Contributions : Lettres aux parents



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COORDINATION DES YVELINES (78)

LA RÉFORME de L'EDUCATION NATIONALE dite « réforme ALLÈGRE-MEIRIEU »
INFORMATION AUX PARENTS D'ÉLÈVES
Face à l'ampleur grandissante du mécontentement des personnels de l'Education Nationale, notre ministre se présente comme le porte-parole de l'opinion publique contre un corps enseignant englué dans ses conservatismes et la défense de ses privilèges. Il nous semble donc aujourd'hui urgent d'informer les parents d'élèves de l'avenir que réserve l'école selon Allègre à leurs enfants.

I) Vers un « SMIC culturel »

  Si rien n'est fait pour stopper la réforme en marche, l'école dès l'an 2000 ne tiendra plus aucun compte de la diversité des enfants. Le ministre part d' un constat qui fait l'unanimité : dans le système actuel, l'échec scolaire touche un tiers des enfants. C'est parfaitement exact. Il faut y remédier. La solution du ministre est simple : un enseignement unique de 3 à 16 ans, sans la moindre porte de sortie pour ceux qui s'y adaptent mal. Ces portes ne seront plus nécessaires ! Le ministre a tout prévu ! Il n'y aura plus d'échec scolaire. Comment ? En supprimant de nombreux enseignements et en réduisant les contenus et les heures de cours dans les matières dites principales (français, mathématiques, anglais). Quant aux matières qui disparaissent, elles seraient remplacées par des « activités » encadrées par les enseignants.
On veut vous faire croire à la mise en place d'une école attachée au suivi de chacun et à la réussite de tous.  Mais la vérité est bien différente. On va simplement assister à une accélération de la baisse du niveau dans les écoles gratuites et publiques. Mais il y aura toujours une sélection...fondée sur l'argent. Car il est évident que les parents d'élèves, fortunés, enlèveront leurs enfants de l'école publique.
   En simplifiant à l'extrême les contenus enseignés, le ministre s'en prend à ce qui fonctionne pourtant très bien dans le système français et que les autres pays nous envient. Il veut, en effet, supprimer les filières d'excellence : classes européennes, classes à options d'excellence, classes préparatoires aux grandes écoles... ainsi ceux qui n'y ont pas accès ne se sentiront pas lésés. Le ministre dénonce le fait que ces filières bénéficient surtout aux classes aisées, qu'elles sont donc injustes... discours démagogique s'il en est. Car quand elles seront supprimées dans l'Education Nationale, les enfants des classes aisées iront suivre ces enseignements dans le privé, coûteux et donc fermé aux familles sans argent. Dès lors les 10 % d'élèves qui viennent actuellement de milieux modestes, seront définitivement exclus d'une possible promotion sociale.
On pourrait comparer le processus engagé à ce qui s'est passé au Crédit Lyonnais. Cette banque avait de graves difficultés mais qui ne touchait pas tous ses investissements. Les actifs rentables sont privatisés tandis que l'Etat prend à sa charge les secteurs déficitaires. De même, l'école de demain se chargera du peuple modeste tandis que les élèves de milieux aisés pourront continuer à suivre un enseignement de qualité dans les écoles privées moyennant finance.
Ce qui se cache derrière la volonté affichée d'une réussite scolaire pour tous c'est donc l'instauration d'un« SMIC culturel », selon une expression en vogue dans les couloirs du ministère depuis une décennie, à l'usage des gens modestes. L'école du peuple deviendra alors une vaste garderie apprenant à ses « usagers » à lire et écrire à peu près. Au moment où Aux Etats-Unis on commence à s'alarmer du nombre grandissant d'illettrés et d'adultes en perdition ( un jeune adulte sur trois), on veut, en France imposer un système à l'américaine fait d'une sous-école populaire voisinant avec des « high-schools » d'excellent niveau et hors de prix.
  Par ailleurs, le ministre insiste beaucoup sur la nécessité d'une Education à la citoyenneté dans son « école du XXIème siècle ». Là aussi, on peut s'interroger. En effet, si parallèlement, on ne donne plus aux enfants les outils nécessaires au développement de la réflexion personnelle et de l'esprit critique, qui passe par un travail intellectuel approfondi et l'acquisition d'une large culture générale, l'éducation civique n'est plus que la mise en place de normes comportementales chez les futurs adultes priés de se satisfaire d'une existence médiocre et d'emplois peu valorisants.

