Concert d'ao�t 1998 dans le cadre des F�tes de la Nouvelle-France |
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Libretto
Le vieux Qu�bec de 1757
Pr�s de l'h�tellerie des chasseurs
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ACTE TROISI�ME
La place du Palais de l'Intendance, Qu�bec, vers 1755 � 1760. Style et mode de l'�poque, belle devanture de maison princi�re. Gazon � gauche sous les arbres donnant sur un jardin. De beaux grands arbres au premier plan de droite et de gauche cambrent leur tronc vigoureux et m�lent leurs majestueuses ram�es encadrant la sc�ne de leurs verdures. A gauche, premier plan, au pied d'un arbre, un grand et riche fauteuil double. Deuxi�me plan, quelques chaises de grand luxe et chaises de jardin. A droite, le Palais dont les fen�tres sont illumin�es, se dresse face � la sc�ne. C'est une massive et jolie construction en pierre, d'aspect imposant; portique � fronton et � pilastres; l'entr�e principale donne sur la sc�ne; vaste palier � balustrade, escalier � rampes dont les socles �l�gants se terminent � l'extr�mit� sup�rieure en gracieuses coupes d�bordantes de fleurs.
SC�NE PREMI�REMADAME P�AN, ROSINE, TOINON, LES INVIT�ES.Au lever du rideau, dames et demoiselles, seigneurs et militaires sont �parpill�s sur la sc�ne. Quelques-uns dansent, d'autres lutinent, papillonnent...Toutes les figures sont rayonnantes. Madame P�an et Rosine sont assises � gauche, la premi�re semble fatigu�e, l'autre effeuille pensivement une marguerite. - 60 -
CHOEUR
Celle qui sait charmer,
TOINON, � son amante.
O fleurette! Vois, je soupire,
CHOEUR
Nous courons apr�s fortune,
ENSEMBLE
Sur la promesse
REPRISE
Celle qui sait charmer - 61 -
MADAME P�AN, � part.
Et c'est ainsi depuis trois jours,
ENSEMBLE
Sur la promesse
Si l'on sait charmer,
ROSINE, effeuillant une marguerite.Il m'aime, un peu, beaucoup, passionn�ment...
MADAME P�AN, lasse.
Ce soir, le jeu pour moi, est un tourment;
ROSINE, heureuse.La fleur me dit que je suis aim�e...
MADAME P�AN, � Rosine.
Oui, je sais que le marquis
ROSINE, joyeuse.
Il m'aime, un peu, beaucoup, passionn�ment. - 62 -
(Plus s�rieuse, � Madame P�an.)
Sait-on jamais si l'on aime?
MADAME P�AN, m�lancolique.La mort m�me.
ROSINE, protestant.C'est le parfum du coeur...
MADAME P�AN, se levant.
Parfum dont l'�me se grise Madame P�an s'�loigne, Rosine la suit, r�veuse. Elles rejoignent les invit�s qui valsent dans le jardin.
SC�NE DEUXI�MEBIGOT, GASTON.L'Intendant et le marquis sortent du ch�teau.
BIGOT, jovial.
Mon cher de Saint-Germain, je ne vous comprends pas;
GASTON, triste.De mes amours les fun�railles. - 63 -
BIGOT, railleur.Ce vil coureur des bois vous pla�t donc pour vainqueur?
GASTON, d�sol�.Tout est fini pour moi, elle a donn� son coeur.
BIGOT, myst�rieux.
Non, non, �coutez bien. L�-bas, sur mes limites,
GASTON, indign�.Horreur!...Est-ce Bigot qui parle ou bien...l'Ours Noir?
BIGOT, furieux.
Prononce encore ce nom et connais mon pouvoir!... (Plus calme.)
Je n'ai pas une obole
GASTONMais?
BIGOT
Seulement ma parole, -64 -
GASTON
Par quel moyen brutal
BIGOT, ironique.
Faible sentimental.
