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Dedication Le Chapitre I II III IV V VI VII VIII IX X XI XII XIII XIV XV

XVI XVII XVIII XIX XX XXI XXII XXIII XXIV XXV XXVI XXVII

 

-Les hommes, dit le petit prince, ils s'enfoncent dans les rapides, mais ils ne savent plus ce qu'ils cherchent. Alors ils s'agitent et tournent en rond...
Et il ajouta:
-Ce n'est pas la peine...
Le puits que nous avions atteint ne ressemblait pas aux autres puits sahariens. Les puits sahariens sont de simples trous creuses dans le sable. Celui-la ressemblait a un puits de village. Mais il n'y avait la aucun village, et je croyais rever.

-C'est etrange, dis-je au petit prince, tout est pret: la poulie, le seau et la corde...
Il rit, toucha la corde, fit jouer la poulie. Et la poulie gemit comme une vieille girouette quand le vent a longtemps dormi.
-Tu entends, dit le petit prince, nous reveillons ce puits et il chante...
Je ne voulais pas qu'il fit un effort:
-Laisse-moi faire, lui dis-je, c'est trop lourd pour toi.
Lentement je hissai la seau jusqu'a la margelle. Je l'y installai bien d'aplomb. Dans mes oreilles durait le chant de la poulie et, dans l'eau qui tremblait encore, je voyais trember le soleil.
-J'ai soif de cette eau-la, dit le petit prince, donne-moi a boire...
Et je compris ce qu'il avait cherche!
Je soulevai le seau jusqu'a ses levres. Il but, les yeux fermes. C'etait doux comme une fete. Elle etait nee de la marche sous les etoiles, du chant de la poulie, de l'effort de mes bras. Elle etait bonne pour le coeur, comme un cadeau. Lorsque j'etais petit garcon, la lumiere de l'arbre de Noel, la musique de la messe de minuit, la douceur des sourires faisaient ainsi tout le rayonnement du cadeau de Noel que je recevais.
-Les hommes de chez toi, dit le petit prince, cultivent cinq mille roses dans le meme jardin... et ils n'y trouvent pas ce qu'ils cherchent...
-Ils ne le trouvent pas, repondis-je...
-Et cependant ce qu'ils cherchent pourrait etre trouve dans une seule rose ou un peu d'eau...
Et le petit prince ajouta:
-Mais les yeux sont aveugles. Il faut chercher avec le coeur.
J'avais bu. Je respirais bien. Le sable, au lever du jour, est couleur de miel. J'etais heureux aussi de cette couleur de miel. Pourquoi fallait-il que j'eusse de la peine...
-Il faut que tu tiennes ta promesse, me dit doucement le petit prince, qui, de nouveau, s'etait assis aupres de moi.
-Quelle promesse?
-Tu sais... une museliere pour mon mouton... je suis responsable de cette fleur!
Je sortis de ma poche mes ebauches de dessin. Le petit prince les apercut et dit en riant:
-Tes baobabs, ils ressemblent un peu a des choux...
-Oh!
Moi qui etais si fier des baobabs!
-Ton renard... ses oreilles... elles ressemblent un peu a des cornes... et elles sont trop longues!
Et il rit encore.
-Tu es injuste, petit bonhomme, je ne savais rien dessiner que les boas fermes et les boas ouverts.
-Oh! ca ira, dit-il, les enfants savent.
Je crayonnai donc une museliere. Et j'eus le coeur serre en la lui donnant:
-Tu as des projets que j'ignore...
Mais il ne me repondit pas. IL me dit:
-Tu sais, ma chute sur la Terre... c'en sera demain l'anniversaire...
Puis apres un silence il dit encore:
-J'etais tombe tout pres d'ici...
Et il rougit.
Et de nouveau, sans comprendre pourquoi, j'eprouvai un chagrin bizarre. Cependant une question me vint:
-Alors ce n'est pas par hasard que, le matin ou je t'ai connu, il y a huit jours, tu te promenais comme ca, tout seul, a mille milles de toutes regions habitees! Tu retournais vers le point de ta chute?
Le petit prince rougit de nouveau. Il ne repondait jamais aux questions, mais, quand on rougit, ca signifie "oui", n'est-ce pas?
-Ah! lui dis-je, j'ai peur...
Mais il me repondit:
-Tu dois maintenent travailler. Tu dois repartir vers ta machine. Je t'attends ici. Reviens demain soir...
Mais je n'etais pas rassure. Je me souvenais du renard. On risque de pleurer un peu si l'on s'est laisse apprivoise...
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