II) Un processus déjà largement engagé

  Ce que vous venez de lire n'est pas de la science fiction. Pire... sur bien des points, l'oeuvre de démolition a déjà commencé. Ce qui s'est passé dans les collèges ces dix dernières années le démontre.
  Le coup d'accélérateur a été donné par Lionel Jospin lors de son passage au ministère de l'Education Nationale. Les ministres qui lui ont succédé ont poursuivi dans la même voie : d'abord Jack Lang puis François Bayrou.
JOSPIN : il décide l'abandon des horaires attribués par matière et par classe. Il les remplace par la DGH : la Dotation Horaire Global : une enveloppe d'heures donnée en début d'année aux établissements, à charge pour eux de se débrouiller avec. Il le fait, dit-il, au nom de son souci de « mettre l'élève au coeur du système éducatif ». Son argument porte et nous piège. Ainsi, pensons-nous, nous adapterons horaires d'enseignement et projets éducatifs au plus près du profil de nos élèves. Le ministre nous encourage à faire avec nos heures des « projets d'établissement ». Mais nous découvrons vite que notre marge de manoeuvre est scandaleusement limitée : soit nous faisons des projets et nos classes sont trop chargées, soit nous privilégions les effectifs et nous abandonnons nos projets éducatifs.
BAYROU : le jeu se complique. Toujours au nom du même argument, il institue des horaires plafonds et des horaires planchers dans toutes les matières. Très vite nous tombons dans le piège. Pour poursuivre nos projets, nous adoptons les horaires planchers pour découvrir l'année suivante que la DGH a été réduite d'autant et qu'il nous faut si nous voulons poursuivre les actions pédagogiques engagées augmenter les effectifs des classes.
Entretemps, Jospin puis Lang puis Bayrou procèdent à la fermeture des filières d'orientation en cinquième puis en troisième au nom du droit qu'ont tous les enfants à faire des études longues. Les collèges sont aujourd'hui presque parvenus à cette «hétérogénéité maximale» dont rêve Philippe Meirieu. D'ores et déjà, les enfants ne peuvent plus  quitter le collège avant d'avoir eu 16 ans et/ou  d'avoir fait un passage dans toutes les classes de la sixième à la troisième. Cette évolution a été populaire chez les parents d'élèves car on la leur a présentée comme une ouverture à tous de l'enseignement général, la possibilité pour tous d'accéder au baccalauréat et aux études supérieures. Mais cette ouverture n'a été qu'un mensonge. Car elle s'est accompagnée d'une baisse rampante des exigences scolaires, seul moyen proposé par les ministère pour intégrer les nouveaux élèves qui naguère auraient été orientés vers d'autres voies. Le passage de classe en classe devient de plus en plus systématique d'année en année sans considération du niveau des enfants. Les classes technologiques sont désormais supprimées. Les enseignements d'excellence comme le Latin, et le Grec achèvent de mourir. Les langues vivantes autres que l'anglais sont attaquées. Les enseignements artistiques et sportifs sont très gravement  menacés.

   Parallèlement, on  a largement augmenté les places de lycées et promis le succès au baccalauréat pour tous. De fait, désormais, 65 % d'une classe d'âge accède au baccalauréat. Mais au prix d'une baisse importante du niveau exigé. Il n'est pas rare que les enseignants qui corrigent le bac soient rappelés à l'ordre par leur recteur, quand ils notent trop de copies au-dessous de la moyenne. Le résultat de ce mensonge est simple. C'est à l'université que les étudiants découvrent désormais qu'ils ne peuvent pas suivre. Avec une nuance de poids par rapport aux anciennes filières : il est beaucoup plus difficile d'apprendre un métier à 20 ans qu'à 14 ! Surtout quand on vous a menti pendant des années en vous faisant miroiter un diplôme de qualité sans jamais vous donner les moyens d'y accéder vraiment ! En outre, la suppression des filières a eu un autre effet pervers : certains métiers ont aujourd'hui du mal à recruter dans un contexte de chômage grave !
  La mise en place du collège unique avec un enseignement bas de gamme est donc pratiquement achevée. Il ne reste plus, et c'est l'objectif des réformes en cours, qu'à l'étendre en amont au primaire et en aval au lycée et à l'enseignement supérieur publique. Un autre atout de notre école française est en même temps attaqué. C'est son aspect national : programmes nationaux, diplômes nationaux. Le ministre veut « déconcentrer ». Cela signifie en clair, la mise en place d'écoles de niveaux différents selon les quartiers ou les régions. Cela signifie, la naissance de ghettos, comme aux Etats-Unis, ainsi que d'écoles soumises aux marchés locaux de l'emploi imposant aux élèves des formations en relation avec l'entreprise du coin.
Le but de la manoeuvre saute aujourd'hui aux yeux...Enseigner à tous la même chose et réduire les savoirs à transmettre est en effet beaucoup plus économique que d'adapter l'enseignement à la diversité des enfants.