GASTON, � part.
Tr�s grande est son emprise...
BIGOT, apercevant les invit�s qui reviennent.
Calmez votre flamme,
SC�NE TROISI�MELES M�MES, MADAME P�AN, ROSINE, TOINON, LES INVIT�ES.De tous c�t�s, arrivent sur la sc�ne des personnages de tout �ge et de la plus haute noblesse du pays, parmi lesquels se trouvent; Mesdames de Lotbini�re, de R�pentigny, du Linon, Daine et Marin; Mesdemoiselles de Lotbini�re, de Longueil, des Maloises, de Br�ard, Pothier, et Morin; Messieurs de P�an et Dumont, capitaines de milice; De St. Vincent et de Lanaudi�re, capitaines de marine; de Lotbini�re et de R�pentigny, lieutenants de milice; Descheneaux, s�cr�taire de l'Intendant et Cadet munitionnaire g�n�ral; le Mercier commandant d'artillerie, de Br�ard, Varin, Verger, P�nissault, d'Est�be, etc. El�gants parvenus d'alors se donnant de grands airs de gentilshommes. Toilettes splendi - - 65 -
des riches habits. Brillants officiers, habits et gilets chamar�s, manchettes de dentelle, chapeaux, bottes et rapi�re de l'�poque.
CHOEUR
Des fiers a�eux suivant l'ancienne loi
BIGOT, souriant.
Cet avantage...
CHOEURLe comm�rage?
BIGOT
Oui, du village,
Et voil� tout ce que le "villageois"
CHOEUR
Honte!...Qu'entendons-nous? Mensonges!...Calomnie! - 66 -
BIGOT
Je leur pr�te mes bois, j'en suis r�compens�...
CHOEUR
La guerre, encore, a franchi nos murailles Bigot est au premier plan � gauche et parle � des serviteurs.
BIGOT, bas, aux serviteurs.
Tenez-vous, tout le soir, cach�s dans les savanes.
Enlevez-la sans bruit. Un homme sera l�.
Si vous savez bien faire, (Les serviteurs sortent � gauche.) � part.
A nous deux, Dumas, nous l'aurons ta fille, Il a travers� la sc�ne et se trouve pr�s de Madame P�an qui cause avec les invit�s, deuxi�me plan gauche.
BIGOT, haut, � Madame P�an.
Pour adoucir le paysan haineux - 67 -
SC�NE QUATRI�MELES M�MES, LES PAYSANNES, GEMMA.Les invit�s se sont rang�s de chaque c�t� de la sc�ne et au fond, laissant le milieu de la sc�ne libre aux paysannes qui y dansent la gavotte; puis viennent saluer Bigot qui se tient toujours � gauche. Deuxi�me plan, avec Madame P�an. Rosine est au premier plan gauche, Gaston, premier plan droit. Gemma est au milieu de la sc�ne avec les paysannes.
SUPPLIQUE
LES PAYSANNES
L'Intendant nous para�t sympathique, Bigot reste froid. Madame P�an s'ennuie. Gaston, apercevant Gemma parmi les paysannes, a fait quelques pas vers elle. Rosine surprend ce man�ge et s'attriste.
ROSINE, � part.
Ah! perfide, pour cette autre, combien d'�gards...
CHOEURAh! seigneur,A vous l'honneur. - 68 -
LES PAYSANNES
L'Intendant nous parait sympathique, - 69 -
LES INVIT�S.(Gouailleurs � Bigot.)
Monsieur l'Intendant,
REPRISE DE L'ENSEMBLETout le monde entre au ch�teau...La sc�ne s'est vid�e peu � peu. Gemma a pass� devant Gaston en r�pondant froidement � son salut. Gaston reste stup�fait et froiss�; Bigot, qui l'observe, s'approche de lui.
BIGOT, moqueur, bas � Gaston.Elle sera votre femme..
SC�NE CINQUI�MEGASTON, puis TOINON.
