Généalogie des Thibault

 

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Généalogie

 

AIMÉ THIBAULT

 

L E S  T H I B AU L T

ONZE SIÈCLES D’HISTOIRE

 

S O M M A I R E

 

LES THIBAULT, ONZE SIECLES D'HISTOIRE 1

 

I. L'EUROPE EN L'AN 800 1

II. L'ORIGINE DU NOM 2

III. LES COMTES DE CHAMPAGNE 4

IV. PROVINS, VILLE MARQUÉE 11

PROGRAMME DES FESTIVITÉS 13

V. LA PARENTÉ 17

VI. LES ARMOIRIES 19

VII. CONCLUSION 20

 

L E S T H I B A U L T

ONZE SIECLES D'HISTOIRE

 

I. L'EUROPE EN L'AN 800

L'Europe de l'an 800 est dominée par un empereur : Charlemagne. Son domaine couvre presque tout l'Occident, s'étendant de l'Atlantique à l'Arménie d'ouest en est et de l'Allemagne à l'Espagne du nord au sud, incluant les îles Britanniques, l'Italie, la France, les pays de l’Est, tels la Roumanie, la Hongrie et autres.

Charlemagne est grand physiquement : il fait deux mètres, dit-on. Jovial, intelligent et actif, il n'a pas hésité à faire emprisonner, en 795, le pape Léon III qui tentait de trop étendre ses possessions temporelles.

Profondément croyant, il favorise l'expansion du christianisme dans tout son royaume. Il gouverne d'Aix-la-Chapelle en Allemagne. Il parle «francique»; c'est en fait l'allemand de l'époque. La langue française n'existe pas encore. Charlemagne comprend aussi le grec et le latin mais ne sait pas écrire. Il en souffre; aussi lui attribue-t-on l'invention de l'école pour tous les enfants. Reconnu pour la justesse de ses jugements il rend la justice, debout sous un chêne. Pour l'aider dans l'administration de son royaume il nomme des Comtes, chargés d'administrer de vastes territoires en son nom.

Qui étaient les citoyens de l'Empire? Majoritairement des slaves à l'est. Les pays de l'Europe de l'ouest d'aujourd'hui étaient peuplés de gens venant des pays scandinaves, transitant surtout par l'Allemagne. Ainsi, la Pologne, l'Allemagne, l'Angleterre et les îles Britanniques, la Belgique, la Suisse, la France, l'Espagne, l'Italie et la Roumanie ont les mêmes ancêtres, les Vikings venus du nord. D'abord blonds aux yeux bleus, leur peau et leurs yeux se sont foncés au fil des siècles et au contact des Sarrasins (Musulmans) au sud.

Ainsi donc nous sommes des descendants des «Normen (Normands) Norsemen ou Vikings». On devait les désigner sous le nom de «Celtes» dans les îles Britanniques. Périodiquement, les Vikings sautaient dans leurs barques, coiffés de leur casques à cornes et armés de leurs marteaux, chaînes et épées. Ils venaient se ravitailler au «sud». Rudes guerriers, ils se faisaient parfois capturer. Devenus esclaves de leurs nouveaux maîtres, ils prenaient pied définitivement dans le nouveau pays.

Souvent trop nombreux sur leurs terres rocailleuses, ils venaient tout simplement chasser les paysans, les voler et occuper leurs territoires. Au fil des siècles, ils se sont si bien établis qu'ils devaient se battre contre d'autres envahisseurs, d'autres Vikings descendus du nord. C'est ainsi qu'ils ont laissé leur nom à toute une province de France: la Normandie. Ces tribus barbares du nord portaient des noms étranges : Goths, Wisigoths, Ostrogoths, Burgondes et... Vandales. Les Vandales, au 5e siècle, détruisant tout sur leur passage vinrent peupler l'Espagne, repoussant les Musulmans jusqu'en Afrique du Nord.

