Le mot du président



Bonjour à toutes et à tous et bienvenu sur notre site.

L'association a été crée en mai 2006 par Albert Batteux, Pablo Guevara, Pierre léger, Gilles Albert et Vincent Dufau. Suite au départ vers d'autres horizons de nombreuses personnes du bureau, ce dernier a été renouvelé en juin de cette année et est à présent constitué de Laurianne Placet, Raymonde Saplana, Gilles Albert (l'ancien) et moi-même…

La première assemblée générale devait se tenir au lycée de Mamoudzou et s'est finalement déroulée sur les marches de celui ci. L'accès à l'établissement nous ayant en effet été refusé à la dernière minute par le proviseur et le vice recteur, estimant que notre association n'était pas, je cite, " reconnu par l'Education Nationale ", contrairement semble-t-il au club de bridge, au club de gymnastique pour adultes et à l'association des africains, qui eux disposent des locaux scolaires pour leurs activités.
Lors d'un rendez-vous pris avec le vice-recteur pour discuter de ce problème, il nous a été répondu, je cite encore,  que " tout courrier provenant du Resfim terminerait dans la corbeille à papier sans même avoir été ouvert ".

Pourquoi une telle réaction ? Nous n'en savons rien. Notre association a pour seul et unique but de faire valoir le droit à l'éducation, la scolarisation et la formation de tous les jeunes de Mayotte et de soutenir leurs actions en vue de la reconnaissance et du respect de leurs droits sur la base du principe d'égalité, le tout s'appuyant sur les articles de lois contenus dans le code civil, le code de l'éducation et l'ordonnance n°2000-373 relative aux conditions d'entrée et de séjour des étrangers à Mayotte. Nous n'appartenons à aucune mouvance politique et ne sommes rattachés à aucun syndicat d'enseignants, même si ces derniers nous soutiennent dans nos actions.

Pour comprendre les raisons pour lesquelles le Resfim a malheureusement beaucoup de travail, il faut avant tout appréhender l'histoire de Mayotte et le problème de l'immigration :

Les Comores sont constituées de quatre îles, éloignées les une des autres d'une centaine de kilomètres, toutes françaises avant 1974. A cette date, dans le cadre d'un désengagement de la France dans l'archipel, un référendum fut organisé, demandant à chacune des îles si elles voulaient leur indépendance. Pour Anjouan, Petite Comore et Grande Comore, une très grande majorité opta pour l'indépendance. A Mayotte, 99 % de la population s'exprima contre. Pourquoi ?
L'explication semblerait venir du fait que Mayotte, longtemps considérée par ses voisins comme la " petite sœur des Comores ", fût mise à l'écart des grandes décisions prises en majorité par les chefs des îles voisines. Les Mahorais s'estimaient colonisés par les autres îles et vivaient très mal le transfert de la capitale Dzaoudzi à Moroni en 1959. Ont-ils vus dans ce référendum, la possibilité de se démarquer et de donner une leçon ? Je n'ai pas d'opinion sur ce sujet, toujours est-il que 30 ans plus tard, Mayotte est à présent surnommée la " perle de l'océan indien " par ses voisins comoriens, vivants dans la pauvreté.
Très peu de temps avant l'acceptation de l'indépendance des Comores par la France, ces dernières sont reconnues par l'ONU dès le 12 novembre 1975 et expressément constituées de quatre îles. La France, opposée à l'intégration forcée de Mayotte dans ce nouvel état est la seule nation à s'opposer à cette entrée à l'ONU. Tout est histoire de position, Giscardienne ou Onusienne. Dans le premier cas on attache d'avantage d'importance à l'autodétermination des peuples, à leur droit de disposer d'eux-mêmes, alors que l'ONU considère l'archipel des Comores comme une entité indivisible (bien que Mayotte rassemble 99,2 % des opposants à l'indépendance, le poids des votes dans l'ensemble ne représente que 5,44 %, l'île étant à l'époque 10 fois moins peuplée que Grande Comore. Le résultat global (et non île par île) qui se dégage du référendum est donc l'indépendance à 94,56%). Il faut également savoir qu'à l'époque les mahorais votent au premier tour des élections présidentielles en majorité pour Valéry Giscard d'Estaing, tandis que les Comores votent pour Chaban-Delmas. Au deuxième tour, Ahmed Abdallah, président de l'Assemblée territoriale,  négocie avec le futur président les 73 000 voix de son archipel, ce dernier lui accordant en échange l'indépendance de l'ensemble de l'archipel. Se sentant perdue, Mayotte va déplacer la bataille à Paris et exprimera de façon de plus en plus pressante sa volonté de rester française.
Finalement, pour l'occupation illégale de l'île Comorienne de Mayotte, l'Assemblée Générale de l'ONU a condamné régulièrement la France par plus de 20 résolutions, entre 1976 et 1994. En effet, dans le contexte de la décolonisation, il y a trente ans, les Etats se disaient que les résultats de la consultation étaient prévus d'avance et que la France n'avait qu'un seul objectif, loin du respect des peuples à disposer d'eux-mêmes : l'installation d'une base militaire sur le canal du Mozambique afin de surveiller la route pétrolière. Il faut savoir que le canal de Suez était alors fermé et que les pétroliers devaient, comme au temps de la route des Indes, contourner l'Afrique.

