L'ARTISANAT
TOUAREG Contrairement
à ce que l'on pourrait penser l'art chez les Touareg n'a rien d'arabe. Il suffit de
remarquer la croix qui surmonte le pommeau de leurs selles ou qui constitue la poignée de
leurs sabres ainsi que la forme de leurs boucliers pour s'en rendre compte. Mais ce serait
également une erreur que de croire que la croix adoptée par les Touareg dans leur art
est due à une influence quelconque du christianisme. Il conviendrait peut-être
d'attribuer à cette croix un caractère plutôt artistique que religieux ou historique,
de la considérer comme un simple objet de parure.
Chez les Touareg, les
artisans tiennent une place effacée. Chaque fraction possède un ou plusieurs mâlem
(forgerons), qui travaillent indifféremment les travaux de tout genre, le bois et le cuir
et qui servent aussi de musiciens ou parfois de magiciens. En général, ces forgerons
sont des métis, issus des relations entre les nobles avec les femmes Bellah ou Daga. Ils
forment une classe à part, mais ne sont pas considérés comme des nobles dans
l'acceptation de ce terme, étant donné que chez les Touareg, c'est le ventre qui donne
la noblesse. Toutefois on rencontre des artisans de profession dans les Ksour où ils
vivent soit isolément soit en petits groupes.
Ces artisans, tisserands, potiers, tailleurs, etc. sont des noirs dont il est difficile de
préciser l'origine. Quelques-uns d'entre eux continuent de porter des vêtements de cuir
de l'ancien temps. Mais, qu'ils soient de race blanche comme les Inadan ou de race noire
comme les Ibarogan du sud, les artisans sont considérés comme appartenant à une souche
inférieure et sont comme tels tenus à l'écart des nobles. Il s'agit là d'une forme de
mépris basée non sur la pigmentation de la peau de l'homme ni sur la profession manuelle
qu'il exerce mais sur le redoutable pouvoir de sorcellerie qu'ils sont censés détenir du
fait de leurs rapports avec les esprits malins.
En effet, on craint que le contact de ces hommes à la fois rebouteux et magiciens ne soit
préjudiciable aux nobles ; d'où il s'ensuit que chez certaines peuplades nomades, une
femme noble qui épouse par exemple un forgeron est mise au ban de la société.
|