III) L'Education Nationale gérée comme une « entreprise »

Si le souci du ministre était vraiment la qualité de l'enseignement et le bien être des élèves, il aurait des exigences très poussées vis-à-vis des personnels destinés à prendre les enfants en charge. Or la tendance est complétement inverse.
Les  cantines scolaires ont été les premières à avoir fait les frais de cette politique de soi disant rentabilité. Elles ont été privatisées à l'époque de Jospin. Désormais, il n'y a plus de cuisiniers dans les écoles. Ce sont des entreprises privées qui fournissent les repas.
Bénéfice pour l'Education Nationale : elle n'a plus à gérer ces personnels.
Préjudice pour les enfants : En effet, la qualité de la nourriture s'en est trouvée considérablement amoindrie. Avant, le cuisinier était responsable de la qualité des repas fournis. Aujourd'hui, l'entreprise-traiteur recherche avant tout la rentabilité maximale ce qui se répercute sur la qualité des repas
Préjudice pour les parents : l'augmentation des tickets de cantine atteignant aujourd'hui souvent 20 voire 25 francs le repas.
Et ce n'est pas fini ! les suivants sur la liste sont les TOS : techniciens, ouvriers et employés de service qui sont actuellement des fonctionnaires d'Etat aux salaires modestes. Ils vont être prochainement remplacés par des entreprises avec le même résultat que pour les cantines : une simplification de la gestion des personnels dans l'Education Nationale mais une baisse de la qualité des services et une hausse de leur coût. De même, le ménage ne se fera plus qu'aux heures de passage de l'entreprise de nettoyage...Moins d'hygiène, des réparations plus rares, autrement dit, un cadre de travail dégradé pour ceux que l'on prétend vouloir « mettre au coeur du système éducatif ».
Enfin, le niveau même des enseignants est menacé. Là encore il faut lire entre les lignes. Il est prévu de supprimer les professeurs remplaçants, titulaires du Capes ou de l'agrégation...et de multiplier des auxiliaires sans qualification auprès des instituteurs. Il y a d'ores et déjà 66 OOO emplois-jeunes au SMIC et  70000 CES (Contrats Emplois Solidarité) à 2900 francs par mois dans l'Education Nationale. Les premiers devaient être employés à des tâches nouvelles. De fait, ils sont déjà utilisés partout comme surveillants. Quant aux surveillants actuels,ils doivent disparaître l'an prochain pour faire place à des étudiants payés moins de 3000 francs par mois pour 14  heures par semaine et habilités à ... remplacer les professeurs absents. Pour les remplacements de plus longue durée, on a déjà commencé à employer des vacataires embauchés pour un certain nombre d'heures, avec des contrats à durée déterminée puis « renouvelés » même en cours d'année par d'autres vacataires. Le nouveau venu et les élèves devront s'adapter. Cette gestion au plus serré des personnels permet sans doute de faire quelques économies sur le dos ... de vos enfants, qui auront devant eux de plus en plus souvent,  des enseignants clignotants (vacataires) ou peu qualifiés.
Ce nouveau système montre l'insouciance du ministère quant à ce qui se passe dans les classes. Les contenus enseignés, les progrès des élèves ne sont pas dans ses préoccupations mais la gestion « à flux tendu » du « stock des personnels », pour un gardiennage pur et simple des élèves.

Si vous désirez en savoir plus, vous pouvez lire l'annexe à l'ouvrage de Philippe Meirieu : l'école à la guerre civile. Vous pouvez lire également l'article de Joseph Urbas paru dans le monde en octobre 1998. Nous vous les ferons parvenir à la demande.

il nous a semblé que vous deviez connaître le point de vue des enseignants et non uniquement celui que véhiculent les médias qui se sont jusqu'à présent contentés de relayer le discours officiel.
Vous devez savoir que nous n'avons pas saisi de premier abord ce qui se préparait quand le démantèlement du système a commencé. Nous avons même souvent été satisfaits de voir l'école s'ouvrir au plus grand nombre, car nous n'avons pas compris que cette ouverture allait s'accompagner d'une baisse programmée des exigences  dans la mesure où rien n'allait être fait pour aider les nouveaux publics scolaires à s'adapter.