Quand est il aujourd'hui ?
Le PIB annuel par habitant est de 24 000 $ en métropole, 3000 $ à Mayotte et 380 $ aux Comores, soit 8 fois moins qu'à Mayotte et 60 fois moins qu'en métropole.
Depuis trente ans, la France ne cesse de développer l'éducation, la santé, l'agriculture et le tourisme alors que les guerres civiles s'enchaînent à Anjouan. En 1997, cette dernière proclame son indépendance des Comores, brûle le drapeau comorien, hisse celui de l'ancien sultanat d'Anjouan indépendante aux côtés des couleurs françaises et la population descend dans la rue en scandant " la France pour tous ! ". La naïveté de la demande est rapidement balayée par le gouvernement Français, qui trouve la question incongrue : lors du référendum de 1974, les Anjouanais ont eu le choix, ils ont fait leur choix, ils doivent aujourd'hui l'assumer. Toujours est-il que ces derniers, en mal de soins ou d'éducation, n'hésitent pas à braver l'océan, au péril de leur vie, entassés dans de petites embarcations, pour atteindre ce nouvel Eldorado, le contexte de Mayotte étant celui d'un îlot de richesse dans un océan de misère.
On pense que 100 à 200 personnes débarquent tous les soirs à Mayotte, essentiellement des Anjouanais, pour diverses raisons comme accoucher, se faire soigner, participer à un mariage, travailler temporairement…
Les Kwassa-kwassas sont surchargés et il arrive souvent qu'ils coulent avant d'arriver à destination. Cumulé à la natalité déjà très vivace, cette immigration a permis de quadrupler la population de l'île en seulement trente ans et on estime aujourd'hui que 25% de la population de Mayotte est originaire d'Anjouan.
Actuellement les rafles ont lieu dans les villages, et les clandestins sont expulsés au rythme de 8 à 12 000 par an. Plusieurs ONG ont dénoncé d'ailleurs les conditions de ces rafles : sans mandat, la police débarque vers minuit, vérifie les cartes d'identité, et tous ceux qui n'ont pas la leur sont renvoyés par le premier bateau, sans manger, ni emporter d'affaires. Les femmes enceintes n'ont droit à aucune assistance médicale, et les avocats ne sont pas là non plus.
Les Anjouanais jouent le rôle des " Arabes " en métropole, responsables de tous les maux. Un vol ? Un Anjouanais forcément. Une agression ? Un Anjouanais encore. Des Mahoraises sont allées jusqu'à manifester devant l'hôpital de Mamoudzou pour protester contre la présence d'Anjouanais : ils prenaient le lit de bons Mahorais. Dernièrement encore, une grève a eu lieu lorsqu'un français d'origine Comorienne fut mis à la tête d'une administration.

