Actions : Ile-de-France: Lettre aux médias (Les enseignants du collège/lycée R. Rolland d'Ivry-sur-Seine, 94)

« Un peu partout en France, la colère gronde ... »


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Des collègues réagissent à la campagne orchestrée par les chiens de garde de la presse aux ordres sur le thème:
Fonctionnaire = Refus des réformes = Immobilisme

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Lettre aux médias rédigée par les enseignants du collège - lycée R. Rolland d'Ivry-sur-Seine (94)
Mesdames, messieurs les journalistes


Nous tenons à vous dire à quel point nous avons été choqués durant les dernières semaines par la façon dont les médias ont rendu compte du mouvement des enseignants. Le sens de notre action nous semble avoir été systématiquement déformé sur des points essentiels : Vous avez mis l'accent sur les moyens supplémentaires demandés : il apparaissait pourtant clairement, à observer banderoles, pancartes et tracts lors des manifestations que nous réclamions le départ d'un ministre détesté et le retrait de réformes jugées mauvaises. Des moyens supplémentaires sont nécessaires, c'est vrai, mais les engager pour appliquer les réformes Allègre serait dilapider l'argent public. C'est pourquoi nous sommes si nombreux à réclamer en priorité le retrait de ces réformes-là, mal conçues et néfastes.
Vous avez repris contre nous l'accusation d'immobilisme : nous refuserions, paraît-il, toute réforme. Avez-vous donc oublié toutes celles auxquelles nous nous sommes adaptés? Aujourd'hui c'est seulement la réforme imposée par Claude Allègre que nous refusons. Quand des journalistes se mettent en grève pour refuser les innovations que leur impose une direction, parce qu'ils les jugent contestables, les taxez-vous d'immobilisme? Vous avez exalté en M. Allègre un réformateur, jusqu'à le présenter parfois comme une victime du conservatisme des enseignants. C'est d'abord oublier un peu vite la forme extrêmement contestable que M. Allègre a choisie pour s'adresser à nous. Il n'y a pas lieu, semble-t-il, de regretter un ministre qui s'est surtout illustré par le maniement systématique de l'insulte et de la calomnie.
Ensuite, et c'est le point le plus important, parler de la réforme sans rien dire de son contenu est un tour de passe-passe qui abuse de la crédulité du public. Il apparaît donc que cette réforme, dont vous ne dites pas en quoi elle consiste précisément, soit si liée à l'évolution naturelle et inéluctable de la société qu'il devient interdit d'en critiquer le contenu et d'y chercher une alternative. Il est nécessaire de réformer : réformons! Peu importe la réforme…
Voilà, en raccourci, le discours que vous vous plaisez à diffuser. Le décalage entre les intentions affichées par le ministère, parfois séduisantes, et les conséquences réelles des mesures prises mérite pourtant d'être souligné. La simple honnêteté voudrait qu'au lieu de vous contenter de dénoncer notre prétendu refus du dialogue vous n'omettiez pas d'attirer l'attention sur la surdité totale de notre ex-ministre. Et si vous souhaitez vraiment porter le débat sur la place publique, et tel devrait être votre rôle, il serait alors temps d'inviter l'opinion à réfléchir sur les véritables motivations et les conséquences désastreuses de l'allégement des programmes et de l'introduction du contrôle continu au baccalauréat, pour ne prendre que ces deux exemples.
Vous avez attendu fort longtemps pour informer le public de la révolte qui grondait dans l'Education Nationale et vous n'avez commencé à le faire que quand des actions spectaculaires (grèves prolongées, manifestations massives, occupations de locaux, barrages de routes) ont enfin été entreprises. Par votre silence, vous rendez un mauvais service à la démocratie. Il est vrai que vous nous ignorez moins que naguère, et l'Appel pour l'école, cosigné par plusieurs universitaires et refusé d'abord par Le Monde, a finalement été publié dans les colonnes du même journal le 24 mars. Que les auteurs de ce texte aient eu du mal à se faire entendre, cela ne nous étonne pas, puisque nous pourrions ajouter nos signatures aux leurs.
Et si vous voulez vraiment connaître les raisons de ce que vous appelez le "malaise" des enseignants, nous vous suggérons de le relire. Cela vous conduira peut-être à constater que nous nous sommes mis en grève pour des motifs qui dépassaient largement la simple personne de Claude Allègre et que son départ, toutefois nécessaire, ne nous donne pas satisfaction sur l'essentiel.
Les questions qui nous occupent peuvent être énoncées ainsi : quel doit être l'avenir de notre système éducatif? Solide formation générale ou bien vernis culturel? Enseignement véritable ou bien animation? Examen national permettant l'accès aux études supérieures ou bien certificat de fin d'études à géométrie variable? Aujourd'hui, ces questions ont peut-être une chance d'être débattues ; elles sont suffisamment importantes pour que nous vous demandions de ne pas les étouffer.


Les enseignants du collège et du lycée Romain Rolland d'Ivry sur Seine (94) en grève depuis le 9 mars.

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