Le but explicite que fixe le système néolibéral
au système de production est de satisfaire la demande effective.
À partir de là, l'État, ayant son agenda qui transcende
la simple production apporte d'innombrables entorses au but énoncé
et intervient sans vergogne pour s'assurer que le résultat final
soit politiquement rentable et donc socialement acceptable (410).
Le mot-phare, cependant, demeure : demande effective.
Je suis de ceux qui s'opposent à la philosophie néolibérale.
Certains qui partagent cette opposition trouvent une cible facile dans cette
limitation des objectifs concrets de la production à ce qu'exprime
la demande effective. Mais cette attaque est-elle justifiée ? J'ai
toujours trouvé bien agaçant cette coutume, largement répandue,
de poser inlassablement le même diagnostic négatif sur une
situation sans jamais proposer d'alternative concrète pour y remédier.
Qu'est-ce qui peut mieux que la demande effective déterminer les
objectifs de la production industrielle ? Une analyse théorique des
besoins et leur hiérarchisation par des experts ? C'est très
peu plausible.
Si on pense au modèle d'une économie de subsistance, on
peut certainement déterminer les besoins essentiels en protéines,
en carbohydrates et en combustibles, mais le défi de notre monde
n'est plus de gérer ce type d'économies, si ce n'est que de
façon transitoire, mais de les transformer pour qu'elles accèdent
à l'opulence. Une Nouvelle Société, nous l'avons dit
souvent, n'est possible qu'en pays développé ; une Nouvelle
Société globale, avant de tenter l'application intégrale
de ses politiques, met d'abord ses principes au service du développement
même de ceux qui n'ont pas atteint le seuil où ils pourraient
en profiter pleinement. C'est à une société d'opulence
qu'il faut penser à fixer des objectifs de production.
Dans le secteur industriel d'une société d'opulence, l'analyse
théorique est dans une position beaucoup plus difficile pour connaître
les besoins. On ne cherche plus ici à estimer la demande pour quelques
denrées, mais la demande pour des myriades de produits dont chacun
a sa spécificité et qui, dans l'esprit du consommateur tout
au moins, ne sont pas interchangeables. Si on voulait connaître par
estimation les détails de la demande dans le secteur industriel,
ce sont des millions de prévisions que le secteur industriel devrait
faire et avec pour chacune des marges d'erreurs insupportables.
Le problème apparaît dans toute son ironie simpliste si
l'on se remémore la frustration qui de nous ne l'a pas vécue
? - de chercher en vain, d'une boutique à l'autre, une chaussure
pointure 36 du modèle « A » qui n'est plus disponible
nulle part pendant que des douzaines de chaussures de pointures 41 de ce
modèle attendent qu'on les envoie à la casse et que ce sont
les pointures 36 du modèle « B » - en rupture de stock
partout pour les pointures 41 - qui ne trouvent pas preneurs. Quelqu'un
n'a pas prévu. Qui aurait pu prévoir ?
On ne peut pas prévoir avec exactitude la demande pour les innombrables
produits manufacturés que produit le système : il y a trop
de variables et c'est le simple caprice du consommateur qui y tient rôle
principal. Plus l'on s'écarte du niveau de subsistance pour aller
vers une économie d'opulence, plus la part augmente des produits
du secteur industriel dont le but n'est pas de répondre à
des besoins essentiels mais tout à fait discrétionnaires et
plus une prévision théorique de la demande du consommateur
devient donc erratique, puisque celui-ci peut alors acheter ou non selon
son caprice, prendre ou laisser avec la plus grande désinvolture.
Une Nouvelle Société veut laisser au consommateur la liberté
de son caprice et le plaisir de sa désinvolture.
Notre opinion, qui s'inscrit dans la philosophie générale
de ce site, est que l'on doit en priorité satisfaire les besoins
essentiels de tous, mais ensuite tous les désirs légitimes
de chacun, ce qui est possible si nos ressources et notre capacité
croissante de production sont gérées avec intelligence. Il
est difficile de voir quel mécanisme pourrait mieux permettre d'atteindre
cet objectif celui d'une réaction à la demande effective.
