Lettres aux parents : Lycée Montaigne (Paris, 6e)

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Lycée Montaigne, Paris(6e): [lettre aux parents] - [refus de participer aux conseils de classes]

Lycée Montaigne, Paris (6e) : lettre aux parents (17 mars 2000)

ADRESSE PUBLIQUE DES PERSONNELS EN GREVE DU LYCEE MONTAIGNE


La grève a été reconduite jusqu’au mardi 21 mars inclus.

Contrairement à ce qu’affirment M Jospin et les médias, nous ne sommes pas en grève uniquement pour une question de moyens, mais aussi et surtout pour des questions fondamentales d’éducation.


Pourquoi nous faisons grève :


L’appauvrissement de l’enseignement
: les dernières mesures déjà annoncées et amorcées par le Ministre de l’Education Nationale pour la rentrée 2000 ou 2001 marquent un tournant majeur dans l’ histoire de l’enseignement en France : elles introduisent à tous les niveaux un appauvrissement systématique des contenus, et au nom d’une prétendue modernité et d’une pseudo-citoyenneté, enlèvent aux élèves la possibilité d’acquérir les outils et les connaissances indispensables à l’analyse et au jugement critique, seuls moyens d’assurer leur liberté et de leur permettre de devenir de véritables citoyens, responsables et libres.

Nous étions en grève 9 jours l’année scolaire précédente ainsi que le 9 décembre 1999, le Premier février et le 3 mars dernier pour refuser la disparition d’une classe de seconde, de 3 postes d’administrateur et d’ouvrier ainsi que l’accroissement des personnels précaires (24 C.E.S pour le seul lycée) sans espoir d’embauche, sans formation et même sans indemnités de déplacement.
Nous sommes, dans ce contexte, excédés par le décalage entre le discours gouvernemental et la réalité. Il y a, par exemple, actuellement 34,2 élèves par classe ; or le rectorat supprime cette seconde tandis que le ministre promet de travailler autrement avec des effectifs allégés…
Nous avons maintenu le baccalauréat blanc, malgré les travaux, les difficultés et les désaccords sur son organisation. Au même moment, le ministre annonce l’introduction du contrôle continu et menace donc le caractère anonyme et national du premier diplôme permettant l’accès à l’université.
Par ailleurs, la plupart des horaires de cours sont diminués en Première après l’avoir été en seconde et à la suite de la mise en place des horaires plancher au Collège.
A titre d’exemple :

  • un élève qui passe le bac L aura perdu après 3 ans de lycée : 63 heures de français et 153 heures de LV1
  • un élève de ES : 54 heures de SES et 45 heures de Mathématiques.
  • un élève de S : 81 heures de mathématiques


Enfin, le Bulletin Officiel du 20 janvier et du 2 mars exige précipitamment la mise en place de " travaux croisés " en classe de 4ème et de " Travaux Personnels Encadrés " obligatoires en 1ère . Aucun collègue ne sait de quoi il s’agit, personne n’a jamais participé à un groupe de travail ni à aucun stage préparatoire ni évidemment à aucun débat contradictoire . Le ministre l’a décidé. Exécution. Fermez le ban.
De plus le Bulletin Officiel du 12 août 1999 (une période heureuse pour les consultations, l’élaboration et la concertation !…) ampute et dénature les programmes de mathématiques et modifie le programme de seconde en français : il s’agira essentiellement de " convaincre et de persuader " (le brevet des collèges proposait l’an dernier le sujet suivant : " Persuadez votre mère d’acheter un portable. "…). On met sur le même plan le " non littéraire " ( faits divers, compte rendu, reportage ) et le littéraire. Comment apprendre alors à faire preuve de jugement et de sens critique ? Comment envisager de conquérir son autonomie, sa liberté et bâtir en commun un monde plus solidaire plus réfléchi ?

Si nous ne réagissons pas dès maintenant et tous ensemble, ce n’est pas seulement à un changement de nature de notre enseignement que nous assisterons mais à une terrible régression politique car si le citoyen est dépourvu des outils du jugement, la démocratie n’a plus de fondement et l’asservissement est proche.
Après tout, pourquoi pas ? Les élèves souvent s’ennuient, trop d’exigences peut-être, de difficultés aussi et les professeurs sont trop souvent fatigués et démunis.
Changeons donc, innovons, inventons ! Non, rétorque Allègre, dégraissons, réduisons, précarisons, supprimons les qualifications, les formations, les personnels et les structures stables et efficaces, les exigences et les programmes nationaux. C’est d’ailleurs déjà le cas pour 3000 lycéens qui participent à des " mastères de l’économie " pilotés par une banque privée, tout comme les élèves des lycées professionnels iront travailler dans les entreprises à raison de 50 % de leur temps scolaire.

Nous vous invitons à soutenir cette grève, à participer aux manifestations unitaires, en particulier le 21 mars 2000, et à venir discuter avec nous lors de la prochaine assemblée générale le lundi 20 mars à 9h30.

Le personnel en lutte du collège et lycée MONTAIGNE

 

Lycée Montaigne, Paris (6e) Refus de participer aux conseils de classes
La grève a été reconduite jusqu’au mardi 21 mars inclus.
Nous ne participerons donc pas aux conseils de classe durant cette période.

Pourquoi ?

Contrairement à ce qu’affirment M Jospin et les médias, nous ne sommes pas en grève uniquement pour une question de moyens, mais aussi et surtout pour des questions fondamentales d’éducation.

Certes, nous faisons grève pour des moyens :
- Suppression d’une seconde à Montaigne donc risque de la suppression d’une première et d’une terminale à terme. Risque également de l’abandon de l’option internationale de portugais.

- Précarisation grandissante des emplois au sein du service public : ainsi 24 Contrat Emploi Solidarité dans l’établissement, qui gagnent 3000 F par mois sans indemnité de transport.

Nous faisons grève aussi et surtout pour des questions fondamentales d’éducation :
- Appauvrissement des contenus d’enseignement et renoncement à l’élaboration d’une réflexion construite et critique.

- Abandon sournoisement programmé du Bac examen national, anonyme.

- Redéfinition de notre métier d’enseignant notamment perte des compétences disciplinaires : ainsi un professeur de lettres pourra remplacer un professeur d’histoire ou d’anglais ; évolution vers un rôle d’animateur.

Nous demandons aux collègues présents, aux représentants des élèves et des parents, de renoncer eux aussi à cette participation.

Nous vous appelons à venir manifester avec nous mardi prochain 21 mars.


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