Différents problèmes rencontrés ou interventions à partir du 1er septembre 2007

Jour de la pré-rentrée des enseignants

Un élève du lycée de Kahani est arrêté par la gendarmerie de Sada. Nous avons obtenu de la part du lycée qu'il faxe son certificat de scolarité à la gendarmerie. L'élève fût libéré dés la réception de celui-ci.


Dimanche 2 septembre

Un élève mineur, âgé de 16 ans est interpellé par la police de Mamoudzou puis emmené en zone d'attente au centre de rétention de petite-terre. La permanence de la préfecture est alertée et le fait libérer dans l'heure qui suit. (enquête auprès des services du commissariat de Mamoudzou en cours...).


Mercredi  5 septembre

Un élève du lycée de Kahani est arrêté et conduit au commissariat de Mamoudzou. Notre intervention et celle du chef d'établissement permettent de le faire libérer sur présentation de ses certificats de scolarité.


Vendredi 7 Septembre

LA TIMBALE !!!
Suite à l'arrestation, puis à la libération du jeune, que l'on  nommera x, de ce week-end, j'ai rencontré le commissaire principal de Mamoudzou. A ma grande surprise, le nom de ce jeune n'apparaît pas sur les listes des personnes interpellés ce jour là, alors que la PAF m'avait indiqué qu'il avait été transféré par ce même commissariat. Vendredi, coup de théâtre. Un référent de l'association me contact pour m'informer qu'un autre élève mineur, nommé y, a été arrêté le mercredi et reconduit à la frontière le jeudi. Voulant obtenir plus de détails, j'appelle la PAF qui me confirme l'information, et là, OH MIRACLE, je tombe sur une personne qui m'explique qu'en réalité, les jeunes x et y ont été enregistré comme accompagnant sur les arrêtés préfectoraux de reconduite à la frontière de deux adultes, n'ayant aucun lien de parenté avec les jeunes en question ! (les parents sont toujours présents à Mayotte). J'obtiens les noms de ces personnes ainsi que les numéros d'APRF. Illico presto, direction notre cher commissaire qui ne trouvait pas mon jeune x sur son ordinateur, et pour cause. Après un rapide entretien, mon interlocuteur comprend très rapidement qu'il y a un gros gos problème. D'autant que ce que je lui rapporte corrobore les propos qui m'ont été tenu à l'accueil du commissariat par le capitaine de la GAJ, la brigade en charge de ce type d'arrestation, à l'accueil du commissariat la vieille : " De toute façon, quand on arrête un mineur, si les parents sont sur l'île, on le relâche, sinon on le met sous la responsabilité d'un adulte, également interpellé, originaire du même village"... Je ne sais comment il a obtenu son diplôme, toujours est-il qu'il va devoir réviser de façon urgente les textes de lois. L'affaire est donc en cours... les responsables devront répondre de leurs actes et nous espérons peut-être enfin démanteler une pratique qui semble exister depuis longtemps. Nous avions en effet eu vent de ces attitudes depuis un certain temps sans jamais pouvoir le prouver. Serais-ce enfin le début de la fin ? Les responsables de la préfecture que j'ai contacté n'ont fait aucun commentaire à ce sujet et n'ont d'ailleurs pas voulu me communiquer les informations que j'ai obtenu par d'autres biais. à suivre...


POUBELLE LA VIE ! (ça aurait pu...)

