ADRESSE PUBLIQUE DES PERSONNELS EN GREVE
DU LYCEE MONTAIGNE
La grève a été reconduite jusqu’au mardi 21 mars inclus.
Contrairement à ce qu’affirment M Jospin et les médias, nous
ne sommes pas en grève uniquement pour une question de moyens, mais aussi
et surtout pour des questions fondamentales d’éducation.
Pourquoi nous faisons grève :
L’appauvrissement de l’enseignement : les dernières mesures déjà
annoncées et amorcées par le Ministre de l’Education Nationale pour
la rentrée 2000 ou 2001 marquent un tournant majeur dans l’ histoire de l’enseignement
en France : elles introduisent à tous les niveaux un appauvrissement systématique
des contenus, et au nom d’une prétendue modernité et d’une pseudo-citoyenneté,
enlèvent aux élèves la possibilité d’acquérir
les outils et les connaissances indispensables à l’analyse et au jugement
critique, seuls moyens d’assurer leur liberté et de leur permettre de devenir
de véritables citoyens, responsables et libres.
Nous étions en grève 9 jours l’année scolaire précédente
ainsi que le 9 décembre 1999, le Premier février et le 3 mars dernier
pour refuser la disparition d’une classe de seconde, de 3 postes d’administrateur
et d’ouvrier ainsi que l’accroissement des personnels précaires (24 C.E.S
pour le seul lycée) sans espoir d’embauche, sans formation et même sans
indemnités de déplacement.
Nous sommes, dans ce contexte, excédés par le décalage entre
le discours gouvernemental et la réalité. Il y a, par exemple, actuellement
34,2 élèves par classe ; or le rectorat supprime cette seconde tandis
que le ministre promet de travailler autrement avec des effectifs allégés…
Nous avons maintenu le baccalauréat blanc, malgré les travaux, les
difficultés et les désaccords sur son organisation. Au même moment,
le ministre annonce l’introduction du contrôle continu et menace donc le caractère
anonyme et national du premier diplôme permettant l’accès à l’université.
Par ailleurs, la plupart des horaires de cours sont diminués en Première
après l’avoir été en seconde et à la suite de la mise
en place des horaires plancher au Collège.
A titre d’exemple :
- un élève qui passe le bac L aura perdu après 3 ans de lycée
: 63 heures de français et 153 heures de LV1
- un élève de ES : 54 heures de SES et 45 heures de Mathématiques.
- un élève de S : 81 heures de mathématiques
Enfin, le Bulletin Officiel du 20 janvier et du 2 mars exige précipitamment
la mise en place de " travaux croisés " en classe de 4ème
et de " Travaux Personnels Encadrés " obligatoires en 1ère
. Aucun collègue ne sait de quoi il s’agit, personne n’a jamais participé
à un groupe de travail ni à aucun stage préparatoire ni évidemment
à aucun débat contradictoire . Le ministre l’a décidé.
Exécution. Fermez le ban.
De plus le Bulletin Officiel du 12 août 1999 (une période heureuse pour
les consultations, l’élaboration et la concertation !…) ampute et dénature
les programmes de mathématiques et modifie le programme de seconde en français
: il s’agira essentiellement de " convaincre et de persuader " (le brevet
des collèges proposait l’an dernier le sujet suivant : " Persuadez votre
mère d’acheter un portable. "…). On met sur le même plan le "
non littéraire " ( faits divers, compte rendu, reportage ) et le littéraire.
Comment apprendre alors à faire preuve de jugement et de sens critique ? Comment
envisager de conquérir son autonomie, sa liberté et bâtir en
commun un monde plus solidaire plus réfléchi ?
Si nous ne réagissons pas dès maintenant et tous ensemble, ce n’est
pas seulement à un changement de nature de notre enseignement que nous assisterons
mais à une terrible régression politique car si le citoyen est dépourvu
des outils du jugement, la démocratie n’a plus de fondement et l’asservissement
est proche.
Après tout, pourquoi pas ? Les élèves souvent s’ennuient, trop
d’exigences peut-être, de difficultés aussi et les professeurs sont
trop souvent fatigués et démunis.
Changeons donc, innovons, inventons ! Non, rétorque Allègre, dégraissons,
réduisons, précarisons, supprimons les qualifications, les formations,
les personnels et les structures stables et efficaces, les exigences et les programmes
nationaux. C’est d’ailleurs déjà le cas pour 3000 lycéens qui
participent à des " mastères de l’économie " pilotés
par une banque privée, tout comme les élèves des lycées
professionnels iront travailler dans les entreprises à raison de 50 % de leur
temps scolaire.
Nous vous invitons à soutenir cette grève, à participer aux
manifestations unitaires, en particulier le 21 mars 2000, et à venir discuter
avec nous lors de la prochaine assemblée générale le lundi 20
mars à 9h30.
Le personnel en lutte du collège et lycée MONTAIGNE
|