Editoriaux du site
Vous pouvez trouver ci dessous les différents éditoriaux de ce site depuis avril 2000 et la démission d'Allègre
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Mars 2001
 

 

Sauvons l'Ecole !

Collectifs pour la démission d'Allègre, puis après l'éviction de l'infâme au printemps dernier, Collectifs anti-Allègre, nous avons donc décidé de changer de nom.

Comme on pouvait le prévoir, le passage Allègre - Lang-de-Blois ne s'est accompagné d'aucun changement de politique : TPE gadgets toujours en place et dont on prévoit l'extension en terminale pour la rentrée 2001, mise en place des programmes peau-de-chagrin (maths, philo, lettres,...), retrécissement absurde des heures d'enseignement (maths, langues vivante), mais aussi un clair abandon d'ambition pour l'Education Nationale à tirer ses élèves vers le plus haut possible, comme si, pour être démocratisée, l'Ecole se devait de n'offrir à chacun que l'accession à un niveau moyen, transformant, de fait cette pseudo démocratisation en une simple massification trop souvent fatale aux enfants issus des milieux les moins favorisés.

Démocratisation de façade, donc, menant un double objectif, économique tout d'abord, cette Ecole au rabais tendant à satisfaire aux critères libéraux de réduction des déficits publics, mais aussi politique, faisant croire que l'Education est enfin démocratisée, utilisant de plus l'argument définitif de la "modernité", nouvelles technologies et théories pédagogistes fumeuses. Bref, les opposants à ce système étaient définitivement relégués au rang de ringards.

L'exigence de réelle démocratisation nécessite pourtant bien autre chose : classes peu chargées bien sûr, contenus réhabilités, refus des passages automatiques d'une classe à l'autres grâce auxquels l'élève peut surfer sur cette vague démagogico-politico-économique du CP à la Terminale, sans formation sérieuse, glanant au passage le brevet comme un encouragement à se laisser porter, sans qu'on crée en lui l'envie de réussir à obtenir autre chose que la sacro-sainte moyenne. Cette Ecole là est avant tout, nous ne le répèterons jamais assez, funeste à tous ceux qui n'ont pas en dehors de l'institution des soutiens suffisants pour remédier aux carences du système. C'est exactement le contraire de la démocratisation.

Nos syndicats faisant pour l'heure le choix du corporatisme plus que celui de la défense de l'Ecole Républicaine, nous sommes nombreux à penser qu'il ne faut pas pour autant voir en spectateurs cette dégradation s'accentuer d'année en année.
Lorsqu'aujourd'hui même les enseignants convaincus de la nécessité de l'Ecole publique n'hésitent pas à détourner la carte scolaire ou à inscrire leurs enfants dans des écoles privées, on doit comprendre qu'il faut réagir.

C'est pour cela qu'aujourd'hui encore plus qu'hier nous continuons.

Laissant Allègre dans les poubelles de l'histoire, nous sommes donc depuis ce jour le Collectif "Sauvons l'Ecole", ce nom, pas parfait probablement, étant néanmois porteur de nos espérances.

Nous espérons que vous continuerez avec nous, apportant à ce site vos contributions, réflexions et analyses, mais aussi que cela vous aidera dans la nécessaire action, dans cette difficile tâche de convaincre, collègues, parents d'élèves, citoyens du bien-fondé de nos positions.

Vous trouverez sur la page d'accueil un tract nous présentant et donnant l'adresse du site internet. imprimez-le et distribuez-le, affichez-le dans vos salles des professeurs.

Mais aussi, faites en sorte que de nombreux professeurs s'inscrivent à la liste de diffusion (gratuite!) de ce site, ceci permettant d'être régulièrement informés de son contenu.

 

Mars 2001
 

 

Revoilà le printemps.

Revoilà le printemps. Qui nous fait espérer une Ecole meilleure, plus démocratique et moins l'objet de tentations libérales. Appauvrissement des programmes, en philo, en maths et ailleurs, TPE rognant des nécessaires heures de cours, horaires et contenus des enseignement de langues vivantes scandaleusement réduits, nous avons de quoi, enseignants responsables et soucieux de notre mission, réagir pour montrer que nous n'acceptons pas ce saccage de l'Ecole publique française.

