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Refus des TPE
Lire aussi la revue de presse : Refus de la carte scolaire (février 2000)
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Texte signé par les professeurs du lycée Jeanne díAlbret à St Germain en Laye. (78)

Pourquoi refuser les TPE ?
Dès la rentrée de septembre 2000 les TPE (travaux personnels encadrés) seront mis en place en première, et le seront en terminale en septembre 2001. Comme le souligne le B.O n°3 du 20 janvier 2000, cette innovation pédagogique a une importance stratégique pour la réussite de la réforme des lycées et une valeur symbolique . Cíest en effet sous ce jour quíil faut líexaminer.

1) Un mensonge pédagogique .
Les TPE doivent être líoccasion pour líélève de développer ses capacités díune manière plus active, plus autonome que dans le cadre des cours . Ils supposent des initiatives de recherche , une initiation aux outils informatiques, une élaboration sur le long terme , la mise en valeur de líinventivité personnelle. Ils exigent enfin par leur définition même une réflexion interdisciplinaire puisque tous les travaux doivent porter sur des thèmes touchant à deux disciplines au moins. . Qui pourrait síopposer à un tel idéal ?
Cet idéal cependant níest quíune façade : díune part líinterdisciplinarité apparaît officiellement dans les TPE en même temps que les réductions díhoraires dans toutes les disciplines (pour ne prendre quíun exemple :deux heures de math en classe entière en seconde dès la rentrée 2000 !) Chacun sait que líinterdisciplinarité níest quíun trompe- líoeil si elle ne repose pas sur une maîtrise solide des disciplines à croiser . Le risque est grand que soit seulement favorisée par là une pure et simple activité díéveil, qui trahirait la formation sérieuse à laquelle les élèves ont droit .
Díautre part, líinventivité de líélève au coeur de ce dispositif est liée à la disparition de la notion díépreuve finale et díépreuve écrite. Les travaux réalisés en TPE en effet seront pris en compte pour le baccalauréat en classe de terminale et présentés oralement lors díune brève prestation . Nul travail écrit ne sera vraiment requis ni pour les travaux eux -mêmes , qui peuvent aboutir à des réalisations très variées (réalisations audio-visuelles, créations artistiques, expérimentation scientifique), ni pour leur présentation, qui pourra se résumer en une page écrite. Or on ne voit pas pourquoi líinitiative et líinvention impliquent nécessairement la fin de toute forme de contrôle des compétences acquises , la fin du recours à líécrit obligatoire, au profit díun dossier réalisé sur plusieurs mois .
On peut être sûr que ces disparitions accroissent les chances díobtenir son bac , accroissent-elles les chances pour les élèves díêtre bien formés ?


2) Le baccalauréat sur dossier .
Les TPE sont bien, en effet, une réforme hautement symbolique : ils introduisent une modification fondamentale de la manière díobtenir le baccalauréat . La forme de líexamen national et anonyme síéclipse au profit de ce qui níest même pas le contrôle continu, mais bien plutôt líexamen dans le lycée de líélève, díun dossier préparé tout au long de líannée avec líaide de professeurs du lycée. Comment ne pas voir la possibilité díinjustice flagrante qui découle de ce dispositif ? Les élèves les plus aidés par leur famille , ceux qui disposent díInternet chez eux, ceux qui auront les moyens de se payer des TPE tout faits que le marché des éditions scolaires ne saurait manquer de produire, auront les dossiers les plus flatteurs. Quant aux autres (mais les premiers le feront tout autant...) il leur sera toujours possible de faire pression sur les professeurs ou líadministration du lycée pour que les choses tournent à leur avantage. Le caractère national et anonyme du baccalauréat níest pas le remède à toutes les injustices, mais il protège des pires díentre elles.
Sur le fond, il síagit du très démagogique " droit au bac acquis ", qui consiste à donner à tous un diplôme qui ne correspondra à aucun acquis solide. Qui ne voit quíil serait bien plus démocratique de consacrer tout le temps et tout líargent nécessaire pour que chaque élève puisse acquérir une formation exigeante plutôt que de renoncer à cette exigence pour faire plaisir à tous au mépris de tout sens de la responsabilité éducative .

3) Une dévalorisation du statut de professeur. Enfin, les TPE veulent introduire une réforme profonde dans la manière díenseigner , dans la fonction de professeur et par conséquent dans le statut de professeur.Il síagit de personnaliser davantage líenseignement, díêtre plus à líécoute des élèves , à côté díeux et non plus au- dessus díeux, de favoriser líinteractivité : pourquoi pas ?
Le problème est que pour cette " nouvelle " manière díenseigner (nous níy avions pas pensé plus tôt...) il faut être moins payé que pour " líancienne ". Les TPE seront en effet rémunérés en HSE, non payées pendant les périodes de congés scolaires et non comptabilisées dans les points de retraite. Les professeurs travaillant à temps partiel se verront quand même imposer ces heures supplémentaires contrairement à la lettre et à líesprit des décrets sur le temps partiel. Il est inutile de síattarder sur la contradiction manifeste que les TPE introduisent vis-à-vis des efforts du gouvernement pour limiter le temps de travail, supprimer les heures supplémentaires, favoriser le temps partiel volontaire, pour créer des emplois. Il est inutile aussi de síattarder sur la modification de statut non négociée quíimplique líimposition díheures suplémentaires obligatoires moins payées que celles qui sont déjà liées à notre statut : il est tout à fait clair quíil síagit díune augmentation du temps de travail et díune diminution de salaire.
Mais cette clause financière est un aveu sur le sens même des TPE: les TPE ne sont pas autant payés que les cours, parce quíil síagit dans líesprit des initiateurs de la réforme díune formation qui níen est pas une, avec des " professeurs ó animateurs " qui níont plus à transmettre un savoir quíils possèdent, qui níont plus besoin du temps requis pour la préparation des cours, mais auxquels on demande surtout díaccompagner les élèves dans le temps précieux qui devrait être celui de la formation de leur esprit.

Nous vous invitons à un refus collectif de la mise en place de TPE tels quíils sont actuellement conçus. Nous sommes favorables à une véritable formation interdisciplinaire, à une véritable formation de líesprit de recherche et díinvention des élèves, mais non à ces dispositifs mensongers qui font croire quíon est autoritaire dès lors quíon síefforce díinstruire les élèves et quíon aide les élèves dès lors quíon y renonce.

Refus des TPE (autres textes)

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