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La revue du Moulin de Poésie
 

 
 
Le numéro 34 de la revue
 
Listes des poètes
Extraits

 
 
 
LES POÈTES
 
Alexandre L. AMPRIMOZ
Camille de ARCHANGÉLIS
Jacques BIDEAU
Nicolle BLOTTIN

Georges BONNET
Jean-Marie BOUTINOT
Claude BRAUN
Rolande CIELNY
Madeleine CHAPSAL
Farid CHETTOUH
André DELAPORTE
René-Paul ENTREMONT
Robert GÉLIS

HÉROUARD
Denis HEUDRÉ
Yusuf KADEL

Janine LAMIRAUD
Jean L'ANSELME
Michel LEMERCIER
Andrée MARIK
Babette MICHEAU
Pascal MORAND
Jean NAUD
Erich von NEFF
Colette NYS-MAZURE
Jean-Bernard PAPI
Roman PEYNE
Rolande ROBILLARD
Danielle SIRON
Corinne TISSERAND-SIMON
Jean-Jacques VRILLAUD
Philippe VEYRUNES
Serge WELLENS
 
 
ILLUSTRATIONS
 
Françoise BOURBILLÈRES
Nadine CORBIN
Jean-Fabius HENRION
Dominique PEYRAUD

 
 
Tragédie de la soif
 
 
C'est ainsi
Que tu me fis,
 
Océan
Des océans,
 
Soif
De toutes
 
Les soifs.
Ô voix
Que ma main
 
Ne peut
Traduire.
 
Dis-moi,
Suis-je
 
L'ombre
De l'homme.
 
 
Alexandre L. AMPRIMOZ
demain s'avance
à pas de dunes
sur nos peaux de sable
 
le temps n'est
que larme étranglée
au coeur du sablier
 
Denis HEUDRÉ
 
*****
 
ils trouvèrent l'eau
assoupie entre deux poèmes
 
une lumière d'automne
aux fines chevilles
lasse de jouer seule
y venait s'iriser
 
un moineau se confondait
en solitude
 
ils trouvèrent l'eau
qui leur mordit la main
 
Denis HEUDRÉ
 
 
 
L'enfant de la mer
 
 
I
 
Image de l'enfant
Qui court à la crête de la vague
 
La vague s'affale
L'enfant tombe
L'enfant rit
 
Enfant-Lumière
Qui saute de lune en lune
Qui sourit de baiser en baiser
 
Enfant-Mère
Corail argenté des mers souterraines
Germe d'étoile liquide
Qui scintille au firmament des profondeurs
Perle d'eau dans le sein de la terre
 
Enfant-Lune
Qui s'égare
Au coeur des nuits bleu marine
D'un été impuissant à être
Le mal
Le bien
Le mal et le bien
Ensemble
Séparés
À perte
 
Là-bas sur la mer
L'enfant joue avec le soleil
Là-bas où nul ne peut plus les entendre
Aucun son
Là-bas ils s'en vont
L'enfant et le soleil
 
Ne pas vouloir
Ne plus vouloir
jouer à devenir grand
 
 
 
 
 
 
 
 
dessin Dominique PEYRAUD
II
 
L'enfant est toujours là
Dans la lagune
Enfant de la demi-lune
À demi caché dans la dune
Le sable dans la bouche
Il aspire la terre
Et expire les étoiles
Il veut courir
Ne peut pas
Tombe
Se remet debout
Le temps est long
 
IMAGE FIXE
 
Nul ne peut savoir
Si l'enfant va vivre
Ou mourir
S'il va sourire aux étoiles
Et se reposer dans mes bras
 
Nul ne peut savoir
 
Enfant d'un rêve je t'aime et te pleure
Te pleure et te rêve
Tu es en route vers le prochain soleil
 
Nul ne peut savoir
 
 
Corinne TISSERAND-SIMON  
 

 
 
          J'allais...
 
 
J'allais.
Par ces chemins sans âge
que la boue défigure,
vers des hameaux malades
qui ont perdu leur nom,
et des fontaines tristes
souillées d'indifférence...
 
J'allais.
Les sangsues de l'ennui
enkystées dans mon coeur,
sous les ricanements
des arbres dévêtus ;
et des ronces d'acier
s'agrippaient à mes reins...
 
J'allais.
Parmi des champs de pierre
rassasiés de silence ;
des oiseaux en haillons
tissaient le crépuscule,
et leurs regards glacés
éjaculaient du soufre.
 
J'allais.
Comme un guerrier sans armes
qui cherche SA bataille,
pour mourir aux côtés
de ses frères vaincus ;
et la terre affamée
montrait ses crocs d'argile !
 
J'allais.
De mes pas incertains,
vers la rive mouvante
de l'Océan vital
que les matins allument,
et d'où montent, parfois,
les brumes de l'Espoir...
 
J'allais.
Chercher ces mots d'amour
qui font pleurer les vierges
oubliées du printemps.
Et je ne savais pas
que tu m'appellerais
pour aimer ... les entendre.
 
 
         Robert GELIS
 
La rivière
ne se retourne pas la rivière
ignore d'où elle vient
«rivière» est le nom que porte l'eau lorsque
tenue en laisse
 
         *****
 
L'eau
nous bouscule de l'intérieur l'eau
est plus pointue qu'on ne pense
l'homme !
est une idée de l'eau
 
         *****
 
La sueur
est payée d'avance la sueur
jamais ne rembourse...
la sueur tire des poches
aussi amples que les nôtres
 
         *****
 
Le sang
rougit dès qu'il s'expose le sang
n'est guère fait pour l'oeil !
mais notre peau n'a
pas d'oreilles
 
         *****
 
Le vent
ne sait où logent ses reins le vent
a trop traîné pour être sobre
on le reçoit plus volontiers sur le palier
qu'au salon
 
         *****
 
Le ciel
nous dit non le ciel
dénie sa légende
le ciel est bleu comme
la glace
 
 
         Yusuf KADEL
 
 
 
        Dessine ton rêve
 
 
Étranger, ne me dis pas ton nom :
il m'indiffère !
Mais dessine ton RÊVE
à menus traits d'azur hachurés de douceur.
 
