PATHOLOGIE DES OEUFS FOSSILES

Les oeufs fossiles de Dinosaures du Bassin d'Aix-en-Provence ( France )

 

 

INTRODUCTION

HISTORIQUE

CLASSIFICATION

CATALOGUE

LA FOSSILISATION DES OEUFS DE DINOSAURES

LA CONDUCTANCE DES COQUILLES D'OEUFS

LES NIDS DE DINOSAURES

L'ATTRIBUTION TAXONOMIQUE DES OEUFS

LA PATHOLOGIE DES OEUFS

LES OEUFS ET L'EXTINCTION DES DINOSAURES

LES GISEMENTS

LES AUTRES GISEMENTS EUROPEENS

BIBLIOGRAPHIE

GEOCHRONOLOGIE

GLOSSAIRE

FOSSILES ET FOSSILISATION GENERALITES

 

Megaoolithus , section radiale , lumière polarisée , spécimen en provenance des marnes rouges à Dinosaures de Châteauneuf-Le-Rouge ( Boucches-du-Rhône , France , Rognacien supérieur , Maastrichtien ) , photographie : Ph.Kerourio , reproduction interdite

 

Bébé dinosaure.gif (7717 octets)

 

LA PATHOLOGIE DES ŒUFS ET LE PROBLEME DE L'EXTINCTION DES DINOSAURES

 

Les œufs fossiles du bassin d'Aix portent les stigmates de diverses pathologies. Ces derni�res se traduisent par des alt�rations morphologiques et / ou microstructurales de l'œuf .

LES COQUILLES "MULTISTRATIFIEES "

Ce type de coquille a �t� d�crit , pour la premi�re fois , par De Lapparent ( 1947 ) � partir de fragments isol�s attribuables � Megaloolithus mamillare et d�couverts dans le Rognacien sup�rieur des environs de Rousset-sur-Arc ( gisement " Frigara " , Bouches-du-Rh�ne ).

Ces oeufs proviennent de la r�tention dans l'oviducte d'oeufs � coquille normale  qui se recouvrent d'une seconde coquille , d'une troisi�me , etc... au cours de la formation de la coquille des oeufs de la port�e suivante. Cette manifestation pathologique se traduit par une formation r�p�titive de coquille ( " ovum in ovo " , Schmidt , 1968 ) qui r�sulte de passages multiples de l'œuf entre l'oviducte et la glande coquill�re. Ce ph�nom�ne est induit par un dysfonctionnement de l'hormone vasotocine ( Erben , 1970 ; Erben et al., 1979 ) . Pour d'autres auteurs ( Ewert et al. , 1983 )  la r�tention des oeufs dans l'oviducte serait attribuable � une carence alimentaire . Cette affection provoque " de facto " l'obstruction des caneaux a�rif�res , l'alt�ration des �changes gazeux et un �paississement parfois consid�rable de la coquille. Ces perturbations sont l�thales � court terme pour l'embryon ( Erben , 1970 , Erben et al. , 1979 , pl.7, fig.A ). .Ce ph�nom�ne semblent caract�riser des esp�ces reptiliennes qui pondent plus d'une port�e par saison ( Ewert et al., 1983 ).

Une pathologie analogue est attest�e chez les Oiseaux et les Reptiles actuels ( Asmundson , 1933 ; Nierbele & Cors , 1962 ; Sturkie , 1965 ; Schmidt , 1968 ; Tyler , 1969 ; Erben , 1970 , Hirsch , 1987 ). Les oeufs � coquilles multiples constituent une manifestation pathologique relativement fr�quente chez les ch�loniens ( Erben , 1972 ; Jakayar & Spurway , 1966 , MacFarland et al., 1974 ; Kirsche , 1979 ; Ewert et al. , 1983 ). Schmidt ( 1943 ) mentionne une coquille multiple chez Testudo graeca form�e de 5 couches successives .Un ph�nom�ne pathologique  identique est signal� chez un crocodilien ( Erben , 1972 ).