En consultant la mise à jour de mi-mars, force est de constater que la rubrique Action reprend du poil de la bête : manifestation pour la défense des langues vivantes, rassemblement pour la philo, lettres et pétitions pour la philo, les svt, contre les TPE, les professeurs ici et là montrent qu'ils ne se laissent pas faire.

Alors continuons !

Et informez-nous des différentes actions engagées dans vos établissements respectifs que nous nous en fassions l'écho.

Dans plusieurs académies, sur le bulletin de traitement de février, nous nous sommes vus retirer les journées de grève du mois de mars 2001. Après que nous ayons viré Allègre, ils n'avaient pas osé. Aujourd'hui oui. Qui plus est à quelques jours des municipales.

Enfin, il semble que nous devions tourner la page et changer de nom : beaucoup d'entre vous, d'entre nous ne comprennent pas que nous gardions le titre d'anti-Allègre. Alors changeons, pourquoi pas ? Un grand concours est donc organisé pour trouver notre nouvelle dénomination. Envoyez vos proposition à [email protected] .

 

Janvier-février 2001
 

 

Conduite sans visibilité
ou
la mise en place concrète des réformes Allègre

 

Cette année, les situations que nous vivons dans nos établissements sont extrêmement variées , et nous nous retrouvons isolés devant des décrets, des changements de programmes, d’épreuves, d’examen, seulement six mois avant le bac.

C’est la mise en œuvre à marche forcée de la réforme Allègre.

Deux stratégies sont à l’œuvre :

- L’accoutumance.

Peu importerait, pour l’instant, les ratés, les résistances, dans la mise en place des TPE, du moment que, majoritairement, ils seraient acceptés bon gré mal gré ? Il s’agit de nous habituer à leur présence, pour que, le moment venu (c’est à dire après les élections), le gouvernement puisse s’en servir pour les intégrer au bac, ou même à un contrôle continu.

C’est le même problème pour le CVL, coquille vide de participation factice, mais qui nous habitue à la " parité " élèves professeurs.

- Le tronçonnage.

Les réformes s’imposent sans que soient connues leurs perspectives (par exemple : changement de programme en seconde sans que soient définies les épreuves de l’examen). La dissimulation des finalités peut donner l’illusion de " réformettes-gadget ". Les buts poursuivis seront dévoilés lorsque nous seront endormis ou habitués. Par exemple, la structure des TPE sera rôdée lorsque arrivera le dévoilement de leur utilisation : un moyen commode pour baisser les exigences disciplinaires.

Pour ces raisons, nous avons besoin, tous, de savoir ce qui se passe dans un maximum d’établissements concernant les TPE et les attitudes très diverses de l’administration et des inspecteurs. La circulation de l’information est le seul garde fou vis à vis de cette installation rampante. Envoyez-nous un mot pour nous tenir au courant de ce qui se passe ( mise en place, réticences, réactions des collègues, problèmes pratiques…) dans vos établissements

 

Novembre 2000
 

TPE, toujours le boycott

De toute évidence, les TPE se mettent difficilement en place : à part chez les cadres de la FCPE et les quelques enseignants de la FEN, cette réforme ne soulève guère l’enthousiasme.

Mais nous avons pensé un peu vite que les TPE allaient susciter une levée de boucliers, et les premiers refus collectifs d’appliquer cette réforme nous ont peut-être fait croire un peu vite que les seuls problèmes à venir étaient les conflits avec certaines administrations et avec l’inspection.

Ces situations de refus existent, bien sûr, avec la complicité bienveillante de l’administration ou contre elle. Dans ce cas, les professeurs sont suffisamment nombreux à les refuser pour que les TPE n’aient pas lieu. Les échos de certaines réunions avec les IPR ( académie de Rouen, voir sur le site ) sont à ce propos encourageantes : il ne semble pas que l’on veuille, en haut lieu, provoquer de conflits ouverts. Mais des collègues s’alarment de leur mise en place rampante ou autoritaire dans certains établissements.

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Rien n’est simple

Et là, rien n’est simple, car les motivations des professeurs qui acceptent de faire des TPE sont très diverses. De même que vous trouverez sur le site " Allègre – démission " un très bref résumé des arguments avancés depuis plusieurs mois pour dénoncer les TPE, voici un revue des raisons le plus souvent invoquées pour les accepter, des plus respectables aux plus exécrables.