Les crédits de la politique de répression de l'immigration clandestine provenant d'Anjouan à Mayotte sont dix fois supérieurs à l'aide fournie à Anjouan… Autrement dit, créer des hôpitaux aux Comores éviterait des noyades inutiles sur les côtes Mahoraises.

Le centre de rétention de Mayotte est le seul en France où aucune association n'a le droit de pénétrer. Seul la CIMADE est habilitée à le faire et elle n'existe toujours pas sur l'île.
Nous ne pouvons faire état que de ce qui ce dit, et de nombreuses choses se disent.
Par exemple que les cellules sont surpeuplées, que les mineurs arrêtés sont confiés à un adulte originaire du même village ou prit au hasard, etc…

Pour l'année 2006, les chiffres officiels font état de 24000 reconduites à la frontière sur l'ensemble du territoire français (métropole + dom tom) dont 16000 uniquement à Mayotte (dont 2500 mineusr soit en moyenne 7 enfants par jour).
L'île apparaît donc comme une véritable " corne d'abondance " en terme de résultats de lutte contre l'immigration clandestine. Des moyens considérables ont été développés dans ce sens et le ministère attend maintenant des progrès, mettant les forces de l'ordre sous pression (on leur demande une augmentation de 900 reconduites pour l'année 2007).
Inévitablement apparaissent des abus qui dans d'autres conditions, on l'espère, n'auraient pas lieu et de nombreux mineurs scolarisés en font malheureusement les frais.

Dans ce paysage, notre association ne sait plus où donner de la tête pour faire respecter la loi. En vrac, voici quelques exemples dont j'ai été le témoin direct ou indirect :

. A chaque rentrée scolaire, des enfants d'origine étrangère se voient refuser leur inscription en école primaire par les maires, et ce, en tout illégalité.

. Le " proviseur vie scolaire " (patron des chefs d'établissements de l'île) en remplacement dans un collège, à convoqué à la rentrée une élève dont le conseil de classe avait décidé son passage en 4eme. Je cite : " Tu es inscrite sur les listes mais je suis désolé, tu n'as pas de papier et tu as plus de 16 ans, on ne va donc pas pouvoir te reprendre cette année ". Un rendez-vous et un rappel à la loi de notre part ont permis à cette fille de poursuivre ses études.

. Un mineur de 17 ans, bon élève de 1ere S, fut reconduit à la frontière. Après une intervention du Resfim, la préfecture a reconnu son erreur. Nous avons payé son billet de retour et nous attendons toujours le remboursement du voyage…

. Un autre mineur qui devait passer son BEP fut également renvoyé. Une nouvelle fois la préfecture a reconnu son erreur et une nouvelle fois nous avons payé son retour quelques jours avant l'examen. Nous attendons toujours le remboursement de son voyage…

. Deux mineurs ont été interpellé et inscrit sur les APRF de deux adultes sans aucun lien de parenté avec eux (un des deux à pu être libéré à temps, pas l'autre qui attend notre intervention auprès du tribunal administratif pour revenir).

Ces histoires sont malheureusement nombreuses et notre association n'a qu'un an d'existence. Nos adhérents font ce qu'ils peuvent pour être vigilants mais je pense que nous sommes loin d'imaginer le nombre de cas où nous n'avons pas pu intervenir par manque d'information.

Je vais prochainement (à la rentrée) solliciter un rendez-vous avec monsieur le vice-recteur d'académie afin obtenir son autorisation pour afficher des informations dans les établissements scolaires, de demander l'utilisation d'une salle pour nos assemblées générales et tout simplement créer un lien direct nous permettant d'obtenir rapidement les certificats de scolarité des élèves arrêtés. Comprendra-t-il que notre seule préoccupation est le respect du code de l'Education, qu'il n'est forcément pas sans connaître ou devrais-je organiser des tournois de bridge ?

A très bientôt…
                                                                                                                            Pour le RESFIM, Michel RHIN


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