Étranger, ne me dis pas ton mal :
il est celui des autres
Laisse-le se débattre au fond du puits d'oubli
que tu creusas pour lui !
 
Étranger, ne me dis pas tes jours :
ils ont peu d'importance,
ni tes soifs ni tes faims, ni tes lois, ni ton sol !
 
Mais souffle sur ton âme et ranime la flamme
où tu verras danser les reflets de ce RÊVE
que tu peignis naguère à menus traits d'azur
sur fond d'étoile et de ciel pur !
 
Ce RÊVE,
le vois-tu revêtu de quelques duvets blancs
arrachés l'autre nuit aux rémiges du Vent ?
Le vois-tu voguer doux sur légère gondole
vers ce port oublié du superbe Pactole ?
 
Iseut et Tristan, Orphée, Eurydice,
Héloïse, Abélard
s'agenouillent déjà près du RÊVE endormi
pour le mieux protéger.
 
Mais s'il s'éveille, Étranger,
par miracle ou hasard,
cueille-le vite au vol ce limpide regard
de lointaine lumière...
 
Puis accepte, front lourd mais le coeur en prière
d'en être ENSORCELÉ !
 
 
        Rolande CIELNY

 
 
          dessin Jean-Fabius HENRION
 
          *****
 
          Trop court envol
 
Un lierre échevelé par la brise d'été
Fait ciller les yeux de ma chambre
Et me voici soudain dans un monde enchanté.
Mon coeur, tel un corps qui se cambre
Aux souvenirs d'amour, cède à la volupté.
Je ne suis plus. Je me démembre...
Je m'en vais au delà de mon toit déserté,
De la Loire, au Tage, à la Sambre,
Jusqu'à toi mon amour, et pour l'éternité
Mais... que fais-je soudain dans ma chambre ?
 
         Nicolle BLOTTIN
 
 
          Vers Saint-Clair
 
 
Dans le chemin creux où se vautre
L'ombre discrète à l'effusion,
Sur l'herbe rase, à l'occasion
Du tremblement qui fut le nôtre,
 
Elle et moi, tombés l'un sur l'autre,
Sous la naturelle pulsion
De l'instant tendant sa tension,
A pleine chair, sans patenôtre
 
À l'unisson du coeur à coeur
Nos corps s'offrirent à l'ardeur...
Que ce fut beau, furtif et tendre,
 
Sur la couche au roc malaisé,
Cet émoi qui ne put attendre
D'étancher sa soif d'un baiser
 
 
         René-Paul ENTREMONT
 
        Je t'ai cherchée ! ! !
 
 
Dans la fumée des ports
Qui blêmissait mon corps,
Dans l'errance des gars
Qui voyageaient
Dans mes yeux hagards.
Je t'ai cherchée...
Dans les nuits d'hiver
Qui cousaient mes prières,
Dans les chétives lumières...
Qui gémissaient
Sous la tamise des chaumières
Je t'ai cherchée...
Dans la caresse du vent
Sur les cheveux du levant,
Dans les baisers du néant
Sur le front des saisons
Je t'ai cherchée
Dans les prairies de l'enfance
Qui se balançait
Sur les balançoires de l'existence
Dans les cités de la laideur
Qui fleurissait
Dans les faubourgs de mon coeur,
Je t'ai cherchée, je t'ai cherchée.
 
 
        Farid CHETTOUH
 
 
 

 
 
          dessin Nadine CORBIN
 
 
 
        L'attente
 
 
J'ai accroché mon coeur
Au mur de la maison
J'ai accroché mon coeur
        Pardon,
 
Il a très peu servi
Malgré le nombre d'ans
Il a très peu servi
        Pourtant.
 
J'ai accroché mon âme
A l'épi de faîtage
J'ai accroché mon âme
        Dommage.
 
Il y a une place pour toi
Que je ne connais pas
Il y a une place pour toi
        Chez moi
 
Je donnerai ce message
Aux oiseaux, aux poissons
Je donnerai ce message
        Selon.
 
Je laisserai cette annonce
Au fil de l'air de l'eau
Je laisserai cette annonce
        C'est beau.
 
J'attendrai la réponse
Tous les jours de ma vie
J'attendrai la réponse
        Ici.
 
 
        Babette MICHEAU  
 
 
 
        L'or gris
 
 
Alors sur cette Terre,
Où tout n'est que profit,
Après l'or noir, l'or vert,
Ils ont trouvé l'or gris.
 
L'or jaune étincelant
N'aura donc pas suffi.
Après l'or bleu, l'or blanc,
Ils ont trouvé l'or gris.
 
On les dit retraités,
A l'automne de la vie,
Mais pas désenchantés,
Ils ont trouvé l'or gris.
 
Des tempes argentées,
Aux nombreux cheveux gris,
Ne point se lamenter,
Ils ont trouvé l'or gris.
 
Pour pouvoir profiter
Du temps si vite enfui,
Pleins d'opiniâtreté,
Ils ont trouvé l'or gris.
 
Car il faut se hâter,
Un jour tout se finit,
Et ne rien regretter
Ils étaient de l'or gris.
 
 
        Jacques BIDEAU
 
 

 
 
          dessin Françoise BOURBILLERES
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