Les " pédago(go?)s: sensibles au désarroi grandissant de certains élèves, ils espèrent toujours le remède miracle qui permettrait de rattraper magiquement des élèves en échec depuis des années.

Les professeurs désorientés ou dégoûtés: ils sont prêts à se lancer dans n'importe quelle aventure pour restaurer un narcissisme que la perte de sens du métier a mis à mal .

Les professeurs culpabilisés: ils endossent la responsabilité de l'échec scolaire et de la déstructuration sociale, à force de se l’entendre marteler à longueur d’année par le ministère et les media.

Les professeurs cyniques et rassurants: "ça va s'épuiser tout seul par les impossibilités matérielles de réalisation et l'inertie des professeurs ".

Les naïfs apolitiques qui nous reprochent de voir le mal partout.

Les professeurs désabusés: "on n’enseigne déjà plus ; alors un peu plus, un peu moins...".

Les professeurs pour qui toute échappée périscolaire constitue une technique de survie dans des situations d'enseignement inacceptables (cas déjà courant dans certains collèges).

Les professeurs incompétents ravis de brasser du vent avec des élèves qui batifolent et des collègues qu'ils pensent éblouir.

Les professeurs fonctionnaires qui obéissent à tout: "c'est le programme, ce sont les ordres".

Certains professeurs débutants, formatés par les IUFM, qui seront de moins en moins savants et des plus en plus didactitiens.

Les idéologues rousseauistes pour qui le savoir arrive toujours trop tôt au détriment de la " connaissance " du cœur spontanée et vertueuse.

La liste pourrait être longue et plus méchante car elle devrait bien sûr aborder le cynisme, l'arrivisme et la lâcheté de certains professeurs, de certaines équipes administratives, de certains inspecteurs, qui tout en les critiquant, cherche à imposer les TPE.

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Que (ne pas) faire ?

Que faire si la majorité des collègues et des administrateurs appartient à ces catégories?

  • Jouer le jeu jusqu'à épuisement en exigeant des collègues un réel travail interdisciplinaire, sérieux, structuré, documenté, varié, et un réel suivi d'élèves. Les heures nécessaires passeront alors de deux heures à vingt heures. Mais cette démonstration par l'absurde peut paraître bien lourde, masochiste, et décalée: c'est le principe même de cette interdisciplinarité prématurée qu'il faut remettre en question.
  • Jouer l'esquive, en évitant les classes à TPE. Mais il est à noter que cela a permis à certains lycées une redistribution sanglantes des classes, et la constitution de coteries. Mais dans ce genre d'ambiance, il est rare qu'elles n'aient pas existé avant.
  • Faire cours ou module à la place des TPE, afin d’attendre une éventuelle inspection de pied ferme, et désarmer les inquiétudes des élèves et des parents.
  • Faire équipe avec les collègues qui les refusent également.
  • Adresser aux syndicats des informations, analyses, récriminations, pour que leur position soit plus combative, et surtout moins floue. Le SNES, pour paraître "moderne", ne critique que les conditions matérielles de mise en place des TPE.
  • Discuter et argumenter encore et toujours pour convaincre le collègues que "celui qui mal y pense" au sujet des TPE n'est ni un conservateur, ni un corporatiste, ni un élitiste, et que " le bruit " qu'il essaye de faire entendre n'est pas "pour rien", puisqu'il cherche à sauver la fonction de l'école : la transmission de savoirs fondamentaux qui seront le socle sans lequel aucune spécialisation, aucune recherche autonome n’est possible .

Envoyez-nous des informations sur ce qui se passe dans vos établissements, et bon courage.

 

Voir aussi Bref résumé des arguments développés contre les T.P.E., documents publiés sur ce site ce mois-ci.

 

Septembre 2000
 

La rentrée des anti-Allègre

Nous devons rester mobilisés et vigilants sur les points de la réforme que nos luttes ont permis d’ajourner mais qui sont loin d’être enterrés : les TPE, les nouveaux programmes, les projets de réforme du capes et du bac.

Boycott des TPE

Nous rappelons qu’à la suite des grèves de l’an dernier, nous avons fait reculer le ministère sur les TPE. Alors que la circulaire de rentrée du B.O. de février 2000 exigeait leur mise en place généralisée dès septembre, ils ne sont plus maintenus au premier trimestre que dans une classe par établissement. Il faut donc profiter de ce retour à un caractère expérimental pour expliquer partout qu’ils sont inapplicables et pernicieux.

