les autres auteurs et référenceurs
du Web.
Il y a beaucoup a référencer. Le Web est littéralement
un "univers" où s'activent déjà fébrilement
des centaines de milliers de créateurs de sites dont les textes sont
joints entre eux par des liens en hypertexte. L'État qui joue le
rôle de référenceur peut créer de tels liens
et, ce faisant, ramène sa tâche à des proportions réalistes
et limite sa responsabilité. Il n'est plus alors nécessaire,
en effet, que l'État qui veut diffuser l'information et la connaissance
fasse d'abord le choix d'un point de vue, ce qui dans un contexte démocratique
peut créer des difficultés pour des questions qui paraissent
bien innocentes. (Pensons seulement à toute cette querelle, aux USA,
touchant les crucifix dans les écoles !) L'État qui crée
des liens n'a pas à choisir un point de vue ni à prendre parti:
il suffit qu'il facilite le déplacement des citoyens dans cet univers
du Web et leur fournisse un accès impartial aux diverses facettes
de l'information que veulent mettre en relief ceux qui croient détenir
la connaissance et veulent la transmettre sur le Web.
Cette fonction de référenceur que doit assumer l'État-webmestre
est moins lourde - et moins coûteuse - que celle de créateur
de contenu mais elle est loin d'être triviale.
3.1 RETROUVER LA BOUSSOLE
L'Internet est présentement en croissance anarchique et risque de
devenir un fouillis. Quand on introduit des liens en hypertexte vers ce
champ de référence gigantesque qu'est l'univers du Web, on
peut le faire vers n'importe quoi, selon la fantaisie de chaque auteur,
ce qui est présentement la routine courante. Les utilisateurs des
outils de recherche sur le Web connaissent bien le problème que posent
aujourd'hui les efforts frénétiques de tous les webmestres
pour attirer sur leur site un maximum de visites: la manipulation des metatags
et la falsification sans vergogne des descriptions de sites a pour résultat
qu'une recherche sur un thème donné peut conduire vers des
sites qui n'ont AUCUN rapport avec l'objet de la recherche. Il en résulte
une perte de temps considérable et une énorme frustration.
Structurer et hiérarchiser l'information qu'offre l'Internet est
d'une extrême importance dans le monde d'aujourd'hui et les référenceurs
et engins de recherche actuels ne le font pas de façon pleinement
satisfaisante. Si on dispose des ressources d'un État et qu'on en
fait une affaire de prestige, on peut profiter de l'occasion pour offrir
aux internautes de partout un référenceur discriminant et
vraiment efficace. L'État qui le fera de façon rigoureuse
et impartiale - et SANS PUBLICITÉ - s'attirera vite un auditoire
mondial. Si le site de l'État du Québec peut hiérarchiser
l'information du Web de façon "cartésienne" - (ne
sommes-nous pas de culture française?) - on viendra de partout dans
le monde sur le site du Québec simplement pour être référencé
correctement. Il en résultera un prestige inouï dont le Québec
et toutes les entreprises québécoises tireront profit
Le site de l'État du Québec, prenant tardivement position
en ligne, considérera ce qu'il lui sera opportun de créer
et ce qu'il lui suffira d'utiliser du matériel déjà
mis en place par le secteur privé. Guidant les citoyens-internautes
vers des sites de référence externe réalisés
par le secteur privé, il pourra en profiter pour devenir un référenceur
modèle.
Les techniques pour le faire existent déjà; elles pourraient
faire l'objet d'une étude distincte, mais limitons nous ici à
des exemples, car il ne s'agit pas de décrire ce que l'État
devrait faire dans son rôle de référenceur mais seulement
d'illustrer les possibilités qui s'offrent à lui et comment
il pourrait en tirer parti. Le référenceur de l'État
pourra identifier les sites pertinents à une recherche par deux démarches
complémentaires. Ceux qui connaissent déjà l'Internet
reconnaîtront ci-dessous les approches "Altavista" et "Yahoo;
il s'agit d'utiliser les deux.
On connait la boutade de Falardeau : "La liberté, sur le Web,
c'est une marque de yaourt". Par une recherche plus discriminante et
qui, dans le doute, ira chercher plutôt moins que plus, on évitera
de voir apparaître Kipling ou Baudelaire quand on cherche "éléphant",
ou une voiture sport quand on s'intéresse à la faune d'Amazonie.