Quelle langue ou langues parlaient-ils? Un mélange de mots scandinaves, celtes et allemands. L'allemand devait prédominer au nord d'abord, puis se transformer petit à petit en toutes ces langues que nous connaissons aujourd'hui. La langue française commença à se former en une entité distincte vers la fin du premier millénaire, issue des langues scandinaves, de l'allemand, du latin et du grec.

 

II. L'ORIGINE DU NOM

A mon entrée à l'Université de Montréal, en 1949, je montai dans la grande bibliothèque, à la recherche de la signification de mon nom. Durant mes études classiques, j'avais cherché en vain, obsédé par un nom qui semblait ne rien signifier. A l'université, je trouvai la définition suivante : «Thibault : de «Theut Bold» mots germaniques d'origine celte signifiant «famille illustre.» Je faillis m'éclater de rire. Aucun Thibault n'avait été illustre à ma connaissance, hors Thibault le Chansonnier dans les années 1200. De là à former une «famille illustre», il y avait une grande marge.

Dans les années 60, mon épouse Pierrette et moi partions pour la France, à la recherche de nos origines. Mon frère Edmond avait le premier, en 1948, fait retracer nos ancêtres au Québec jusqu'à François Thibault, né dans l'île de Ré en 1647 et décédé à Cap St-Ignace en 1724. A l'île de Ré nous apprîmes que le père de François s'appelait Louis, mais qu'il n'était pas possible de remonter davantage, les archives antérieures à 1600 étant pratiquement inexistantes ou introuvables. Frustrés, nous rentions au pays sans plus d'informations sur le nom.

Il fallut attendre «le rassemblement des Thibault» organisé par Jean-Paul, à Cap St-Ignace, en juin 1989 pour me décider à reprendre mes recherches. Adrien avait trouvé les armoiries des Thibault mais pas la devise. Après un hiver de recherches, je décidai de me rendre en Champagne, d'où le nom semblait tirer son origine.

Thibault le Chansonnier était né en Champagne, à Provins. Nous nous y rendîmes et devenus rats de bibliothèque, gelant jusqu'aux os malgré nos bons lainages, un coupe-vent et deux paires de bas chacun, nous trouvions en juin de cette année 1990, l'origine du nom dans une vieille bibliothèque médiévale plus froide encore que les sous-sols du Louvre à Paris.

Je consultai de vieux manuscrits écrits en latin et en ancien français, les auteurs passant du latin au français, supposant que le lecteur se tire aussi bien d'affaire dans une langue que dans l'autre. Une fois de plus mes humanités me servirent spécifiquement.

Voici donc l'origine du nom «Thibault» :

A la fin de l'été 892, les Normands mettent pied sur la côte de Normandie et se dirigent vers Paris.

Le roi Eudes se porte à leur rencontre et engage le combat mettant en déroute le principal corps de bataille des Normands. De nombreux cadavres jonchent le terrain; les deux armées sont affaiblies et les français s'apprêtent à crier victoire quand tout d'un coup un corps d'armée ennemie, composé de troupes fraîches se présente : il faut recommencer à combattre. Tous les nobles de l'armée royale sont blessés. On demande qui portera l'enseigne du roi et personne ne se présente. Tout à coup un homme s'avance, il se nomme Ingon (Ingo) : «Je suis d'un rang obscur, dit-il, et gardien des chevaux du roi; mais si ce n'est pas violer la prérogative des grands, je porterai l'enseigne royale dans les rangs ennemis. Les hasards de la guerre ne m'épouvantent pas, car je sais que je ne mourrai qu'une fois.» Alors le roi Eudes lui dit : «Par notre don et par la volonté des princes, sois porte-enseigne.» Placé à la tête de l'armée, il pénètre au milieu des ennemis en brandissant son arme. Les Français revinrent trois fois à la charge, et la troisième fois les barbares furent obligés de prendre la fuite, laissant leur chef prisonnier entre les mains des vainqueurs.