  1. Flou fantaisiste des thèmes imposés.
  2. Flou des finalités : apprendre aux élèves à taper à la machine ? à se documenter ? à s’ouvrir à l’interdisciplinarité ? Tout cela en une heure par semaine, pour trente élèves par petit groupe (soit quatre minutes par groupe de deux !).
  3. Mise en pratique impossible, vu la pauvreté de l’équipement des établissements et des CDI, les problèmes de circulation des élèves pendant les heures de cours, etc.
  4. Évaluation injuste et inégalitaire puisqu’elle favorise les élèves qui possèdent déjà du matériel informatique à la maison et qui peuvent être aidés par la famille.
  5. On sait enfin que le même type d’exercice, évalué au bac en STT, comme devaient l’être les TPE, n’est qu’une formalité, qui permet à presque tous les candidats de cette section de réussir leur examen. Ils trouvent tout fait leur mémoire sur internet ou auprès de leurs camarades.

Boycott des manuels

C’est l’année-test pour les éditeurs : nous devons continuer à bouder les nouveaux manuels. C’est d’autant plus justifiable – notamment en français – que les épreuves du bac n’ont pas changé. Les élèves de seconde passeront donc le même examen que leurs aînés. Ils doivent donc être formés aux mêmes exercices, alors que les nouveaux manuels font l’impasse sur la préparation à l’examen. Il y a fort à parier que les éditeurs, bien qu’ils soient toujours friands de programmes nouveaux qui leur permettent de renouveler la gamme de leurs produits, demandent au ministère de ne pas brusquer les choses. Bordas, par exemple, a trouvé plus prudent de retarder la sortie d’un nouveau livre en français, par peur d’un fiasco. Les éditeurs ont été très sensibles aux lettres des professeurs annonçant le boycott. Il faut continuer à leur écrire pour dénoncer l’indigence des nouveaux manuels qu’ils nous ont envoyés car les réactions des professeurs sont toujours, paraît-il, considérées avec beaucoup d’attention.

Réforme du capes

C’est sans doute sur ce point que se joue l’avenir de l’enseignement secondaire public : grâce aux actions de l’an dernier, le ministère a renoncé à un projet de réforme du concours qui faisait porter la sélection non sur le niveau de connaissance disciplinaire mais sur les aptitudes psychopédagogiques des étudiants. C’était signer la mort d’un enseignement ambitieux au lycée, mais aussi la fin du caractère universitaire de notre formation car c’est principalement à l’université – et non dans les IUFM – qu’un futur professeur acquiert des compétences dans la discipline qu’il devra enseigner. C’était surtout donner aux IUFM la main mise sur les concours, puisque l’essentiel des connaissances requises ne serait plus enseigné à l’université mais chez les prétendus pédagogues. C’était enfin rapprocher le lycée de l’école primaire en creusant le fossé avec l’université. Les IUFM, n’ayant pu l’obtenir en avril dernier, reviennent à la charge, avec un nouveau projet de réforme qui doit être arrêté en novembre. Il s’agirait maintenant d’interdire aux candidats libres – ce qui ne sont pas présentés par les IUFM – de passer le concours. Ainsi, les candidats formés solidement à leur discipline par l’université – qui sont proportionnellement plus nombreux à réussir le capes que ceux qui sont formés par les IUFM – seraient obligés de déserter les facultés, la discipline pour laquelle ils ont choisi ce métier, pour le catéchisme des scientologues de l’éducation.

Nous devons faire échec à cette " révolution culturelle " qui, en quelques années, amènerait dans l’enseignement secondaire de jeunes collègues incompétents au niveau disciplinaire, beaucoup plus dociles aux facéties pédagogistes, et plus soucieux de l’animation de leur classe que de son niveau intellectuel.

Faute d’avoir pu nous convaincre, ou nous endormir, ou nous lasser, on veut maintenant nous noyer sous le flot d’une nouvelle génération entièrement formatée par les IUFM, sans contrepoids universitaire. C’est là le vrai danger. Plus qu’avec les parents et les élèves, pour qui ces problèmes de concours sont bien abscons, c’est avec les étudiants et les collègues des universités qu’il faut que nous menions cette lutte.

