- VII -

Exilda
CHÈVREFILS

- VIII -

Albert
HÉBERT

Exilda
                                    Chèvrefils et Albert Hébert

naissance 2 mars 1898 à St-Georges MB,
décès 17 février 1975 à Ste-Martine, âge : 76 ans
(voir leur biographie à la fin de cette page ainsi que leur nécrologie)

 

Père :  Zotique CHÈVREFILS
Mère : Cordélia VINCENT


 

naissance 11 juin 1892 à Ste-Martine,
décès 2 février 1971 à Ste-Martine, âge : 78 ans
(voir leur biographie à la fin de cette page ainsi que leur nécrologie).

 

Père :  Honoré HÉBERT
Mère : Martine BRAULT


 

Marié(e) le 23 août 1920 à Ste-Martine,

10 enfants :
 


1.1. Georges Albert HÉBERT, naissance 10 juin 1921 à Ste-Martine, p/m Herménégilde Quesnel, grand oncle, & Rodhéanne Chèvrevils, grande tante, décès 17 novembre 1970 à Ste-Martine, âge : 49 ans. Marié(e) 9 octobre 1948 à St-Isidore, Laprairie, Marie-Anne RICHER, naissance 29 juillet 1924 à St-Isidore, Laprairie, (fille de Frédéric RICHER et Léa DUMAS). 4 enfants.

1.2. Lucien Edmour HÉBERT, naissance 4 mars 1923 à Ste-Martine, p/m Edmour Hébert, oncle, & Blanche Chèvrefils, tante, décès 13 mai 1987 à Ste-Martine, âge : 64 ans. Marié(e) 20 juin 1953 à St-Jean-Chrysostome, Ida POUPART, naissance 18 juin 1933 à Hemmingford, (fille de Henri POUPART et Corona DAIGNEAULT), 9 enfants.

1.3. Thérèse Cordélia HÉBERT, naissance 9 février 1925 à Ste-Martine, p/m Zotique Chèvrefils, grand-père, & Cordélia Vincent, grand-mère, décès 2 décembre 2001 à Ste-Martine, âge : 76 ans, sépulture 5. Marié(e) 11 novembre 1944 à Ste-Martine, Simon DAGENAIS, naissance 18 janvier 1916 à St-Jean-Chrysostome, (fils de Alphonse DAGENAIS et Adèle PRIMEAU) décès 18 janvier 1985 à Ste-Martine, âge : 69 ans. 3 enfants.

1.4. Philippe René HÉBERT, naissance 23 août 1927 à Ste-Martine, p/m Joseph Marcil, oncle, & Bernadette Hébert, tante, décès 11 février 1962 à Ste-Martine, âge : 34 ans. Marié(e) 18 novembre 1950 à Beauharnois, Jeannine LEDUC, naissance 14 août 1931 à Beauharnois, (fille de Guysolphe LEDUC et Juliette FAUBERT) décès 28 mai 1968 à Ste-Martine, âge : 36 ans. 7 enfants.

1.5. Marie-Rose Irène HÉBERT, naissance 4 avril 1929 à Ste-Martine, p/m Elphège Caya, oncle, & Rose-Anna Chèvrefils, tante, décès 28 janvier 1988 à Ste-Martine, âge : 58 ans, funéraille 1er février à l'église de Ste-Martine. Marié(e) 31 décembre 1950 à Ste-Martine, Arthur RICHER, naissance 19 avril 1921 à St-Isidore, (fils de Frédéric RICHER et Léa DUMAS) décès 12 décembre 1980 à Ste-Martine, âge : 59 ans. 9 enfants.

1.6. Claire Angélique HÉBERT, naissance 15 août 1930 à Ste-Martine, p/m Joachim Laberge, grand-oncle, & Virginie Chèvrefils, grande-tante, décès 17 février 1989 à St-Isidore, âge : 58 ans. Marié(e) 15 avril 1950 à Ste-Martine, Paul-Émile RICHER, naissance 29 octobre 1927 à St-Isidore, décès 22 décembre 1972 à St-Isidore, âge : 45 ans. 8 enfants.