Etant jeune, j'ai beaucoup rit en lisant "les douze travaux d'Astérix", lorsque notre héros à plumes se confronte aux administrations...( bureau c, 3eme porte, 5eme escalier à droite, le formulaire rose, le tampon n°413, le....).
Et bien non, détrompez vous ce n'est pas une fiction, la preuve :
Mardi 27 novembre, 21h. Mon téléphone sonne, je décroche. C'est le journaliste de RFI avec qui j'ai sympathisé qui m'appelle d'une voiture de la PAF. Il est en route pour une croisière nocturne sur le lagon, afin d'observer le travail quotidien effectué par les forces de l'ordre. La voiture passe devant le Centre de Rétention et s'arrête, l'un des agents reconnaissant un homme qui tient un bébé de 7 mois dans les bras. L'homme explique que la mère de l'enfant a été interpellé l'après-midi même mais que le nourrisson est resté dans le banga. L'enfant pleure, il a faim, il a besoin du sein de sa mère. Il raconte aux policiers que l'officier de garde ne veut pas le laisser entrer et qu'il doit repasser le lendemain matin, à l'heure d'ouverture. Ne sachant que faire, le journaliste m'informe du problème.
Je contacte donc aussitôt l'officier du centre et lui ré explique la situation. Même réponse, demain, à l'ouverture...
Je téléphone alors à la permanence du cabinet du Préfet...répondeur.
J'appelle une collaboratrice du juge pour enfants pour l'alerter. La seule solution proposée est que l'homme apporte le nourrisson à l'hôpital, au service maternité de petite terre.
Je téléphone donc à l'hôpital pour les prévenir de l'arrivée du monsieur. La sage femme de garde me répond en soufflant qu'il faut d'abord qu'elle appelle sa cadre de garde afin de savoir si ils possèdent une assurance pour ce genre de situation...
Je contacte notre homme, déjà arrivé sur place, et lui demande de ne plus bouger, afin de lui éviter une étrange partie de ping-pong. Il en profite pour m'expliquer que la femme a été arrêté avec son mari et que leur fils aîné de dix ans est lui aussi resté sur place, mais s'est rendu chez une cousine...
Ouf ! la préfecture me rappelle, bien embarrassée, le directeur du cabinet étant en métropole. Mon interlocuteur compatit à mon incompréhension vis à vis de l'hôpital et me demande si par le plus grand des hasards je ne dispose pas du numéro de l'Officier de Police Judiciaire du Centre de Rétention, n'étant pas chez lui...
Il me rappelle quelques instants plus tard, ça y est, il a réussi à joindre un supérieur  et le centre de rétention, le bébé est accepté, l'Arrêté Préfectoral de Reconduite à la Frontière va être modifié et il va pouvoir "accompagner" ses parents. Je l'informe alors de la situation du deuxième enfant âgé de dix ans confié à une cousine. On me répond, toujours en soufflant, que ça c'est un autre problème...
Je rappelle donc une dernière fois notre chevalier servant, sauveur d'enfants, lui indiquant qu'il peut retourner au Centre pour remettre le bébé à sa mère, et que, sur les instructions de mon interlocuteur de la préfecture, ce serait bien si il pouvait reconnaître la mère avant de le confier. Je lui demande ensuite de me passer la sage femme pour la tenir au courant du dénouement. Après un souffle, de soulagement cette fois-ci, elle me répond que c'est tant mieux parce qu'ils n'avaient ni berceau, ni lait adapté...
Vous l'aurez compris, Abraracoucix était parti pour Lutèce, Ordralphabétix ne voulait pas qu'on le dérange chez lui et Assurancetourix n'avait plus de potion magique...
Après ça, on va nous reprocher d'avoir des idéfix...