Réforme du bac

Les grèves de l’an dernier nous ont, dans ce domaine aussi, apporté une demi-victoire. Ajournée jusqu’aux élections présidentielles, il dépend de notre mobilisation et de notre vigilance qu’elle n’aboutisse pas à transformer cet examen général d’entrée à l’université, en rituel d’intégration sociale comparable au brevet des collèges ou à la première communion.

Il faut donc refuser tout contrôle continu, qui retirerait son caractère national, anonyme et égalitaire à l’examen.

Il faut aussi s’opposer à l’accroissement du nombre d’épreuves anticipées en fin de première qui réduirait d’un an l’apprentissage dans les matières concernées. Outre l’allègement inévitable des contenus, on imagine le nombre de postes ainsi récupérés par la suppression de ces enseignements en terminale.

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Restons présents dans le débat et dans la lutte : si nos actions ont eu un tel écho depuis deux ans, c’est que les collègues se retrouvaient dans nos analyses et nos protestations. Dans les réunions pédagogiques, dans les réunions avec les parents d’élèves, dans les réunions syndicales, continuons à affirmer haut et fort nos principes et nos valeurs. Nous avons montré deux ans de suite quelle puissance et quelle popularité pouvait avoir notre combat pour des savoirs ambitieux. Les périodes électorales ne sont jamais celles des réformes brutales : tout nous encourage donc à ne pas baisser la garde.

 

 

Juin 2000

Après deux ans de lutte, qu’avons-nous obtenu ?

 

- Le renvoi d’un autocrate maniant la démagogie et l’insulte comme arme politique.

- L’abandon de la réforme du Capes et de sa dévalorisation.

- Un repli sur le massacre des heures en langue, et sur la disparition de nombreuses options.

- Le report de la réforme du bac, sans doute jusqu’aux élections présidentielles.

- La démission de P. Merieu, l’inspirateur de la réforme.

- La remise en cause du collège unique par Lang et Mélanchon eux - mêmes.

 

Pourtant, ces concessions et ces reculs ne doivent pas nous faire oublier que bon nombre des projets d’Allègre sont imposés à la hâte, comme s’il s’agissait de les rendre irréversibles.

Mardi 30 mai à 18 heures, les proviseurs recevaient par fax les nouveaux horaires et structures qu’ils doivent appliquer à la rentrée prochaine.

- C’est un mépris total pour le long travail fait en commission permanente, en C.A., dès le mois de février pour préparer la DHG et les structures de l’année scolaire suivante.

- C’est un mépris de toute procédure démocratique : à la date où cette circulaire arrive, il n’est plus possible de réunir les conditions légales pour la mise en place normale d’une DHG : elle dépendra donc essentiellement des décisions du chef d’établissement, qui devra bricoler de nouvelles structures, dans l’urgence et sans concertation.

- C’est un mépris pour les 800.000 grévistes qui, il y a deux mois, ont rejeté la réforme d’Allègre. Les nouvelles structures exigées par la circulaire du 30 mai l’imposent de la seconde à la terminale, malgré les protestations de prudence et de concertation du nouveau ministre :

- les horaires de TPE sont imposés dès cette année pour la première ; la circulaire prévoit leur mise en place en terminale à la rentrée suivante ;

- ils seront pris sur les heures de philosophie en L ;

- diminution des horaires de philosophie et d’histoire en terminale S en 2001 ;

- diminution à tous les niveaux des horaires de langue, de mathématiques ;

- aucune précision, sur le contenu de l’enseignement de langue renforcée en L ;

- transformation de l’enseignement artistique optionnel en " atelier d’expression artistique ".

- disparition de la section L math.

Profitons de toutes les réunions - C.A., conseils d’enseignement, réunions d’information sur les programmes par les inspecteurs, réunions de concertation pour le bac - pour informer les collègues, les appeler au boycott des TPE et des nouveaux manuels, au refus des structures en C.A., à des actions dures à la rentrée.

 

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Mai 2000

REFUSER LES TPE

Nous n’en voulions pas sous Allègre.
Nous n’en voulons pas davantage sous Lang.

Les nombreux textes qui nous sont parvenus et que vous pouvez consulter expliquent déjà les raisons de ce refus. D’autres textes suivront.

Dans un certain nombre de lycées, les professeurs se sont engagés à les boycotter (cf la liste actuelle).

