Terreur au Dersim : mines antipersonnelles
Sinan
Yerlikaya - Librairie Scrupule 2005
La Turquie et les mines
antipersonnelles :
à quand le déminage des terres d’Anatolie orientale ?
Le désir de retour des habitants dans leurs villages du Dersim
continue à être empêché par l’Etat autoritaire turc, malgré les
discours officiels constants à propos des droits de l’homme, du
droit des minorités, etc. Si le déminage n’avance pas, les violences
militaires perdurent (sous n’importe quelles conditions climatiques…)
et demeurent la seule manière d’administrer le pays.
Plus largement, le minage des terres est un des aspects de la guerre
ouverte depuis une vingtaine d’années contre le Dersim, introduit
par les incendies de forêts, la destruction de villages, la
construction de barrages hydrauliques, les massacres de populations...
Cette politique de terreur vise à déplacer les populations, à
supprimer un peuple et sa culture et à permettre de turquiser la
totalité de l’Anatolie, ainsi que la militarisation (déjà en cours)
du pays de Dersim.
Aujourd’hui, les paysans attendent notamment le déminage des terres
puisque particulièrement beaucoup d’enfants et d’animaux, … ont été
et sont les victimes de ces engins de mort.
Voici une brève évocation de la situation actuelle au travers d’un
questionnement présenté au parlement turc par un député de
Dersim-Tunceli et le réponse partielle, évasive et également
mensongère du ministre de l’Intérieur, que nous avons traduits en
français. D'autres témoignages des événements en cours seront
transmis au fur et à mesure de nos informations et de nos
traductions. Nous recevons volontiers des renseignements précis à ce
sujet, et nous vous remercions de l'attention que vous portez à ces
questions.
Librairie-Bibliothèque Scrupule, Montpellier, 25 novembre 2005.
Mai 2005, Ankara, extrait du journal ‘’Evrensel’’
Le député de Tunceli Sinan Yerlikaya a demandé par voie
parlementaire auprès du Ministre de l’Intérieur de Turquie les
conditions de retour aux villages des anciens habitants et de la
réhabilitation progressive des villages. « Pour que les retours aux
villages s’accélèrent il faut déminer les villages : où en sont ces
questions ? », demande-t-il.
Réponse du ministre Abdülkadir Aksu :
« Les conditions de climat ne sont pas favorables pour déminer ; dès
que possible, le travail de recherche de mines reprendra. En 2004 le
déminage a été conséquent, mais 2005 ne l’a pas permis. Aux environs
de Tunceli, 183 villages et 718 hameaux ont été abandonnés par leurs
habitants ; 47 villages ne possèdent plus leur statut officiel ; en
2002 un village a de nouveau été reconnu sur les 48 qui ont été
destitué le 30 décembre 1993 ; pour ce qui nous concerne nous avons
reçu 476 demandes de retour aux villages, pour la Cour européenne
des droits de l’homme cela concerne 672 dossiers, mais au total 1500
dossiers environ seraient bloqués. Actuellement 71 villages sont de
nouveaux habités, soit 1137 maisons et 3676 personnes, de nouvelles
maisons ont été et seront construites encore », se défend le
ministre Abdülkadir Aksu.