1.7. Yolande HÉBERT, naissance 28 août 1932 à Ste-Martine, p/m Alphonse Hébert, oncle, & Lauréa Frappier, tante, décès 10 avril 2020 à l’Hôpital Général du Lakeshore, Montréal, âge 87 ans, de pneumonie (Covid-19), funérailles 29 août à l'église paroissiale de Sainte-Martine. Mariage 30 septembre 1961 à Sainte-Martine, Guy BRAULT, naissance 27 août 1933 à Sainte-Martine (fils de Josephat BRAULT et Éva TISSEUR), décès 21 avril 2016 à Sainte-Martine, âge 82 ans, subitement, funérailles 29 à l'église paroissiale de Sainte-Martine (nécrologies). Une fille.

1.8. Oscar Zotique HÉBERT, naissance 15 mai 1934 à Ste-Martine, décès 16 mai 1934 à Ste-Martine.

1.9. Lucienne Cécile HÉBERT, naissance 20 mars 1935 à Ste-Martine, p/m Georges Hébert, frère, & Thérèse Hébert, soeur, décès 16 novembre 2016 au Centre hospitalier de Magog, âge : 81 ans, funérailles 26 au Complexe funéraire Ledoux de Magog. Marié(e) 1er juin 1957 à Ste-Martine, Maurice BARRETTE, naissance 14 avril 1932 (fils de Adrien BARRETTE et Maria-Anna GAGNON). 4 enfants.

1.10. Roch Louis HÉBERT, naissance 16 mars 1939 à Ste-Martine (fils de Albert HÉBERT et Exilda Marie Edwidge CHÈVREFILS), p/m Urgel Laberge, un ami, & Clémentine Roch, une amie, décès 24 mai 2015 de Ste-Martine, âge : 76 ans, funérailles 20 juin à la chapelle du Salon funéraire (nécrologie). Marié(e) 27 octobre 1962 à Pointe-St-Charles, Montréal, Lucie LECLERC, naissance 2 juin 1943 (fille de Ernest LECLERC et Marcelle PARENT). 2 fils.



EXILDA CHÈVREFILS HÉBERT
1898 - 1975

Exilda naquit à St-Georges (Manitoba) le 2 mars 1898, la première enfant de Cordélia Vincent et Zotique Chèvrefils. A son baptême, on lui donna les noms de Marie Edwidge Exilda.

Exilda fit ses études à Ste-Anne des Chênes (Manitoba). Soucieuse de parfaire son éducation, elle décida, à l’âge de 20 ans, d’aller apprendre la couture au Québec. En fait, ce qu’Exilda ignorait, c’est que ce passage au Québec marquera profondément sa vie.

Elle habite alors chez sa tante Rodhéanne et son oncle Hermini Quesnel à Ste-Martine. Exilda gardera toujours un lien très étroit avec eux, Rodhéanne étant devenue pour ainsi dire sa deuxième mère. Rendus à leur vieillesse, elle les hébergera chez elle et en prendra soin jusqu’à leur décès.

Le 23 août 1920, Exilda unissait sa vie à celle d’Albert Hébert. Ils s’établirent à Ste-Martine. La ferme, située sur le côté nord de la rivière Châteauguay (rang Touchette) à environ trois milles du village de Ste-Martine, a été le domaine de leur famille, composée de neuf enfants, pendant leurs 50 ans de vie commune. La ferme comprenait une terre d’une superficie de 100 arpents, d’une érablière, d’un troupeau de vaches laitières et de quelques chevaux .

Unis par un même esprit de solidarité, tous s’affairaient aux travaux de la ferme. Dès le mois de mars, c’était la préparation de l’érablière en vue de la récolte du bon sirop d’érable. Puis en mai, c’était les semences, on y semait : avoine, blé, maïs, haricots (p’tites fèves jaunes). Avec la venue des vacances scolaires, commençaient les récoltes.