C'est un Ingon couvert de sueur et de sang qui vient mettre un genou en terre au pied de son roi. Il s'est battu férocement et le roi sait bien qu'on ne garde pas de prisonnier à moins qu'il ne s'agisse d'une monnaie d'échange, comme le chef Normand qu'Ingon lui ramène. Tous les autres ont été exterminés jusqu'au dernier. Le roi ainsi que le reste de son armée doivent la vie à la vaillance, au courage et au sang-froid d'Ingon. Aussi, sur-le-champ, le roi Eudes le déclare comte de Blois. Mais Ingon est grièvement blessé.

Le roi l'accueille chez lui, le fait soigner et lui permet même d'épouser la reine qu'il vient de répudier. Il nous est impossible de connaître le nom de cette ancienne reine. Il semble qu'elle soit d'origine germanique, probablement soeur du roi Arnulf de Germanie qu'Eudes avait reconnu comme suzerain, pendant un temps. Il y a beaucoup de descendants germaniques en France à cette époque et les traces du Saint Empire subsistent. Ainsi Eudes s'appelle aussi Eudon; appellation qui va bientôt se traduire Oto ou Otto en Allemand. (Retraduit Oton, Othon ou Otton en français). Quand à Ingon, son nom est bien germanique et en Germanie il se prononce Ingo.

La reine déchue, émerveillée par la bravoure d'Ingon, veille sur la santé de son nouveau mari. Un an plus tard, Ingon aura un fils. En mettant cet enfant au monde la reine dit : «Le père de cet enfant s'est tellement illustré; il a fait preuve de tant de courage, de force et de bravoure que je viens de donner naissance à une «famille illustre» (Theut Bold). Cet enfant portera le nom de Gerlon «Theut Bold» (Thibault). Un an plus tard, en 894, Ingon mourra des suites des blessures reçues à la bataille de 892. Le nom transmis devait se rendre jusqu'à nous. En fait, ce nom n'était pas complètement nouveau en France. Déjà en 555 un des fils de Clovis, premier roi des Francs, avait porté le nom de «Théobaldus» (Thibault), puis le nom avait dérivé en Théodebert, puis en Thierry pour finalement disparaître.

Quant à Gerlon Thibault ou Thiébolt élevé à la cour en seigneur, il ajouta le titre de comte de Chartres et de Tours à son titre de comte de Blois; mais sa famille devait être connue comme la famille des comtes de Blois. C'était le début d'une dynastie. On le désigna, dans l'histoire de France, sous le nom de Thibault l'Ancien. C'est probablement lui qui, au récit de l'exploit de son père, Ingon, donna la devise à la famille: PASSE AVANT LE MEILLEUR.

Quelle est l'épellation correcte du nom? Il n'y en a pas une en particulier. Les premiers textes latins donnent Theutboldus et finalement Theobaldus qui se traduit aujourd'hui par Thibault. Au fil des siècles et des pays le nom a pris plusieurs formes: Thibault, Thibeault, Thibaut, Thibaud, Thibeau, Thibau, Thiault (par contraction), Thébeau, Thibal, Thibeaux, Thibaudeau, Thibaudien, Thibaudier, Thibaudin, Thibaudon, Thibaudot, Thibout, Thiébau, Thiébaud, Thiébault, Thiébaux, Thiébaut, Thiébauld, Thiébeaux, Thiéblot et Thiébot. L'orthographe la plus répandue en France et au Québec est THIBAULT. Aussi surprenant que cela puisse paraître le nom se retrouve sous la forme latine en Allemagne et en Espagne: Theobaldus. Chez les Anglo-Saxons d'origine, en Grande-Bretagne, aux États-unis et autres, ce patronyme devient Theobald. Comment se fait-il que nous soyons si nombreux à porter ce nom ? Nous le verrons un peu plus loin.