GASTON, rageur.
Cruelle d�rision. (Toinon arrive par le fond, myst�rieusement).
TOINON
Ch�t! � mon ma�tre! - 70 -
GASTON, outr�.
T'expliqueras-tu
TOINON, dramatique.
Un complot tram�,
Un affreux bandit
GASTON, indign�
Homme impudent et sc�l�rat...
GASTON, l'empoignant.
Demeure, et sans trembler, Ils se dissimulent � droite.
SC�NE SIXI�MELES M�MES, TROIS BANDITS.
TROIS BANDITS
Que l'oreille - 71 -
Impassible en sa place, Ils se cachent � gauche.
SC�NE SEPTI�MELES M�MES, RAYMOND, puis GEMMA.Raymond parait au fond. Farouche, il regarde de tous c�t�s, puis le palais. Il est en proie � une douleur profonde. Ses habits et ses cheveux sont en d�sordre.
RAYMOND,
Tel un nuage sombre
Mon �me br�lante
M�LODIE ET QUATUOR
Dans l'abandon, les noirs regrets,
RAYMOND
Ah! reviens, infid�le, - 72 -
RAYMOND
Tendre douceur des jours pass�s,
RAYMOND, jaloux, plus pr�s du ch�teau.
Elle est l�... Pris d'une rage jalouse, il gravit, en fr�missant, les marches du Palais, et s'attaque aux grandes portes ferm�es � clef. Efforts inutiles. Furieux de son impuissance, il recule de quelques pas regardant le Palais en tous sens. Reculant toujours et toujours cherchant, il descend lentement l'escalier. On entend sonner minuit � l'�glise des R�collets.
TROIS BANDITS, dans la coulisse.
Minuit vient de sonner, Un court silence. Raymond est maintenant � la fen�tre du Palais, troisi�me plan. La porte du Palais s'ouvre et l'on voit appara�tre Gemma qui, lentement, descend quelques marches et s'arr�te, h�sitante. - 73 -
Personne, ici? Bigot m'a dit d'aller Elle descend l'escalier, avance sur la sc�ne se dirigeant vers le fond. Elle rencontre Raymond. Surprise de part et d'autre.
Ah!...
RAYMOND, suppliant.
Ma Gemma, loin de toi, puis-je vivre?
GEMMA
Est-il besoin que je dise
RAYMOND, montrant le Palais.
Sans retard, fuyons chez ton p�re, Ils remontent au fond, mais sont arr�t�s par les bandits qui se sont rang�s. Raymond tire son couteau. Gaston, peu apr�s, entre dans le combat. Lutte violente, rapide. Les bandits sont terrass�s. L'un d'eux, voulant s'�chapper � tout prix, pointe un pistolet sur Raymond. Gemma a aper�u cette manoeuvre. Elle s'�lance devant son fianc� avec un cri de d�tresse. Le coup part et la blesse mortellement. Elle tombe dans les bras de Raymond...D�sarroi g�n�ral; les bandits en profitent pour prendre la fuite. Gaston et Toinon sortent, les pourchassent. On sort du palais. Brouhaha. On s'�lance � la poursuite des bandits. Bruits et cris au dehors. Cependant que les paysannes et quelques dames ac- - 74 - courent au secours de Gemma qu'on �tend dans le grand fauteuil et � qui on prodigue les premisers soins. Elle est inanim�e. Raymond dans une angoissse extr�me se tient pr�s d'elle.
RAYMOND, pench� sur Gemma, inanim�e.
Ma Gemma ch�rie, Gemma se l�ve, � demi inconsciente, dans les bras de Raymond.
GEMMA, �gar�e.
Le tr�pas devant moi se dresse... Reconnaissant Raymond.
Raymond, Raymond, pure tendresse, (D�lirante.) Raymond je t'aime.
RAYMOND.Douleur extr�me!
GEMMA, se redressant avec un supr�me effort. C'est l'agonie.
