Une mère d'élève FCPE s'interroge sur les positions exprimées par le Bureau national FCPE.
 
 

Pour la deuxième fois en deux mois, la mère d'élève que je suis, va livrer quelques éléments à analyser et à discuter. Espérant être éclairée par d'autres points de vue je la diffuse sur le site FCPE ainsi que sur le forum éducation.

Le 19/03/99

Je voudrais exprimer ici mon incompréhension et mon désaccord total avec les positions exprimées depuis quinze jours par notre Président Monsieur Dupon-Lahitte et notre Secrétaire général Monsieur Partula. 

Ces sentiments sont si violents que j'ai du résister fortement à l'envie de diffuser ce texte sous le titre :

La Fcpe a t-elle encore un fonctionnement démocratique ? 



Les points de vue exprimés par le Président :

1.- Le vote du 4 Mars

C'est avec stupeur que j'ai appris dans la presse que notre organisation avait approuvé la Charte des lycées, stupeur aggravée par la connaissance du voeu (grâce à Internet) voté par la FCPE (approuve les principes fondateurs de la charte . Ils sont de nature à faire évoluer le lycée vers plus de justice sociale et à garantir un niveau d'exigence porteur d'une réelle démocratisation.)

Ainsi prendre à tous des moyens nécessaires et des heures d'enseignement pour n'en redistribuer que quelques miettes à une petite minorité est une mesure de justice sociale ?
Alléger les contenus des enseignements pour permettre a plus d'élèves d'obtenir le baccalauréat serait une réelle démocratisation aux seules conditions :
- que la qualité de la formation demeure la même pendant la préparation à ce diplôme
- que le niveau d'exigence requis pour son obtention ne se modifie pas

Si tel n'est pas le cas le diplôme lui-même sera dévalorisé ( comme l' a été le Brevet des collèges pendant la rénovation des collèges) Quel parent de lycéen affirmera que la démocratisation c'est d'aller vers la distribution à tous « d'un papier » qui ne garantira même plus à son possesseur qu'il a eu la formation nécessaire pour entrer à l'Université ( et qu'il en sortira avec un qualification valorisante) ? 

La stupeur passée je me suis étonnée que les plus hautes instances de notre Fédération aient pu à nouveau se laisser abuser par les quelques maigres aspects positifs de la réforme ( Conseil de vie lycéenne, heure de vie de classe, effectifs en classe de seconde) mais sans, une nouvelle fois ( comme lors de la rénovation des collèges), se préoccuper des germes de dérive quelle contient ( il suffit d' analyser les résultats du collège unique et de la globalisation des moyens ).

Je regrettais que la tête du bureau national ait manqué au devoir de précaution lors de la signature du soutien à un projet si important pour les années à venir. Mais surtout, je ne doutais pas que ses responsables aient mûrement réfléchi, débattu et préparé une argumentation (comme dans nos Conseils Locaux) pour justifier cette signature et l'expliquer aux militants FCPE des Conseils départementaux du 93, 95, 78 et d'ailleurs .

Ceux-là même qui depuis fin janvier sont mobilisés aux côtés : des instituteurs de leurs écoles en raison de fermetures massives de classes ( 77 fermetures de classes dans le 95 ) , auprès des professeurs des collèges en raison des diminutions importantes de dotations globales déjà insuffisantes pour leurs projets d'établissement.
J'attendais donc avec impatience des éléments supplémentaires pour comprendre...
Je reçois aujourd'hui la Lettre La Famille et l' Ecole, dans son éditorial signé de Monsieur Partula et intitulé ARGUMENTS, je ne trouve nulle trace de nos inquiétudes, de nos revendications, de l'affirmation des principes fondateurs de nos fédérations à savoir permettre la réussite de tous dans un cadre national, au sein du public laïque d'Education.
Les propos et le comportement de notre Président lors de l'émission de télévision tapage ( FR3 ) du 18/03/99 m'ont navrée et surtout ont suscité en moins un sentiment de honte.


 

2. - La prestation télévisée de Monsieur Dupon-Lahitte le 19/03/99
 

Les invités présents étaient divers mais bien choisis (apparemment) puisqu'ils étaient effectivement tous impliqués dans l'institution scolaire de notre pays et qu'ils annonçaient avoir des convictions différentes sur le sujet. 
Le journaliste animateur, posait, sans effets inutiles, des questions claires et précises. Le débat s'annonçait donc bien et semblait promettre à la téléspectatrice( en quête de sens) que je suis, qu'il y aurait de véritables échanges.