Que faisait Exilda? Tous les jours, matin et soir, Exilda allait à la traite des vaches; elle aimait ce travail. Puis c’était le déjeuner; que de bonnes crêpes au sirop d’érable elle a préparées... Ses journées étaient toujours bien remplies. Selon les saisons, c’était les confitures, les mises en conserve de toutes sortes. De plus, Exilda, excellente couturière, fabriquait robes, costumes, manteaux. L’hiver, à la chaleur du poêle à bois, elle adorait coudre des courtepointes, l’un de ses passe-temps favoris.

Exilda aimait beaucoup parler des siens. Elle décrivait St-Georges, son village natal, avec beaucoup d’émotion. Quelle joie pour elle lorsqu’elle se préparait à rendre visite à ses parents, frères et sœurs du Manitoba. Pour reprendre ses propres mots, elle disait qu’elle allait se « promener ». Elle ira se « promener » cinq fois. Quelle joie également quand la visite du Manitoba s’annonçait et arrivait à Ste-Martine. C’était la fête à la maison.

La mort foudroyante de son fils Philippe survenue en 1962 et celle de Georges en 1970 a été pour Exilda une très dure épreuve à vivre. Et à peine trois mois après le décès de Georges, soit le 2 février 1971, elle subissait une autre grande perte, le départ de son cher Albert après 50 ans de vie commune.

Exilda était la mère idéale; on l’eut choisie, on n’aurait pas eu mieux. Joviale, souriante, douce, charitable, sans un mot elle savait comprendre, on ne pouvait que l’aimer. Elle s’éteignit tout doucement le 17 février 1975, tout aussi dignement que fut menée sa vie.

Cependant, cette dame, cause de notre sincère admiration, ne peut que nous servir de précieux modèle dans la poursuite du chemin qu’elle a su tracer pour nous, nous ses 9 enfants, ses 45 petits-enfants, ses 77 arrière-petits-enfants et ses 2 arrière-arrière-petits-enfants.
__________________________
Sainte-Martine, le 21 juillet 2003




ALBERT HÉBERT…   SA VIE…   SA FAMILLE…
Né le 11 juin 1892 à Sainte-Martine 
Le deuxième d’une famille de sept enfants. L’aîné des garçons
Son père :  HONORÉ HÉBERT,  cultivateur. Fils de Salomon Hébert et de Louise Patenaude
Sa mère :   MARTINE BRAULT, institutrice. Fille de François Brault et de Marie-Anne Chèvrefils

Albert se marie le 23 août 1920 avec Exilda Chèvrefils, fille de Zotique Chèvrefils et de Cordélia Vincent.

Dix enfants naissent de cette union :  Georges, Lucien, Thérèse, Philippe, Marie-Rose, Claire, Yolande, Oscar (a vécu 2 jours), Lucienne et Roch.

Albert est né à Sainte-Martine à la maison paternelle sur le côté nord de la rivière Châteauguay à environ 2½ milles du village. La ferme où Albert est né appartenait jadis à la famille Brault.

Honoré Hébert et Martine Brault ont eu sept enfants :  Bernadette, Albert, Télesphore, Clara, Alma (décédée à 6 mois), Edmour et Alphonse.
Albert, son enfance
Nous ne connaissons pas beaucoup de choses sur son enfance. Il n’y avait pas d’école dans le rang à cette époque. Les enfants devaient se rendre à l’école du village. Albert a dû faire comme les autres et faire son primaire.

A l’âge de 18 ans, il a subi un accident à la ferme. Son cheval était attelé au tombereau qu’il conduisait. A un moment donné le cheval a pris l’épouvante. Grâce à la vigilance de sa sœur Bernadette qui cueillait des fraises pas très loin, et du voisin, Omer Dagenais, Albert s’en est sorti assez bien. Il a tout de même perdu la vue d’un œil.
Aspect physique et tempérament
Albert, homme peu loquace et à allure un peu sévère, mesurait environ 5 pieds et 9 pouces. Mince, il devait peser environ 160 livres. Il se faisait craindre de ses enfants par sa façon de parler lorsqu’il voulait se faire écouter ou n’était pas de bonne humeur (il parlait fort et sec).