 

III. LES COMTES DE CHAMPAGNE

La formation du comté de Champagne remonte à l'an 950. Dominée par les Vermandois la Champagne allait rapidement devenir l'apanage des descendants d'Ingon. Le petit-fils d'Ingon, fils de Thibault l'Ancien et connu sous le nom de Thibault le Tricheur, épousa Lentgarde (Ledgarde), fille d'Herbert II qui se trouvait en place lors de l'annonce de la formation de la Champagne, en tant que comte de Vermandois. L'histoire fait de Herbert II le premier comte de Champagne, quand en fait Herbert II mourut en 943, sept ans avant que la Champagne existât. Nous ne contredirons pas les savants historiens qui dénombrent quinze comtes de Champagne.

Dans cette grande famille, issue des comtes de Blois, on retrouve au moins neuf Thibault dont cinq portèrent le titre de comte de Champagne. Les descendants d'Ingon devinrent-ils célèbres et puissants? Jugez par vous-même :

1. Thibault l'Ancien épousa la fille du roi, Robert le Fort;

2. Thibault le Tricheur était petit-fils de Robert le Fort;

3. Thibault le Grand était petit-fils de Guillaume le Conquérant, roi d'Angleterre, et beau-père de Marie de France, soeur de Philippe-Auguste, roi de France, et neveu de Henri 1er d'Angleterre;

4. Thibault le Bon était le beau-frère de Marie de France, soeur de Philippe II, roi de France;

5. Thibault V était petit-fils de Louis VII, roi de France;

6. Thibault le Chansonnier était lui-même roi de Navarre;

7. Thibault VII épousa Isabelle, fille de Louis IX, dit saint Louis;

8. La petite-fille de Thibault le Chansonnier, Jeanne de Navarre, épousa Philippe IV Le Bel, roi de France, et eut quatre enfants couronnés : Louis X, Philippe V et Charles IV furent couronnés roi de France tandis que leur soeur, Isabelle de France, épousa Edouard II Plantagenet, roi d'Angleterre;

9. Quant au plus connu aujourd'hui, Thibault le Chansonnier, son arrière-grand-père était Louis VII, roi de France et son arrière-grand-mère, Eléonore (Aliénor) d'Aquitaine, reine de France par son mariage à Louis VII, puis reine d'Angleterre par son deuxième mariage à Henri II Plantagenet. Elle eut pour fils Richard Coeur-de-Lion, Jean-Sans-Terre, et sa fille devint reine de Castille, par son mariage au roi Alphonse VIII.

Cette lignée donna aussi des saints à l'Eglise, des saints Thibault. Le plus connu, né et élevé au château de Provins, mourut en 1066. Il fut canonisé six ans après sa mort. Ayant fait la Croisade, il revint au pays, puis se retira dans un endroit désertique et entreprit de fabriquer du charbon de bois, menant une vie ascétique. Il mourut à 27 ans. Il devint le patron des charbonniers; sa fête est célébrée le premier juillet. Son culte se répandit très vite. Dix-huit églises et monastères lui sont dédiés moins d'un siècle après sa mort. Au total, plus de 150 endroits empruntent le nom du saint. Il devint le patron de sa ville natale, Provins, où une église et une abbaye sont érigées, sans compter une école primaire.

M. René-Paul Bernard, par un article publié dans «Provins et sa région» (No: 131 -1977), article intitulé : «Saint Thibault de Provins - Vie, culte, iconographie» nous apprend (page 93) que saint Thibault eut dix homonymes. Il cite entre autres quatre autres saints Thibault :

1. Saint Thibault, abbé de Vaux de Cernay, mort en 1247 et célébré le 8 juillet.

2. Saint Thiébaut, dont le nom réel était Ubald de Gubbio, évêque d'Ombrie au XII siècle. Fêté le 16 mai.

3. Saint Thibault d'Albe, qui vécut aussi au XII siècle était un guérisseur reconnu.

4. Saint Thibault, archevêque de Vienne de 957 à 1001, grand-oncle de Saint Thibault de Provins, qui avait prédit la naissance du jeune Thibault à sa mère.