Rapidement, il fut évident qu'un invité : le directeur d'école maternelle très nouvellement converti à l'art cinématographique, était perturbé par cette double casquette et atteint du syndrome de « la tête qui enfle ». Quelques minutes furent donc perdues, mais, l'alliance de la philosophie et du syndicalisme permit de sortir du domaine de l'invective stérile et de la contradiction triviale.

La discussion s'engageait donc enfin. A la première question : L'enfant doit -il être au centre du système éducatif ?
Ou sont- ce les savoirs ou les enseignants qui doivent y être? Notre Président s'est replié silencieusement sur cette revendication sans argumenter pour la défendre ni expliquer ce que la FCPE entend par cette formule. 
Il n'a pas voulu reconnaître que l'enfant élève a tout à gagner si l'enseignement revient enfin au centre du système éducatif. Monsieur Finkielkraut a pu expliquer, malgré les interruptions et les bruits environnants, la mission réelle de l'Ecole et a publiquement exprimé : son adhésion au manifeste pour un Lycée démocratique et son opposition à la réforme du lycée approuvée par la FCPE. 

En outre, comme il regrettait que la réforme soit permanente dans l'Education nationale depuis trente ans sans que jamais ses resultats ne soient vraiment évalués, il mettait ainsi clairement en évidence la maladresse ( pour ne pas dire l'irresponsabilité) de notre bureau national qui soutient une réforme des lycées ( qui procède des mêmes méthodes et aura les mêmes effets pervers que la précédente réforme des collèges ) sans avoir cherché à analyser ses résultats et en restant sourd aux appels et avertissements des militants de base que nous sommes.
Est-ce pour cela que peut être vexé, notre président a dérapé ?
C'est la seule expression qui me vient à l'esprit quand je constate qu'au lieu d' être interpellé par cette observation judicieuse et/ou éventuellement de reconnaître une erreur de notre part, notre représentant n' a pas hésité à jeter à la face des enseignants la question idiote : Trouvez vous normal qu'un prof traite de cons ses élèves? 

Aurait-il apprécié qu'un professeur lui demande ? :
Trouvez vous normal qu'un parent maltraite ses enfants ? Ce professeur espérerait -il se servir d'une telle question pour montrer qu'il a raison de contester ce que lui (représentant des parents d'élèves )a approuvé ? 

J'ai honte !

Le président censé représenter des milliers de parents citoyens responsables se montre incapable intelligiblement de répondre à ses contradicteurs , il n'a pas d'argument( à avancer en public ) pour justifier sa signature du 4 Mars alors il utilise une question réductrice et digne d'un enfant de dix ans.
Ce procédé me déplaît au plus haut point : il donne des parents une image dévalorisante de sous-développé intellectuel.

Je note qu'il est très voisin et tout aussi méprisant pour le public que celui employé par le ministre Monsieur Allègre lorsque : pour montrer la nécessité absolue d'alléger les programmes, il a fait soulever à un journaliste un cartable d'élève de terminale.
En outre, j'ai toujours observé que lorsque quelqu'un est impliqué dans un mouvement associatif ou autre et qu'il a de vraies convictions, il trouve toujours pour une émission de télévision (quelque soit son niveau d'étude) des arguments pour essayer de nous les faire partager. Ce manque d'argumentaire me fait donc douter du sérieux des convictions défendues par Monsieur Dupon-Lahitte.

Pour finir, je veux espérer que notre bureau national se montrera plus vigilant avant de se prononcer sur la « Charte de l'école primaire » et que les militants de base seront cette fois consultés .

Je constate avec plaisir que les consignes de Monsieur Partula pour la manifestation de samedi (dont je vais parler plus loin ) étaient accompagnées d'une présentation faite à la presse de cette Charte. J'eusse préféré bien sûr, recevoir la plaquette officielle du Ministère qui doit bien exister. Je crains bien qu'elle ne me parvienne (comme ce fut le cas pour la Charte des Lycée) une semaine après son vote au CSE.

Après avoir entendu le ministre Monsieur Allègre dire, quelques jours avant le vote au CSE, que les versions de la charte des lycees publiées par la presse étaient fausses, une question me vient aux lèvres :
Pourquoi les conseils locaux FCPE devraient ils être informés par la presse du contenu de cette charte, et débattre à partir de versions diffusées par la presse (qui paraît- il sont fausses), alors que notre bureau national doit prononcer sur la version officielle ministerielle ( la vraie qui sera appliquée) ?

