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DERSİM 38`DEN DOLAYI TC DEVLETİNDEN DAVACIYIZ

 

 

 

 

Cet article a été repris  dans le livre "Les Arméniens dans l'Empire ottoman à la veille du génocide" écrit par Raymond H. Kévorkian et Paul B. Paboudjian publié par les Editions d'Arts et d'Histoire- ARHIS, en 1992 à Paris.
   SANDJAK DU DERSIM

Le sandjak du Dersim est un cas tout à fait particulier dans l'histoire millénaire de l'Asie Mineure. En effet, cet îlot montagneux couvert de forêts est presque toujours resté en marge de  l'histoire, avec ses populations repliées sur elles-mêmes, aux particularismes venant du plus profond des âges. Divisée, comme nous l'avons dit, en plusieurs principautés arméniennes de l'Antiquité, la région ne fut jamais totalement arménisée, bien que le nombre impressionnant d'églises (107) et de monastères (50) ruinés témoigne de la christianisation avancée qu'elle connut à certaines époques. Enclavée et rebelle à toute interférence extérieure, elle ne fut jamais soumise au pouvoir ottoman, qui n'en tirait aucun impôt et ne réussit pas à y imposer son administration. A cet égard, il est significatif de constater qu'aucun recensement sérieux n'y fut pratiqué et que plus souvent on ignorait jusqu'aux noms même des villages qui s'y trouvaient. Ce n'est qu'en 1937 à l'époque kémaliste, que la résistance des montagnards du Dersim fut brisée et que l'armée turque y pénétra. Réputée dangereuse pour quiconque lui était étranger, la région ne fut quasiment
visitée par les voyageurs occidentaux et même les missionnaires ne s'y aventurèrent pas. Seuls quelques négociants arméniens et quelques prélats courageux s'y risquèrent, sous la protection des bègs locaux. Grâce à ces quelques témoignages, il est possible de dépeindre approximativement la situation sociale et politique qui y prévalait avant la Première Guerre mondiale. Il est acquis qu'à cette époque, outre les 16 657 Arméniens apostoliques recensés par le Patriarcat de Constantinople, deux autres groupes ethniques y vivaient: au sud et au sud-est, les Seyid-Hassans qui seraient venus s'y établir à une date indéterminée en provenance du Khorassan persan; dans le reste du sandjak, dans les régions les plus inaccessibles, les «Dersimtsi» ou «naturels du pays" que certains considèrent comme des proto-arméniens, parlant un dialecte fait d'un mélange d' arménien et de kurde. Bien qu'en partie turquisée dans son mode de vie, l'écrasante majorité de ces deux groupes - notamment les Dersimtsi - avait, sous diverses influences, élaboré un syncrétisme religieux très particulier, dans lequel plusieurs strates païennes, zoroastriennes, chrétiennes musulmanes cohabitaient. Absolument hermétiques à ces croyances, les sunnites de la région et le pouvoir ottoman observèrent toujours avec la plus grande méfiance et un mépris certain ces pratiques religieuses secrètes, dont les adeptes kyzilbachs (ou «têtes rouges», par référence aux tribus turcomanes de Perse, dont les hommes portaient un bonnet rouge) étaient et sont encore qualifies de giaour («infidèles») au même titre que les chrétiens. Il y avait en effet de quoi troubler un musulman orthodoxe dans les seules apparences ou manifestations extérieures de la foi des kyzilbachs. Parallèlement au culte de Saint-Serge, précédé chaque année de sept jours de jeûne, encore de celui des Douze Apôtres, de la Sainte Croix, du Haké Soun (la fête des "oeufs rouges" c'est-à-dire Pâques, qu'ils fêtaient en commun avec les Arméniens chrétiens), les adeptes de cet ésotérisme priaient en se tournant vers l'est, signaient la pâte sortie du pétrin, fréquentaient assidument les monastères arméniens à l'occasion des pèlerinages et les protégeaient vigoureusement contre toute incursion extérieure, comme s'il s'agissait de leur propre patrimoine. Ils n'en fêtaient pas moins Ali, Husseïn et Moïse, mais ignoraient complètement le Ramadan, tout en respectant un rituel spécifique, accompli de nuit et dans le secret des maisons, fait, nous disent les mieux informés, de chants et de danses , selon une codification élaborée, dont une caste de religieux,tous issus de la même tribu, veillait au respect (10).