On y parviendra par un engin de recherche qui ne fonctionnera qu'à
partir de metatags priorisés et mutuellement exclusifs et ne se basera
pas sur l'apparition d'un seul mot-clef à un texte mais sur l'occurrence
multiple à ce texte de plusieurs mots-clefs dans un certain contexte,
dans une certaine proportion et en accord avec certaines règles de
proximité. L'avantage de cette approche, c'est qu'elle ratisse large
et permet de référer à des sites dont le webmestre
peut ignorer même l'existence du site du Québec
La deuxième approche est le repérage à partir des données
précises obtenues du fournisseur lui-même qui a choisi de s'inscrire
directement au site de l'État du Québec pour y être
référencé. Il y est alors transindexé: a) par
ordre alphabétique; b) par pays, région, ville; c) par produit
ou service rendu et, à l'intérieur de chaque catégorie
de produits, d) par prix, et e) par diverses autres caractéristiques
selon le formulaire à remplir. Ce référencement est
évidemment plus précis, mais il ne fonctionne que sur l'échantillon,
relativement bien limité au départ, de ceux qui ont posé
un geste concret pour se faire connaître.
En se donnant la peine d'utiliser les deux approches et d'améliorer
l'une comme l'autre, toutefois,l'État agissant comme référenceur
pourra offrir un service plus efficace. L'État peut choisir, par
exemple, d'introduire à sa procédure de référencement
un palier intermédiaire de "portails" sous son contrôle
d'où il pourra référencer à partir de ses propres
critères et selon une arborescence plus efficace que celle qui prévaut
sur le Web actuel. L'internaute, du premier clic, pourra mieux restreindre
sa recherche en fonction de ses objectifs.
3.2 LE PORTAIL "SOUK"
On peut, par exemple, créer un portail "Souk" - (ou "Bazar"
ou "Marché"...) - qui soit le point de départ d'où
l'on accède à tous les sites qui servent à vendre,
acheter, louer, échanger des biens et des services. Si c'est un produit
que précise la requête de l'internaute au portail Souk, le
référencement devrait le conduire à la liste des fournisseurs
de ce produit - restreinte, si c'est ce qu'on souhaite, à un pays
ou une région, à une fourchette de prix ou par l'application
de tout autre critère - puis spécifiquement (anchor link)
au produit cherché à l'intérieur du site de chaque
fournisseur. Il n'y aurait pas de publicité sur le site de l'État
durant le référencement mais, lorsque le lien a ainsi conduit
l'internaute au site du vendeur, celui-ci peut naturellement gérer
la visite sur son site comme il l'entend.
L'inscription au site de l'État pour référencement
serait gratuite. Si le vendeur de biens ou services le souhaite, cependant,
il devrait pouvoir demander et obtenir au site de l'État divers services
supplémentaires.
D'abord, faire garantir la véracité de sa publicité,
par exemple, un service qui aura son prix puisqu'il conférera une
crédibilité énorme sur le marché de l'Internet
où le scepticisme est de mise. La procédure serait que le
marchand peut soumettre le contenu de son site à un service spécialisé
créé à cette fin par l'État-webmestre et que
ce service, ayant pris connaissance du site, y apposerait l'équivalent
virtuel de son sceau, garantissant que le site ne comporte aucune assertion
fallacieuse ou de nature à tromper le consommateur.
Pour que ce sceau ait une valeur, il faut qu'aucun ajout ne puisse être
téléchargé au site référé sans
l'insertion du code utilisé à cette fin par le service de
l'État. La vérification du contenu au moment de chaque remise
à jour signifierait un travail important et, si le site de l'État
offrait un services de ce type, il le ferait par sous-traitance à
des organismes spécialisés. Malgré cette sous-traitance
de la tâche, le site de l'État conserverait une part importante
des revenus puisque ce serait pour obtenir la caution de l'État que
le vendeur payerait un honoraire.
Cette démarche ne serait pas si éloignée du service
de vérification des envois par fret maritime ou aérien qu'offrent
présentement certaines compagnies comme Veritas, par exemple. Il
y a un marché pour cette caution de vérité donnée
à des énoncés qui, dans l'univers virtuel du Web, ne
sont finalement que bien difficilement vérifiables et dont les auteurs
évoluent pratiquement à l'abri de toute contrainte par quelque
autorité nationale que ce soit. Nous ne disons pas que l'État
du Québec montant en ligne doive nécessairement rendre ce
service, mais nous disons qu'il y a là un marché à
prendre et qu'un État aurait aujourd'hui mieux que quiconque la crédibilité
requise pour rendre ce service.
Autre service, celui de la garantie d'exécution des engagements pris
sur l'Internet. Aujourd'hui, les paiements pour les biens et services achetés
sur le Web se font généralement par cartes de crédit
et des mesures complexes sont prises pour assurer la confidentialité
d'une information... que le détenteur de la carte donne généralement
sans sourciller au premier garçon de café venu. On détourne
l'attention du client. Le problème n'est pas essentiellement au niveau
de l'information qui pourrait tomber entre les mains de personnes non autorisées;
il est au niveau tout bête du vendeur qui, ayant touché le
montant prévu, ne livre pas la marchandise ou livre un produit ou
un service inacceptable. Ni Visa, ni Mastercard ni American Express n'encourent
alors la moindre responsabilité : l'acheteur floué en est
pour ses frais.