 

Coquille multistratifiée , gisement de Basségat , commune de Fox-Amphoux , Var , auteur : Kerourio , coll.Privée , reproduction interdite .jpg (52671 octets)

Un fragment de coquille d'oeuf multistratifi�e.Cet exemplaire ( Megaloolithus siruguei )  pr�sente 7 couches superpos�es. Une telle pathologie, l�thale pour l'embryon ,  est tout � fait exceptionnelle. Rognacien inf�rieur  ( Maastrichtien sup�rieur ) du gisement de Bass�gat  ( commune de Fox-Amphoux, Var ) .

 

Coquille bistratifiée.jpg (126770 octets)

Megaloolithus mamillare. Section radiale en lumi�re polaris�e d'une coquille pr�sentant une " bi-stratification " d'origine pathologique.On distingue tr�s distinctement dans la partie de la coquille une bande claire correspondante � une interruption survenue dans le processus de croissance de la coquille suivie d'une reprise . Un tel ph�nom�ne , en occasionnant une oblit�ration des caneaux a�rif�res , �tait tr�s certainement l�thal pour l'embryon . ( Rognacien sup�rieur , Maastrichtien sup�rieur du gisement de La Cardeline, commune de Ch�teauneuf-le-Rouge , Bouches-du-Rh�ne ).

 

L'importance croissante suppos�e de ce type de coquille pathologique dans les niveaux terminaux du Rognacien a �t� consid�r�e comme un �l�ment d'explication de l'extinction " soudaine " des Dinosaures � la fin du Cr�tac� ( Dughi et Sirugue , 1958 et 1976 ; Thaler , 1965 ; Erben , 1970; Erben et alii , 1979 ).Cette hypoth�se �tait imprudente car elle reposait sur une connaissance tr�s partielle, � l'�poque , des gisements de Dinosaures du Midi m�diterran�en et des types d'œufs pr�sents dans ces sites .L'�tude de la fr�quence statistique de ce type de coquille a d�montr� l'invalidit� de cette th�orie " n�o-catastrophiste " ( Kerourio , 1981 ; Penner , 1983 ).

Chez les dinosauriens des coquilles t�ratologiques de ce type ont d�j� �t� signal�s dans le Cr�tac� sup�rieur du d�sert de Gobi ( Sochava , 1970 ; Mierzejewska , 1981 ) et plus r�cemment dans le Maastrichtien continental de Gujarat ( Inde ) ( Mohabey , 1984 ; Srivastava et alii , 1986 ).

Dans le bassin d'Aix les coquilles " bi-stratifi�es " sont les plus fr�quentes ( 80 % des sp�cimens r�colt�s ).La pr�sence de trois , quatre ou cinq coquilles superpos�es est plus rare ( respectivement 10,7 et 2% des sp�cimens r�colt�s dans le bassin d'Aix-en-Provence ).Les coquilles " hepta-stratifi�es " sont exceptionnelles ( moins de 1% ).Nos propres investigations nous ont permis dans le Rognacien inf�rieur du gisement de Bass�gat ( R�gion de Fox-Amphoux , Var ) et du Mouton ( Vitrolles , Bouches-du-Rh�ne ) deux sp�cimens pr�sentant huit couches superpos�es , soit une �paisseur totale de la coquille avoisinant 25 mm ( ootype : Megalooolithus siruguei ). L'extr�me raret� de ces sp�cimens leur conf�re le statut de simple curiosit� naturelle. K. Hirsch ( 1987 ) a figur� une section radiale pratiqu�e dans une coquille d'œuf de Geochelone elephantopus pr�sentant 7 couches superpos�es .

Globalement la "multi-stratification " demeure une manifestation pathologique rare ( Kerourio , 1981 ).L'�tude de la fr�quence statistique de ce type pathologique d�montre que sa fr�quence varie suivant le type d'œuf consid�r� ( et non en fonction de la plus ou moins grande proximit� des niveaux fini-cr�tac�s d'extinction comme le supposait les premiers checheurs ( Dughi et Sirugue , 1958 -1976 , Thaler , 1965 , etc…)) .Dans le bassin d'Aix Megaloolithus siruguei ( Rognacien inf�rieur et moyen ) est pr�f�rentiellement concern� par ce ph�nom�ne ( 60 % des 550 sp�cimens pathologiques collect�s ).La " multistratification " demeure une manifestation pathologique rare chez Megaloolithus mamillare , M. aureliensis , M. petralta et Cairannoolithus Siruguei et quasi-inexistante chez Prismatoolithus matellensis et les autres ootypes apparent�s .