Il avait le souci de bien éduquer ses enfants. Il leur apprenait à être poli, à dire merci, à s’exprimer correctement, à bien se tenir à table.

Homme à tout faire, c’est lui qui coupait les cheveux de ses  enfants. De plus, le métier de cordonnier ne lui faisait pas peur, ressemeler une paire de souliers était chose courante ou encore recoudre des bottes ou toutes autres choses :  tresser un fonds de chaise avec de la corde, réparer les attelages des chevaux.
La maison
La maison originale était faite en pignon. Durant les années ’20, Albert a changé l’allure de sa maison en construisant un toit carré et en  ajoutant une cuisine d’été. L’intérieur du haut de la maison sera divisé en chambres quelques années plus tard. L’extérieur de la maison était fini en « papier brique brun ». Aujourd’hui la maison n’est plus, elle a été démolie par les nouveaux propriétaires de la ferme.
Le chauffage
Albert a chauffé sa maison au bois pendant de nombreuses années. La coupe du bois se faisait l’hiver pour l’année suivante pour donner le temps au bois de sécher au cours de l’été, de le scier et de le corder dans la remise. Il avait acheté une terre à bois à St-Urbain à cet effet. Le bois de St-Urbain a également servi pour la construction des maisons de Georges, Lucien et Philippe.
L’éclairage
Albert et Exilda se sont éclairés à la lampe à l’huile sur la table pendant plusieurs années. Ils ont eu l’électricité au début des années ’40 et ce n’est qu’en 1950 qu’ils ont pu avoir l’usage du téléphone.
L’eau
Pouvons-nous imaginer une maisonnée remplie d’enfants sans « eau courante », nous étions neuf. Il y avait bien le puits artésien dans l’étable pour faire boire les animaux, mais l’eau ne se rendait pas à la maison.

L’eau de la rivière n’était pas potable, il n’était pas question d’en boire ou de l’utiliser pour la cuisson des aliments. L’eau du puits artésien était très sulfureuse. Nous étions habitués à en boire, mais quelques-uns ne l’aimaient pas du tout, disant qu’elle sentait les œufs pourris.

Alors, pour subvenir aux besoins de la maison, il fallait « charrier » l’eau à la chaudière, de l’étable ou de la rivière. Ou encore, ramasser l’eau de pluie l’été dans un grand baril, nous appelions cette eau, « l’eau de dalle ».

Et que dire de la journée du lavage. Quelle corvée :  Aller chercher l’eau, la faire chauffer dans le « boiler » sur le poêle à bois, remplir la « machine à laver » à la chaudière, brasser le linge « à bras », faire le rinçage et enfin tordre le linge. Toutes ces opérations étant faites à la main, cela prenait la journée.

Et l’hiver, lorsque la rivière était gelée, Albert faisait un trou dans la glace pour pouvoir cueillir son eau.

En plus de ne pas avoir « l’eau courante » comme on disait, nous n’avions pas les « toilettes ». Durant la saison estivale, il y avait bien les « bécosses » dehors, mais l’hiver c’était autre chose….
Les chemins
Les routes n’étaient pas asphaltées, c’était des chemins de « gravelle » et l’été, nous « mangions de la poussière ». C’est une expression que l’on utilisait lorsqu’une automobile passait et qui soulevait la poussière.

Et l’hiver, avec la neige qui s’accumulait, les routes étaient tout simplement fermées. Nous avions la rivière qui était gelée pour nous dépanner. Nous descendions chez le voisin, Alphonse Dagenais, pour arriver sur la rivière pour ensuite remonter de l’autre côté chez Emery Bergevin. C’est ainsi que, pendant l’hiver, Albert allait porter son lait, dans des bidons, avec sa « boîte carrée » tirée par son cheval de l’autre côté de la rivière.