On peut garantir d'exécution des engagements pris sur l'Internet
par le dépôt des sommes versées entre les mains d'un
tiers au dessus de tout soupçon le temps nécessaire pour que
le vendeur ait rempli ses obligations. Les transactions augmenteront en
flèche sur l'Internet quand une tierce partie crédible interviendra
qui garantira la satisfaction du client ou la remise de son argent. Compte
tenu de la volatilité des entreprises sur le Web, ceci exigera sans
doute que l'argent des transactions reste entre les mains de cette tierce
partie le temps que le produit ait été livré et que
l'acheteur ait laissé passé un délai explicite raisonnable
sans s'en plaindre.
Ce n'est pas le rôle d'un État d'assurer cette garantie mais,
d'autre part, il n'y a pas de meilleur site à partir duquel une telle
garantie peut être offerte que le site d'un État. Peu importe
que ce soit une institution financière québécoise ou
un organisme ad hoc qui le fasse, il est clair que l'on se pressera sur
le site de l'État du Québec si l'on peut y obtenir cette garantie
en passant par son portail "Souk". Peut-être, dans un premier
temps, l'État devrait-il exiger que cette garantie soit offerte par
tous les fournisseurs québécois; ensuite, dans un deuxième
temps, l'univers du Web ne connaissant pas vraiment de frontières,
il n'y aurait pas d'obstacle à ce que cette garantie puisse couvrir
des fournisseurs d'où que ce soit qui rempliront les exigences requises
pour l'obtenir.
Cette garantie offerte par une institution québécoise à
des vendeurs d'où qu'ils viennent pourrait évidemment protéger
des acheteurs du Sénégal ou de la Birmanie tout autant que
les acheteurs québécois. Elle pourrait protéger quiconque
fait confiance à l'État québécois... et quiconque
fait appel à ce service aurait de plus en plus confiance en l'État
québécois, ce qui n'est pas un mince avantage dans le monde
actuel. Mise a part toute considération géo-diplomatique,
c'est aussi un service bien lucratif. Est-ce qu'on réalise ce que
représente un petit agio sur les trillions de dollars qui se négocieront
sur le Web dans 10 ans?
Indépendamment de toute considération de profit, le portail
"Souk" offrirait un service extrêmement utile, puisqu'il
donnerait non seulement un accès facile aux bourses et marché
financiers existants mais contribuerait aussi, en permettant la comparaison
facile des prix offerts pour des produits similaires, à constituer
"de facto" des marchés transparents pour TOUS les produits
C'est ainsi que si un site de l'État créait un tel portail
"Souk", il se constituerait immédiatement dans les faits
une "bourse de l'immeuble" dans un Québec branché,
puisque quiconque voudrait vendre ou louer une propriété n'aurait
qu'à l'inscrire à ce site pour qu'elle soit classifiée
selon ses caractéristiques, ceci tendant à ramener le prix
de toutes les propriétés de valeur similaire vers une moyenne
de consensus qui deviendrait le prix du marché. Le même phénomène
se produirait tôt ou tard pour tous les produits de quelque importance,
à commencer par les véhicules automobiles, mais s'étendant
peu à peu à tous les biens et services.
En créant ce service au Québec pour le marché naturel
que constituerait un Québec branché, le site de l'État
du Québec ne deviendrait pas seulement totalement incontournable
pour les vendeurs et acheteur québécois mais deviendrait par
la même occasion la valeur de référence pour tous les
marché similaires du monde entier. Les choses, dans le monde global
virtuel, vaudraient leur prix au Québec plus ou moins un facteur
spécifique au lieu de la transaction, comme le prix de l'argent sur
les marché mondiaux est déterminé depuis longtemps
par l'offre interbancaire sur le marché de Londres (LIBOR) "plus
ou moins quelque chose" . Il y a prestige et profit à être
la valeur de référence.
4.2 LE PORTAIL "FORUM"
Nous avons donné l'exemple du "Souk" pour le commerce,
mais d'autres portails sans publicité où les sites seraient
correctement référencés sans redondance seraient aussi
possibles. Pensons à un portail "Forum" référençant...
des forums, des "chats" des "newsgroups", tous les sites
où l'on échange des idées. Dans ce domaine, plus que
dans tout autre, il y a un besoin urgent de pouvoir cibler avec précision
les thèmes visés. Un site qui offrirait la recherche par mot-clefs
et qui hiérarchiserait ces groupes selon leurs thèmes mais
qui en ferait aussi la critique impartiale deviendrait un passage obligé,
car on perd trop de temps a trouver son chemin dans les 25 000 newsgroups
à peu près permanents sinon actifs qui sollicitent l'attention
de l'internaute, sans parler des forums évanescents qui viennent
et vont avant qu'on ait pu s'y arrimer une seule fois.