Si une telle décision est prise dans votre établissement, il est important que nous le sachions afin de le diffuser largement et ainsi amplifier le mouvement de refus.

Nous devons aussi nous interroger concrètement sur les formes de ce refus :

    • prévenir dès à présent le chef d’établissement pour que ces heures ne soient pas inclues dans l’emploi du temps
    • prévenir que ces heures serviront à approfondir l’enseignement disciplinaire
    • etc....

FAITES NOUS PART DE TOUTES VOS DECISIONS - DE TOUTES VOS IDEES.

 
   
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Mai 2000  
LANG démission ?
L'ère du mépris : 2ème période.

N'est-ce pas nous mépriser de penser que proposées avec suavité, onction et tapes dans le dos, les mesures qui ont mis en grève 800.000 enseignants passeront comme une lettre à la poste ?

Suffit-il qu'on nous les impose avec politesse :
- pour que les TPE cessent d'être le pernicieux instrument de dévalorisation du baccalauréat et des savoirs disciplinaires,
- pour que la dégradation de l'enseignement des langues ne soit plus un fait,
- pour que les programmes de Seconde, scandaleusement revus à la baisse par la réforme Allègre nous paraissent aptes à former les élèves,
- pour que le recours massif aux heures supplémentaires, aux emplois-jeunes, aux vacataires afin de bricoler cette réforme prétendument ambitieuse nous paraissent une manne divine,
- pour que la gestion catastrophique des mutations engendrée par la déconcentration devienne acceptable.

Nous appelons tous les collègues à prendre le plus rapidement possible l'heure syndicale d'information pour voter le boycott des TPE comme cela s'est déjà fait dans de nombreux établissement; nous les invitons à refuser les H.S. massives sans lesquelles la réforme est impossible et, bien sûr, à repartir en grève puisque c'est le seul langage qu'entend ce gouvernement de dialogue.

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Avril 2000 (3)

ALLEGRE EST PARTI, MAIS ...

Allons - nous accepter
Que le raisonnement mathématique disparaisse au profit de manipulations sur ordinateurs ?
Que l'objectif du français en seconde soit « la maîtrise de la phrase » ?
Que l'apprentissage des langues se réduise à de la communication avec des « locuteurs natifs » ?
Que l'histoire - géo devienne ce qu'en voudrait Allègre : « on ne va pas rentrer dans le détail : il faut juste des flashs ».

Allons - nous accepter
De devenir des animateurs chargés de morale, d'éducation civique, de TPE, de vie de classe... avec 35 heures de présence ?

Allons - nous accepter
La démagogie, le dénigrement, la contre information qui nous désignent à la vindicte publique comme les responsables de la drogue, de l'alcoolisme, de la violence et de tous les maux de la société ?

Allons - nous accepter
La liquidation programmée de notre statut, pour faire de nous des animateurs bivalents, flexibles, constamment au lycée, et soumis au chef d'établissement ?

Allons - nous accepter
La liquidation du bac national, anonyme - seul garant de l'égalité républicaine - et son remplacement par un diplôme local, délivré par chaque établissement en contrôle continu ?


Les collectifs se réunissent deux fois par mois le mercredi à 18 h, à la Bourse du Travail, métro République.
Venez nous y rejoindre pour échanger des informations, aider à les diffuser, proposer des actions.
Compte rendu de la réunion du 23 Février - [Cliquez ici pour imprimer le tract ci-dessus]

L'association possède maintenant un CCP pour accueillir les dons de ceux qui la soutiennent, en voici l'intitulé :
Défense de l'école - Collectifs Démission CCP n° 26 360 22 X Paris.
Les chèques seront envoyés à M. Lanta, 66 rue de la Glacière 75013 Paris.