LE MARDI 16 MARS : OPERATION "ECOLE MORTE"

-Si vous voulez nous soutenir et montrer votre colère au ministère, nous vous proposons un premier rendez-vous : le mardi 16 mars, nous serons en grève pour aller manifester en masse à Paris. Ce jour-là, n'envoyez pas vos enfants à l'école. Par ce geste, montrez que vous n'avez pas confiance dans les évolutions en cours, que vous désirez la mise en place d'une école de qualité pour tous.
-Vous pouvez également manifester votre soutien en adhérant à notre coordination : il vous suffit pour cela de nous transmettre vos coordonnées et de relayer par la suite dans votre entourage les informations et les propositions d'action que nous vous ferons parvenir.
     Contact coordination 78 :
Florence Lequeux : 01 45 77 46 95 Grégory Chambat : 01 30 22 24 67 Mayie Inthamoussou : 01 49 05 45 20
Marie et Michel Labat : O1 34 78 17 18

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LES ENSEIGNANTS GRÉVISTES DE GARGES AUX PARENTS D'ÉLÈVES

PARENTS
Pouvez vous accepter pour vos enfants:
Une diminution des moyens de fonctionnement ?
Une baisse de la qualité de l'enseignement ?
Un accroissement des inégal ités pour l 'avenir ?

UNE DIMINUTION DES MOYENS ET DONC DE LA QUALITE DE L'ENSEIGNEM[ENT

A la rentrée prochaine, dans le Val d'Oise: 67 postes seront rendus à l'administration, 77 classes seront fermées, 92 bloquées (dont une à l'école Langevin de Garges). Le système de remplacement dysfonctionne: chaque jour, depuis le début de l'année scolaire dans le Val d'Oise, 150  200 classes, soit 3000 à 5000 enfants, n'ont pas de maître, tandis que les autres classes sont su chargées pour pallier les insuffisances du système. A Garges, une vingtaine de classes sont sans remplaçant chaque jour (500 enfants). L'extension des Zones d'Éducation Prioritaire se fera à moyens constants: il s'agira de « partager » le peu que nous avons déjà.

UN ACCROISSEMENT DES INÉGALITÉS POUR L'AVENIR

La Charte pour l'école du XXI ème siècle prévoit l'appel des emplois-jeunes et des intervenants extérieurs rémunérés par les communes.

Les emplois statutaires seront peu à peu remplacés par des en;plois précaires, rémunérés au S.l.C.
Les personnes qui prendront en charge vos enfants n'auront pas tous reçu une formation solide.
Les maîtres deviendront des coordinateurs d'équipe et ne se consacreront plus exclusivement à l'enseignement de vos enfants.
Les communes les moins riches pourront-elles financer ces projets ?
Avec quel argent ? Dans quelles conditions ?
Ne s'autoriseront-elles pas à intervenir dans le choix des activités scolaires ?

AIDEZ NOUS A DÉFENDRE L'AVENIR DE VOS ENFANTS EN NOUS REJOIGNANT

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Les professeurs du lycée Jean Perrin en grève St Ouen-l'Aumone (95)

Aux parents d'élèves,
Madame, Monsieur,

Vous avez pu constater que depuis une semaine, nous sommes en grève.

Dès les premier jour, nous avons adressé une explication aux parents?: peut-être celle-ci ne vous est pas parvenue.
Nous nous permettons donc de vous rappeler les motifs de notre action, motifs qui - au-delà de raisons corporatives réelles - concernent directement l'avenir de vos enfants.
La "réforme des lycées" est inacceptable, nous vous en présentons quelques points.
Il est prévu de réduire les exigences, la qualité des connaissances que nous sommes chargés de transmettre.
Chaque établissement développerait son autonomie dans l'organisation, le choix, la répartition des enseignements, accentuant ainsi la concurrence entre les établissements et aggravant ainsi les inégalités
Les élèves qui n'ont pas de difficultés particulières devront "travailler en autonomie". Or, on diminue les heures pour des "raisonss d'économie". Ainsi, ceux qui ont des difficultés n'auront pas plus d'heures et ceux qui n'en ont pas auront encore moins d'heures.
 

Demain, jeudi 4 février, nous manifesterons dans la rue à Paris (Montparnasse 14 heures) pour exiger le retrait de cette réforme.

