l a n g u ( a g ) e s

Pour dire le monde encore faut-il avoir des mots.
Et des mots on en a tous.
Chacun de nous possède son propre langage, sa langue ou ses langues, maternelles ou acquises avec lesquelles on joue, on discourt, on se plaint, on écrit, on travaille...

Elles nous semblent parfois très différentes les unes des autres, elles nous demandent de l'effort pour les apprendre, les parler, avec l'accent s'il-vous-plaît !- et les écrire - attention à la grammaire, l'orthographe, la syntaxe ! Et puis d'un coup elles deviennent simples et commencent à se ressembler d'une manière intrinsèque qu'on n'aurait jamais imaginée, d'une manière qu'on pourrait qualifier d'interdite.

Genèse 11
1 Toute la terre avait une seule langue et les mêmes mots. 2 Comme ils étaient partis de l'orient, ils trouvèrent une plaine au pays de Schinear, et ils y habitèrent. 3 Ils se dirent l'un à l'autre: Allons! faisons des briques, et cuisons-les au feu. Et la brique leur servit de pierre, et le bitume leur servit de ciment. 4 Ils dirent encore: Allons! bâtissons-nous une ville et une tour dont le sommet touche au ciel, et faisons-nous un nom, afin que nous ne soyons pas dispersés sur la face de toute la terre. 5 L'Éternel descendit pour voir la ville et la tour que bâtissaient les fils des hommes.6 Et l'Éternel dit: Voici, ils forment un seul peuple et ont tous une même langue, et c'est là ce qu'ils ont entrepris; maintenant rien ne les empêcherait de faire tout ce qu'ils auraient projeté.7 Allons! descendons, et là confondons leur langage, afin qu'ils n'entendent plus la langue, les uns des autres.8 Et l'Éternel les dispersa loin de là sur la face de toute la terre; et ils cessèrent de bâtir la ville. 9 C'est pourquoi on l'appela du nom de Babel, car c'est là que l'Éternel confondit le langage de toute la terre, et c'est de là que l'Éternel les dispersa sur la face de toute la terre.

 

Genesis 11
1 Now the whole earth had one language and one speech. 2 And it came to pass, as they journeyed from the east, that they found a plain in the land of Shinar, and they dwelt there. 3 Then they said to one another, “Come, let us make bricks and bake them thoroughly.” They had brick for stone, and they had asphalt for mortar. 4 And they said, “Come, let us build ourselves a city, and a tower whose top is in the heavens; let us make a name for ourselves, lest we be scattered abroad over the face of the whole earth.”
5 But the LORD came down to see the city and the tower which the sons of men had built. 6 And the LORD said, “Indeed the people are one and they all have one language, and this is what they begin to do; now nothing that they propose to do will be withheld from them. 7 Come, let Us go down and there confuse their language, that they may not understand one another’s speech.” 8 So the LORD scattered them abroad from there over the face of all the earth, and they ceased building the city. 9 Therefore its name is called Babel, because there the LORD confused the language of all the earth; and from there the LORD scattered them abroad over the face of all the earth.


A contre courant

Comment fait-on pour remonter à la racine d'un mot ? pour avancer à reculons dans l'histoire de la langue ?

On compare, on compare "la aqua" avec "a agua", on compare "water" avec "wasser" et on compare même parfois l'incomparable "dour" avec l'"eau" limpide.

Et qu'est-ce qu'on voit dans l'eau ? on voit un "a" de forme moderne, écrit en arial ou peut-être en verdana, on voit un a et peut être même deux et aussi on entend un "o", tout rond, ou tout long "o a", "a o" : "eau" "wa" "qua" "gua".

C'est sonore une voyelle, c'est proche, c'est comme un son inévitable.

De loin on entend le roulement des vagues ou le chuintement des cascades, le fleuve est loin mais toute la faune s'approche pour aller chercher l'élément essentiel de sa survie, la source se fait connaitre à travers son inexplicable apparition et son bruit, déjà, désaltère.