Vers l'aube �ternelle, Elle meurt dans les bras de Raymond...Les paysannes pleurent, agenouill�es.
RAYMOND, avec exaltation.
Je voudrais, fid�le �perdu de douleur et de d�sespoir, il se penche sur Gemma et l'�treint avec fureur. - 75 -
LES PAYSANNES, agenouill�es.
Unique esp�rance...
SC�NE HUITI�MELES M�MES, BIGOT, MADAME P�AN, ROSINE, LES INVIT�S.A la nouvelle de l'attentat, la sc�ne s'est remplie peu � peu de l'assistance du palais. D�sordre apparent chez les invit�s qui semblent sortir d'une orgie. Inqui�tude et malaise. Madame P�an et Rosine se tiennent pr�s des paysannes et de Gemma. Bigot a paru � la porte du palais, il a descendu lentement les marches, regardant les paysannes, puis Gemma, avec stupeur.
BIGOT, d'un sombre d�pit.
F�cheuse et maudite aventure. Il se ressaisit, cependant, et domine son trouble. Il donne un ordre � un serviteur qui entre au palais en grande h�te. Moments p�nibles pour chacun, le malaise va croissant, la consternation est g�n�rale. Mouvement au fond. Le peuple ameut�, envahit la sc�ne; flot grossissant de la foule, parmi laquelle on distingue des vieillards en bonnet rouge; des vieux soldats, glorieux mutil�s de la guerre; des marins aux allures de corsaires, venus comme pour un coup de main; des vieilles femmes, sorties en grande h�te, un ch�le sur la t�te; des enfants pieds nus, etc., etc. D�tail saisissant de la mis�re du peuple dont le ressentiment, si longtemps contenu, �clate, enfin, et d�ferle sur le Palais de l'Intendance. Les Bandits captur�s sont ramen�s; l'un d'eux est tra�n� au milieu de la sc�ne. Col�re, indignation de la foule. - 76 -
SC�NE NEUVI�MELES M�MES, GASTON, UN BANDIT.
CHOEUR
Inf�me! A mort! A mort!
LE BANDIT, indiquant Bigot.
Je ne suis pas seul coupable...
BIGOT, donnant ordre � un serviteur de l'amener.Cet homme est fou, ��, qu'on l'am�ne. Les serviteurs sont arr�t�s par Gaston qui, prenant l'assistance � t�moin, accuse Bigot.
GASTON
Oui, Oui, c'est Bigot, de ce rapt il tient la cha�ne... Surprise g�n�rale. Le nom de : L'Ours-Noir est r�p�t� comme un �cho fun�bre. Gaston continue, solennel, avec m�pris et amertume. Bigot impassible, regarde Gaston avec m�pris.
CHOEURL'Ours-Noir?... - 77 -
GASTON
Simulant la fin des chicanes,
CHOEUR
L'Intendant...? La foule dont l'�tonnement a grandi s'est approch�e graduellement de Bigot et l'accuse. C'est lui... Raymond vaincu par la douleur, se redresse � ces mots: "C'est lui". Il se fraie un passage et va droit � Bigot, mena�ant. RAYMOND
C'est lui!... (� Bigot)
C'est toi, tra�tre!
CHOEUR, mena�ant.Vengeance. - 78 -
RAYMOND
Tremble. Car mon transport
CHOEURMort au traitre. Bigot a courb� le front et cherche � se soustraire. La foule plus mena�ante et plus impitoyable l'accable avec fureur.
Levant des bras suppliants, Bigot s'est tra�n� au pied des gens du peuple; implorant leur secours. Mais il est �cras� sous la vengeance publique et va mourir.
RIDEAU.
FIN
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Qu�bec Qc Canada G1J 3W2 t�l�phone : (418) 529-6501 |
Nouveau
La partition compl�te de l'op�ra vient
d'�tre publi�e.
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Cr�ation le 17 mai 1998
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