Nous sommes à votre disposition pour tout complément d'explication et nous souhaitons vivement votre soutien sous les formes que vous jugerez utiles.

c'est l'avenir de l'école,
c'est l'avenir de vos enfants.
St Ouen-l'Aumône, le mercredi 3 février 1999


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Les enseignants du lycée René Cassin à Gonesse

aux parents d'élèves.
Madame, Monsieur,

Les enseignants se mettent, ce Lundi 18 Janvier, en grève reconductible. Nous le faisons par ce qu'il n'y a plus d'autre moyen pour alerter l'opinion, des dangers qui menacent l'école publique. Se mettre en grève pour des histoires de programme, de statut, de mutation, d'examen national ou régional, peut vous paraître bien secondaire comparé à l'avenir de votre enfant, dont vous savez qu'il passe par sa réussite scolaire.
Mais c'est justement parce que nous avons la conviction que l'école qu'on nous prépare est préjudiciable aux enfants, et de façon irréversible, que nous ne voulons pas de cette réforme.
Alléger  les horaires et les programmes, et baisser le niveau des savoirs exigés peut paraître une bonne réforme; mais pensez-vous qu'un bac allégé aura autant de valeur? Les formations qualifiantes, les employeurs ne continueront-ils pas d'opérer la sélection qui leur permettra de recruter les meilleurs? Si l'école ne fournit plus qu'une formation allégée, c'est aux parents qu'il incombera de fournir le supplément de savoir nécessaire. Ainsi l'école ne donnera plus les mêmes chances à tous; elle accentuera la discrimination sociale.
Si l'on continue à proclamer, comme le fait notre ministre, que l'échec de vos enfants est la faute des enseignants, comment pouvons - nous continuer à exercer notre profession? On ne peut impunément saper la confiance que les élèves et la population ont toujours eue dans l'école de la République, et s'étonner que nous n'ayons plus d'autorité sur les élèves. Pour bien d'autres raisons encore, notre combat est le vôtre, et l'avenir de notre profession est l'avenir de vos enfants, et peut-être même, au-delà, l'avenir d'une école qui continue de jouer un rôle de promotion sociale.
C'est pourquoi nous vous engageons à nous rejoindre dans notre lutte, en montrant que, comme elle l'a toujours fait, la population reste attachée à son école et à un enseignement de qualité pour tous.


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Lycée Feyder   Epinay (93)