Ce n’est qu’au printemps, à la fonte des neiges, que le chemin était ouvert à la circulation.

LA VIE SUR LA FERME

Ferme de M. Albert
                      Hébert à Ste-Martine QC ~ 1947

Albert a cultivé la terre toute sa vie, terre qu’il a achetée de sa mère lors de son mariage.

Superficie de la ferme :  une centaine d’arpents  et une érablière

La vie à la ferme n’était pas chose facile dans les années ’20 et ’30. Les chevaux étaient d’une importance capitale. Que de travaux ardus.
Les vaches
Albert a toujours fait de l’industrie laitière. C’était le revenu principal. Bien épaulé par son épouse Exilda, son troupeau se composait d’environ 30 vaches, traitent à la main, matin et soir. Albert vendait son lait à la laiterie Poupart à Montréal. Bien entendu, avec les années qui se sont écoulées, Albert a suivi le progrès de la technologie; ce fut l’achat de tracteurs, de trayeuses pour les vaches et bien d’autres machineries.
Les labours
Avant l’arrivée du tracteur, les labours étaient faits à la petite charrue tirée par un cheval ou deux et guidée, en marchant, en arrière. Cela veut dire que labourer un champ de quelques arpents demandait du temps et beaucoup d’effort.
La récolte du foin
Le foin, coupé à la faucille ou à la faucheuse, était râtelé, mis en « vailloche », chargé dans la « wagin », ramené du champ puis déchargé dans la grange à l’aide de la grande fourche. Georges, Lucien et Philippe ont appris très jeunes à aller au champ pour travailler avec leur père. De plus, Exilda allait elle aussi aider au champ. C’est Thérèse qui restait à la maison pour garder les plus jeunes et préparer les repas.
L’avoine
Ensemencée puis récoltée. C’était un travail colossal qui se faisait en « bis », comme on disait dans le temps. Ce sont les frères d’Albert, Edmour et Alphonse, accompagnés de leurs fils, qui venaient aider pour battre le grain. Ces journées-là, Exilda et Thérèse s’affairaient à préparer le dîner à tous ces hommes.
Le maïs (blé d’inde)
Albert cultivait deux sortes de blé d’inde :  le blé d’inde pour la consommation vendu à la conserverie et le blé d’inde à vache qu’on ensilait en septembre. Encore là, c’était un travail fait en collaboration avec Edmour et Alphonse. Evidemment, Albert et ses fils rendaient la pareille à ses frères. C’était « remettre du temps »..
L’érablière
Ceci représentait beaucoup de travail puisque tout était artisanal. C’était l’entaillement des érables à l’aide du vilebrequin pour y insérer le chalumeau, le tonneau tiré par le cheval qu’on appelait « Tom », cheval qu’Albert affectionnait parce qu’il « tirait égal », comme il disait. Il arrivait qu’Albert passe des nuits à la cabane à sucre pour faire bouillir l’eau recueillie. Le sirop servait uniquement pour la consommation de la famille.