Les 15 comtes de Champagne ont dominé la région pendant quatre siècles y laissant une marque indélébile et un nom qui n'est pas près de disparaître. Si le nom des Thibault de Champagne est parvenu jusqu'à nous ce n'est pas parce que c'était une des familles les plus célèbres, les plus riches et les plus puissantes de France, mais bien parce qu'il y en eut un qu'on surnomma «le Chansonnier». Premier du genre, il devait servir d'inspiration à tous les autres troubadours, trouvères et ménestrels; preuve que les arts immortalisent davantage que la puissance politique, économique ou militaire. On l'a surnommé le «poète courtois» et près de huit siècles plus tard on joue encore sa musique dans les fêtes médiévales. On y récite aussi ce fameux poème dédié à la reine Blanche de Castille, qu'il aimait, dit-on, d'un amour platonique:

Celle que j'aime est d'un rang si élevé !

Sa beauté me donne une confiance qui tourne à l'impertinence

Quand je la vois, je ne sais plus ce que je dis,

Je suis si bouleversé

            Que je n'ose me déclarer.

           (Traduction libre)

Deux noms ressortent fortement de ces quatre siècles d'histoire : Thibault le Tricheur, petit-fils d'Ingon et fils de Gerlon Thibault, et Thibault le Chansonnier.

Les moeurs de la fin du premier millénaire n'étaient pas celles d'aujourd'hui. Les gens étaient très primaires ou mêmes primitifs dans l'expression de leurs sentiments. Souvent même, ils étaient d'une barbarie incroyable.

L'Eglise catholique s'en allait à la dérive et on dit que des prostituées manipulaient les cardinaux pour faire élire le pape de leur choix. Les papes avaient des maîtresses et des enfants, menaient une vie fort dissolue et peu de gens s'en scandalisaient. Les intrigues foisonnaient dans les coulisses et les papes étaient élus et déposés prestement. C'était la période des mauvais papes.

Ainsi, certains manipulateurs, craignant que le célèbre Abélard ne devienne pape, le firent tout simplement émasculer. Or, pour être pape il faut être physiquement intègre et il ne saurait être question d'élire une femme ou un eunuque. Deux cardinaux, dit-on, sont chargés de vérifier l'intégrité physique du pape en le faisant asseoir sur une chaise à trou sans vêtement sous sa soutane. Croyance populaire ou vérité ? Qui sait !

Les gouvernants civils n'étaient pas meilleurs. Louis le Pieux fit crever les yeux à son neveu Bernard, quand ce dernier revendiqua l'Empire. Une vieille reine fut, par son assaillant, attachée nue à la queue d'un cheval qu'on lança au galop. Il existait une mentalité de : «J'y suis, j'y reste; viens m'en déloger.»

C'est dans ce contexte que Thibault le Tricheur fut élevé. Ce Thibault le Tricheur avait une forte personnalité. Par son père Thibault l'Ancien, il était comte de Blois, de Chartres et de Tours. Son mariage à Ledgarde (Lentgarde) lui apporta le titre de duc de Normandie. Il est à remarquer qu'à cette époque on emploie indifféremment le titre de duc ou de comte. En fait les duchés étaient plus étendus que les comtés mais les comtes de Champagne exercèrent une telle emprise sur leurs domaines que le titre de duc tomba presque en désuétude durant les quatre siècles où ils gouvernèrent la Champagne.

Aussi les appelait-on indifféremment duc ou comte. Habile guerrier, grand et fort, fin causeur, Thibault le Tricheur était en excellente situation à son mariage. Il avait l'allure d'un gentilhomme; surtout si on le compare à son beau-père Herbert II, comte de Vermandois dont les chroniqueurs de l'époque disent qu'il était «...le dernier des hommes, le plus vil et le plus méchant que la terre ait porté ! » Ayant séquestré son roi, il allait lui rendre visite en disant qu'il faisait des démarches pour lui obtenir la liberté. En fait, il maintenait le moral de son otage pour le garder en vie. C'était pour lui une monnaie d'échange dans sa marche vers le trône de France. La mort empêcha Herbert II de donner suite à ses projets.