Si on va au fond des choses, on voit que l'argent ou tout autre numéraire
est conçu comme la confirmation par l'État, représentant
la collectivité, que le détenteur à donné quelque
chose ou rendu un service à quelqu'un et qu'il devrait en retour
recevoir un bien ou service de son choix dont la valeur par consensus est
présumée la même. La supériorité de l'argent
sur toute forme de troc est justement que celui qui a donné ce qu'il
pouvait donner peut recevoir en retour CE QU'IL VEUT, en principe sans contrainte
de temps ni donc de disponibilité immédiate. Déterminer
la production en fonction de la demande effective, c'est produire selon
ce que veulent ceux qui ont droit de recevoir un bien ou un service de leur
choix parce qu'ils ont déjà eux aussi donné. Ce qui
est parfaitement juste.
Ce qui ne va pas, c'est d'abord que, dans la société actuelle,
ne donne pas -et ne peut donc recevoir en retour -qui veut, mais uniquement
celui à qui la structure du système permet de contribuer à
la production des biens et services par son travail et ce n'est pas tout
le monde. C'est ensuite que la valeur relative des biens et des services
et en particulier du travail - n'est pas établie par consensus,
mais par les lois du marché, manipulées par ceux qui ont le
pouvoir. Ce qui est parfaitement injuste.
Cette injustice fait que la majorité de la population mondiale
est dans la misère ou au seuil de la pauvreté et a pour conséquence
que la demande pour la satisfaction d'une grande partie des besoins essentiels
n'est pas effective. Le système de production, répondant à
la demande effective, ne produit donc pas les biens et services dont l'humanité
a besoin en priorité. Cela est un fait. Mais la réponse adéquate
est-elle de donner à la production un autre but que de produire pour
la demande effective ou de prendre les mesures nécessaires pour rendre
effective la demande pour les besoins essentiels ?
La question n'est pas académique. Il est possible de produire
en priorité pour les besoins essentiels tels qu'estimés, sans
référence à la demande effective : l'État peut
le faire directement en prenant sous sa coupe les moyens de production,
ce qui est la solution socialiste traditionnelle. Il peut le faire indirectement
en subventionnant la consommation elle-même, donnant en fait gratuitement
certains bien et services, l'eau ou les services médicaux, par exemple.
Il peut en arriver au même résultat en biaisant la valeur comparative
des produits, par des taxes sur les produits non essentiels ou par des subventions
aux producteurs de biens essentiels, rendant relativement plus accessibles
les biens dont en veut faciliter la consommation.
Toutes ces interventions ont le même mérite et démérite
de substituer le jugement de l'État à celui des consommateurs.
Le mérite, puisqu'il semble souhaitable que l'on produise des aliments
plutôt que des cigarettes et que l'on construise des hôpitaux
plutôt que des salles de danse. Le démérite, aussi,
puisque le but ultime est que l'individu soit libre et responsable. Dans
une Nouvelle Société, on met sous curatelle les criminels,
les faibles d'esprit les insolvables (Texte 702 A)
et l'administration des intérêts des mineurs et incapables
est soumise à des contrôles stricts (Textes 704
et 702 B) ; on ne voit pas pourquoi l'individu
majeur et ayant sa pleine capacité légale se ferait dicter
ses patrons de consommation. On peut aimer le vin et être allergique
au lait, ça ne regarde pas l'État; à moins que l'on
ne soit déclaré incapable ou que l'on ne dilapide le bien
d'autrui, ça ne regarde personne. L'État n'a pas à
se piéger dans ce traquenard de vouloir décider pour l'individu
de ce qui pour lui devrait être essentiel.
Une Nouvelle Société fera appel à des estimations
des besoins pour déterminer sa politique d'achat des produits du
secteur primaire, tant ceux destinés à la consommation directe
que ceux appelés à servir d'intrants au secteur secondaire
(Texte 711). Elle posera le choix d'assumer par capitation
le coût des services jugés essentiels, comme on le voit aux
textes consacrés à la santé, à l'éducation,
à l'administration et à la justice et comme on en résume
la démarche au texte 713. Une Nouvelle Société globale
utilisera certainement une estimation théorique des besoins durant
la période de mise à niveau des économies sous-développées.