Parmi ces tribus, celles des Mirakian et des Der-Ovantsik' étaient arméniennes. La première dont les territoires étaient situés vers Doujig, Tchoukour, Ekez/Hakez et Toroud, était capable d'aligner 3 000 combattants, réputés et respectés pour leur courage par les autres tribus. On sait du reste que ces hommes s'opposèrent régulièrement aux armées ottomanes et réussirent à plusieurs reprises à leur interdire l'accès du Dersim. Vivant essentiellement de l'élevage de moutons et de confection de tapis et de kilims, ces gens finirent par se disperser vers le sud en 1890 et furent en partie liquidés en 1915, tandis qu'une minorité d'entre eux parvenait à gagner Ies hauteurs du Dersim. «Montagne-refuge» par excellence, le Dersim tribal et semi-nomade s'imposa aux sédentaires  de vieille souche, comme les Mirakian, qui s'adaptèrent au nouveau contexte local en adoptant le mode de vie de leurs voisins pour mieux résister à leur pression, phénomène de régression d'une société sédentaire vers le nomadisme que l'on retrouve ailleurs, notamment dans le Mok's et le Chadakh.

Parmi les sanctuaires les plus fréquentés par les gens du Dersim - toutes confessions confondues - on peut citer le monastère Saint-Serge, à l'ouest de Kyzil-Kilissé, et celui de Saint Garabèd de Doujig, à une demi-heure d'Halvori/Alévori, qui restait le seul couvent en activité de la région. Une vaste famille y vivait, dont le chef était en même temps le supérieur du sanctuaire, la succession «héréditaire» se faisant d'oncle à neveu. Archevêché jusqu'en 1860, Saint-Garabèd perdit progressivement de son lustre, après plusieurs attaques qui contribuèrent à accélérer sa dégradation. Le monastère Rouge de Yergayn, fondé au IXe siècle, était également un des hauts lieux de pèlerinage du Dersim et bénéficiait de la protection de bègs kyzilbachs (11).


- Caza de Khozat

Malgré ses dimensions considérables, le caza de Khozat était, en 1915, l'un des districts les moins peuplés du sandjak de Dersim. On y dénombrait alors 2 299 Arméniens, principalement établis dans treize localités et entretenant dix-huit églises, onze monastères et cinq écoles fréquentées par 180 élèves. Néanmoins, les innombrables ruines de villages, de places fortes, d'édifices religieux (20) encore visibles à l'époque, laissent deviner ce que fut le niveau économique et culturel de cette région, qui semble avoir été comme brisée dans son évolution par la pénétration nomade.

Le chef-lieu du sandjak, Khozat (1), ne se développa que tardivement, à la fin du XIe siècle, à partir d'un minuscule hameau. En 1914, on y comptait 350 Arméniens (60 maisons), 360 sunnites et 250 kyzilbachs. Les nationaux y entretenaient l'église du Saint-Sauveur et deux établissements scolaires (70 élèves), et y pratiquaient l'artisanat ou le travail de la terre, tandis que leurs voisins étaient éleveurs.
Les autres villages habités par des Arméniens étaient les suivants:

- Endjeghag/Endjeghga/In (2), 240 nationnaux (40 familles), 200 sunnites et 26 kyzilbachs, église Saint-Minas, une école (30 él.);

- Yergayn/Ergan (3), 30 nationaux et 70 kyzilbachs, église Saint-Harout'ioun/Résurrection et monastère Rouge;

- Aghzounig/Arsunik (4), 65 nationaux (115 familles) et 65 kyzilbachs, église Saint-Serge;

- Havchak'ar (5), 260 Arméniens (40 maissons), églises Saint-Georges et Saint-Serge, une école (30 él.);

