Vous etes ici dans la page de la revue trimestrielle de l'association TAZMART

         Le numéro 04       paru le mois de  juin 2007

> Actualité là-bas
> l’événement
> Le dossier:  les maladies cardiovasculaire
> médication
> secourisme
> Odontologie
> Entre nous
> Insolite
> Plantes médicinales
> Médecine traditionnelle
> Psycho
> Biologie
> Sports
> Femme mag
> Boys & girls
> Histoire
> Culture
 

Association des étudiants   en médecine de l’UMMTO « TAZMART »

Siège :

complexe Biomédical

Tizi Ouzo  

E-mail : associationtazmart@yahoo.fr

Compte BNA

0200035818-71  

Web : www.tazmart.fr.st

 

 

 

 

 

 

Il y a 18 ans disparaissait Mouloud Mammeri

 

    

Mort bête (comme disait Roland Barthes, à propos de la mort, par accident, d’Albert Camus) ou suspecte que celle de Mouloud Mammeri ! Comment a-t-il eu l’absurde idée de rentrer de Rabat à Alger dans une voiture aussi petite que sa Peugeot 205 ? Des milliers de kilomètres dans une voiture aussi exiguë et inconfortable ?

De l’héritage de l’amusnaw :

Ayant vu le jour le 28 décembre 1917 à Taourirt Mimoun, petit bourg perché sur les monts de la grande Kabylie, Mouloud Mammeri mènera une existence plus ou moins nantie, comparée à celle de ses petits camarades, du fait du rang social de son père qui était l’amin (maire) du village.
      D’ailleurs, c’est une des raisons qui feront que l’enfant grandira au contact des amusnaw (sages) de sa localité, puisant dans leur savoir et leur verbe beaucoup de sagesse et de connaissances. Mammeri dira un jour à ce sujet :
      «Mon père a été l’avant-dernier dans la lignée de la tamusni. Il a eu un disciple, Sidi Louenas, qui est mort aussi. Et après eux, c’est quelque chose d’autre qui commençait : ceci est reconnu par tout le groupe, ce n’est pas une vision personnelle. Moi-même, je ne pouvais pas être le successeur de mon père, j’étais à l’université, j’avais donc déjà d’autres points de référence. Mais il n’en reste pas moins qu’il a eu toute sa vie le souci de m’initier le plus qu’il pouvait. Je suis même en train de me demander si ce goût que j’ai très tôt pour la littérature, ne m’est pas venu de cette ambiance, dans laquelle je baignais sans même y penser, étant enfant.»
      Après des études primaires, moyennes et secondaires effectuées au village, au Maroc puis à Alger, Mouloud Mammeri partira étudier à Paris où il décrochera avec brio le concours de professorat de lettres classiques. Cette expérience lui permettra de «rencontrer, par la médiation de la langue française, un monde qui le choque d’abord car il lui est linguistiquement et culturellement étranger, le séduit ensuite (…)» Et d’ajouter : «Lorsque j’étais encore enfant, mon père m’emmenait systématiquement dans les marchés parce que les marchés sont un lieu de rencontres privilégié ».
      « Le marché de mon père durait une demi-heure et tout le reste du temps, il le consacrait à rencontrer des gens et rester avec eux ; eux en faisaient autant. Il y avait une espèce de formation sur le tas, à la fois consciente et diffuse. C’était un apprentissage par la praxis. Ce n’était pas un apprentissage abstrait. Il fallait aussi agir conformément à un certain nombre de préceptes, de valeurs, sans quoi la tamusni n’est rien ».

Le jour où Mouloud Mammeri est mort

Il était 23h et quelques minutes de cette nuit du 26 février 1989, quand Mouloud Mammeri sortit de la           ville de Ain Defla. Il amorçait, avec sa 205, un virage dangereux. La nuit était opaque. Aucun clair de lune. Soudain, un camion en stationnement, feux éteints, sans triangles de panne1, voulant l’éviter, Mouloud Mammeri donna un coup de volant à gauche. Malheur, les phares d’une voiture qui arrive à toute vitesse en sens inverse l’aveuglent, l’obligent à donner un autre coup de volant, toujours à gauche. Catastrophe, la 205 tombe dans un ravin et s’immobilise en s’écrasant sur un tronc d’arbre. Secouru après 20 minutes (d’après le médecin de garde), il a été amené par une ambulance aux urgences de l’hôpital de Ain Defla (le plus proche), hôpital dépourvu de matériel médical sophistiqué et sans chirurgien à l’époque. Perdant beaucoup de sang (hémorragie interne d’après le diagnostic des médecins présents cette nuit), Mouloud Mammeri rendra l’âme une heure après son admission à l’hôpital de Ain Defla. Sur son permis et son passeport était écrit Mohammed Mammeri, personne parmi le personnel médical de l’hôpital ne reconnut l’écrivain. On avertit la police pour contacter les proches de la victime à la rue Sfindja, El Biar (Alger), comme s’est écrit sur son permis. A 8h, arrive le docteur Amar Khris (très cultivé), chef du service pédiatrie. On lui parle de l’accident, de la victime qui est à la morgue. Il se dirige vers cette dernière. Le docteur Amar Khris reconnaît tout de suite la victime. Il se tourna vers ses collègues et dit d’un ton grave : « C’est l’écrivain  Mouloud Mammeri ! » Tout le monde poussa un «Ah!! ».  Militant « impénitent » (le mot est de l’écrivain) de la démocratie, la liberté d’expression et du berbérisme, pendant la période du parti unique, les photographies, les écrits et même le nom de Mouloud Mammeri étaient bannis de la presse d’Etat. Comment savoir que Mohammed Mammeri était Mouloud Mammeri ? De 8h à 9h, le docteur Amar Khris se démena comme un beau diable, en téléphonant à tous ses amis d’El Attaf, de Ain Defla, d’Alger, de Tizi Ouzou, etc. A 9h 10, il peut joindre, enfin, par téléphone la fille de Mouloud Mammeri. Gorge nouée par les sanglots, il lui annonça la triste nouvelle. Le 27 février 1989, à 14 h, le corps de Mouloud Mammeri est ramené à son  domicile, rue Sfindja à Alger. Le lendemain, Mouloud Mammeri fut enterré à Taourirt Mimoun, son village natal. C’étaient des funérailles grandioses. Du jamais vu en Algérie. Plus de 200 000 personnes : jeunes, vieux, femmes et hommes assistèrent à son enterrement. Il n’y avait aucun officiel ! D’ailleurs, qui est « l’officiel » qui pouvait se hasarder parmi cette foule compacte qui scandait des slogans contre le pouvoir en place.

accueil | vie de fac | à propos de tazmart |télécharger | Contacts

copyright2008,Tazmart. créer par FRENDI BOUALEM([email protected])

Hosted by www.Geocities.ws

1