Mettant à profit son rôle de référenceur, l'État
pourrait aussi jouer un rôle proactif avantageux. Dans le cadre de
ce portail "Forum", l'État pourrait encourager d'une assistance
technique et financière l'organisation de forums/symposiums virtuels
où seraient discutés des thèmes de recherche scientifique,
par exemple. Si ces forums sont correctement animés et qu'il est
possible d'en avoir le compte rendu général ou par ateliers
et la traduction en plusieurs langues, d'y trouver un service de messagerie
pour les invités ou même pour chaque participant inscrit ainsi
que les autres services que la technique de l'Internet rend disponibles
à coût modique, on pourrait créer une structure novatrice
à laquelle toute la communauté scientifique mondiale participerait.
Il y a eu des précédents à l'organisation de ce genre
d'événements, mais il n'y en a eu aucun jusqu'à présent
qui ait bénéficié du soutien technique et financier
inconditionnel d'un gouvernement et dont on puisse penser qu'il aurait été
le premier d'une séquence d'activités permanente. Or, il s'en
faut de très peu de temps avant que ces forums ne deviennent la façon
privilégiée de réunir l'élite mondiale autour
de tout thème à débattre. Si le Québec en prenait
l'initiative et y affectait un budget raisonnable, il pourrait devenir le
leader sur ce marché porteur et il s'agirait là d'une source
de prestige pour la science québécoise, sans parler d'un excellent
tremplin vers l'organisation au Québec de conventions bien physiques
et non plus virtuelles, des réunions dont on connait les retombées
importantes pour l'économie.
4.3 LE PORTAIL "MATCH"
Faisons un pas de plus. Pourquoi pas un portail "Match" d'où
l'on partirait vers les sites où l'on peut faire des rencontres?
On peut se demander l'intérêt de mêler l'État
à ces activités de rencontre qui semblent ne rien avoir à
faire avec la gestion de la chose publique. Cet intérêt repose
sur le potentiel énorme pour le meilleur et pour le pire qui se cache
derrière cette activité naissante et qui semble anodine. D'abord,
il faut constater l'expansion extraordinaire qu'ont prise ces activités
depuis quelques années; dans les journaux et revues d'abord, souvent
couplées à des systèmes de boites vocales, puis sur
l'Internet même.
La prolifération de ces activités de rencontre est un symptôme
de la solitude conséquence du déracinement et la manifestation
d'une recherche pour un nouveau sentiment d'appartenance "délocalisé".
La fragmentation de notre société ne se corrigera pas d'elle-même
à brève échéance et il faut donc prévoir
que ces activités de rencontre programmées vont se multiplier
de façon phénoménale dans une société
branchée. Parce qu'un nombre croissant d'individus voudront avoir
accès au bassin d'affinités que fournit le Web, une société
branchée évoluera vers une situation où il sera courant
d'avoir un "profil" en ligne qui permettra d'être ouvert
à des rencontres, rencontres amicales, sociales et intellectuelles,
d'ailleurs, tout autant qu'affectives.
A mesure qu'il deviendra socialement acceptable d'avoir son profil en ligne
et d'être ouvert à des rencontres amicales ou affectives avec
des gens dont on a d'abord vérifié qu'on partageait avec eux
certaines affinités, il est prévisible que l'Internet deviendra
rapidement la première source de contacts pour la majorité
des gens et que la structure sociale se réorganisera sur cette base,
reléguant au passé la notion de proximité. On communiquera
d'abord en ligne, puis on établira des relations à plus long
terme avec ceux qui partagent nos idées ou nos goûts plutôt
qu'avec ceux que le hasard nous a donné comme parents ou voisins.
Tout ce dont ce domaine d'activités a besoin pour remplir correctement
un rôle social devenu nécessaire, c'est d'un encadrement. Des
règles de comportement correct sont nécessaires entre compagnons
du Web comme entre voisins et ces règles commencent à se dessiner.
Elles reposent sur une forme d'anonymat initial qui paradoxalement exige,
comme un bal masqué, qu'il existe quelque part un contrôle
d'identité. Toute la communication entre internautes a besoin d'un
encadrement raisonnable et ce sont des sites spécialisés qui
offrent cet encadrement, dont au premier chef un contrôle crédible
d'identité tout en garantissant la confidentialité des contacts
et sans s'immiscer dans les relations qui peuvent en découler.