Mercredi 19 mars

J'étais de permanence au local et une mère de famille affolée a contacté les membres de la CCCP. Elle se trouvait devant le commissariat où les policiers venaient d'emmener son fils de .... 14 ans après une vérification d'identité. Pas de chance, il est pas français...
Je monte alors sur mon cheval mécanique, direction le théâtre des opérations. Je rencontre la mère qui me donne le passeport de son fils et son acte de naissance (tout concorde) en me précisant que son fils a sur lui la photocopie de son passeport. Je me présente à l'accueil, explique la situation et demande à rencontrer un opj du service du GAJ (service en charge des demandes d'APRF). On me prend de haut, il décroche son téléphone et dit à son interlocuteur (un traducteur de la cccp m'accompagne dans l'ombre...) "oui chef, y'a un blanc qui se dit patron de je ne sais quelle structure et qu'il veut vous voir...d'accord...merci chef". A présent, en français dans le texte :" veuillez vous asseoir sur le banc, ils viendront quand ils pourront". Je patiente, je patiente, et un incroyable ballet a alors lieu. Une douzaine de véhicules lourds de la police et de la PAF déferlent sur le petit commissariat, une cinquantaine d'agents en civil en descendent avec l'équipement d'une compagnie de Stormtrooper : brassards orange, armes de poing et matraque bien visibles, flash-ball (c'est incroyable ce que ça fout la trouille ce truc, on dirait un double lance grenade...) fusil paralysant (genre pour chasser le rhinocéros en Afrique), etc... Là je me dit, ça y est, Pablo Escobar vient de débarquer à Mayotte et les forces de police ont réussi à démanteler un réseau de trafic de drogue gigantesque, ou alors y'a une prise d'otages à la BFC... non, rien de  tout cela. En fait, derrière les policiers descendent des enfants âgés de 2 à 10 ans accompagnés de leurs mamans. Je crois même apercevoir un môme de 12 ans seul, pas tout à fait, il est entouré de trois solides gaillards deux fois plus grand que lui. Tout ce petit monde, une vingtaine de personnes interpellée au total, prend la direction de l'arrière cours. Je suis rassuré, je vois maintenant où vont mes impôts... Au bout d'une demi-heure d'attente, je retourne voir le policier à l'accueil qui commence à s'énerver tout seul :"je vous ai dit d'attendre ! je ne sais pas qui va vous recevoir parce qu'il n'y a personne dans les bureaux du GAJ, alors faut attendre !"... ok, vous voulez pas la jouer soft, je suis pas contrariant, vous voulez la jouer hard, on va la jouer hard... Je recharge mon téléphone portable et j'appelle Zorro à la rescousse, à savoir un certain Thomas Michaud. Je lui explique la situation : le mineur de 14 ans, le passeport dans mes mains, l'accueil chaleureux du commissariat. Il me demande alors de donner mon téléphone à l'agent de service. Ce dernier me regarde avec de grands yeux, je lui explique que Monsieur le Procureur aimerait lui parler et il commence à me dire : "mais pourquoi ?". Je lui répond que je n'y suis pour rien (hum...) et que c'est Monsieur le Procureur qui me demande de lui tendre le téléphone. Il s'exécute, perplexe. :  "ah... bonjour Thomas... oui... ben oui j'ai expliqué au monsieur qu'il n'y a personne au GAJ et qu'il doit patienter... d'accord... oui mais c'est un passeport comorien, cela aurait été un passeport français j'aurais pu le prendre mais là c'est une passeport comorien... (nb : cela signifierait-il que les passeports comoriens peuvent être falsifiés, contrairement aux passeports français ? On est fort en Gaulle, y'a as de doute....)... oui je veux bien faire un effort mais je ne peux pas prendre le document en question moi... oui, vous devez composer le 02.69......... oui, au revoir Thomas" et il raccroche. "Asseyez-vous, quelqu'un va venir vous chercher".  5 minutes plus tard le capitaine du GAJ, dit l'ancien, ouvre la porte et m'appelle. Il m'invite dans son bureau, prend le passeport de l'enfant et me demande "c'est qui qui m'a appelé sur la ligne ?"- 'Monsieur le Procureur, pourquoi ?"- "ah oui, c'est ça... bon je vais le chercher, attendez moi là". Je patiente donc et tombe nez à nez avec monsieur le commissaire "bonjour, vous allez bien ? oui merci... dites donc, sacré opération aujourd'hui." -" mouais, y'a déjà eu pire" (nb : oui, j'imagine...). Il me quitte et s'éloigne de quelques mètres pour discuter avec l'un de ses officiers qui lui dit : "Paradoxalement on a fait plus dans la rue (truc?) que sur la place du marché" -" ouais, quelqu'un a du les prévenir" (nb : politique du chiffre ? non, pourquoi vous dites des gros mots comme ça ?...). Le commissaire revient vers moi et me demande : "vous êtes là pour un mineur ?" (nb : non, pour refaire la peinture du bureau...) "Oui, 14 ans, c'est un peu jeune non ?". A ce moment là, le jeune en question entre dans la pièce accompagné du capitaine, sous les yeux du commissaire. Il mesure 1m60, sa peau lisse bourgeonne des petites fleurs de l'adolescence et il a le regard noyé par les larmes. Je ne peux me retenir "ah oui, ça se voit qu'il est jeune lui, y'a pas photo !". Le commissaire de répondre "euh... oui... c'est vrai... bon je vous laisse. Y'a quelqu'un pour le raccompagner ?" -" oui, sa mère attend dehors' -" allez la chercher, il va pouvoir partir" (nb: là, une petite goutte de sueur froide coule lentement le long de ma colonne vertébrale.... non, fausses peurs en réalité, ils ne lui demandent pas ses papiers... ouf). Nous quittons alors le commissariat.
Combien d'autres ont-été arrêté ce même jour et dont on a pas eu échos ? Combien de personnes vont encore partir pour Anjouan alors que les troupes de l'AND viennent de débarquer et où l'on parle déjà de plusieurs dizaines de morts ? Je sais pas pourquoi, mais je me surprend à imaginer tous ces beaux officiers de police sur-armés défendre la population civile anjouanaise au lieu de courir après des enfants pieds-nu se réfugiant dans les lambes de leur mère. Il n'y a que dans les rêves que cela existe... la réalité quand à elle me donne envie de vomir...