- P'éyig (6), 35 nationaux et 52 kyzilbaachs. , une église et un monastère en ruine; - Siguédig (7), 66 nationaux (10 maisons) et 65 kyzilbachs, église Saint-Georges; - Sorp'ian/Sulpiyan (8), 130 nationaux (20 maisons) et 62 kyzilbachs, église Saint-Georges et six monastères;

- Zembègh/Geulbahar (9), 81 nationaux (110 maisons) et 92 kyzilbachs, églises Saint-Georges et Saint-Minas;

- Tachdag/Téchtèg (10), 135 nationaux ett 62 kyzilbachs, église Saint-T'oros et monastère SaintThomas;

- Sin (11), 55 nationaux (10 maisons) ett 200 kyzilbachs, église Saint-Georges;

- Halvori/Alévori (12), 32 nationaux (5 maisons) et 48 kyzilbachs, église Notre-Dame; - Halvorivank' (13), 78 nationaux (15 maisons), monastère Saint-Garabèd;

- Haght'oug (13 bis), 297 Arméniens (48 foyers), églises Saint-Minas et des Trois-(Enfants)Martyrs;

- Akrag/Ekrèk (13 ter), 42 Arméniens (7 foyers), église Saint-Jacques et monastère Rouge;

- Dekké/Tékia (13 quater), 42 Arméniens,, églises Saint-T'oros et Notre-Dame de Bétrétil/Beyrét'il (à l'est du village). Les trois derniers villages bien que situés à l'est du caza de Khozat, étaient rattachés au diocèse de Tchemchgadzag, dont ils étaient géographiquement plus proches 12.

- Caza de Kyzil-Kilissé/Nazimiyé

Situé dans l'extrême nord-est du sandjak de Dersim, le caza de Kyzil-Kilissé comptait officiellement, en 1915, 89 Arméniens, établis dans le chef-lieu. Kyzil-Kilissé/Haïdari (14), dont le nom d'«Eglise Rouge» ou «Monastère Rouge» évoque déjà l'origine. A l'époque moderne, il prit quelque importance lorsqu'une garnison ottomane y fut installée. La construction d'un bazar, de la caserne et de bains, intégrant les matériaux empruntés aux innombrables ruines d'églises et de monastères arméniens du district, contribua aussi à imposer le nom de «Monastère Rouge» pour désigner l'ensemble du caza, dont l'essentiel des activités tournait autour de l'élevage de moutons. Parmi les monuments abandonnés, mais encore debout en 1914, on peut noter les églises de To-ghanès, Titnik, Chidan, et les cathédrales Saint-Georges de Géolsourak- et Saint-Serge de Zivé(13).

- Caza de Medzguerdl Mazguerd/Mazgirt

Localisé dans la partie est du sandjak, le caza de Medzguerd était dans l'Antiquité et au haut Moyen Age partie intégrante de la principauté arménienne de Palahovid, dont l'une des deux places fortes était à l'emplacement de l'actuelle Medzguerd (15), ou Mazgirt, le chef-lieu du caza. Entourée de forêts épaisses et située dans un site de montagne somptueux, la cité conservait encore, au début du siècle, les traces de son brillant passé et notamment les ruines de la citadelle arménienne et de sept églises médiévales, outre les lieux de culte en activités: les cathédrales Notre Dame et Saint-Jacques, ainsi que les monastères Saint-Athanase, Saint-Elie, Saint-Mesrob, Saint Serge, du Saint-Sauveur, Saints-Pierre-et- Paul et Saint-Georges, situés dans les environs immédiats de la ville, où l'on trouvait également deux églises troglodytiques, dont celle des Quarante -Martyrs. En 1915, Medzguerd n'abritait plus que 1200 Arméniens (150 familles), 360 sunnites et 40 kyzilbachs, avec deux écoles chrétiennes fréquentées par 155 nationaux. Outre l'agriculture de montagne, on y pratiquait le tissage de lainages et le travail du fer. Le chef-lieu et ses huit villages habités par 1 835 nationaux, étaient rattachés au diocèse de Tcharsandjak/Péri.