Cela mis à part cependant et particulièrement en ce
qui concerne le secteur secondaire l'État n'a pas à
imposer de façon systématique un type particulier de production.
Le rôle de l'État est de voir à ce que personne
ne soit privé d'un revenu qui rende effective sa demande pour les
biens essentiels, tels que définis par un consensus social. Quand
ce revenu minimum est garanti à tous, on peut dire que la demande
est effective pour les besoins essentiels et on ne doit demander aux entreprises
du secteur secondaire rien d'autre que de produire efficacement pour cette
demande effective et avec pour seul but d'optimiser leurs profits ; c'est
le seul mandat qu'on puisse espérer qu'elle remplisse avec enthousiasme
et ce qu'elle ne ferait pas avec enthousiasme serait mal fait.
2. Rendre la demande effective
La responsabilité de l'État est que chaque citoyen dispose
d'un revenu minimum lui permettant d'acquérir les biens nécessaires
à sa vie et au confort qu'un consensus social juge légitime
de garantir à chacun, libre à chaque adulte ayant la jouissance
de ses droits, toutefois, de gérer ce revenu comme il l'entend. C'est
ailleurs sur ce site que nous décrivons les mécanismes du
paiement des salaires, des revenus d'appoint, des pensions, des profits,
des intérêts, toutes manières complémentaires
de mettre entre les mains de l'individu ce revenu minimum. C'est ailleurs,
aussi, que nous parlons du crédit, de l'inflation et de la fiscalité.
On consultera à ce propos les textes 701, 706 et 713. Compte tenu
du choix que nous posons de laisser la demande effective déterminer
la production, toutefois, il semble utile de résumer ici brièvement
la façon dont l'État va s'assurer que la demande pour les
biens essentiels est effective pour tout le monde.
Comment rendre la demande effective. En donnant à tout le monde
qui peut travailler un revenu en salaire d'un travail et à tous les
autres une pension. On demande parfois où prendre l'argent pour le
faire. C'est un non-sens. C'est le travail qui produit la valeur. Si un
travailleur s'ajoute au marché du travail et exécute un travail
utile, c'est-à-dire qui correspond à une demande réelle,
il crée une valeur supplémentaire qui, par définition,
correspond à la rémunération que mérite celui
qui l'a créée. En termes de valeur réelle, le travail
produit le revenu nécessaire pour acquérir ce qui a été
produit.
D'abord le revenu du travail. Une Nouvelle Société garantit
à toute personne apte au travail un salaire conforme au statut professionnel
qui lui a été reconnu par concours, au vu de sa formation
et dans les limites des besoins de la société pour ce type
de professionnels. Chaque travailleur peut obtenir ce salaire de l'État,
en en faisant la demande et en se rendant disponible pour le travail qu'on
lui assigne pour un nombre d'heures déterminés, variable selon
la condition de l'économie, mais toujours significativement inférieur
à ce qui est présentement considéré comme une
journée de travail normale. Le revenu minimum lié à
ce travail est toujours au moins égal - et la plupart du temps bien
supérieur - à celui considéré comme nécessaire
pour rendre effective la demande du travailleur pour tous ses besoins essentiels.
Il y a des distorsions inévitables au moment de séparer
l'argent qui en est le symbole, sous forme de rémunération
entre ceux qui ont contribué à la création de cette
valeur ; mais il n'y a aucune excuse, dans une société d'abondance,
pour que ces distorsions entraînent une baisse de la rémunération
même des plus défavorisés en deçà du seuil
où devient effective leur demande pour les biens essentiels. Il y
a même des différences de rémunération qui sont
souhaitables et qui DOIVENT continuer d'exister, car la motivation de l'effort
exigent ces inégalités. Celles-ci n'ont d'impact, dans une
Nouvelle Société qu'au palier de consommation où l'on
ne doit plus parler de besoins mais de désirs à satisfaire
et où bien d'autres facteurs que la simple richesse influent sur
la décision d'acquérir.
Un revenu pour tous les travailleurs, mais aussi un revenu pour tous
ceux qui ne sont pas aptes au travail. Ici il n'y a pas de production qui
corresponde au revenu distribué ; c'est une valeur retranchée
de celle du travail des actifs. Ceci est un choix de société.
