[ Cette “collection” a été commencée aux Éditions Sulliver. Elle se poursuivra ici. ]

Schiller nommait l’histoire « le jugement du monde ». C’est ce jugement que, de livre en livre, nous allons voir s’effectuer sous les quolibets de la “civilisation perfectionnée”. La plupart des livres publiés ici ont été écrits par des hommes mis au pilori, de diverses façons. De même que Vauvenargues fut travesti en “moraliste” par l’Université, Lichtenberg fut trahi par ses traducteurs, Melville, rappelant l’homme à sa haute tâche, fut déjugé pour avoir destitué la bonne conscience et l’hypocrisie sociale et Shelley fut haï pour n'avoir jamais rien concédé tant aux innombrables formes de la tyrannie qu’aux plaisirs prétendus de la servitude. Ce passé introduira ici à la connaissance des pratiques d’une civilisation entrée depuis près de deux siècles dans ce qu’August von Ciezskowski, analysant, vers 1838, « l’agitation instinctive qui se fait autour des intérêts essentiels de l’humanité » disait déjà être « un véritable processus élémentaire de la vie, qui s’annonce par une fermentation, voire même par un pourrissement ». Et parce que nous traversons le moment ultime de ce processus, que nul autre auparavant n’avait pu connaître sous la forme singulière propre à notre temps, nous tenterons, par quelques textes écrits aujourd'hui, de laisser venir à leurs plus lointaines limites comme à leurs conséquences souvent inattendues pour l’avenir, les éléments nouveaux qui d'ores et déjà nous constituent, leurs étranges configurations nées du creuset où maintenant — par l’assentiment qu’on nomme encore la “volonté” de chacun — vient périr le monde moderne*.

*. QUELQUES PRÉCISIONS.

Cette “collection” accueille à partir du mois de mai 2009 quelques ouvrages qui paraîtront sous-titrés “la fontaine de jouvence”. Il s’agira d’une littérature balbutiée, dite de réminiscence, et dont l’un des traits principaux consiste à « faire parler la langue » au détriment de ce qui s’entend ou se comprend par convention. Le premier titre est PARODIE.

[Ajout du 1^er mai 2009 : Le langage de tous les âges de l’enfance m’absorbant, par l’attrait qu’exerce, sur moi mais non seulement, son babillage, incomparable, en termes d’enseignement, aux vieilles redites de nombre d’érudits modernes, de savantasses, poseurs, phobosophes, argumentistes, développeurs de thèses dites admirables, commentateurs à merci, rapins, ou des idéologues, il se pourra que je m’y consacre, disons plus entièrement (pour être bref au risque d'être incorrect), en quoi, à l’occasion de n’importe quelle primevère et à sa façon, je tends vers la lumière. Cette lumière dissipe aisément, au point de les rendre invisibles c’est-à-dire illisibles, les abstractions emphatiques des pluriversitaires qui, d’une spécialité dont ils font profession, celle des spécialités, prétendent s’approprier la langue, ses œuvres, en l’enténébrant par le langage d’une raison qui n’est qu’adverse à la matière qu’elle dit connaître ou éclairer. S’ils étaient verriers, on se demande ce qu’ils auraient fait du rapport du verre et de la lumière, à l’opposé, quoi qu’il en soit, de Barovier, maître verrier de Venise au XV^e siècle, prénommé Angelo, réinventeur du cristal (de Venise) et d’autres procédés, lequel a illustré d’une magnifique calvacade et d’une fontaine d'émaux, où se baignent des jeunes filles, sa célèbre coupe nuptiale, d’un beau bleu, qu’il sut pouvoir proposer à la lumière (solaire), au point qu’elle appelle et suscite le désir du bain, autrement dit et s’il se peut, la soif de la connaître ou d’en connaître, rien qu’à la voir.]