- Lazvan (16), 83 nationaux (8 maisons) et 91 kyzilbachs, églises Notre-Dame et Saint-Serg deux monastères, dont le couvent Saint-Anton;

- Dilan-Oghtché/Ibdjé. (17), 5 nationauxx et 65 kyzilbachs, cinq monastères en ruine dans le environs;

- Tamoudagh/Tamourtagh (18), 155 nationaaux (15 maisons) et 75 kyzilbachs, église Saint Georges, deux monastères en ruine;

- Dana-Bouran (19), 70 Arméniens (5 maissons) et 145 kyzilbachs, une église et un monastère en ruine;

- Chordan (20), 150 nationaux (15 maisonns) et 93 kyzilbachs, église du Saint-Roi, quatre monastères en ruine;

- Khozenkiugh/Kouchdonn (21), 50 nationaaux et 98 kyzilbachs, monastère Saint-Houssig en ruine;

- Pakh (22), au nord du caza, 72 nationaaux (8 maisons) et 40 kyzilbachs, une église et un monastère en ruine;

- Tchoukour/Tchachadour (non localisé) 550 nationaux et 70 kyzilbachs, une église et un monastère en ruine(14).

- Caza de Tcharsandjak

Situé sur la rive droite du Péri-Sou ou Keghi-Sou, dans la partie sud du sandjak de Dersim, caza de Tcharsandjak avait un caractère montagneux moins marqué que les zones nord et était de ce fait beaucoup plus peuplé. En 1914, on y dénombrait 7 940 Arméniens (1 136 familles) repartis dans quarante-trois localités, dans lesquelles les nationaux entretenaient cinquante-et-une église, quinze monastères et vingt-trois écoles (1 114 élèves)I5. Le centre historique du district est incontestablement la forteresse de Kodaridj, qui fut le siège de seigneurs arméniens vassaux des princes du Palahovid durant des siècles. En 1900, le chef-lieu était établi à Péri/Tcharsandjak (23), l'on dénombrait 1763 Arméniens (310 familles), 350 Turcs et 80 Kurdes. Bâtie à flancs de coteau, le long du Péri-Sou, la cité, essentiellement agricole, était divisée en six quartiers, dont cinq habités par des nationaux : Galérou T'agh, Yégéghétsvo T'agh (quartier de la cathédrale Notre-Dame), Gamar-Aghpiuri T'agh, Khorchougui T'agh et Don-Aghpiuri Tagh, à la périphérie duquel se trouvait le monastère Rouge. Les quatre établissements scolaires de la bourgade étaient fréquentés par 400 élèves.
Les villages habités par des Arméniens étaient les suivants: - Bassou/Bousso (24), 240 nationaux (30 maisons), 13 Turcs et 80 Kurdes, église Saint-Grégoire, une école (30 él.);

- Ourts/Khors (25), 195 nationaux (22 faamilles), 10 Turcs et 37 kurdes, église Saint-Minas, une école (20 él.);

- Kodaridj[Kurdaridj (26), 300 nationauxx, 60 Turcs et 40 Kurdes, église Saint-Georges, une école (25 él.);

- Lamk (27), 62 nationaux et 14 Kurdes, église Saint-Minas, monastères Saint-Grégoire, de Sainte- Mère -de-Dieu et Saint-T'oros;

- Tsorag/Sorèg (28), 130 nationaux (17 mmaisons), 15 Turcs et 20 Kurdes, églises Saint-Garabè Sainte-Varvar et Notre-Dame, un monastère en ruine;

- Mastan/Masdan (29), 207 nationaux et 2214 Kurdes, églises Saint-Serge, Saint-Grégoire Sainte-Youghita, une école (40 él.);

Hayvat'li (30), 72 nationaux (11 maisons), 13 Turcs et 28 Kurdes, église Saint-Minas-,

Khayatchi (31), 88 nationaux (8 maisons) et 6 Kurdes, église Saint-Minas;

Til (32), 60 nationaux (5 foyers), 12 Turcs et 18 Kurdes;

Kouchin/Kouchdji (33), 177 nationaux (25 foyers), 20 Turcs et 10 Kurdes, église Notre-Dame et monastère Saint-Anton, une école (45 él.);