A l'appel de plusieurs collectifs réunissant des professeurs de la région parisienne (collectif du nord parisien, collectif  pour la démission d'Allègre) et de l'association Reconstruire l'Ecole, des professeurs du lycée Feyder seront en grève le mardi 26 janvier et se rendront à 14 heures à une manifestation qui partira de la Sorbonne pour se diriger vers l'hôtel Matignon.
L'objectif de ce mouvement est d'obtenir l'annulation d'une réforme que tout le monde refuse et d'imposer le départ du ministre qui l'a incarnée, usant, pour parvenir à ses fins, d'une propagande démagogique, scandaleuse par la bassesse de ses attaques. Cette réforme mettrait les professeurs dans l'impossibilité d'enseigner et serait, pour les jeunes qui sont actuellement dans le système scolaire, une véritable calamité. De quoi s'agit-il ? Tout le monde se souvient de ce slogan : 80% d'une classe d'âge au niveau du baccalauréat. Sous couvert du principe républicain d'égalité des chances, cela permettait de masquer le chômage des jeunes et de faire croire que le niveau montait dans les écoles. En réalité, si le nombre des bacheliers a augmenté, l'examen de fin d'études secondaires actuel est en passe de n'avoir plus aucune valeur puisque beaucoup d'étudiants qui entrent dans les universités,  en particulier dans nos banlieues, ne sont plus capables de faire face aux exigences de l'enseignement supérieur. La démagogie étant pur discours et n'ayant jamais à s'embarrasser de la réalité, il s'agit maintenant de faire en sorte que 100% d'une classe d'âge soit dans les lycées et n'en sorte pas sans diplôme. Pour qui ne ferait pas l'effort de comprendre l'état des choses (et nos politiciens imaginent, probablement un peu trop vite, que les citoyens sont des imbéciles) une telle formule serait tout à fait enthousiasmante : qui pourrait être opposé à l'idée que tous les jeunes, sans exception, puissent bénéficier d'un haut niveau d'instruction ? Mais les diplômes dont on parle, obtenus dans un système aussi dégradé, valent à peu près ce que vaut la fausse monnaie. Tout se passe comme si on avait voulu décréter que les citoyens naissaient égaux et bacheliers. Mais dans de telles conditions, à quoi servirait-il encore d'étudier ? Nous en sommes pourtant à peu près là. Le seul fait qu'on annonce aux jeunes qu'ils seront bacheliers parce que c'est un droit fait qu'ils ne viennent plus dans les lycées pour étudier (ce qui sera toujours un peu difficile, exigera toujours des efforts) mais pour avoir le bac. Comme ils sont de moins en moins en état de réussir aux examens parce que les moyens de l'éducation nationale n'ont pas changé et que les professeurs sont incapables de faire des miracles, on a diminué le niveau des exigences, et l'illettrisme (ce mot n'est pas trop fort) a grandement progressé dans bien des lycées. La politique de ces dernières années a donc été un échec, elle a grandement contribué à développer la violence dans les établissements scolaires et cela s'explique aisément : beaucoup de jeunes qui ne disposent plus des connaissances qui leur permettraient de comprendre les cours et de s'épanouir dans les activités intellectuelles qu'on leur propose souffrent d'être obligés de passer des heures à écouter sans comprendre; leur désespoir ne trouve pas d'autre manière de s'exprimer que le bruit et l'agitation incohérente. Puisqu'il n'est plus possible d'enseigner, cessons d'enseigner dans les lycées. Tel est à peu près l'objectif de la réforme, ce qu'un professeur de la faculté de Nanterre résume par la formule du "lycée light". Les produits "light" contiennent moins de nicotine ou de matière grasse, le lycée "light" dispense moins de connaissances, évite d'ennuyer les élèves avec ce qu'ils ne semblent plus en état de comprendre. Il devient, selon l'expression du projet Meirieu, un "lieu de vie" où les professeurs occupent les élèves à défaut de pouvoir les instruire, les mettent au contact des livres, des nouveaux media, de la "culture", mais sans leur donner les moyens d'analyser et de comprendre les choses en profondeur.
Puisqu'il est fastidieux pour les élèves de rester longtemps au lycée, on diminuera le temps de présence, on parlera d'un allègement des programmes et d'un assouplissement des "rythmes scolaires". En réalité, cela permettra surtout à l'état de supprimer un grand nombre de postes de professeurs et de se désengager des questions d'éducation. L'objectif de cette réforme, en effet, vise à détruire notre système d'instruction publique. Il coûte trop cher et ne rapporte pas grand chose puisque, de toute façon, beaucoup de jeunes sont destinés à être chômeurs ! Si la réforme était appliquée, nous nous trouverions très rapidement dans la situation suivante : d'une part, un enseignement privé pour ceux qui auraient les moyens de financer leurs études, d'autre part un enseignement public où l'on se contenterait de dresser les jeunes à devenir des "citoyens", à acquérir les automatismes de la vie sociale, où l'on renoncerait à leur donner les moyens d'acquérir une culture véritable, laquelle nécessite une formation de l'esprit critique, vise à l'apprentissage de l'autonomie intellectuelle et de la liberté. La réforme utopique -dangereuse comme la plupart des utopies- de Philippe Meirieu, auteur de "l'école ou la guerre civile" a pour objectif absurde de fabriquer, comme on fabrique des automates, un homme nouveau qu'il appelle citoyen et que nous appellerions plutôt, nous, l'esclave-citoyen. Le libéralisme à outrance que nous connaissons n'étant capable ici comme ailleurs que de produire des esclaves, il imagine naïvement que, pour éviter leur révolte, il convient de les flatter un peu, de leur dissimuler leur triste statut, de leur signifier qu'ils n'ont pas tout perdu, puisqu'on continue de leur consentir la dignité de citoyens* à titre de consolation. On peut, certes, toujours trouver des expressions adoucies pour parler des infirmités, mais cela n'a jamais permis aux aveugles de voir, aux sourds d'entendre. Les lycées seront donc des lieux où les futurs exclus apprendront, sans s'interroger, à se soumettre à l'idéologie du moment. Cette école continuera d'être gratuite mais n'enseignera plus rien, ce sera une école pour les pauvres, délivrant de pauvres diplômes. Ailleurs, pour ceux qui en auront les moyens financiers et voudront en avoir, comme on dit, pour leur argent, on étudiera, on pourra former son esprit, développer sa curiosité* et préparer une réelle insertion sociale. Détruire l'école de la république ! Cela aurait paru impensable, il y a quelques dizaines d'années. Un parti politique aurait proposé cela, on aurait crié au fascisme. Seul un parti de gauche, développant une phraséologie de gauche, pouvait réaliser l'anesthésie qui permet les grandes amputations. Le procédé de cette anesthésie est simple : on remplace un mot par un autre : on appellera éducation ce qui n'est que dressage, décervelage, soumission à l'ordre social existant ; on appellera citoyens les futurs esclaves, on appellera culture le conformisme qui porte la haine de toute pensée libre. Nous ne laisserons pas s'installer cette tyrannie de la Bêtise.
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Collège Robert Doisneau  à Paris (20e)

