Contributions : Analyses: Mathématiques


À consulter également :
Philosophie - Français - Histoire/Géographie - LV - Musique
Analyses - Bibliographie - Liens


Lire également :
Texte de pétition proposé par un groupe de professeurs du lycée Montesquieu, Herblay 95. membres du collectif « sauver les maths »
Détail des raisons de notre rejet du « programme » prévu pour 2000 (12.oct.99)
Une réflexion sur les programmes de mathématiques dans le secondaire.
(par des collègues du lycée de Franconville, Val d'Oise.)
Lettre adressée aux parents d'élèves 
Math wars (La guerre des maths) , Wall Street Journal, 4 janvier 2000
Un courrier de L. Schwartz à Claude Allègre (15 février 2000)
Refus des nouveaux programmesde 2de
par les professeurs du lycée de Gaillac,81 (Lettre aux éditeurs- lettre aus IPR) (9 mars 2000)
Les mathématiques méritent considération Appel des académiciens des sciences (12 mars 2000)
A propos de la réforme ... par les professeurs de mathématiques du lycée Cabrini à Noisy-le-Grand (14 mars 2000)
Lettre ouverte de l’assemblée des Directeurs d’Institut de Recherche sur l'Enseignement des Mathématiques (ADIREM) au Président de la République et au Premier Ministre
(
Rappel des adresses utiles)

Intervention de A. Benzeckri à la réunion publique du 3 mars 2000
à la Bourse du travail (Paris)


Lorsque les membres du collectif " sauvez les maths " ont réfléchi au contenu qu’ils pourraient donner à l’intervention de ce soir, il leur a semblé que l’un des aspects les plus graves des réformes actuelles était l’entreprise de crétinisation menée à travers les changements de programmes prévus pour la rentrée 2000 dans plusieurs matières et notamment en mathématiques.

En 86 les programmes de mathématiques de la classe de sixième, et donc les suivants, sont placés sous le signe de l’ " activité ", mot magique qui devait résoudre bon nombre des difficultés de nos élèves. De quoi s’agissait-il ? Le cours dit " magistral " étant devenu le comble du mauvais goût pédagogique, il fallait donc que toutes les notions fondamentales soient introduites par des problèmes permettant aux élèves de " réinventer " les concepts historiques en les manipulant avant même de les définir. Tout ceci pouvait sembler séduisant, mais très vite, on se rendait compte dans la pratique que de telles méthodes n’étaient absolument pas réalistes tout d’abord parce que le temps nécessaire pour les mettre en œuvre est très largement supérieur à celui dont on dispose en classe et d’autre part parce que les dits concepts ne sont pas si faciles à " réinventer " pour des élèves déjà en difficulté sur les bases du calcul et de la lecture. Résultat : un appauvrissement général des contenus sans que l’on constate en échange une quelconque amélioration (ou alors quelque chose m’aurait échappé) du niveau et des capacités de recherche de nos élèves.

Depuis des années, le niveau en calcul, constaté à l’entrée en sixième et en seconde est catastrophique alors même que les tests destinés à l’évaluer sont de plus en plus grotesques quant à la difficulté de leur contenu. Là aussi, un certain nombre d’éminents pédagogues, nous expliquent depuis longtemps, que l’acquisition des algorithmes des quatre opérations n’est pas l’essentiel, il faut plutôt développer chez l’élève le sens de l’opération par des problèmes divers et variés… Nous-nous rendons compte, nous enseignants, qu’à force de ne pas poser de divisions, les élèves n’acquièrent ni la technique opératoire ni le sens : autrement dit, ils sont perdants sur les deux tableaux. Où en sommes-nous à l’heure actuelle : la multiplication de deux nombres décimaux et l’algorithme de la division sont devenus des objectifs des classes de sixième et de cinquième, c’est tout dire !

Dans la suite logique de ces régressions, est publié au BO d’août 99 le nouveau programme de seconde.