Français : eau
Espagnol : aqua
Portugais : agua
Anglais : water
Allemand : wasser
Breton : dour
Hébreu : mayim
Chinois : shui (3)



Les signatures iconiques

Au moyen-âge la signature devient obligatoire à la souscription d'un contrat ou autre acte juridique. En France les artisans, soit par analphabétisme soit par recherche d'une marque distinctive qui ait un sens, commencent par tracer des signes représentant leurs professions (ciseaux pour le tailleur par exemple) et la tradition des armoiries et des sceaux influencent les plus riches à se créer des signatures dessinées. Certains s'amusent à représenter leur nom selon sa signification : un notaire nommé Poulet signait ses document d'une poule. Mais au 16ème siècle il devient obligatoire de signer de son nom et progressivement chacun se pliera à l'ordre alphabétique.

D'après l'article de Béatrice Fraenkel "Signature" publié dans "Histoire de l'Ecriture" aux éditions Flammarion, Paris 2001.

 


Un dictionnaire sans ordre alphabétique... ?

Le chinois est une langue sans alphabet, dit-on.

Cela ne signifie pas bien sûr qu'il n'y ait pas en chinois de sons comparables à ceux des langues alphabétiques, mais seulement que ces sons ne sont pas représentés par des lettres (comme en français, en espagnol et dans bien d'autres langues) ou des signes désignant des syllabes (comme en japonais ou en coréen par exemple).

Par quoi les sons sont-ils donc représentés ? C'est une longue histoire ! C'est aussi devenu un grand débat linguistique et je ne pourrai donc vous donner qu'un très court aperçu du problème dans ce petit article.

 

Un t'it ch'nord

Dans le portugais parlé du Nord-Est du Brésil on trouve une forme de répétition du verbe être, probablement une forme d'insistance, de mise en relief d'une information.
On dit par exemple :
"eu sou é do sertão"
"je suis est du sertão" (le "sertão" est une région de l'intérieur des terres du Nord-Est qui s'est désertifiée et se caractérise par une grande sécheresse et une chaleur intense).

ce que l'on pourrait peut-être traduire par "je suis un gars du Sertão" ou plus linguistiquement par "moi, je suis du Sertão".

Disons pour commencer que l'écriture chinoise ne se base pas sur le son mais sur le sens, par exemple, pour écrire soleil, on ne représente pas le son du mot soleil mais un symbole de la perception que l'on a du soleil, à l'origine un rond avec un point à l'intérieur, la lune était un croissant, la main deux courbes entrecroisées donnant le dessin d'un pouce, d'un index et du poignet de profil...

A ces symboles, ces signes, sont associés des sons, qui sont les sons que l'on utilise pour dire "soleil", "lune", "main" etc. et ces sons vont historiquement commencer à servir à la représentation d'autres mots plus difficiles à représenter par un dessin/symbole. Pour vous donner une comparaison française, pensez aux panneaux de signalisation comme M entouré d'un rond pour "Métro" ou "!" entouré d'un triangle pour "attention", imaginez maintenant que lorsque vous écrivez tous les mots qui commencent par le son "métro" vous remplaciez "métro" par "M" entouré d'un rond et que lorsque vous écrivez "attention", ou un mot qui signifie la même chose, vous écriviez "!" entouré d'un triangle, vous auriez déjà commencé à sortir du système alphabétique.

Mais pour pouvoir classer les mots, il faut bien un ordre, et cet ordre, s'il n'est pas alphabétique, comme dans le cas du chinois, doit tout de même être logique et repérable.

De nos jours, certains dictionnaires chinois suivent l'ordre alphabétique, ainsi vous retrouverez les mots commençant phonétiquement par "a" avant ceux commençant phonétiquement par "b" et ainsi de suite... cela n'empêche que les dictionnaires chinois continuent à comporter des tableaux en premières pages, aidant à rechercher un caractère dont on ne connaît pas le son. Si je recherche par exemple le caractère signifiant "lune" ("yue") et que je ne sais pas que, phonétiquement, il commence par un "y", je suis obligée de passer par les tableaux des "clés" et puis, éventuellement, ceux des "traits".

En effet, chaque caractère chinois se décompose en traits (les courbes qui existaient dans l'écriture chinoise il y a environ 2000 ans ont laissé place à des traits séparés, plus ou moins incurvés, qui permettent de mieux décomposer chaque symbole) que l'on écrit dans un ordre donné, de gauche à droite et de haut en bas, c'est cet ordre que l'on reprend pour compter, classer et rechercher.