A côté de lui Thibault le Tricheur faisait figure d'un gentil garçon. Le territoire sous la juridiction de Thibault était très considérable et ses possessions beaucoup plus étendues que celles du roi de France. Mais ce n'était pas assez pour lui. Aussi mit-il au point un système lui permettant d'agrandir son territoire. Son système fonctionna à perfection et lui valut le surnom de Tricheur. Suivi d'une armée d'au moins trois mille hommes, il pénétrait dans une ville et convoquait les autorités leur tenant à peu près ce langage :

«Votre ville est mal protégée. Vous êtes à la merci des Normands. Je vais renforcer les murs de votre ville, les élever plus haut; je creuserai davantage le fossé qui entoure vos murs et je renforcerai le pont-levis. Je laisserai à votre disposition une garnison qui veillera jour et nuit sur vous et vos habitants vous permettant de vivre dans la sécurité et la paix.»

Puis, il passait à l'action. Une fois la ville bien fortifiée, il percevait la dîme comtale et faisait savoir à l'ancien seigneur qu'il était maître des lieux. Comme il était un guerrier redoutable, riche en or et en soldats, l'ancien maître préférait abandonner la ville. C'est ainsi que Thibault le Tricheur, après avoir conquis Melun étendit son domaine jusqu'à la mer vers l'ouest, s'emparant de toute la Bretagne et des villes sur son chemin.

Il était devenu tellement puissant que toute la côte nord-ouest, jusqu'à la Flandre, lui appartenait. Au point où le roi de France commença à s'inquiéter de ce Thibault qui possédait plus de territoire que lui. Inutilement d'ailleurs, parce que Thibault n'avait pas l'ambition de détrôner son roi. N'était-il pas plus riche que lui ? Aujourd'hui son système serait considéré comme frôlant le «racket de la protection» à la différence que les gens de l'époque avaient vraiment besoin de protection et étaient réellement négligés par leur seigneur.

Thibault était en fait bienvenu dans les villes et territoires qu'il investissait. Non seulement conquit-il de vastes territoires, contribuant grandement non seulement à son enrichissement, mais au développement économique de la Champagne y apportant paix et prospérité. Les foires qu'il initia en Champagne firent la richesse de cette région pendant des siècles et aujourd'hui encore, les structures mises en place par Thibault se continuent par la vente du vin de Champagne et du fromage de Brie. Nous y reviendrons. Ce géant de France mourut en 978, laissant à son fils les titres de comte de Blois, Tours, Chartres, Châteaudun, Meaux et Provins pour ne citer que les principaux.

Les Thibault furent de presque toutes les croisades pour reconquérir le tombeau du Christ au moyen-âge. Famille profondément religieuse elle donna à l'Église non seulement des saints, mais elle fit aussi construire à ses frais de nombreux monastères et églises dont la moindre n'est pas la Cathédrale de Troyes, bijou de l'architecture moyenâgeuse. Ceux qui auront l'opportunité de visiter cette église auront la surprise de voir dans les vitraux, considérés parmi les plus beaux du monde, l'histoire de la Champagne, représentée par les armoiries des comtes.

A partir de la gauche en entrant, chaque vitrail décrit l'évolution historique des comtes de Champagne, qui en 1200 sont sur un pied d'égalité avec les lys, les rois de France. Le premier vitrail place côte-à-côte, deux écussons de même grandeur; les armoiries des comtes de Champagne sont sur un pied d'égalité avec les trois lys des rois de France. Petit à petit les armoiries de Champagne diminuent et à la toute fin, à notre droite elles sont disparues, absorbées par celles des rois de France, symbole de la fusion de la Champagne à la France, par le mariage de la petite-fille de Thibault le Chansonnier, Jeanne de Navarre, à Philippe IV le Bel, roi de France.