LE NANISME ET LE GIGANTISME PATHOLOGIQUE DES ŒUFS

Dans les collections pal�ontologiques du Mus�e d'Histoire Naturelle de Marseille , nous avons observ� un oeuf fossile ( sp�cimen MHNM 18-1975 ) s'apparentant par la microstructure et la morphologie de la surface externe � Megaloolithus siruguei. Il se caract�rise par un faible volume ( 558,7 cm3 , alors que le volume moyen de Megaloolithus siruguei est de 2890 cm3 ).Le sp�cimen 18-1975 provient des niveaux de marne grise intercal�s dans le Calcaire de Rognac du gisement du " Stade de Rousset " ( Rousset-sur-Arc , Bouches-du-Rh�ne )o� il fut d�couvert en 1975 par un assistant du Mus�e d'Histoire Naturelle de Marseille .La sp�cificit� volum�trique de cet œuf , associ� dans le gisement � de nombreux œufs entiers de volume plus important , nous conduit � consid�rer ce sp�cimen comme une forme pathologique .

Les cas de nanisme pathologique de l'œuf sont attest�s chez les Oiseaux actuels ( Pearl et Curtiss , 1916 ; Kirkpatrick , 1916 ; Romanoff & Romanoff , 1949 , p.257 , fig.143-145 ).Ils sont fr�quents chez les femelles jeunes .Ils peuvent aussi �tre caus�s par une infection de l'extr�mit� post�rieure de l'oviducte ou de la partie ant�rieure de la r�gion secr�tant l'albumen avec comme cons�quence une constriction incompl�te de l'oviducte ( Romanoff & Romanoff , 1949 ).

Chez les crocodiliens actuels de tr�s petits oeufs infertiles sont fr�quemment observ�s .Ces œufs anormaux sont d�pos�s au d�but ou � la fin de l'oviposition et sont fr�quentes dans les pontes d�pos�es par de jeunes femelles ( Ferguson & Joanen , 1983 ; Ferguson , 1985 ).

Megaloolithus siruguei forme pathologique Musée d'Histoire Naturelle de Marseille , auteur : Kerourio , 1979 , reproduction interdite.jpg (94022 octets)

Megaloolithus siruguei . Sp�cimen MHNM 18-1975 .Ce sp�cimen non �clos se singularise par son volume tr�s r�duit ( 558 cm3 ), alors que tous les oeufs d�couverts sur le m�me site et pr�sentant une morphologie et une microstructure identiques se caract�risent par un volume moyen tr�s sup�rieur ( 2890 cm 3). Rognacien moyen ( Maastrichtien sup�rieur ) du gisement du " Stade de Rousset " , commune de Rousset-sur-Arc , Bouches-du-Rh�ne .

Un œuf entier isol� ( le reste de la ponte avait �t� d�truit par l'�rosion ) appartenant � l'ooesp�ce Megaloolithus mamillare a �t� d�couvert par nous -m�me dans le Rognacien sup�rieur du gisement de La Cardeline ( commune de Ch�teauneuf-le-Rouge , Bouches-du-Rh�ne ).L'oeuf avait une masse estim�e � 7052 g ( soit un volume de 6470 cm3).Un œuf fossile appartenant � la m�me ooesp�ce est conserv� dans les collections pal�ontologiques du Mus�um d'Histoire Naturelle d'Aix-en-Provence atteint une masse de 7864 g ( soit un volume de 7050 cm3).Il provient du '" gisement Frigara " ( Rognacien sup�rieur des environs de Rousset-sur-Arc , Bouches-du-Rh�ne ).Il appartenait � une ponte comprenant au moins quatre œufs .L'un d'entre eux , compl�tement d�form� lors du processus de fossilisation , n'a pas �t� mesur� .Les deux autres avaient des masses respectivement estim�es � 4414 g ( soit un volume de 4050 cm3 ) et 3531 g ( soit un volume de 3240 cm3).La masse moyenne estim�e de Megaloolithus mamillare est de 3597 g.

