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La revue du Moulin de Poésie
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Le numéro 29 de la revue
Listes des poètes
Extraits
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LES POÈTES
Yvon AGEL
Christiane BAROCHE
Jacques BIDEAU
Michel BLOCK
Laurent BONNET
Jean-Marie BOUTINOT
Pierre GAMARRA
Robert GÉLIS
H. S.
Janine LAMIRAUD
Jean L'ANSELME
Gérard LEMAIRE
Andrée MARIK
Jean-Claude MARTIN
Claude MICHEL
Jean NAUD
Erich von NEFF
Bernard NOËL
Jean-Bernard PAPI
Ludmilla PODKOSOVA
Daniel RAMAT
Jean-François ROGER
Danielle SIRON
Corinne TISSERAND-SIMON
Guy VIEILFAULT
ILLUSTRATIONS
Françoise BOURBILLÈRES
Nadine CORBIN
Frédéric DEVIENNE
Dominique PEYRAUD
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Il neige
des vocables d'abeilles
sous les soudaines ramures
du matin blanc
Lentement le jour s'achemine
au flanc ébloui des collines
lumineuses dans la pénombre
emportant notre songe
aux frontières de la parole
comme à l'aurore des moissons
***
Harmonie des pierres et du ciel
où se profile la silhouette
calme des ronciers en fleurs
A même la mémoire du vent
un incendie d'écume déchire
la dentelle du regard
d'une femme aux cheveux
de brume et d'asphodèles
à la clarté d'amphore
qui un instant suspend
l'écoulement du temps
en un entracte de poésie fragile
et de splendeur candide
posé sur l'île de paille et de chaume.
Jean-François ROGER
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Brève sera la nuit...
Le soir entre par la persienne
d'où s'étoile pour moi la nuit
quand les douze coups de minuit
soldent ma tâche quotidienne...
Installé dans l'ombre païenne,
j'entends dehors le vent qui bruit.
Le soir entre par la persienne
d'où s'étoile pour moi la nuit...
Et pour autant qu'il m'en souvienne,
le vieux refrain qui me poursuit
souvent brutal, parfois fortuit,
me décline alors son antienne :
le soir entre par la persienne...
Jean NAUD
Nul n'a jamais refait sa vie
To Sue (2004)
Je suis allé voir la maison
D'une très ancienne amie,
Sans en pousser le portillon
Puisque je sais que l'on m'oublie.
Nos remords croissent à foison,
Tels des refus dans la prairie ;
Nous bêlons comme des moutons
Qui n'ont à brouter que l'ortie
En regrets, nous nous consumons...
Maison toute blanche et jolie,
J'ai pleuré sur toi sans raison :
Nul n'a jamais refait sa vie.
H.S.
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dessin Nadine CORBIN
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L'émotion du temps
regard regard perdu flammèches
part de nuages sur l'abîme
choses d'air partout et la conscience
tâte en vain le vocabulaire
l'oreille dans la brume on écoute
la cruauté battre sa faux
l'instant flotte puis roule
mangé par l'ombre ou la poussière
comme un essaim accroché au visage
tout cela qu'on dit secondes ou minutes
parfois rumeurs remous à peine
moins qu'un souffle sur l'oeil
un pays sans substance et pourtant
son abstraction nous tue
happé par rien par la vitesse
et pas même un sillage la vie passée.
Bernard NOEL
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Le Mao malheureux
J'avais tous les plaisirs permis, de la table et
de la chair mais j'étais en colère
J'avais tous les pouvoirs, je commandais aux
foules d'un doigt autoritaire
Omniprésent j'étais tantôt
dans l'air tantôt dans l'eau jamais sur terre
Le ciel s'entrouvrait devant moi, j'avais de
bons amis à pas savoir qu'en faire
Des palais par milliers, à dire vrai
j'étais loin de la rue loin de la
misère
Comme les autres j'uvrais pour le bonheur du monde mais
rien à faire
Le peuple me détestait, pourtant
j'étais le meilleur à ma
manière
Tout ça pour dire qu'on n'est jamais
heureux. La vie ? un voyage en enfer.
Jean-Bernard PAPI
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Cigarrera *
Hombre, viens-ci que je te conte
- Je ne sais si tu me croiras -
Comment ses lèvres nacarat
Elle m'offrit, sans vaine honte,
L'impudente cigarrera.
Elle fleurait bon le havane
Et sous sa robe relevée,
Bien plus que je n'avais rêvé,
Ses jambes - douceurs alezanes ! -
Menaient à source où s'abreuver.
Elle exhalait mille fragrances
Comme moka dans le brûloir.
Les grâces de son nonchaloir
Guidaient les pas de sa mouvance,
M'asservissant à ses vouloirs.
Je crus pourtant qu'elle était mienne
( Si ce n'est là point blasphémer ! )
Mais nous jouions à s'entr'aimer
Et d'elle, autant qu'il m'en souvienne,
Ne m'enivra que sa fumée.
Guy VIEILFAULT
* Cigarière de Cuba.
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dessin Françoise BOURBILLERES
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