C'est tout à fait par hasard que j'ai fait cette observation, car le motif principal des vitraux décrit l'Histoire Sainte. Les armoiries des Thibault sont donc gravées depuis des siècles dans ces verrières et derrière le maître-autel, sous une dalle de pierre de l'entrée de la chapelle de la Vierge se trouvent les ossements d'Henri le Libéral, mort en 1181, et celle de son fils Thibault V mort en 1201 à l'âge de 22 ans, alors qu'il s'apprêtait à partir pour la Croisade en Terre Sainte.

Thibault le Chansonnier naquit à Provins, en 1201, fils posthume du précédent. Élevé à la Cour de France en compagnie de Louis VIII dit le Lion et père de saint Louis, il y eut toujours un certain malaise entre les deux; une incompatibilité de caractère comme nous dirions aujourd'hui. Louis n'avait rien d'un lion : ni grand ni fort mais très courageux et belliqueux quand il le fallait. Thibault était de manières douces, aimant la musique et la poésie. Il avait plaisir à converser et même s'il avait une certaine facilité avec les armes, il préférait de beaucoup la diplomatie à la bataille.

Un jour où Thibault adolescent errait dans le château du roi de France, il entrevit la future reine, Blanche de Castille, nue, sortant du bain. Frappé par sa beauté, il s'éprit d'elle au premier regard. A partir de ce moment il se mit à écrire de la musique, des chansons et des poèmes pour la dame de son coeur. C'était un amour impossible : il ne pouvait même pas le dire à Blanche sans provoquer un drame terrible. Il en prit son parti et décida de l'aimer de façon platonique et de la chanter en vers et en chanson. C'est cet amour qui fit que l'histoire de Thibault parvint jusqu'à nous.

La seule histoire des comtes de Champagne n'était pas suffisante pour traverser huit ou dix siècles d'histoire. Mais le seigneur, le troubadour chantant un amour impossible est d'un classicisme qui nous rejoint à l'approche du 21e siècle. On dit de Thibault qu'il aima Blanche toute sa vie sans jamais lui déclarer son amour. Mais ses poèmes et ses chansons parlaient pour lui et tous les intrigants de palais, jaloux de Thibault, surveillaient chacun de ses gestes, de manière à le faire périr si jamais il déclarait ouvertement son amour en présence de la reine.

Qu'en fut-il au juste ? Un seul incident est à signaler. Un jour où Blanche, veuve, passait par la Champagne, elle fit savoir à Thibault qu'elle aimerait l'entretenir quelques instants. Thibault lui donna rendez-vous, non dans sa capitale, Troyes, ni dans sa forteresse de Provins où se trouvait sa famille, mais bien dans un château isolé, situé au sommet d'une colline et d'où on pouvait voir fort loin.

C'était l'hiver et Blanche monta au château avec une escorte très réduite. Que se passa-t-il cette nuit là ? Impossible de le dire, sauf qu'au petit matin, Blanche quittait le château, en ayant pris soin de faire ferrer ses mulets à l'inverse de l'habituel de manière à ce que les traces dans la neige donne l'impression de quelqu'un arrivé le matin plutôt que parti. Chose bien étrange, ma foi!

Elle avait bel et bien passé la nuit au château de Thibault et les gens de bien, qui avaient eu vent du subterfuge, dirent que la reine avait fait cela pour protéger sa réputation; quant aux mauvaises langues, on peut imaginer quelles interprétations elles donnèrent à l'événement. Ce fut, paraît-il, la seule fois où Thibault se trouva seul à seul avec la reine qu'il avait tant chantée et glorifiée dans ses poèmes.

En 1234, Thibault devint roi de Navarre. Pour consolider son emprise sur la Champagne que la princesse Alix de Chypre prétendait sienne par héritage, Thibault dut débourser 40 000 livres à sa cousine. Il n'avait pas cet argent ou du moins son intendant, Archambaud, le croyait. Archambaud se rendit auprès de Louis IX pour emprunter cet argent.

