Je voudrais exprimer ici mon incompréhension et mon désaccord
total avec les positions exprimées depuis quinze jours par notre
Président Monsieur Dupon-Lahitte et notre Secrétaire général
Monsieur Partula.
Ces sentiments sont si violents que j'ai du résister fortement
à l'envie de diffuser ce texte sous le titre :
C'est avec stupeur que j'ai appris dans la presse que notre
organisation avait approuvé la Charte des lycées, stupeur
aggravée par la connaissance du voeu (grâce à Internet)
voté par la FCPE (approuve les principes fondateurs de la charte
. Ils sont de nature à faire évoluer le lycée vers
plus de justice sociale et à garantir un niveau d'exigence porteur
d'une réelle démocratisation.)
Ainsi prendre à tous des moyens nécessaires et des heures
d'enseignement pour n'en redistribuer que quelques miettes à une
petite minorité est une mesure de justice sociale ?
Alléger les contenus des enseignements pour permettre a plus
d'élèves d'obtenir le baccalauréat serait une réelle
démocratisation aux seules conditions :
- que la qualité de la formation demeure la même pendant
la préparation à ce diplôme
- que le niveau d'exigence requis pour son obtention ne se modifie
pas
Si tel n'est pas le cas le diplôme lui-même sera dévalorisé
( comme l' a été le Brevet des collèges pendant la
rénovation des collèges) Quel parent de lycéen affirmera
que la démocratisation c'est d'aller vers la distribution à
tous « d'un papier » qui ne garantira même plus à
son possesseur qu'il a eu la formation nécessaire pour entrer à
l'Université ( et qu'il en sortira avec un qualification valorisante)
?
La stupeur passée je me suis étonnée que les plus
hautes instances de notre Fédération aient pu à nouveau
se laisser abuser par les quelques maigres aspects positifs de la réforme
( Conseil de vie lycéenne, heure de vie de classe, effectifs en
classe de seconde) mais sans, une nouvelle fois ( comme lors de la rénovation
des collèges), se préoccuper des germes de dérive
quelle contient ( il suffit d' analyser les résultats du collège
unique et de la globalisation des moyens ).
Je regrettais que la tête du bureau national ait manqué
au devoir de précaution lors de la signature du soutien à
un projet si important pour les années à venir. Mais surtout,
je ne doutais pas que ses responsables aient mûrement réfléchi,
débattu et préparé une argumentation (comme dans nos
Conseils Locaux) pour justifier cette signature et l'expliquer aux militants
FCPE des Conseils départementaux du 93, 95, 78 et d'ailleurs .
Ceux-là même qui depuis fin janvier sont mobilisés
aux côtés : des instituteurs de leurs écoles en raison
de fermetures massives de classes ( 77 fermetures de classes dans le 95
) , auprès des professeurs des collèges en raison des diminutions
importantes de dotations globales déjà insuffisantes pour
leurs projets d'établissement.
J'attendais donc avec impatience des éléments supplémentaires
pour comprendre...
Je reçois aujourd'hui la Lettre La Famille et l' Ecole, dans
son éditorial signé de Monsieur Partula et intitulé
ARGUMENTS, je ne trouve nulle trace de nos inquiétudes, de nos revendications,
de l'affirmation des principes fondateurs de nos fédérations
à savoir permettre la réussite de tous dans un cadre national,
au sein du public laïque d'Education.
Les propos et le comportement de notre Président lors de l'émission
de télévision tapage ( FR3 ) du 18/03/99 m'ont navrée
et surtout ont suscité en moins un sentiment de honte.
Les invités présents étaient divers mais
bien choisis (apparemment) puisqu'ils étaient effectivement tous
impliqués dans l'institution scolaire de notre pays et qu'ils annonçaient
avoir des convictions différentes sur le sujet.
Le journaliste animateur, posait, sans effets inutiles, des questions
claires et précises. Le débat s'annonçait donc bien
et semblait promettre à la téléspectatrice( en quête
de sens) que je suis, qu'il y aurait de véritables échanges.
Rapidement, il fut évident qu'un invité : le directeur
d'école maternelle très nouvellement converti à l'art
cinématographique, était perturbé par cette double
casquette et atteint du syndrome de « la tête qui enfle ».