C’était une occasion pour rencontrer la famille, oncles, tantes, cousins, cousines, parce que tous aimaient lécher la palette et y manger la tire d’érable, des « tocs ».
La glace
Un autre travail digne de mention est la coupe de la glace l’hiver sur la rivière. Cette glace, coupée en morceaux de 1 pied par 3, était remisée dans du brin de scie et utilisée l’été pour conserver le lait au frais dans un bassin d’eau. Ce travail était effectué en « bis » avec Edmour et Alphonse.
Les « p’tites fèves »
Albert tenait beaucoup à son champ de « p’tites fèves », environ un arpent. Cela occupait les filles durant les vacances d’été. C’est dire qu’à partir du milieu de juillet jusqu’à la rentrée des classes, les filles (quelques fois les garçons) s’affairaient à  cueillir les fèves qu’Albert allait vendre à la conserverie.
Le lin
Durant les années de la guerre ’39-45 et quelques années après, il y a bien eu la culture du lin. Le lin a été très populaire à cette époque, il servait à la fabrication de parachutes. Albert a même acheté une arracheuse à lin qu’il a payée 800 $. Ses garçons allaient à l’extérieur pour y arracher du lin. Une coopérative a alors été mise sur pied et une manufacture a été bâtie où l’on transformait le lin. Ses fils y travaillèrent quelques années l’hiver.
Le jardin
Près de la maison, le jardin :  grand carré de fraisiers, grand carré de patates puis des tomates, des carottes, betteraves, etc. Au centre, une longue allée de groseilliers.   Près du jardin, un verger de pommiers de toutes sortes.
Les poules
Albert élevait des poules. Cela le fournissait en œufs, et cela lui permettait, à l’occasion, de manger les poules non productrices.
Les veaux
Albert aimait élever des  veaux  L’été, il fallait les entendre ces veaux criés, affamés et reconnaître Albert lorsqu’il les appelait pour les faire boire.

Pendant plusieurs années (les années ’40), Albert a loué une terre de l’autre côté de la rivière, terre d’une superficie de 180 arpents. On y récoltait surtout du foin. C’était durant la guerre. Ses deux garçons Georges et Lucien avaient l’âge pour faire du service militaire. En ayant plus grand de terre à cultiver, ils étaient exemptés. C’est une des principales raisons de la location de cette terre.

Pratique religieuse
La pratique de la religion était primordiale. On ne manquait pas la messe du dimanche. Il n’y avait pas de place pour toute la famille dans la voiture. Les garçons se rendaient à l’église, soit à bicyclette, soit à pied. Quant aux filles, elles se partageaient leur tour.

Durant le carême, c’était la récitation du chapelet après le souper. Il faut croire que Philippe, et peut-être bien les autres aussi, n’appréciait pas cette obligation de se mettre à genoux puisqu’un soir, il cacha le chapelet. Albert fit alors son enquête et découvrit le fautif. Philippe eut droit à une sévère remontrance en ayant une bonne fessée.
L’école
Tous les enfants ont fréquenté l’école No 6 de l’autre côté de la rivière (en face de la maison d’Alphonse). On y étudiait jusqu’à la 7e année. Seulement Lucien, Marie-Rose, Claire, Yolande et Lucienne ont pris le chemin du village pour continuer leurs études. Tous les jours, matin et soir, il fallait traverser la rivière, beau temps, mauvais temps. L’automne, pendant le gel de la rivière et au printemps, lors du dégel, nous manquions l’école.
Loisirs
Avec tout le travail qu’il y avait à faire, il y avait peu de place pour les loisirs. Albert aimait lire, il ne manquait pas de lire son journal « La Presse » quotidiennement. Il aimait jouer avec ses enfants. Ex. : jouer à cache-cache dans la maison, il aimait également les taquiner. Combien de fois a-t-il « mangé les oreilles » de ses enfants ou de ses petits-enfants. Parfois, il nous faisait la surprise de réciter des poèmes qu’il avait appris par cœur dans son jeune âge.

Les principales sorties d’Albert et Exilda se limitaient aux visites chez ses frères Alphonse et Edmour qui demeuraient tous deux dans le même rang, chez Télesphore qui demeurait à Howick dans le rang du 3 et chez quelques amis au village.