  • On y découvre tout d’abord, que par la simple volonté de quelques conseillers du ministre, ne disposant d’ailleurs d’aucune reconnaissance au sein de notre profession, les mathématiques deviennent une science expérimentale ! Vous-vous demandez comme nous ce que cela signifie, en fait pas grand chose, il suffit de traduire tout cela par un seul mot : STATISTIQUES, ou plutôt mathématiques citoyennes ! En effet il nous est formellement stipulé d’ " équiper " nos établissements d’urnes contenant des boules et des jetons de couleurs différentes afin de mettre en évidence, après quelques centaines de tirages et de jets la probabilité d’obtenir FACE à l’incontournable jeu de PILE ou FACE (entre autres exemples). N’oublions pas non plus de réfléchir à " la notion de fluctuation de l’échantillonnage vue sous l’aspect élémentaire de la variabilité de la distribution des fréquences ", qui osera dire après cela que le niveau baisse ?
  • Les concepts les plus fondamentaux des mathématiques, tels que la notion de fonction (ou " boîte noire " dans le texte officiel) par exemple, sont définis par la calculatrice ou l’ordinateur de manière quasi magique comme si l’on craignait d’utiliser les mots, comme si toute formalisation était exclue. En somme il faudra peut-être se résoudre à dire à des élèves de 15 ans : " la courbe monte " plutôt que : " la fonction est croissante ". On reconnaît dans ces dérives cette constante obsession du simple et cette chasse systématique à l’abstraction dont font preuve les concepteurs de " programmes " ces quinze dernières années.
  • Démontrer est une activité essentielle des mathématiques, elle permet non seulement d’acquérir la rigueur nécessaire à toute science mais aussi de s’initier progressivement aux concepts de la logique : implication, réciproque, contraposée, négation, raisonnement par l’absurde…
  • Au collège, il ne reste pratiquement plus qu’une démonstration, celle du théorème de Pythagore : quelle audace ! Au lycée la calculatrice et le traceur de courbes deviennent des éléments essentiels de preuve, on ne compte plus dans le texte officiel le nombre d’apparitions des expressions :
  • " on observera que.. ", " on admettra que… ", " on se limitera à des exemples simples… ", " aucune virtuosité technique … ". Comment pourra-t-on dans de telles conditions transmettre un quelconque esprit critique à nos élèves ? Sera-t-il honnête d’en exiger quelque rigueur que ce soit, alors que la majeure partie de leur formation sera constituée d’observations aussi douteuses que contestables sur des tableurs ? Signalons au passage, que la France est l’un des pays disposant du nombre le plus élevé de calculatrices par habitant, cela a-t-il permis la moindre amélioration de la situation en calcul pour ne citer que ce domaine ?


Point d’orgue de la réforme, la mise en place dès la rentrée prochaine des TPE est l’une des mesures les plus préoccupantes du dispositif :

  • Leur mise en place se fait sur les horaires des matières concernées sans qu’aucune assurance ne soit donnée quant à leur rattachement au service des enseignants.
  • Il s’agit en 1h voire une demi-heure par semaine de gérer les projets d’une douzaine de groupes et cela sans qu’aucune concertation entre enseignants ne soit prévue : c’est ce que l’on appelle de l’interdisciplinarité ! En supposant même que les TPE aient un intérêt pédagogique, peut-on sérieusement penser qu’un travail consistant pourra être mené en disposant de 5 minutes par groupe ! Il est plus que probable que le règne du copier-coller l’emporte sur une recherche digne de ce nom.
  • Le texte officiel de mise en place de l’expérimentation des TPE préconise des productions d’élèves aussi variées que farfelues : documents vidéo, pièces de théâtre, fichiers électroniques, expositions … Autant dire que l’évaluation sera aléatoire et que le véritable objectif est l’introduction d’un contrôle continu massif au BAC.
  • Que dire des thèmes choisis : frontière, croissances … aussi creux qu’énigmatiques, mais que pouvait-on attendre d’autre au moment où la maîtrise de la phrase devient un objectif essentiel de la classe de seconde en français ?


Dans un tel contexte, que peut-on proposer ?

  • Dénoncer par tous les moyens : pétitions, presse, lettres adressées aux parents l’indigence et le flou de programmes laissant la porte ouverte à toutes sortes d’interprétations et remettant donc en cause la notion même de programmes nationaux.
  • Dans le Tarn et la région parisienne, les professeurs de mathématiques préconisent le boycott pur et simple des manuels scolaires véhiculant des programmes " light ". A cet effet, des lettres ont été envoyées aux éditeurs pour les informer de nos intentions. Signalons que le marché des manuels scolaires représente 1,5 milliards de francs, ce qui signifie pour nous enseignants, un moyen décisif de pression. Sachez que les éditions Hachette désirent d’ores et déjà nous rencontrer.
  • Ecrire aux inspecteurs notre volonté de nous opposer à des programmes honteux en s’engageant personnellement et collectivement. Profiter des réunions organisées par l’inspection dans tel ou tel établissement pour s’y rendre en nombre conséquent et dénoncer les projets de programmes dans les diverses matières concernées.
  • Prôner dès aujourd’hui, et sans attendre la prochaine rentrée, le boycott des TPE. En raison de l’interdisciplinarité attendue, il suffira d’un nombre restreint de professeurs engagés pour que ces projets ne soient pas réalisables. Je dirais même qu’il suffira d’appliquer les horaires prévus et rien de plus pour que ces TPE n’aient rapidement aucun sens !

Sauver les maths: rappel des adresses utiles.
Lettre aux signataires par voie postale
Lettre aux parents d'élèves
Lettre aux éditeurs
Lettre aux IPR
Lettre aux collègues de lycées non signataires

Accueil

Hosted by www.Geocities.ws

1