Ces sites assument une fonction importante. Il faut qu'on s'assure que ces
sites ne font rien d'illégal et offrent bien ce qu'ils prétendent
offrir. L'État ne peut pas plus se désintéresser de
cette activité montante qu'il ne pouvait jadis se désintéresser
des relations de bon voisinage. L'affluence vers les sites de rencontre
dont le comportement aura reçu l'aval d'un organisme crédible
sera énorme et le prix que paieront ces sites pour être hébergés
et recevoir du même coup cet aval sera considérable. C'est
un autre de ces "marchés de crédibilité"
qu'un État peut prendre et qui vaut de l'or.
Toute considération pécuniaire mise à part, il faut
réfléchir aux conséquences d'une évolution sociale
qui permet tout à coup à tout le monde de parler a n'importe
qui, souvent incognito, et d'envoyer d'un geste cent ou dix mille lettres
anonymes. En attendant que la "netiquette" devienne une "néthique",
il faudra que quelqu'un fournisse un encadrement et le site de l'État
peut le faire mieux que quiconque. En assurant la référence
à ces sites et en mettant en place certaines balises au départ,
l'État évitera des dérapages.
Il y aura d'autres portails à créer; l'avenir nous les indiquera.
4. LE POUR ET LE CONTRE
On ne peut pas concevoir qu'une Nouvelle Société fonctionne
autrement qu'en ligne, mais rien ne s'oppose à ce que la société
actuelle, sans se commettre à une réforme globale, décide
néanmoins de se brancher pour les seuls avantages que cette mesure
comporte. Si cette approche prévaut, il est clair que l'État
qui gèrera ses dossiers en ligne aura déjà fait un
pas vers d'autres changements. C'est une décision à encourager.
Quelles sont les objections au branchement de l'État et les avantages
qui découleraient de cette seule mesure, indépendamment des
autres objectifs d'une Nouvelle Société ?
4. 1 SÉCURITÉ ET CONFIDENTIALITÉ
On pose souvent deux objections à la gestion en ligne. La première
a trait à la sécurité de l'information et la seconde
à sa confidentialité. Ce ne sont pas des objections futiles;
en ce qui concerne la sécurité, des centaines de millions
de dollarssont dépensés chaque année pour développer
les procédés de chiffrage (encryption) qui assureront, entre
autres, la parfaite sécurité des transactions financières.
Le problème existe. Il a toujours existé et il existera toujours.
La lutte ne cessera jamais entre ceux qui veulent protéger leurs
biens - dont l'information - et ceux qui cherchent des méthodes ingénieuses
de les leur enlever.
Ceci étant dit, les voleurs de banque n'ont pas arrêté
l'expansion du système bancaire et ce ne sont pas les voleurs de
diligences qui ont marqué la fin des diligences. La vraie question
n'est pas de savoir si l'information que véhicule l'Internet est
parfaitement sûre, mais de savoir si elle est suffisamment sûre
pour que, considérant les avantages et désavantages de l'utiliser,
on doive prévoir que ce sera pour l'avenir prévisible le moyen
privilégié de communication. Il y a aujourd'hui un consensus
à ce sujet et la réponse est OUI.
Quant à la confidentialité et donc au respect de la vie privée
de l'individu, certains de ceux qui soutiennent la vaste majorité
des propositions de ce site voient néanmoins la mise en place de
systèmes de gestion plus performants et l'intégration de diverses
banques de données comme une arme dangereuse au service d'un État
qui voudrait contrôler la vie des individus. Le prochain texte (709)
qui sera publié sur ce site et qui traitera de la redistribution
des pouvoirs dans une Nouvelle Société devrait mettre fin
à ces craintes.
Pour l'instant, disons seulement qu'il ne faut pas tomber dans la naïveté
et confondre ce qu'il est possible de faire avec ce qu'on accepte qui soit
fait. Il est important de comprendre que dès qu'une technique existe
elle sera utilisée et que toute contrainte légale ou administrative
visant à l'interdire n'aura d'autre effet que de concentrer plus
de pouvoir entre les mains de ceux - et il y en a toujours - qui seront
au-dessus de cette contrainte. La seule parade à la tyrannie que
peut imposer une technique nouvelle, c'est d'en généraliser
raisonnablement l'usage afin que les forts ne soient pas plus indemnes que
les faibles des effets néfastes de son utilisation.
Est-ce que quelqu'un a la candeur de croire que les organismes chargés
de la sécurité nationale, par exemple, n'ont pas déjà
accès et n'utilisent pas quotidiennement tous les moyens d'écoute
que la science peut offrir? Est-ce que quelqu'un croit que, si des intérêts
suffisants sont en jeux, toute l'information concernant sa vie privée
ne peut pas être accessible sur le champ comme un livre ouvert aux
autorités ou pouvoirs quels qu'ils soient qui voudraient y accéder
et en auraient les moyens techniques et financiers?