Depuis l'arrivée au ministère de C. Allègre, les grands chantiers et les promesses mirobolantes se sont succédé. Par contre, le constat des réalités est préoccupant :

- la réforme des lycées prévoit la suppression de centaines de milliers d'heures de cours (réduction des horaires dans certaines matières et diminution des options) et transformera le lycée en " lycée allégé " - la charte de l'école primaire propose l'abandon d'une partie importante des compétences de l'école aux collectivités locales (remplacement des enseignants par des personnels n'ayant pas les compétences requises)
- la déconcentration du mouvement des personnels du secondaire développe l'arbitraire dans la nomination du personnel enseignant et multiplie les postes " à profil "
- la diminution arbitraire de 17% de la rémunération des heures supplémentaires
- la multiplication de l'emploi précaire au sein de l'Education Nationale
- la remise en cause du droit à la formation continue sur temps de travail
- la baisse des postes mis aux concours de recrutement - le projet de transformation du statut des MI-SE et la tendance au remplacement des surveillants par des emplois-jeunes - l'annualisation du temps de travail des personnels ATOSS - la baisse significative des Dotations Horaires Globales (moins 44 heures en deux ans au collège R. Doisneau) se traduit par des effectifs souvent chargés (jusqu'à 28 élèves en 6è dans l'établissement)
 

LES PROFESSEURS EN GREVE DU COLLEGE  R. DOISNEAU EXIGENT :
 

- l'abandon d'une politique scolaire qui développe la précarisation et menace l'école publique
- l'annulation de toutes les mesures prises depuis un an et la renégociation au grand jour des réformes déjà engagées ou en projet - l'attribution aux établissements des personnels statutaires dont ils ont besoin (enseignants, surveillants, personnels ATOSS, personnels médico-sociaux, ...). Nous demandons en particulier un 4è poste de MI-SE dans notre établissement.
- des moyens nouveaux pour la rentrée 1999, notamment pour les établissements difficiles, la transformation des heures supplémentaires en postes - le rétablissement des postes de professeurs supprimés,  la titularisation des auxiliaires et le remplacement des personnels en congé (plusieurs enseignants du collège non remplacés pendant des semaines depuis la rentrée)
 

Tout cela conduit necessairement à la démission de C. Allègre.


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Collège Guy Moquet  à Genevilliers (92)

Mercredi 27 janvier 1999
Aux parents des élèves du Collège Guy Moquet (Gennevilliers)

Comme vous l'avez constaté, dès huit heures mardi matin, un grand nombre d'enseignants était en grève. Nous, enseignants grévistes, sommes bien sûr conscients de la gêne occasionnée aux enfants et aux familles. Mais, devant la gravité des choix faits par le gouvernement pour l'école, nous avons estimé nécessaire de nous mobiliser et de vous faire connaître nos revendications.

Le désengagement de l'état participe d'une politique générale qui laisse à l'écart les quartiers défavorisés. Pour maintenir et améliorer encore les conditions d'enseignement au collège et répondre aux besoins de tous les enfants, nous nous associons à un mouvement qui s'étend de plus en plus et nous demandons pour notre Collège :

- Le maintien des classes spécifiques (CLAD, 4AS, classes technologiques, cycle en trois ans...) que l'on fait disparaître progressivement (cette année déjà pas de renouvellement du cycle en trois ans, plus de 4e technologique...)

- L'allégement des effectifs d'élèves par classe, notamment par la création d'une 6e supplémentaire.

- L'attribution des heures d'enseignement nécessaires à l'application des programmes (par exemple, il manque 8h de français pour les classes de 5e, l'expérimentation dans les matières scientifiques exigée par les programmes est devenue impossible...)

Il nous faudrait donc 148,5 heures d'enseignement supplémentaires :
soit 15% en plus de la dotation en heures actuelle,
l'équivalent de 8 enseignants.

En outre, nos demandes portent aussi sur l'amélioration des conditions matérielles (actuellement dotations insuffisantes pour les manuels scolaires, insuffisance des infrastructures pour le sport, déficit en personnel social et de santé...)

A ces exigences légitimes, la seule réponse du gouvernement a été l'embauche massive d'emplois précaires ( MA, CES, emplois-jeunes...) pour lesquels nous demandons que soit immédiatement mis en place un plan de titularisation.

Devant cette mise en danger de l'école publique et de l'avenir des enfants, nous nous mobilisons et espérons votre soutien.
Les enseignants grévistes du collège.