Le premier dictionnaire chinois, qui s'intitulait "analyse des caractères simples et décomposition des caractères composés", rédigé par Xu Shen en l'an 100, classait manifestement les caractères par thèmes, créant en ceci l'utilisation des "clés", c'est à dire les caractères de base qui aident à former les caractères complexes. Xu Shen propose une table au début de son ouvrage où l'on trouve la liste des caractères simples de chacun des volumes, dans l'ordre d'apparition, si l'on se reporte à la page où l'on trouve ce caractère simple, par exemple "main" on trouvera à sa suite des caractères composés, par exemple "droite" et "gauche" qui tous les deux sont composés d'une main et d'un autre caractère indiquant notamment leur prononciation.

Les dictionnaires chinois modernes, qu'ils utilisent l'ordre alphabétique ou non, comportent tous un tableau des "clés", les caractères de base, comme "oeil", "eau", "animal", "bois", "feu", "ciel", etc. Elles sont en général classées par nombre de traits, une fois que l'on a trouvé la clé qui nous intéresse, il faut se reporter à un second tableau contenant tous les caractères qui la comportent, à nouveau, comptons les traits qui restent, pour trouver notre caractère et reportons nous alors à la page où le caractère est expliqué !

Pour ceux que cela intéresse, des tableaux des deux cent et quelques clés sont disponibles dans les librairies chinoises.

 


"As we know, the English names of days of the week had meanings that are now largely forgotten: Sun-day, Tiw (god of war)'s day, Wotan (chief of god)'s day, Thor (Thunr, god of the sky and thunder)'s day, Fria (goddess of love)'s day, Saturn (god of agriculture)'s day, translated from the corresponding Roman deities. So too did the names of the days of the Chinese ten-day week have meaning, which I have reconstructed and translated freely as follows: Jia ("hides"), hunting day; yi ("stream"), fishing day; bing, maid's day; ding, man's day; wu ("hallberd"), war-games day; ji, silk-sorting day; geng ("gate"), village fortifications day; xin, sacrifices day; jen, silk reeling and weaving day; gui, resting day."

Julie Lee Wei, excerpt from "Correspondences between the Chinese calendar signs and the Phoenician alphabet" (Sino-Platonic Papers, March 1999)

Chinese calendar signs/signes du calendrier chinois:

 

 

Quand je parlerais les langues des hommes et des anges, si je n'ai pas la charité, je suis un airain qui résonne, ou une cymbale qui retentit.

1 Corinthiens/Corinthians 13:1

If I speak in the tongues of men and of angels, but have not love, I am only a resounding gong or a clanging cymbal.


Could I Have a Word?

And why not choose and obvious one, the word that makes globalisation a piece of cake: English, l'anglais, Inglês, Ying Yü.

Is English a language? Is English a nationality or enven a way of life? Is it a culture? Where does English start and where does it end? To our Chinese colleagues the word I've written is already perfectly clear, it is conmposed of two characters: "ying" a phonetic transcription of "English" (also meaning "hero") and "yü" which means "language".

"English" is in fact an adjective and in English too, adjectives all come before the noun. However, in Portuguese it is just the contrary "an English car" is translated as "um carro Inglês" [a+car+english].

What about French then? In French, which shares common latin roots with Portuguese, the adjective usually comes last "une voiture anglaise". Yet French proves pretty irregular when it comes to adjectives. Let's think of size adjectives for instance: "a big car" in French follows the same pattern as in English i.e. [article+adjective+noun] "une grande voiture", but when this size becomes more than merely noticeable, as in "a huge car" the French adjective jumps to the other side of the noun "une voiture gigantesque". Things become even more complicated if this "huge car" turns out to be English; the size adjective then goes back to its usual position i.e. before the noun, "une gigantesque voiture anglaise" [a+huge+car+English]. This is to say that adjectives can change places depending on the emphasis one gives to one or the other.

Ah, words, words, words... No wonder electronic translation has not replaced the human brain yet!