Notre bureau national a donc lu la vraie Charte des lycées et pensé pour nous : Il l'a approuvée
Les parents adhérents de base savent lire eux aussi ! 
Mais personne au plus haut niveau ne nous a permis de la lire nous aussi. 
Le texte était il trop difficile pour nous ? Ou trop dangereux à mettre entre toutes les mains ?

Pourquoi une Fédération comme la nôtre ne refuserait-elle pas de se prononcer sur un texte, si l'initiateur du texte n'en a pas permis la diffusion, afin que nos principes démocratiques du débat ( s'ils ont encore un sens à la FCPE)s'appliquent ?

(Le point de vue du Secrétaire général : Monsieur Partula.
Dans un texte signé, intitulé : Action carte scolaire du 1er degré, daté du 9 Mars et adressé aux CDPE je relève la consigne suivante : 
Nous devons refuser de nous associer à toute plate forme qui porterait pêle-mêle sur les moyens, le tarif des heures supplémentaires, la réforme du lycée, l'action anti-Allègre, etc.) .

Ce rappel à l'ordre m'interpelle.
Un adhérent FCPE doit choisir d'agir dans un seul type d'établissement scolaire si j'en crois ces lignes.
Mais comment fait la mère de deux enfants que je suis ? : puisque l'un est au CP et l'autre en 6 ème. 
Consigne m'apparaissant d'autant plus absurde que je mène, pour mes deux enfants, deux combats : une opposition à une fermeture de classe et une opposition à une diminution sensible de la dotation horaire globale d'un collège. 

Notre bureau national craindrait-il des adhérents trop combatifs ?
Notre Fédération ne peut elle mener plusieurs actions à la fois ? Le secrétaire général ne connaît-il pas la formule l'union fait la force ?
Je n' ai pas l'impression que la tactique retenue soit de nature à être la plus efficace possible pour défendre l'école de nos enfants. Au contraire, elle est de nature à empêcher les parents de voir clairement que la situation s'aggrave de la maternelle à la terminale.

Je pense que ce saucissonnage des luttes ne servira que les projets de notre Ministre qui est passé maître dans l'art de présenter soigneusement ,successivement et dans le désordre les projets de casse à tout les étages de l'école publique de la République. Pour l' instant, le point commun flagrant qui m'apparaît dans toutes ces « chartes » est le suivant : 

Au coeur du système éducatif, les réformes en cours ne mettront : 

-ni l'enfant
-ni l'enseignant
-ni la qualité de l'enseignement
-ni la démocratie

Mais exclusivement les économies budgétaires !

Une seule voie va s'ouvrir avec au programme :
-dégradation des conditions de travail de tous les élèves 
- dégradation de la qualité de la formation 
- dévalorisation du baccalauréat
- inégalités géographiques et destruction du service publique et laïque de l'Education. 

Les enseignants le crient, des parents et leurs enfants le vivent chaque jour mais notre bureau national ne le voit pas, ne l'entend pas !
 

Enfin, je ne voudrais pas que Monsieur Finkielkraut, découragé par l'incompréhensible sottise d' un de nos représentants (malheureusement pas anonyme) puisse croire que tous les parents Fcpe ne voient qu' un ennemi tyrannique égoïstement corporatiste en tout enseignant. Ceux qui sont présents au sein des Conseils d'école, ou des Conseils d' administration rencontrent des enseignants sérieux, dévoués à leurs enfants et dont la motivation première se révèle être : trouver et mettre en oeuvre les meilleurs méthodes pour faire accéder le plus grand nombre aux Savoirs et à la vraie Liberté : celle de penser. 
Il a montré ce qu'est encore un enseignant de notre pays : un maître qui éclaire ses élèves sans ménager sa patience et son effort, sans reprocher le temps bêtement perdu, sans faiblir dans son exigence de clarté du discours, s'acharnant stoïquement à expliquer et à démontrer.
Il mérite certainement mieux que ce modeste hommage, mais ce dont je suis sûre c'est qu'il pourrait s'adresser à de nombreux autres enseignants qu'ils soient du primaire, du secondaire, ou du supérieur.

Sylvie Bourgeois. 

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