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Les enseignants du Lycée Jean Perrin à Marseille

réunis en assemblée générale
Aux parents d'élèves
 
                                         Madame, Monsieur,

               L'Éducation nationale vit des heures décisives où se joue l'avenir de nos enfants .
               Nous avons affaire à un ministre qui, maniant la démagogie et le mensonge, fait peser sur les enseignants la responsabilité des dysfonctionnements du système éducatif. Il en profite pour diminuer leurs rémunérations (entre autres sur les heures supplémentaires imposées), livre leurs affectations à l'arbitraire local et alourdit leurs services . Ces mesures font partie d'une réforme qu'il veut imposer, en dehors de toute négociation, du primaire au supérieur, une réforme entièrement fondée sur des économies budgétaires .

               Concernant les Lycées, que prévoit-il?
 -- Moins de professeurs (2866 postes supprimés aux concours de recrutement en 1999), éviction des agrégés du secondaire vers le supérieur, emploi d'intervenants extérieurs sans qualification, dissolution des Classes Préparatoires dans les Facs ...
 -- Sous prétexte d'allègements: suppression de quantité d'options, réduction de l'enseignement des Langues vivantes, marginalisation de disciplines comme la Philo et l'Histoire-Géographie, fin de toute étude de la Littérature dans toutes les sections sauf la “L”, remplacement d'heures de cours par des activités diverses, mise en cause du Bac comme examen anonyme, égal et national ...
En résumé: des professeurs au service surchargé, un savoir au rabais, un diplome dévalorisé et des effectifs de classes toujours aussi lourds .

               Nous sommes, comme vous, partisans d'une réforme indispensable qui prenne en compte les élèves tels qu'ils sont pour les élever au meilleur niveau . Pour cela nous exigeons plus de profs et des classes moins chargées (maximum 30 élèves par classe).
 Comment faire barrage à des projets ministériels aussi nocifs, comment imposer nos revendications? En pesant sur l'Administration . C'est pourquoi nous avons résolu de ne plus lui communiquer les notes des élèves et de ne plus assurer la surveillance des examens .

               Forts de votre soutien, nous souhaitons préserver ainsi l'avenir du Service Public d'Education et garantir celui de vos enfants .

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Collectif des enseignants de l'académie de Grenoble

Lettre aus parents de tous les niveaux (9 avril 1999)
 
 
L'école  est  en danger

A tous les niveaux l'école est en danger, les circulaires et les chartes récentes le prouvent :
 

1.  Ecole primaire :
- Silence inquiétant dans les chartes au sujet de la maternelle et de ses problèmes spécifiques ( déficit des personnels) .
- Multiplication des intervenants extérieurs ( aux compétences non garanties ) au détriment de l'enfant : l'enseignant unique, repère fondamental de l'enfant, tend à disparaître .
- La charte parle d'intégration de tous les élèves en difficulté mais ne dit rien des instituteurs spécialisés dans cette tâche .
- La charte laisse la porte ouverte à la régionalisation des savoirs qui implique l'augmentation des inégalités .
- La charte ne dit rien de la diminution des effectifs ni de l'augmentation des postes, conditions primordiales pour un bon enseignement .

2.  Collège :
- Diminution des heures de cours .
- Un enseignant ne sera remplacé dans les matières fondamentales qu'à partir d'un mois d'absence, voire plus dans les autres matières .
- Diminution du nombre des remplaçants .
- De plus en plus de professeurs seront contraints d'enseigner dans des matières pour lesquelles ils n'ont pas été formés .
- Suppression des classes spécialisées pour les élèves en grande difficulté .

3.Lycée :
- Problèmes de remplacement semblables à ceux rencontrés en collège .
- Diminution des horaires dans les disciplines fondamentales .
- Atteintes graves concernant les langues et les enseignements artistiques.
- Baisse des exigences et menaces pesant sur les savoirs et la culture .
- Des classes qui restent surchargées .

4.Classes préparatoires aux grandes écoles :
- Affaiblissement de la formation en mathématiques, dans les sciences expérimentales et dans d'autres disciplines, notamment les langues vivantes. Cet affaiblissement résulte de la réforme des lycées .
 

A tous les niveaux on doit déplorer :
- Une logique gestionnaire incompatible avec les exigences pédagogiques .
- L'introduction et l'augmentation des emplois précaires .
- L'insuffisance des postes statutaires( enseignants, surveillants, personnel médico-social, conseillers d'orientation, Atos, etc. ) .
Tout cela s'inscrit dans une logique qui subordonne l'école et la culture aux exigences du marché, mais ceci se fait au détriment de l'enfant et des citoyens . Cette logique ne peut qu'augmenter et accentuer les inégalités .

Collectif des enseignants de l'Académie de Grenoble .

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