Quelques minutes furent donc perdues, mais, l'alliance de la philosophie
et du syndicalisme permit de sortir du domaine de l'invective stérile
et de la contradiction triviale.
La discussion s'engageait donc enfin. A la première question
: L'enfant doit -il être au centre du système éducatif
?
Ou sont- ce les savoirs ou les enseignants qui doivent y être?
Notre Président s'est replié silencieusement sur cette revendication
sans argumenter pour la défendre ni expliquer ce que la FCPE entend
par cette formule.
Il n'a pas voulu reconnaître que l'enfant élève
a tout à gagner si l'enseignement revient enfin au centre du système
éducatif. Monsieur Finkielkraut a pu expliquer, malgré les
interruptions et les bruits environnants, la mission réelle de l'Ecole
et a publiquement exprimé : son adhésion au manifeste pour
un Lycée démocratique et son opposition à la réforme
du lycée approuvée par la FCPE.
En outre, comme il regrettait que la réforme soit permanente
dans l'Education nationale depuis trente ans sans que jamais ses resultats
ne soient vraiment évalués, il mettait ainsi clairement en
évidence la maladresse ( pour ne pas dire l'irresponsabilité)
de notre bureau national qui soutient une réforme des lycées
( qui procède des mêmes méthodes et aura les mêmes
effets pervers que la précédente réforme des collèges
) sans avoir cherché à analyser ses résultats et en
restant sourd aux appels et avertissements des militants de base que nous
sommes.
Est-ce pour cela que peut être vexé, notre président
a dérapé ?
C'est la seule expression qui me vient à l'esprit quand je constate
qu'au lieu d' être interpellé par cette observation judicieuse
et/ou éventuellement de reconnaître une erreur de notre part,
notre représentant n' a pas hésité à jeter
à la face des enseignants la question idiote : Trouvez vous normal
qu'un prof traite de cons ses élèves?
Aurait-il apprécié qu'un professeur lui demande ? :
Trouvez vous normal qu'un parent maltraite ses enfants ? Ce professeur
espérerait -il se servir d'une telle question pour montrer qu'il
a raison de contester ce que lui (représentant des parents d'élèves
)a approuvé ?
J'ai honte !
Le président censé représenter des milliers de
parents citoyens responsables se montre incapable intelligiblement de répondre
à ses contradicteurs , il n'a pas d'argument( à avancer en
public ) pour justifier sa signature du 4 Mars alors il utilise une question
réductrice et digne d'un enfant de dix ans.
Ce procédé me déplaît au plus haut point
: il donne des parents une image dévalorisante de sous-développé
intellectuel.
Je note qu'il est très voisin et tout aussi méprisant
pour le public que celui employé par le ministre Monsieur Allègre
lorsque : pour montrer la nécessité absolue d'alléger
les programmes, il a fait soulever à un journaliste un cartable
d'élève de terminale.
En outre, j'ai toujours observé que lorsque quelqu'un est impliqué
dans un mouvement associatif ou autre et qu'il a de vraies convictions,
il trouve toujours pour une émission de télévision
(quelque soit son niveau d'étude) des arguments pour essayer de
nous les faire partager. Ce manque d'argumentaire me fait donc douter du
sérieux des convictions défendues par Monsieur Dupon-Lahitte.
Pour finir, je veux espérer que notre bureau national se montrera
plus vigilant avant de se prononcer sur la « Charte de l'école
primaire » et que les militants de base seront cette fois consultés
.
Je constate avec plaisir que les consignes de Monsieur Partula pour
la manifestation de samedi (dont je vais parler plus loin ) étaient
accompagnées d'une présentation faite à la presse
de cette Charte. J'eusse préféré bien sûr, recevoir
la plaquette officielle du Ministère qui doit bien exister. Je crains
bien qu'elle ne me parvienne (comme ce fut le cas pour la Charte des Lycée)
une semaine après son vote au CSE.
Après avoir entendu le ministre Monsieur Allègre dire,
quelques jours avant le vote au CSE, que les versions de la charte des
lycees publiées par la presse étaient fausses, une question
me vient aux lèvres :
Pourquoi les conseils locaux FCPE devraient ils être informés
par la presse du contenu de cette charte, et débattre à partir
de versions diffusées par la presse (qui paraît- il sont fausses),
alors que notre bureau national doit prononcer sur la version officielle
ministerielle ( la vraie qui sera appliquée) ?