Dans la vie de tous les jours, il y a des lois qui protègent la vie
privée et ces lois peuvent être modifiées à notre
gré pour couvrir toutes les éventualités liées
à l'usage de l'Internet ou à l'intégration de dossiers
sectoriels. Elle ne seront pas moins respectées dans une société
branchée, puisque la barrière est dans l'esprit même
de ceux qui pourraient enfreindre les règles. Si, au contraire, on
parle d'une situation où l'État ne respecte plus la loi mais
n'obéit qu'à son agenda occulte, tous les moyens techniques
de pointe seront utilisés quoi qu'on ait pu faire et seront pour
cet État une arme d'autant plus nocive qu'il sera le seul à
les posséder et qu'on ignorera même parfois qu'il les possède.
4. 2 LE CHOIX DU MIEUX
L' objection la plus sérieuse à la mise en place d'une gestion
en ligne est qu'elle va déranger beaucoup de monde. Il y a beaucoup
de choses qu'on peut faire mieux, plus vite, à meilleur coût
dans une société branchée... et donc beaucoup de gens
qu'on rend inutiles. Qu'est-ce qu'on en fait? Est-ce qu'on veut augmenter
encore la liste des victimes du chômage technologique? Ça,
c'est un problème réel, car ce n'est pas parce qu'on pourrait
gérer mieux l'État avec la moitié du nombre des fonctionnaires
actuels travaillant en ligne qu'on doive mettre à pied la moitié
de la fonction publique.
Il n'y a qu'une seule solution intelligente et acceptable à ce problème,
c'est de s'engager dès le départ à ne limoger personne
mais a recycler chaque fonctionnaire déplacé par le changement
vers un poste pareillement rémunéré où il fera
autre chose. Il faut faire le choix du "mieux" et non pas de la
réduction des coûts. Si ce principe est accepté, le
résultat du changement vers un gestion en ligne des dossiers de l'État
ne sera plus tant une énorme économie... qu'un service considérablement
amélioré.
Dans l'optique actuelle du gouvernement dont la priorité est de réaliser
des économies à toute force, cette approche d'offrir un meilleur
service n'est pas facile à adopter et c'est ça le véritable
obstacle à l'avènement d'une gestion en ligne des dossiers
de l'État : le débat à engager sur l'affectation prioritaire
des économies que générerait cette initiative et la
ré-assignation des ressources humaines qui seront déplacées
par ce changement.
Si on fait ce choix de la ré-assignation des ressources humaines,
la qualité des services de l'État augmente. Ainsi, on peut
prévoir que la fréquence des relations entre le citoyen et
l'administration augmentera en proportion directe de la facilité
d'établir le contact. Tel qui aurait hésité à
perdre quelque heures dans un bureau du gouvernement en attendant que son
numéro soit appelé visitera dix fois le site d'un organisme
d'État pour obtenir un renseignement ou préciser un point
de détail. La plupart du temps - et de plus en plus au fur et à
mesure que les systèmes robotisés seront peaufinés
- l'administré obtiendra satisfaction sans qu'un fonctionnaire intervienne
mais le fonctionnaire ne sera pas disparu; il ne se sera que déplacé
vers un poste où il pourra être plus utile. Les fonctionnaires
consacreront désormais une part bien plus grande de leur temps à
s'occuper des citoyens.
Tous les fonctionnaires. En effet, le phénomène ne se limitera
pas aux préposés et aux échelons subalternes mais,
par renvoi aux "autorités compétentes", touchera
tous les niveaux de l'administration. Ceux qui pourront s'habituer à
être vraiment au service de la population prendront du galon; ceux
qui ne retournent pas leurs appels et croiront encore que le requérant
n'existe que pour la requête devront affronter une meute féroce
qui pourra enfin exprimer son mécontentement et qui sera écoutée.
A une société branchée, l'administration devra donner
des services efficaces et courtois et c'est à ce palier que la population
jugera du succès ou de l'échec de sa nouvelle relation avec
l'État.
Derrière le défi de la simple affabilité, il y aura
celui de l'excellence. Les temps moyens de traitement des dossiers individuels
devenant connus (cf: 1.4 h), la pression sera forte pour que toute intervention
se situe dorénavant dans la bonne moyenne des délais, ceci
tendant à faire diminuer constamment d'autant ces moyennes; c'est
le phénomène du "stakhanovisme" qui, si on ne le
contrôle pas, entraînera des dépressions nerveuses et
des dossiers bâclés. Il sera impérieux d'établir
des critères qualitatifs de performance efficaces et, la disponibilité
des ressources résultant de la ré-assignation le permettant,
ces critères qualitatifs seront indubitablement établis. La
gestion en ligne mènera à une meilleure qualité des
services de l'État.