Pendant ce temps là, la même semaine.

Un ami anjouanais, en situation régulière, qui vient d'ouvrir un petit snack en face de mon collège rentre chez lui en taxi. Il est devant à côté du conducteur et derrière sont assis deux hommes et une femme. Un contrôle de police et le taxi se range sur le côté. Un agent Mahorais s'approche du véhicule. Le taxi man présente ses papiers, mon ami en fait de même et les deux hommes de derrière lui disent :" On est africains, on vient d'arriver et on a pas de papiers" -"Ah... d'accord... et vous madame ?". La dame habillée à la dernière mode indémodable comorienne de la tête aux pieds : "j'ai un titre de séjour mais je l'ai laissé à la maison. On peut aller le chercher si vous voulez." - " Quoi ? Descendez du véhicule Madame ! dépêchez-vous !". Et là, la grâce s'empare de notre conducteur. Il déboucle sa ceinture, ouvre la portière et commence à s'en prendre au policier : "Vous faites quoi là ?!? Les deux hommes vous disent qu'ils n'ont pas de papier, la dame vous dit qu'elle a laisser les siens chez elle et vous l'embarquez elle  ?" - "Remontez dans votre voiture" - "Ah, non, ça va pas se passer comme ça !" - "Remontez dans votre voiture" - "Vous nous faites passer pour quoi là ? J'ai visiblement trois clandestins sur ma banquette arrière alors soit vous les prenez tous les trois, soit vous les laisser partir !". Sur ces entre faits plus que bruyants, l'officier n'zungu s'approche de la scène avec son autorité légendaire : "Oh ! y s'passe quoi là ?". La situation est expliquée par notre héro du jour et la phrase finale viendra alors du chef : "allez c'est bon, remontez dans votre voiture et allez vous-en". Score : arrestation 0, xénophobie 1....

Un ancien ancien élève de mon collège, arrivé à Mayotte à l'âge de 4 ans et aujourd'hui âgé d'une vingtaine d'année, père d'une petite fille née (malheureusement...mais née quand même, heureusement...) d'une mère anjouanaise rentre chez lui, dans son Banga, où il vit seul (sa fille étant chez sa mère). Il sort une bassine et trois mahorais en uniforme lui tombent dessus, le plaque au sol, lui enfonce les menottes dans les poignets. Il leur explique que ses papiers (tous les justificatifs de sa situation prouvant qu'il n'est pas expulsable) sont juste là, à quelques mètres, dans son banga. "on s'en fout de tes papiers, tu bouges pas, on va t'emmener au poste, point final". Un policier n'zungu les accompagne. Le malheureux se tourne vers lui et le supplie de l'écouter, d'aller chercher ses papiers. Les policiers mahorais répondent alors : "Il a rien à voir là dedans, tu fermes ta gueule...et toi...(se tournant vers le policier blanc) t'as rien à dire où on s'occupe de toi".
Il sera finalement conduit au poste de façon violente puis relâché après l'intervention du principal du collège. Score final : arrestation 0, xénophobie 2.

ENFIN !!!...

Vous vous souvenez sûrement de l'épisode du vendredi 7 septembre, non ? (Sinon, suffit de remonter un peu...)
Bien, alors le tribunal administratif a finalement tranché : Condamnation de l'état à verser 1500 euros à la famille et injonction au préfet de ne pas s'opposer au retour de l'enfant... Comme quoi, on dit toujours que le pot de terre contre le pot de fer... et bien non !


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