- Kouchin/Khouchdji-Mézra (34), 61 natioonaux (5 foyers) et 17 Kurdes, église Saint-Garabèd;  -Paghnik' (35), 93 nationaux (12 foyers)) et 6 Kurdes, église Saint-Minas, une école (25 él.);

- Hoché (36), 238 Arméniens (29 foyers),, église Notre-Dame et monastère Saint-Paul, une école (30 él.); 

- Ismayiltsik'/Ismaili (37), 312 nationaux, 10 Turcs et 20 Kurdes, église Notre-Dame et monastère de la Sainte-Lumière (Sourp-Loys), une école (50 él.);

Kyzildjoukh/Kouzouldjouk (38),232 nationaux et 12 Kurdes, église Notre-Dame, une école (20 él.);

Géok-Tépé/Gôk-Tépé (39), 200 nationaux (25 foyers) et 20 Kurdes, église Saint-Garabèd, une école (60 él.);

- Gordjan (40), 130 nationaux (24 maisonns) et 6 Kurdes, église Notre-Dame, une école (52 él.); - Zéri/Zérin (41), 22 nationaux (4 foyers) et 24 Kurdes;

- Vasguerd/Vazgird (42), 102 nationaux ((20 maisons), 20 Turcs et 30 Kurdes, églises Saint T'oros, des Quarante-Martyrs et Sainte-Marie, un monastère en ruine-,

- Pachavank/Pachaghag (43), 497 nationauux, 6 Turcs et 22 Kurdes, église Saint-Serge, une école (120 él.);

Pachavank'-Mezra (44), 135 nationaux et 12 Turcs, église des Quarante-Martyrs, une école (15 él.);

Ourig/Ourèg (45), 122 nationaux (15 foyers) et 30 Kurdes, église Saint-Jean;

Kaladjek, non localisé, 56 Arméniens (6 foyers);

Nor-Kiught/Yénikeuï (46), 122 nationaux (35 foyers) et 15 Kurdes, église Saint-Georges, école (50 él.);

Tantz/Tandz (47), 282 nationaux (32 foyers) et 58 Kurdes, église Saint-Serge, une école (35 el)

Khadjar-Véri/Hadjar-Youkari (48), 46 nationaux (6 foyers) et 6 Turcs;

Khadjar-Vari/Hadjar-Achaghi (49), 71 Arméniens (7 foyers);

Balachehr/Balacher (50), 166 nationaux (20 foyers), églises Saint-Serge, Saint-T'oros, Saint Grégoire et du Saint-Sauveur, monastère de Khrandili, une école (32 él.);

Sorpian (51), 181 Arméniens (24 foyers), église Saint-Georges, un monastère en ruine;

Soghdjov/Sevdjogh/Sevdjoukh (52), 333 nationaux (53 foyers), 10 Turcs et 115 Kurdes, églises Saint-Jacques et Saint-Serge, trois monastères en ruine;

Hapsi/Havsèg-Véri/Youkari (53), 61 nationaux (7 foyers) et 11 Turcs, église Saint-Minas;

Hapsi/Havsèg-Vari/Achaghi (54), 125 Arméniens (15 foyers), église Saint-Anton,

Chamli/Chamtsik (55), 31 Arméniens (2 foyers);

Khrnèg (56), 74 nationaux, 20 Turcs et 45 Kurdes, église Saint-Jacques;

Loussataridj (57), 174 Arméniens (19 foyers) et 20 Turcs, église Saint-Jacques, monastère Trois-Martyrs et deux couvents en ruine ;

Kharessig/ Haressig (58), 112 nationaux (12 foyers) et 40 Kurdes, église Notre-Dame, une (25 él.);

Marguèg (59), 20 nationaux (4 foyers) et 20 Kurdes;

Pertag/Sourp-Diguin (60), 265 Arméniens (45 foyers) et 300 Turcs, églises Saint-T'oros, Notre Dame, Saint-Chmavon et Quarante-Martyrs, une école (25 él.);

Eski-Pertag (61), 180 nationaux et 100 Turcs, église Notre-Dame;

Vayna/Wahné/Vahnay (62), 40 nationaux (5 foyers) et 95 Turcs, églises Saint-Martyre (sic) Saint-Georges;

Saghman (63), 30 nationaux et 520 Turcs, église Saint-Serge;

Béroch/Bérodj (64), 25 nationaux (3 foyers) et 28 Turcs;

Til/Pertagi-Til (65), 108 nationaux et 45 Kurdes, église Saint-Serge (l6).