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Avril 2000 (2)

NOUS NE REGRETTONS RIEN
par Claude Collectif

" Je ne regrette rien ", écrit Claude Allègre dans le Nouvel Observateur du … . Eh bien, nous non plus ! Les déclarations obscènes de l'ex-ministre dans toute la presse ne font que souligner combien nous avions raison de demander son départ.
Que la haine des professeurs en général, et de ceux du second degré en particulier, ait été l'un des moteurs de l'action " réformatrice " de Claude Allègre, nous le savions et l'avions dit depuis longtemps. Le fait est aujourd'hui avéré par des propos qui ne nous surprennent pas. Ils confirment, noir sur blanc, ce qu'Allègre disait en privé (mais que tout le monde connaissait), et que ses anciennes déclarations publiques laissaient déjà clairement entendre.
Un tel discours, à l'évidence, ne relève plus de l'analyse politique, mais de la psychanalyse. Alors, faut-il hâtivement tourner cette page navrante et passer à autre chose ? Ne soldons pas si vite les comptes. Car c'est faire œuvre de salubrité publique que d'essayer de comprendre comment ce gâchis a été possible, comment un tel homme a pu, pendant près de trois ans, être ministre de la République.
N'éludons pas la responsabilité d'un premier ministre qui, en parfaite connaissance de cause, a voulu, imposé et maintenu Allègre. Rien ne pourra empêcher des milliers de professeurs de s'interroger longtemps encore sur sa véritable personnalité politique.
Il y a cependant plus important. Ce n'est que parce que le débat sur l'école est devenu fou, et croule sous un amas de mensonges, qu'il a pu, à un certain moment, produire un Claude Allègre.
Mensonge, lorsqu'on prétend depuis des années démocratiser, alors qu'on se contente de massifier.
Mensonge, lorsqu'on veut faire porter à l'école et aux professeurs des responsabilités qui ne sont pas les leurs.
Mensonge, lorsqu'on se fixe des objectifs très ambitieux en oubliant de réaliser les tâches les plus élémentaires de l'école.
Mensonge, lorsqu'on présente comme autant de solutions miraculeuses des " innovations pédagogiques " qui existent depuis si longtemps qu'elles ont largement eu le temps de faire la preuve de leur intérêt … et de leurs limites.
Mensonge, lorsqu'on dénonce comme uniforme et figé un système scolaire qui est en réalité d'une grande diversité et bouge tous les jours.
La liste était déjà longue des mensonges et des faux débats lorsque, pour couronner le tout, Allègre vint. Et il n'y eut plus de limites. Il prétendit " relever le défi de l'intelligence " en imposant partout la tyrannie de la bêtise. Il dénonça comme autant de paresseux et de nantis des professeurs qui font, pas si mal que cela, l'un des métiers les plus difficiles qui soit, pour une rétribution le plus souvent modeste. Assez vite embarrassés, les dirigeants socialistes ne trouvèrent d'autre solution que de se réfugier à leur tour dans le mensonge. C'est ainsi que l'on entendit leur responsable aux questions d'éducation affirmer, à l'automne 1998, qu' " il n'y aurait pas de réforme en dehors d'une mobilisation des enseignants ". Déclaration pleine de bon sens … mais faite à un moment où il était déjà évident qu'on ne pouvait attendre d'autre mobilisation que celle qui demanderait le départ du ministre.
Il ne faut pas s'étonner dans ces conditions que le débat soit devenu si confus, et oppose des alliances hétéroclites. On a pu dénoncer dans le camp des " anti-Allègre " une coalition allant des révolutionnaires aux ultra-conservateurs. Mais qui ne voit, chez les partisans de la réforme à tout prix, le mariage monstrueux des cyniques ultra-libéraux et des utopistes du tout-pédagogique ? Et il n'est pas besoin d'être grand clerc pour deviner que seuls les premiers ont une chance de l'emporter.
Le mouvement contre Allègre s'est déroulé en quatre temps qui tous ont été des moments de révolte contre le mensonge.
En 1998, longue grève dans les lycées, et surtout les collèges de la Seine Saint-Denis. Là où l'école doit affronter de telles tensions sociales qu'elle ne pourrait le faire qu'en utilisant des moyens, non pas importants, mais colossaux, qu'à aucun moment l'état n'a envisagé de lui donner.
En 1999, nouvelles grèves, demandant pour la première fois la démission d'Allègre, et touchant essentiellement les lycées. Parce que les professeurs de lycée ont parfaitement compris que leur ministre ne les insultait que pour faire passer en force la répétition aveugle des erreurs commises depuis plus de vingt ans au collège : " accueillez tout le monde et débrouillez-vous ! ". La réalisation du " collège unique " a été présentée comme un projet hautement démocratique. Aujourd'hui, le collège n'est " unique " que sur le papier, il est simplement interdit de le dire.
A partir de février 2000, dans plusieurs département du Sud, large mobilisation des enseignants, et pour la première fois des parents, autour du manque de poste dans le primaire et les collèges. Le discours sur les moyens aujourd'hui suffisants n'est plus tolérable lorsque l'école ne peut faire face à ses tâches élémentaires.
Enfin, le coup de grâce a été porté par les professeurs des lycées professionnels refusant leur nouveau statut. Le rapport Meirieu proclamait pompeusement " l'égale dignité des trois voies de l'enseignement secondaire, général, technologique et professionnel ". Qui ne souscrirait à un tel objectif ? A condition de le prendre au sérieux, et de ne pas commencer par mépriser les professeurs des lycées professionnels au point de les transformer en main-d'œuvre corvéable à merci.
Non, vraiment, nous ne regrettons rien. Le ministre est tombé. Son départ était la condition nécessaire, mais non suffisante, au rétablissement d'un débat serein. La classe médiatique, qui n'a pas compris grand-chose, s'est complue en quolibets sur " l'immobilisme " et le " refus des réformes ". Cela ne pourra effacer le sens de ce mouvement : en exigeant le départ d'Allègre, les professeurs ont avant tout rejeté la politique du mensonge. Les professeurs ont avant tout rejeté la politique du mensonge, c'est à dire une politique scolaire libérale qui a le cynisme d'affirmer lutter contre les inégalités sociales alors qu'elle s'efforce de transférer le secteur public d'éducation au marché comme le recommande l'OCDE et l'a bien compris le syndicat patronnal Medef qui a toujours été l'un des principaux soutiens à la politique Jospin-Allègre.
Que les politiques comprennent bien, ou qu'ils s'apprêtent à payer le prix de leur erreur.

