DIEUX GAULOIS:

Il est très difficile de se faire une idée précise sur la religion des Ségusiaves et des Celtes en général, car l'écriture à des fins théologiques était fortement prohibée. Néanmoins, on peut dégager certaines grandes lignes et quelques particularismes en recoupant plusieurs indices fragmentaires.

Pendant plus d'un millénaire, la religion à très certainement connu une évolution voire même quelques mutations majeures. Les dieux gaulois, originellement non figuratifs, ont peu à peu été associés à certains arbres de la forêt. Dans les régions plus au nord, le zoomorphisme a remplacé les arbres. Avec l'époque gallo-romaine, les dieux ont été personnifiés et leurs noms celtiques remplacés par des similitudes latines.

De tradition hénothéiste comme la grande majorité des Indo-européens, les dieux gaulois Taranis, Ésus et Teutate formaient la triade principale, l'équivalent de Brahma, Vishnu et Çiva du trimurti hindou.
- Taranis (Brahma) le créateur ou dieu le père
- Ésus (Vishnu) le dieu descendu sur terre ou le dieu des vicissitudes de la vie
- Teutate (Çiva) l'esprit saint ou le dieu de la mort et de la survivance de l'âme

Les auteurs classiques ont vainement essayé de faire un parallèle entre les dieux gaulois et la mythologie gréco-romaine. Malheureusement, cette dernière se prête mal à des comparaisons car les croyances helléniques ont été largement influencées par le polythéisme des civilisations sémitiques.

Dieux chez les Ségusiaves:

Contrairement à une majorité de Celtes, les Ségusiaves ne vénéraient apparemment qu'un seul dieu, Lug, issu de leurs prédécesseurs Ligures et associé a une divinité locale Segeta.

Les Ligures, avant l'arrivée des Celtes, ont remonté le Danube et son affluent la Save. Ils se sont installés dans la plaine du Pô en Italie du nord et dans les vallées de l'Aar et de la Saône Arar de chaque côté du Jura. Ils ont ensuite colonisé le Rhône et la Loire. Les Ligures, souvent appelés Ligiens, ont donné leur nom à la Loire Liger et dédié à leur dieu Lug la principale cité bâtie sur ce même fleuve, Lugdunum , à l'emplacement actuel de Roanne!
Dans l'estuaire de la Loire en bordure de l'Atlantique, l'influence des Ligures sur leurs successeurs gaulois a contribué à la popularité du dieu Lug Lugus chez les Vénètes et sur les côtes d'Armorique. Avec le commerce de l'étain, Lug a gagné la Cornouaille puis s'est affirmé au Pays de Gales. Lleu en gallois désigne indifféremment le dieu Lug ou le Zeus des Grecs. L'Irlande n'ayant pas été romanisée, le culte de Lug Lugh s'est perpétué jusque dans le haut moyen âge. Les Celtes irlandais personnifiaient Lug sous la forme d'un vieillard (chêne séculaire) tri-cornu aux pieds bots (taureau tricorne) s'aidant d'une canne. Un oiseau l'accompagnait (grue, corbeau ou corneille noire) symbolisant la divinité avec laquelle il partageait son existence. Des historiens ont vu à tort, dans le bâton sur lequel s'appuyait Lug, la massue d'Héraclès ou d'Hercule, ou encore le bâton de commandement de Mars.

Les Ségusiaves, ces Gaulois qui ont occupé une partie du cours supérieur de la Loire, ont pris pour capitale la cité du dieu Lug (Lugdunum sur la Loire) et ont fait de Lug leur dieu unique. La principale fête du calendrier gaulois (Lugnasade) consacré au dieu Lug, laisse penser que les Celtes agricoles ont emprunté le calendrier de leurs prédécesseurs les Ligures qui furent sans doute les premiers agriculteurs d'Europe occidentale. Il est surprenant de constater que la plus importante fête du calendrier gaulois soit consacrée à Lug, un dieu qui semble inconnu d'une majorité de tribus gauloises, ces dernières vouant généralement un culte à la triade celtique Taranis, Ésus et Teutate, des dieux essentiellement sanguinaires ou encore Bellenos (bélier) et Cernunos (cerf) des dieux plus nordiques. Néanmoins, les gaulois ont associé à Lug, le chêne, le plus majestueux des arbres de la forêt. Maxime de Tyr ( IIe siècle ) affirmait que le chêne était la représentation celtique de Zeus.

Les Grecs n'avaient pas de préjugés défavorables envers les cultes étrangers. Hors de chez eux, ils trouvaient tout naturel d'honorer les dieux indigènes locaux, en qui ils reconnaissaient leurs dieux sous un nom différent.

Le chêne est la matière de base des deux plus grandes inventions celtes: le tonneau et le char à quatre roues avec essieu directionnel.

Les auteurs romains se contredisaient en associant Lug à Mercure, Apollon ou Jupiter. Une certaine confusion a sans doute existé entre Gaulois et Belges pour Lug (Lugus ) et Ésus (Hesus)

À l'époque gallo-romaine, les gaulois vénéraient Lug sous les traits du dieu romain Silvanus, le dieu des bois, protecteurs des bûcherons, scieurs de long, charpentiers, tonneliers et sculpteurs sur bois. Sa ferveur populaire était telle que les premiers chrétiens, ne pouvant s'en débarrasser, l'ont canonisé en la personne de Saint Sylvain  (de Levroux)

La très grande dévotion des Ségusiaves pour Lug (chêne) personnifié en Silvain ont amené les Burgondes à rebaptiser une partie de la Ségusie sous le nom de Sylve ou plus exactement de Forum. Pour les peuples germaniques, sylve était synonyme de forum (tribunal), car leur tradition était de rendre la justice en forêt sous un grand chêne. 

Vierges noires:

La divinité Segeta à certainement été la parèdre de Lug.
L’ancien pèlerinage à Notre-Dame-du-Chêne (Urbise) est sans aucun doute une réminiscence au début du christianisme de cette divinité associée au chêne (Lug).
La grande station d'Aquae Segetae dans l'agglomération stéphanoise lui était dédiée et l'ancienne grotte de Cotatay à Feugerolles lui servait probablement de sanctuaire. Connue en Belgique sous le nom de Séquana, cette dernière avait aussi son lieu de divination, une grotte formée par une résurgence appelée source de la Seine.
Symbolisée par une ou trois grues, corbeaux ou corneilles noires, Segeta a été idolâtré à l'époque gallo-romaine sous la forme d'une statuette féminine à bec d'oiseau taillée dans un bloc d'anthracite, sorte de pierre magique d'un noir brillant contenant parfois des empreintes de végétaux et pouvant se consumer sans flamme ni fumée. Malgré de multiples tentatives d'éradication par l'arrivée du christianisme, ces idoles ont survécu dans le haut moyen âge sous la forme de statues noircies en bois sculpté. La vierge noire du Puy en Velais est sans doute la plus célèbre. En Ségusie, formée aujourd'hui par les départements du Rhône et de la Loire, plusieurs vierges noires sont encore vénérées comme à Baffie près de Saint-Germain Laval ou encore Noirétable et Notre-Dame-sous-Terre. Juste pour la Loire, il faudrait encore citer probablement Bonson, Charlieu, la Cula, l'Ermitage, Lay, Notre-Dame du Pilier, Saint-Genest-Lerpt, Saint-Jean-Soleymieux, la Salette, Valfleury, Vernay...


suite: une spécialité très forézienne.
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