5. LES CICÉRONES
Il existe présentement des centaines de programmes fédéraux,
provinciaux, régionaux, municipaux auxquels on peut venir remplir
son écuelle - allocations familiales, pensions de vieillesse, assurance
chômage, bien-être social, prêts et bourses aux étudiants,
subventions pour création d'emploi ou d'entreprises, aide financière
à la culture, à l'agriculture, à la construction et
la location de logements, etc. - et on réduirait beaucoup les inégalités
sociales si tout le monde avait VRAIMENT une chance égale d'y avoir
accès. En pratique ce n'est pas le cas, parce qu'il y a tant de programmes
et tant de formalités et de complications à en toucher les
fonds que le monde ordinaire en est exclu plus souvent qu'autrement, au
profit de tous les petits débrouillards qui connaissent bien les
rouages de l'État.
L'État, au sens large, ça représente ici au Québec
au moins les gouvernements fédéral et provincial, quelques
douzaines de sociétés para-publiques et toutes les administrations
régionales et locales: CUM, MRC, etc. Connaître à fond
tous les programmes de l'État et en retirer sa juste part exige aujourd'hui
des connaissances et une expertise que tout le monde ne peut avoir. Pour
en rendre plus facile l'accès, l'administration crée des "guichets
uniques" - des lieux physiques ou des numéros de téléphone
- où la population peut avoir accès à un fonctionnaire
adéquatement informé, lequel répond aux questions et
aiguille les gens vers les services gouvernementaux précis qui peuvent
les aider. Quand l'État sera en ligne sur l'Internet, il y aura toujours
un guichet où s'adresser. Est-ce suffisant ?
C'est bien, mais c'est insuffisant. D'abord, parce que de l'autre coté
du guichet il y a un fonctionnaire, qui parle le langage des fonctionnaires
et dont le véritable objectif de travail est de remplir les formules
et d'acheminer les dossiers qui constituent la mesure de sa performance
au travail, pas de résoudre le problème du client. Aussi,
parce qu'il ne s'agit pas seulement de faire l'aiguillage des clients vers
l'adresse virtuelle où l'on rend le service dont ils ont besoins.
Il faudrait aussi que le client sache que le service existe et ait la motivation
requise pour y avoir recours..
Un cicérone - et c'est bien le droit du monde ordinaire d'aller aussi
parfois chercher dans le dictionnaire le mot dont il a besoin - c'est celui
qui vous prend par la main et qui vous fait visiter les lieux. C'est bien
le mot qu'il faut pour désigner un spécialiste qui saurait
sur le bout de ses doigts les conditions d'application des programmes des
divers paliers de gouvernement et qui pourrait aider l'individu à
s'y retrouver dans ce fouillis. Pas seulement en lui indiquant à
quel guichet se brancher mais en remplissant pour lui les formules nécessaires,
en appelant les bonnes personnes, en faisant le suivi des démarches
jusqu'à ce que la réponse soit obtenue, que la décision
soit prise ou que le chèque ait été reçu et
touché.
Chaque individu devrait donc avoir son cicérone - comme chaque individu
devrait avoir son médecin de famille - et c'est l'État qui
devrait rémunérer les cicérones, comme c'est l'État
qui rémunère les médecins. Il devrait les rémunérer
par "capitation": chaque adulte choisit un cicérone et,
pour chaque individu inscrit au bureau d'un cicérone, celui-ci reçoit
de L'État un montant mensuel. Il n'y a donc pas de surprise quand
au montant global payé par l'État et le client, pour sa part,
a toujours le choix de son cicérone.
Qui serait cicérone? Un professionnel autonome recruté sur
une base de concours. Le bon sens suggère que ce seront la plupart
du temps des fonctionnaires actuels qui poseront leur candidature et qui
seront choisis, puisque ce que nous attendons d'un cicérone, c'est
une connaissance en profondeur des programmes de l'État et la capacité
d'établir des relations efficaces avec ceux qui en sont responsables.
Les études menant à cette profession de cicérone pourront
être aussi simples ou complexes que l'on voudra, mais se situeront
au même palier que celles requises d'un économiste ou d'un
sociologue, par exemple. Ce sont les professionnels, parmi les fonctionnaires
actuels qui deviendront surtout cicérones. Quels que soient ceux
qui occupent ces postes de cicérones, toutefois, l'objectif de l'État
sera que le nombre des fonctionnaires soient diminué au moins d'autant
de professionnels et de cadres intermédiaires de la Fonction Publique
qu'il y aura de cicérones nommés. C'est ainsi que que la création
de cette profession ne devrait pas augmenter le coût du fonctionnement
de l'État, mais seulement en améliorer l'efficacité.