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Avril 2000 (1)

Après la démission, la position du collectif


Les professeurs ont obtenu la démission d’Allègre.
C’est une grande victoire, bien au delà du départ de cet être vain et grossier.


1- C’est le réveil de la confiance dans le combat politique

- Au cours de ces dix huit mois, la lutte politique a repris ses droits et son efficacité : les grèves, les manifestations, les A.G. dans les établissements ont libéré la parole de tous ceux qui, bien que majoritairement hostiles à la destruction de l’école publique, pensaient que rien n’était possible contre l’approbation que recevaient les projets de réforme d’Allègre, du Medef à la gauche plurielle.
- Nous avons réussi à démontrer que la démagogie et le mépris avaient, dans une démocratie, leur limite, et qu’on ne pouvait tromper qu’un temps l’opinion publique ; que le rejet était ensuite d’autant plus violent que la tromperie avait été éhontée.
- Dans ce combat, les professeurs ont retrouvé leur dignité : 800.000 enseignants étaient en grève pour défendre une conception de leur métier qu’ils ne voulaient pas voir sacrifier sur l’autel de l’économie libérale. Personne ne peut plus dire qu’il s’agit d’une réaction de corporatisme réactionnaire et frileux.
- Enfin, cette victoire nous a tous donné confiance dans nos capacités de lutte : obtenir la démission de celui que le premier ministre avait chargé de faire passer une des réformes auxquelles il tenait le plus est un très grand succès ; il montre que si nous restons vigilants et mobilisés comme nous l’avons été, nous pouvons imposer l’arrêt du démantèlement de l’école.


2 - Cette force et cette détermination nous permettent désormais d’obtenir le retrait des décrets et des réformes d’Allègre.

Car au delà de l’homme et de sa méthode, c’est bien de cela qu’il s’agit.
Nous restons en lutte contre tout ce qui tend à adapter l’école aux besoins d’une économie libérale, et qui va à l’encontre de toutes les valeurs auxquelles nous sommes attachés : former des esprits libres capables d’assumer leur rôle de citoyens libres:
Tant que nous n’aurons pas obtenu le retrait de toutes les mesures qui cherchent à :
- dévaloriser notre métier
- déqualifier les professeurs
- dégrader les contenus d’enseignement et les exigences,
le combat continuera. Mais c’est avec la certitude, cette fois, que nous constituons une force dont le gouvernement ne peut pas ne pas tenir compte.


Nous refuserons toujours la caporalisation, la pédagogisation, l’animation. Qu’on laisse enfin les professeurs enseigner : c’est leur métier

 

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