- Caza de Tchemchgadzag/Tchimich-Kézek

Situé au sud-ouest du sandjak, sur la rive droite de l'Arsanias/Euphrate oriental, le caza Tchemchgadzag englobait en gros l'ancienne principauté arménienne du Dzop'k'-Chahouni, dont les seigneurs siégeaient dans la forteresse de Tchemchgadzag, la médiévale Hiérapolis, qui longtemps contrôlée par les Byzantins. C'est ce qui explique, comme pour la région d'Agn, la survivance, depuis le XIe siècle, de quelques communautés arméniennes orthodoxes dans le caza. Après la conquête ottomane, toute la région fut mise en coupe réglée par des bègs kurdes, qui s' octroyèrent les terres des paysans arméniens. En 1914, le district abritait 4 494 Arméniens, dont 267 orthodoxes, principalement répartis dans vingt-deux localités, avec dix-neuf églises et dix-sept écoles (729 él.)17.

Situé à 35 kilomètres au nord de Kharpert, le chef-lieu, Tcherrichgadzag (66), était bâti à 1300 mètres d'altitude, sur les flancs d'une chaîne de montagnes. On y dénombrait 1348 Arméniens, à peu près autant de Turcs et de Kurdes. Le quartier de la citadelle, dit de Kassar/Khesser, était exclusivement arménien, tout comme les quartiers voisins de Chevod, Saghouin (détruit pendant les massacres de 1895, en même temps que les églises Notre-Dame et Saint-Jacques, dont les pierres furent utilisées pour construire la caserne turque), Djérig, Der-Gasparian/P'iné-Mahlé, Ouchpag, avec en son centre l'église Saint-Toros et le collège Nersessian, Tchoukhour, dans la partie basse, où se trouvait la cathédrale médiévale Notre-Dame, le collège Vartanian et le temple protestant, fondé en 1895, et, enfin, en périphérie, le quartier d'Uzbèg (67). Parmi les édifices plus anciens, on peut citer la cathédrale des Saints-Cosmes et Damien, fondée au IXe siècle par les princes arméno-byzantins Kurkuas pour leurs compatriotes orthodoxes, laquelle fut transformée en mosquée au XVIe siècle, en plein coeur du Kala-Mahallé. Vers 1050/1100, l'arrivée de réfugiés arméniens de l'est modifia la situation politico-religieuse de la région, dont les nationaux orthodoxes furent progressivement mis en minorité, avec pour conséquence la fondation d'un évêché apostolique, dès lors cité dans les documents relatifs aux élections des catholicos.

L'activité commerciale et artisanale de la cité se concentrait essentiellement autour du bazar, où se tenait un marché extrêmement actif, attirant chaque mercredi les paysans des villages environnants. On y trouvait surtout des potiers, des tailleurs, des bottiers, des orfèvres et des tisserands, spécialistes des cotonnades, qui étaient envoyées à Kharpert pour y être imprimées. Bien qu'administrativement rattachés au caza de Khozat, les monastères voisins du Saint-Signe Garmrag d'Akrag (situé à une quinzaine de kilomètres au nord-est du chef-lieu) et de Saint Garabèd d'Halvori (à 30 kilomètres au nord-est) étaient sous la juridiction de l'évêché de Tchemchgadzag. Ils attiraient chaque année, lors des pèlerinages, nombre d'Arméniens islamisés de force à la fin du XVIIIe siècle. Ces «musulmans» - évalués à 4 935 âmes en 1915 - étaient surtout établis dans le nahié de Saint-T'oros, au nord-ouest du caza, sur la rive gauche de l'Euphrate, autour du bourg de Barassor (18). Quant aux Arméniens orthodoxes - qualifiés de «Grecs» dans les statistiques ottomanes -, on en trouvait encore dans les villages de Mamsa, Khntrguig et Set'rga, où ils cohabitaient avec des Arméniens apostoliques. Ainsi, à Mamsa, on en dénombrait 168 (38 foyers), ne parlant qu'arménien et un peu de turc, et entretenant une église dédiée à Saint-T'oros, située sur la place centrale du village, juste en face de l'église apostolique Saint-Georges.