 


Le jeu des prénoms

Saviez-vous qu'au Brésil on n'utilise quasiment pas les noms de famille ? Monsieur ou Madame sera donc suivi directement et uniquement du prénom de la personne, à moins qu'il s'agisse d'une communication officielle, alors tous les prénoms et le nom de famille seront obligatoires.

On peut créer le prénom de son enfant à partir du prénom de la mère et de celui du père : M. Jose et Mme Neide ont une fille, comment l'appellent-ils ?

Joseneide !

 


Rimer au féminin

Je préfère Auteure à Ecrivaine, le mot inchangé est plus joli et doux à l'oreille. Le français est une langue compliquée, c'est dommage mais on n'a pas tellement envie de faire rimer Présidente...

Avec quoi ça rime ? pas avec "dent", ni avec "comment", pas avec "gens" ni avec "devant", pas avec "temps" ni avec "élément"...

On ne sait pas pourquoi le language est si rigide mais à trop porter de corset on finit par ne plus avoir de muscles, peut-être que c'est ce qui est arrivé à la langue française ?

J'aime les mots féminins, les mots "auteure", "présidente", "professeure", "institutrice", "actrice", "musicienne", "compositrice", "interprète"... mais je refuse d'être limitée par leur utilisation.

 

 

Le Syllabaire Caché

On a de la chance.

Oui, on peut dire qu'on a de la chance que tant de linguistes se soient intéressés à l'écriture chinoise et surtout des linguistes chinois qui ont compilé sans relâche des dictionnaires correspondant à chaque phase de l'écriture chinoise : les premiers caractères (pour l'instant rencontrés essentiellement sur os et écailles de tortues d'où leur nom de "écaille os écriture " (jia gu wen) ; les caractères sur bronze ; les caractères sur sceaux…

Beaucoup de personnes, et particulièrement de chinois - ce qui ne va pas de soi si l'on compare aux autres peuples qui possédaient des écritures semi-iconiques - se sont rendus compte de la valeur que pouvait avoir une écriture qui avait évolué au fil des siècles sans jamais éliminer totalement ses graphies anciennes, accumulant des éléments diachroniques, tentant de noter au fur et à mesure les sens anciens, conservant ses écrits en valorisant l'art de la copie la plus exacte.

On ne se rend pas compte de la chance qu'on a. Quand on pense qu'il aura fallu attendre la fin du XIXe siècle pour que l'on redécouvre au hasard de fouilles archéologiques, que des civilisations avaient préexisté aux Grecs dans la région de l'Egée, qu'il faudra encore plus d'un demi-siècle pour que, dans les années 50, on parvienne à déchiffrer le dénommé "Linéaire B" et qu'on ne sait pas encore combien de temps il nous faudra pour déchiffrer son grand frère Linéaire A !

Les caractères sont là.

Comme leurs cousins d'Egypte qui s'étalent encore le long des murs de pierre, les caractères chinois perdurent sur leurs supports d'os, de métal, de bambou, de soie… Dans mon article " Un dictionnaire sans ordre alphabétique " j'ai évoqué les différences de point de vue qu'entretiennent les linguistes quant aux composantes phonétiques des caractères chinois. Aujourd'hui, ayant découvert le syllabaire du Linéaire B dans un article de John Chadwick (in "La Naissance des Ecritures : du cunéiforme à l'alphabet"). J'ai moi aussi un point de vue sur les composantes phonétiques de l'écriture chinoise. Ce point de vue n'est sans doute pas partagé par le plus grand nombre mais j'ai eu la bonne aventure de rencontrer (à travers ce moyen qu'est l'internet) des têtes pensant également de cette façon.

Le Linéaire B : trait d'union afro-asiatique ?

Un seul regard au syllabaire du Linéaire B reproduit par John Chadwick m'a fait voir plusieurs correspondances directes avec des caractères chinois de base et suspecter des correspondances nombreuses avec une déformation due probablement aux différents supports (d'argile, d'os, de bronze, etc.) ou à la liaison des traits dans l'une ou l'autre écriture. Le plus surprenant pour moi n'étant pas la ressemblance du tracé mais bien plutôt celle des syllabes reconstituées par les déchiffreurs du Linéaire B lorsqu'ils comprirent que ce syllabaire avait été utilisé pour noter des textes grecs.