D'autres sociétés ont choisi de s'en remettre à la
charité pour pallier les besoins des inactifs. D'autres ont choisi
de les abandonner en montagne en hiver ou de les exterminer au Zyclon-B.
D'autres simplement de les ignorer. Je prends ici pour acquis un consensus
social pour la solidarité que je ne justifie pas, car ce site ne
s'adresse pas à ceux qui n'en sont pas partisans.
Dans cette optique de solidarité consensuelle, malades, infirmes,
vieillards touchent aussi - sous forme d'une pension mensuelle qui leur
est versée de plein droit, à eux ou à leurs gardiens
- un montant au moins égal au revenu minimum fixé comme suffisant
pour satisfaire à l'acquisition des biens essentiels. Le gardien
de chaque enfant - car tout enfant doit avoir un gardien légal qui
est souvent, mais pas nécessairement, son père ou sa mère
- touche aussi, jusqu'à la majorité de celui-ci, un revenu
mensuel suffisant pour procurer à ce dernier les biens jugés
essentiels, revenu que le gardien ne peut simplement unir à son propre
patrimoine, mais dont il doit rendre compte. L'étudiant, dès
qu'il entre en formation spécifique, touche aussi le salaire minimum.
(Texte 704). Il n'y a donc aucun risque dans une
Nouvelle Société d'une insuffisance chronique de la demande
effective.
Le problème qui peut se poser est tout à fait à
l'opposé. Le changement opératoire le plus lourd de conséquences
qu'apporte une Nouvelle Société, en effet, est que le travailleur,
même s'il sollicite de l'État et obtient de droit un emploi
salarié, peut aussi, dans les temps libres que lui laisse cet emploi
dont la durée va en diminuant, travailler concurremment de façon
autonome ou comme entrepreneur et en tirer un revenu d'appoint sans cesser
de toucher son salaire. On l'encourage même à le faire. (Texte 701). Ceci augmente considérablement le
revenu disponible et rend permanente une tendance inflationniste qu'une
Nouvelle Société apprivoise, contrôle et utilise pour
sa politique fiscale. (Texte 706)
Dans un système où l'inflation est apprivoisée
et utilisée de façon constante pour fin fiscale, cependant,
il faut prévoir le cas rarissime mais intolérable d'une pénurie
ou d'une panique, spontanée ou fomentée qui ferait que le
prix d'un bien essentiel s'envole. C'est alors qu'interviennent l'impôt
mensuel (Texte 706) ainsi que le recours automatique au crédit et
le rééquilibrage de la masse monétaire, outils de politique
financière dont nous traitons en détail au texte 713 mais
dont nous résumons ici l'essentiel.
Chaque citoyen d'une Nouvelle Société a son compte à
la Banque de l'État, sur lequel sont faites les transactions entre
lui et l'État (Texte 708). Paiement fiscal mensuel, droits à
acquitter, dépôts de garantie, pénalités à
payer, etc. d'une part pensions diverses, salaires touchés en vertu
du programme de Revenu/Travail garanti et tout autre versement de l'État
à l'individu d'autre part. L'État peut, au soutien de sa politique
économique, consentir à chaque titulaire d'un compte
(c'est-à-dire à tout le monde ou son gardien, car qui n'a
pas de relations financières avec l'État !) une marge
de crédit variable prenant en garanti son revenu garanti et la somme
des biens déclarés à son bilan. Nous verrons les modalités
de ce crédit ailleurs (Texte 713), mais voyons en ici les conséquences
sur le maintien de la demande effective.
Grâce au contrôle de la monnaie et du crédit dont
elle a récupéré la gestion des shylocks du système
financier, une Nouvelle Société n'est pas sous la coupe du
mirage monétaire ; c'est elle qui en manipule les images. Le «
manque d'argent « n'est donc jamais une excuse pour ne pas faire ce
qui doit être fait. Un manque ou un surplus d'argent est perçu
pour ce qu'il est, une représentation monétaire inadéquate
de la richesse réelle, et traité comme il se doit, par un
rééquilibrage de la masse monétaire. Si une inflation
malvenue n'est pas générale, mais touche des biens spécifiques,
il faut voir d'abord si une spéculation indue en est responsable.