Les massacres de 1895 provoquèrent un dépeuplement partiel de la région, dont une dizaine de villages arméniens furent rayés de la carte: au sud-est, Khatchdoun et Brasdik; au sud, Vassagavan, où l'on trouvait encore onze églises en ruine et un monastère, ainsi qu'Achkani ; au nord-est, Otskiugh, Boghossi, Agnig et Khardichar/Khasichar; à l'est Oulou-Khala (19).

A la veille de la Première Guerre mondiale, les villages arméniens restants étaient les suivants: Hazari/Hézéiri (68), 351 Arméniens (75 foyers), église de la Sainte-Trinité, une école (88 él.);

- Ardga/Ardegan/Erdikah (69), 11 Arménieens;

- Mamsa/Mamoussa (70), 570 Arméniens apoostoliques (80 foyers) et 168 orthodoxes, églises Saint-Georges et Saint-T'oros, une école (64 él.);

- Sisna (71), 235 Arméniens (35 foyers),, église Saint-Jean, une école (25 él.); - Seterkeh/Set'rga (72), 33 Arméniens apostoliques et 64 orthodoxes;

- Garmri/Kermissi (73), 198 Arméniens appostoliques (35 foyers) et 70 familles d'islamisées 1770-1780) vivant dans les mêmes quartiers, église Notre-Dame, une école (25 él.);

- Miadoun (74), 44 Arméniens (11 foyers)), église Notre-Dame, école (9 él.);
- Pazapon/Paghapoun/Berapoun (75),116 Arrméniens (15 foyers), église Notre-Dame, une école (14)

- Morchga/Mourouchka (76), 164 Arménienss (36 foyers), église Notre-Dame, une école (20 é - Kharassar (77), 223 Arméniens (34 foyers), église Saint-T'oros, une école (35 él.);

- Mézra/T'ouma-Mézré (78), 200 Arménienss (25 fovers), église Saint-Grégoire, une école (20 él. )

- Bak'djédjik/Baghtcha/Bardizag (79), 145 Arméniens (25 foyers), église Notre-Dame, école (30 él.);

- Is-Egrèg/Yéritsakrag (80), 226 Arménieens (29 foyers), église de la Sainte-Croix, une école (35 él)

 - Mournayi/Mirnav (81), 181 Arméniens (22 foyers), église Notre-Dame, une école (33 él.);
 

- Brékhi/Berakhi (82), 50 Arméniens (15 foyers), église Saint-Georges; - Tsntsor (83), 38 Arméniens (6 foyers), église Notre-Dame (20).

- Caza d'Ovadjik

Situé au nord-ouest du sandjak, le caza d'Ovadjik était le moins peuplé de ses districts- moins de 4 100 habitants au total -, car enclavé dans les montagnes du Mouzour ou Merdjan et très boisé. On y dénombrait officiellement une cinquantaine d'Arméniens établis dans le chef-lieu, Pardi (84).
 


Les notes de 9 jusqu'à 16 indiquent dans l'article les sources des livres dont les titres sont indiqués ci dessous en français :
YEREVANIAN Kévork, 1956, Histoire des Arméniens de Tcharsandjak, Beyrouth
KASPARIAN Hampartsoum, 1969, Tchemchgadzag et ses villages, Boston
HALADJIYAN Kévork, 1973, Ethnographie et folklore des Arméniens du Dersim, Erévan
ANTRANIG, 1900, Voyage et étude documentaire au Dersim, Tiflis
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