Suivant cette ligne de pensée, j'entrepris de mettre sur papier toutes les correspondances que je pouvais trouver entre le syllabaire du Linéaire B et les caractères chinois anciens, me basant principalement sur le dictionnaire de Xu Shen, le dictionnaire des caractères sur bronze (Jin Wen Chang Yong Zi Dian) et accessoirement sur le dictionnaire des caractères sur os et écailles de tortue.

Evidemment, cet exercice ne m'amena pas au bout de ma quête : le nombre de correspondances est important mais il y a aussi une grande quantité de syllabes qui ne me paraissent pas correspondre à des caractères chinois.

Quelles sont les raisons de telles correspondances ?

Pourquoi certains tracés utilisés dans le Linéaire B ressemblent-ils par la forme et par la prononciation à des caractères chinois ? Je me penche avec angoisse sur les quelques corpus du Linéaire A pour y vérifier qu'il ne s'agit pas tout bonnement d'une coïncidence liée à la déformation manuscrite d'une écriture plus ancienne, mais en Linéaire A je vois des caractères fort singuliers que je ne trouve pas en Linéaire B mais dans le dictionnaire d'inscriptions sur os et écailles de tortue !

Je me tourne également vers l'alphabet phénicien et c'est là que les choses commencent à devenir vraiment compliquées : certains tracés du Linéaire B semblent correspondre à des lettres de l'alphabet phénicien et ces tracés ont gardé un sens dans l'alphabet phénicien et, la meilleure, c'est que ce sens correspond au chinois !

Alors là tout le monde va penser que j'exagère ! Tout le monde ? Peut-être pas, non.

Victor Mair et Julie Lee Wei entre autres ont déjà identifié des correspondances entre des lettres de l'alphabet phénicien et des caractères chinois. Les plus marquantes sont sans doute : Qof et Jia (peau, carapace), Bet et Bing (maison, mère), Zain et Ren (poutre, bobine) et Samekh et Xin (sacrifice). Pour Julie Lee Wei les 22 caractères de l'alphabet phénicien correspondent aux 10 + 12 = 22 caractères chinois utilisés dans le calendrier traditionnel chinois (voir reproduction ci-dessous).

L'idée n'est pas seulement d'en identifier plus (quoi que cela doive probablement en découler), l'idée c'est de comprendre lesquelles, où et comment. En effet je vois que la lettre Teth s'écrit d'un rond encerclant une croix, que le même caractère en chinois de l'époque des écritures sur bronze s'écrit exactement pareil (son moderne " tian ") et signifie en phénicien comme en chinois " champ ". C'est convainquant. Alors pourquoi Julie Lee Wei fait-elle correspondre la lettre Teth de l'alphabet phénicien à un caractère qui me semble à première vue fort éloigné de la forme " rond encerclant une croix " (voir tableau ci-dessous) ?

Il est tentant de limiter son corpus : 22 lettres / 22 caractères, un syllabaire / un jeu de clefs (radicaux chinois). Mais en imaginant que nous ayons à faire à une traduction de l'alphabet phénicien en chinois pourquoi trouvons-nous des caractères ressemblant plus aux lettres phéniciennes que nos 22 caractères et pourquoi trouvons-nous plus de clefs (radicaux) chinoises que de syllabes ?

Il est possible que l'alphabet phénicien ait effectivement été importé en chinois, les chiffres chinois modernes donnent un exemple de la manière dont une langue peut compliquer ses graphies afin d'éviter la confusion ou la fraude : nous avons des chiffres aux graphies simples (un = une ligne horizontale, deux = deux lignes horizontales, trois = trois lignes horizontales) et des homophones complexes utilisés notamment pour l'argent (pour éviter les ajouts transformant le nombre, de la même manière que nous rédigeons nos chèques en toutes lettres).

L'alphabet phénicien correspondant également aux chiffres et nombres, cette hypothèse expliquerait pourquoi les correspondances trouvées par Julie Lee Wei sont à la fois possibles et en même temps peu convaincantes.


© Juliette Silva - [email protected]
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