Notre bureau national a donc lu la vraie Charte des lycées et
pensé pour nous : Il l'a approuvée
Les parents adhérents de base savent lire eux aussi !
Mais personne au plus haut niveau ne nous a permis de la lire nous
aussi.
Le texte était il trop difficile pour nous ? Ou trop dangereux
à mettre entre toutes les mains ?
Pourquoi une Fédération comme la nôtre ne refuserait-elle
pas de se prononcer sur un texte, si l'initiateur du texte n'en a pas permis
la diffusion, afin que nos principes démocratiques du débat
( s'ils ont encore un sens à la FCPE)s'appliquent ?
(Le point de vue du Secrétaire général : Monsieur
Partula.
Dans un texte signé, intitulé : Action carte scolaire
du 1er degré, daté du 9 Mars et adressé aux CDPE je
relève la consigne suivante :
Nous devons refuser de nous associer à toute plate forme qui
porterait pêle-mêle sur les moyens, le tarif des heures supplémentaires,
la réforme du lycée, l'action anti-Allègre, etc.)
.
Ce rappel à l'ordre m'interpelle.
Un adhérent FCPE doit choisir d'agir dans un seul type d'établissement
scolaire si j'en crois ces lignes.
Mais comment fait la mère de deux enfants que je suis ? : puisque
l'un est au CP et l'autre en 6 ème.
Consigne m'apparaissant d'autant plus absurde que je mène, pour
mes deux enfants, deux combats : une opposition à une fermeture
de classe et une opposition à une diminution sensible de la dotation
horaire globale d'un collège.
Notre bureau national craindrait-il des adhérents trop combatifs
?
Notre Fédération ne peut elle mener plusieurs actions
à la fois ? Le secrétaire général ne connaît-il
pas la formule l'union fait la force ?
Je n' ai pas l'impression que la tactique retenue soit de nature à
être la plus efficace possible pour défendre l'école
de nos enfants. Au contraire, elle est de nature à empêcher
les parents de voir clairement que la situation s'aggrave de la maternelle
à la terminale.
Je pense que ce saucissonnage des luttes ne servira que les projets
de notre Ministre qui est passé maître dans l'art de présenter
soigneusement ,successivement et dans le désordre les projets de
casse à tout les étages de l'école publique de la
République. Pour l' instant, le point commun flagrant qui m'apparaît
dans toutes ces « chartes » est le suivant :
Au coeur du système éducatif, les réformes en
cours ne mettront :
-ni l'enfant
-ni l'enseignant
-ni la qualité de l'enseignement
-ni la démocratie
Mais exclusivement les économies budgétaires !
Une seule voie va s'ouvrir avec au programme :
-dégradation des conditions de travail de tous les élèves
- dégradation de la qualité de la formation
- dévalorisation du baccalauréat
- inégalités géographiques et destruction du service
publique et laïque de l'Education.
Les enseignants le crient, des parents et leurs enfants le vivent chaque
jour mais notre bureau national ne le voit pas, ne l'entend pas !
Enfin, je ne voudrais pas que Monsieur Finkielkraut, découragé
par l'incompréhensible sottise d' un de nos représentants
(malheureusement pas anonyme) puisse croire que tous les parents Fcpe ne
voient qu' un ennemi tyrannique égoïstement corporatiste en
tout enseignant. Ceux qui sont présents au sein des Conseils d'école,
ou des Conseils d' administration rencontrent des enseignants sérieux,
dévoués à leurs enfants et dont la motivation première
se révèle être : trouver et mettre en oeuvre les meilleurs
méthodes pour faire accéder le plus grand nombre aux Savoirs
et à la vraie Liberté : celle de penser.
Il a montré ce qu'est encore un enseignant de notre pays : un
maître qui éclaire ses élèves sans ménager
sa patience et son effort, sans reprocher le temps bêtement perdu,
sans faiblir dans son exigence de clarté du discours, s'acharnant
stoïquement à expliquer et à démontrer.
Il mérite certainement mieux que ce modeste hommage, mais ce
dont je suis sûre c'est qu'il pourrait s'adresser à de nombreux
autres enseignants qu'ils soient du primaire, du secondaire, ou du supérieur.