Que fera le cicérone pour son client? Dans un premier temps, il devrait
s'asseoir avec celui-ci et les membres de sa famille et apprendre à
connaître mieux leur situation et leurs besoins. A la lumière
de l'information qu'il aura recueillie, le cicérone verra comment
faire mieux bénéficier ses clients des programmes de l'État.
Si le client est chômeur ou assisté social, le cicérone
verra non seulement à ce que celui-ci touche bien les prestations
auxquelles il a droit, mais aussi à ce qu'il tire avantage des programmes
et subsides particuliers à sa condition. Et il verra à ce
que les membres de la famille touchent toutes ces allocations familiales,
bourses, pensions de vieillesse et pensions d'invalidité auxquelles
ils ont droit.
Ce sont les questions fondamentales à régler, mais le cicérone
ira plus en profondeur. Le client aurait-il intérêt à
devenir propriétaire ou, s'il l'est déjà, à
rénover sa propriété en bénéficiant,
dans un cas comme dans l'autre, des subventions disponibles? Ou peut-il,
plutôt avoir accès à un logement social, ou à
une assistance financière pour le payement de son loyer? Le cicérone
ira beaucoup plus loin. Le client ne pourrait-il pas obtenir une subvention
et créer sa propre entreprise, seul ou avec d'autres? D'autres qui,
ne l'oublions pas, seront souvent d'autres clients du même cicérone...
ou sinon clients de l'un ou l'autre de ses confrères. Le réseau
des cicérones deviendra rapidement un élément mobilisateur
important pour ce genre d'initiatives. Ces initiatives que l'État
a créées pour le monde ordinaire, pas seulement pour quelques
individus.
Si on regarde la part considérable de toutes nos activités
quotidiennes qui consiste en relations avec les divers paliers de gouvernement,
on peut voir que le cicérone sera un homme bien occupé. Le
cicérone sera d'autant plus occupé, qu'il lui incombera aussi
de guider son client auprès de tous ces corps publics et parapublics
avec lesquels on a parfois des relations si pénibles: commissions
scolaires, municipalités régionales de comté, Régie
automobile, Régie du logement, etc. Même "en ligne",
remplir tous les questionnaires est facile pour celui qui sait... mais est
l'enfer pour le monde ordinaire. Les cicérones le feront beaucoup
plus aisément et mieux.
Le cicérone deviendra vite le conseiller privilégié
des gens ordinaires en tout ce qui touche leurs relations avec l'État
et donc pour la gestion d'une bonne part de leurs affaires. Souvent, c'est
le cicérone qui, le premier, verra un problème et qui conseillera
au client de s'adresser aux professionnels plus spécialisés,
tels comptables, fiscalistes et avocats. En prévoyant au départ
un cicérone pour mille personnes, on est donc extrêmement conservateur.
La tendance de l'avenir devrait être d'augmenter le nombre de cicérones
- des professionnels auto-motivés et responsables devant leurs clients
- et de diminuer celui des fonctionnaires, des gens dont les préoccupations
sont différentes de celles de ceux qu'il servent et dont l'efficacité
ne peut être que moindre.
N'y a-t-il pas un danger que les relations privilégiées que
pourront établir certains cicérones avec les fonctionnaires
responsables des divers programmes ne créent des passe-droits? Un
danger que les cicérones ne cherchent à obtenir pour leurs
clients des soutiens politiques, créant ainsi une ingérence
dans l'administration publique? Bien sûr, ce danger existe. Mais est-ce
plus dangereux de mettre en place quelques milliers de cicérones
- qui deviendront en quelque sorte les "lobbyistes" du monde ordinaire
mais dont chacun ne pourra disposer, en somme, que d'un pouvoir bien fragile
- ou de laisser perdurer un système dans lequel, faute d'expertise
et d'information adéquate, l'immense majorité des gens n'ont
qu'un accès bien restreint à ces centaines de programmes faits
pour eux?
Une Nouvelle Société ne peut pas permettre que tous ces
programmes de l'État ne servent en priorité qu'à une
minorité de petits débrouillards. Elles doit courir le risque
de la mise en place d'une structure qui satisfasse aux véritables
besoins du monde ordinaire, en leur fournissant gratuitement l'expertise
qui leur ouvrira la porte de tous ces programmes faits pour eux. C'est une
initiative qui vient compléter la gestion en ligne pour créer
une nouvelle façon d'administrer.
L' impact cumulé de la gestion en ligne des dossiers de l'État
et de la venue des cicérones pour conseiller les administrés
créera une relation toute nouvelle entre le public et l'administration
de l'État, le type même de relations moins inégales
qu'il faut encourager. Cette nouvelle relation, tout autant que les nouveaux
services que l'État devra rendre, est un élément essentiel
d'une Nouvelle Société.