Si c'est le cas, c'est à la justice d'y mettre fin. Si ce n'est pas
le cas, cette hausse de prix doit être interprétée comme
le signe de la rémunération excessive consentie à l'un
ou l'autre des apports à la production de ce bien et c'est cette
erreur qui doit être corrigée. Elle l'est avec d'autant moins
de délai qu'elle touche des biens essentiels
On pourrait corriger cette erreur en réduisant certains salaires,
mais cette mesure déplaisante n'est pas nécessaire. Tout le
système étant en inflation contrôlée permanente,
les ajustements peuvent se faire sans odieux, simplement en augmentant moins
la valeur monétaire de ce qui doit être réajusté
à la baisse. Ceci, d'ailleurs, est la façon dont procède
le système actuel pour les salaires, la différence étant
qu'il le fait à tâtons, sans plan d'ensemble, et sans avoir
en vue la justice ni l'efficacité mais seulement les impératifs
immédiats du profit et ses exigences politiques.
Concrètement, dans une Nouvelle Société, l'État
réagit à une hausse relative injustifiée du prix de
certains biens essentiels de deux façons complémentaires.
Il planifie l'application sur la période qui lui semble opportune
d'un réajustement à la baisse de la rémunération
des facteurs responsables de la hausse et, pour que ceux dont le revenu
se situe au bas de l'échelle des revenus n'en souffrent pas préjudice,
il augmente le revenu minimum mensuel dans la proportion correspondant à
cette hausse du prix des biens essentiels. Cette augmentation venant s'ajouter
à celle accordée chaque mois pour compenser la tendance inflationniste
systémique, elle ne fait l'objet d'aucun débat : le revenu
ajouté au compte de l'individu à la Banque de l'État
est simplement légèrement plus élevé qu'il ne
l'aurait été.
Ce faisant, est-ce qu'on ne nourrit pas l'inflation, encourageant la
bête qu'on dit apprivoisée à s'échapper de sa
cage ? Pas du tout, puisque le taux d'imposition du capital, fixé
mensuellement, est aussi modifié de façon à ce que
les rentrées prévues pour l'État correspondent exactement
aux sorties, tenant compte de cette augmentation légèrement
supérieure aux prévisions du revenu minimum. Le résultat
net est qu'est repartie sur tous les contribuables, au prorata de leur richesse
respective, le coût de maintenir la demande effective au niveau qui
permet à tous l'accès aux bien essentiels.
En pratique, la variation introduite par cet ajustement est minime.
En bonne logique, cependant, l'État ne peut permettre que sa politique
des revenus soit systématiquement biaisée à la hausse
par des ajustements à sens unique. C'est pourquoi les augmentations
consenties doivent en fait être considérées comme des
prêts plutôt que comme des dons. L'État, ayant établi
les objectifs qui seront les siens pour une redistribution à long
terme de la richesse dans une société « tendanciellement
égalitaires » (Texte
901), verra à ce que les écarts résultant des hausses
de revenu plus fortes que prévues accordées certains mois
soient compensées par des hausses plus faibles accordées plus
tard, quand les erreurs de rémunération ont été
corrigées, de sorte que ces objectifs a long terme soient respectés.
Ayant ce contrôle efficace de la masse monétaire, on peut
laisser la demande effective jouer son rôle discriminant et, dans
toutes les situations « normales », conserver la satisfaction
de cette demande comme but de la production industrielle. En cas de guerre
ou de catastrophe naturelle, si un produit n'est matériellement pas
disponible en quantité suffisante, une Nouvelle Société
devra bien, comme l'aurait fait tout société précédente,
gérer la pénurie par un rationnement. Le propre de ces tragédies
est justement de nous ramener pour un temps en arrière, en espérant
toujours que ce ne soit au Moyen-Âge ou à l'Âge de pierre.
Il serait oiseux, cependant, de chercher ici des réponses à
ces situations problématiques. . Quand État fait ce qu'il
doit faire, Il n'y a pas de raison valable, en circonstances normales, pour
que le système de production se donne une autre mission que celle
de produire pour la demande effective.