Le seul voyage digne de mention qu’Albert a eu le loisir de faire, c’est en 1943 alors qu’Exilda partait pour le Manitoba rendre visite à ses parents. Il se décida la veille du départ d’Exilda. Ils partirent le lendemain matin par train pour trois semaines. Georges avait alors 22 ans et Thérèse, 18 ans. Ils étaient tous deux responsables de la maisonnée.
Oncle Hermini Quesnel et tante Rhodéanne Chèvrefils
Nous nous devons de parler de l’oncle Hermini et de tante Rhodéanne puisqu’ils ont joué un rôle important dans la vie d’Albert et d’Exilda. Exilda n’avait quasiment pas de parenté immédiate au Québec. Nous pouvions compter sa sœur Blanche (épouse d’Alphonse)  et ses deux tantes : Rhodéanne et Virginie Chèvrefils (sœurs de Zotique). Elles n’avaient pas d’enfants et avaient bien le temps de s’occuper de leurs deux nièces. C’est surtout Rhodéanne et Hermini qu’Albert et Exilda visitaient régulièrement après la grand-messe du dimanche. Au début des années ’40, le couple Quesnel est venu habiter chez Albert et Exilda. Ils les ont gardés pendant quelques années jusqu’à leur décès. Ce fut une période difficile, non seulement pour Albert et Exilda, mais aussi pour toute la famille.
Noël et Jour de l’An
A l’époque des années ’30 et début des années ’40, nous nous rendions à l’église pour la Messe de Minuit en « boîte carrée », comme on disait, tous enveloppés dans des « couvertes de poil » avec bûches de bois chaudes aux pieds.

Il fallait partir très tôt, au début de la soirée, parce qu’il fallait aller à la confesse. Dans le temps, nous n’assistions pas à la Messe de Minuit sans avoir, au préalable, passé au confessionnal.

Le jour de Noël même était bien tranquille. Les cadeaux se donnaient au Jour de l’An. Durant la nuit précédant le Jour de l’An, Exilda préparait les « cadeaux ». Pour quelques années, ce fut tout simplement des bonbons déposés dans un mouchoir dans une assiette. Au lever, Albert donnait la bénédiction paternelle à ses enfants.

Pour le dîner du Jour de l’An, Albert et Exilda recevaient les familles d’Alphonse, d’Edmour, de Bernadette et quelques fois de Télesphore. Pour le souper, nous nous rendions tous chez Alphonse.

Vers le début des années ’50, après les mariages de la plupart des enfants d’Albert, le Jour de l’an a changé de tournure. Ce sont alors les petits-enfants qui prirent place et qui remplissaient la maisonnée.
Vie sociale
Albert a été conseiller municipal de Sainte-Martine dans les années ’34 et ’36, juste avant la fondation de la municipalité de St-Paul de Châteauguay. Cette dernière est née en 1937 suite à un différend entre les résidents du village et les résidents de la campagne.
Automobile
Albert acheta sa première automobile en 1945. C’était une « Auburn ». Il n’a toutefois jamais appris à conduire, soit une auto, soit un tracteur. Ce sont ses fils qui se sont toujours chargés de cette tâche, tâche dont ils ne se plaignaient pas d’ailleurs.

Le 11 février 1962, Albert a vécu un deuil bien pénible : le décès foudroyant de son fils Philippe. Un autre deuil, aussi pénible, viendra assombrir ses jours, celui de son fils aîné Georges le 17 novembre 1970.

En juin 1970, Albert cède sa terre à son fils Roch et déménage au village chez sa fille Thérèse. Il n’y restera que quelques mois puisqu’il meurt d’un infarctus le 2 février 1971 à l’âge de 78 ans.

Fait à Sainte-Martine, le 5 août 2003 par Yolande Hébert


 
Recherche, textes et photos soumis par Yolande Hébert Brault, de Sainte-Martine
 
Mise à jour le 18 juillet 2003 par Marie-France Huard
Mise à jour le 18 septembre 2016 par Yolande Hébert Brault, de Sainte-Martine
Mise à jour le 4 décembre 2016 par Sylvie Barrette

Mise à jour le 2 juin 2020 par Paul Meilleur, de Sainte-Adèle
Mise à jour le 30 août 2020 par Diane Primeau


Retour à la Généalogie des CHÈVREFILS
Retour à la Généalogie des HÉBERT
Retour à la Généalogie des VINCENT


paul.meilleur@yahoo.com