Le gigantisme pathologique des œufs est aussi fr�quent chez les Oiseaux actuels . L'Institut Pasteur � Paris conserve un œuf de poule de 320 mg ; soit 5,5 fois la masse moyenne d'un œuf commun ( Romanoff & Romanoff , 1949 ).Chez le Canard , Bauer ( 1895 ) et Sumulong ( 1925 ) signalent des œufs g�ants de 100 � 133 mg soit 1 � 1,5 fois la masse d'un œuf normal ( 67 mg ).Les causes de ce ph�nom�ne demeurent inconnues ( Romanoff & Romanoff , 1949 ).

LES ŒUFS FRACTURES DANS L'OVIDUCTE

L'existence d'œufs fractur�s et consolid�s dans l'oviducte est fr�quemment attest�e chez Megaloolithus aureliensis , M.siruguei, M.petralta , M.mamilare et Cairanoolithus Dughii ( et d'autres ootypes non encore d�crits ).L'examen de la surface externe de la coquille r�v�le la pr�sence d'une " n�o-formation " typique se caract�risant par une croissance anormale ( " abberante " ) des unit�s columnaires et un d�veloppement anarchique des nodes le long de l'axe de la fracture.Ce ph�nom�ne pathologique doit probablement �tre mis en corr�lation avec l'existence de blessures affectant les parois de l'oviducte ( Hirsch , communication personnelle ).

Chez les Oiseaux actuels des exemples de fracture de la coquille survenus durant sa formation dans l'ut�rus de la femelle ont �t� rapport�s par Romanoff et Romanoff ( 1949 , p. 273 , fig. 160 ). Les lignes de fracture sont scell�es par un mat�riel calcitique additionnel , mais l'axe de la cassure demeurent bien visibles . Les causes en demeurent inconnues. Romanoff et Romanoff ( 1949 ) sugg�rent la possibilit� d'un traumatisme physique et / ou psychique .

Nos recherches rev�lent l'existence d'une grande diversit� de pathologies affectant les œufs fossiles attribu�s aux dinosauriens dans le bassin d'Aix-en-Provence.Une �tude d�taill�e de ces manifestations ( dont nous ne d�crivons ici que les plus communes ) restent � entreprendre pour compl�ter nos connaissances sur la physiologie des dinosauriens de la fin du Cr�tac� en Provence.

LE PROBLEME DE L'AMINCISSEMENT PATHOLOGIQUE DES COQUILLES D'ŒUFS

L'existence de l'amin�issement pathologiques des coquilles d'œufs de dinosaures dans les niveaux terminaux du Maastrichtien des Corbi�res et de la Provence a �t� rapport�e pour la premi�re fois par Erben ( 1973, 1975 ) et Erben et alii ( 1979 ,1983).Il r�sulterait d'un stress psycho-physique affectant les populations de Dinosaures du Rognacien sup�rieur et induit par des modifications climatiques et / �cologiques ( Erben et alii , 1979 , 1983 ).

Cette th�se repose sur l'adoption d'un postulat gratuit : l'appartenance de coquilles d'œufs collect�s dans les gisements '" Rousset A " ( = " Stade Rousset " ) ( Megaloolithus siruguei ) et " Rousset B,C ,D " ( = "gisement Frigara " )( Megaloolithus Mamillare et apparent�s ) � un m�me taxon reptilien , le sauropode Titanosaurin� Hypselosaurus priscus.Cette th�orie a �t� successivement r�fut�e par Dughi et Sirugue , 1973 , 1976 ; Penner , 1983 , Williams et alii , 1984 , Vianey-Liaud et alii , 1994 ).

Conclusion

L'analyse pathologique des oeufs fossiles du Cr�tac� Sup�rieur du Midi m�dit�rran�en a �t� pendant longtemps guid�e par la recherche d'indices permettant d'expliquer la dispartion " myst�rieuse " des Dinosaures � la fin du Cr�tac� . Il en a souvent r�sult� des travaux superficiels et fort peu scientifique dans leurs d�marches . Une telle situation est  r�v�latrice sur un plan �pist�mologique de l'absence de s�rieux , de la recherche du sensationnalisme , du manque de rigueur scientifique et de la comp�tition entre institutions scientifiques qui ont souvent pr�valu dans l'histoire de la recherche sur les œufs fossiles du Midi de la France .

bébé dino sortant oeuf animé.gif (5562 octets)

 

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