Comme garantie de paiement, il céda temporairement Blois, Sancerre, Chartres et Châteaudun. Revenant de Navarre, Thibault se rendit chez saint Louis pour payer sa dette. Le roi lui dit que 20 % de ses terres avaient été non pas données en garantie de paiement mais bien vendues pour 4 000 livres.

Thibault fit une colère terrible mais rien n'y fit. Il déclara donc la guerre à saint Louis mais le roi le gagna de vitesse et envahit la Champagne. Mal préparé à cause de son séjour en Navarre qui avait duré un an, Thibault eut peur et non seulement renonça à ses possessions mais en ajouta deux autres, Bray et Montereau, pour éviter un massacre et pour apaiser le roi de France, Louis IX dit saint Louis. Pressé d'intervenir, le pape Grégoire IX blâma Louis IX. Pour beaucoup moins on avait surnommé l'ancêtre de Thibault, «le Tricheur», trois siècles auparavant.

Les chroniqueurs disent que Louis IX ne pouvait refuser pareille aubaine et qu'il se montra très gentil par la suite envers Thibault. Même qu'il donna sa fille Isabelle en mariage au fils de Thibault. Du coup, les rois de France avaient fini de trembler devant les comtes de Champagne, plus riches et puissants qu'eux.

Finalement, Thibault organisa une Croisade en Terre Sainte et pour rester dans les bonnes grâces du pape, il fit preuve de grande faiblesse. Il existait à l'époque un groupe de protestants qui se révoltaient contre la corruption de la papauté et contre les richesses que l'Église accumulait par toutes sortes de moyens, souvent illégaux et immoraux. Ces protestants prêchaient le retour aux sources : la pauvreté, la charité et le retour à une vie austère et frugale. On les appelait les Cathares. En fait, dans un monde corrompu, ils étaient gardiens de l'orthodoxie et de la pensée chrétienne.

Le pape ordonna de les détruire tous et pour ce faire il fit appel à l'inquisition. Ces braves se terraient dans des souterrains, un peu comme les premiers chrétiens dans les catacombes. Les moines, terribles inquisiteurs, torturaient les Cathares et leur faisaient avouer les pires infamies. Mais souvent, ils n'avouaient rien, étaient crucifiés et brûlés vifs en croix. Avant de partir pour la Croisade, il était recommandé par le pape d'exterminer les Cathares, pour assurer la tranquillité du pays.

Cela répugnait à Thibault : crucifier et faire brûler des bons citoyens avant d'aller libérer le tombeau du Christ à Jérusalem, lui semblait un non sens. Mais le pape en faisait une condition essentielle et Thibault s'y soumit en faisant crucifier et brûler 183 «infidèles» sur le mont Aimé avant de se rendre en Terre Sainte. Toute sa vie, il regretta ces assassinats et les suppliciés du mont Aimé vinrent hanter ses derniers jours durant lesquels il pria beaucoup et demanda à Dieu de lui pardonner.

Arrivé en Terre Sainte, le chef des Sarrasins (Arabes) alla à sa rencontre, et l'invita à souper sous sa tente. Après de longs entretiens avec le chef arabe, il se rendit à l'évidence : les six Croisades précédentes n'avaient donné que des morts et du pillage. Aussitôt les Européens partis, les Arabes occupaient à nouveau leur territoire. Deux siècles et demi de guerre, de vandalisme et d'excès de toutes sortes n'avaient rien donné.

Persuadé que ce problème ne peut se régler par les armes et qu'il faut plutôt utiliser la diplomatie et le compromis, Thibault rentre en France sans avoir livré bataille. Symbole de la paix conclue, il rapporte à Provins une rose d'une telle beauté, en 1240, qu'elle y est encore cultivée et fort répandue : il s'agit en fait d'une variété d'églantine fort odorante. Puis, il rentre dans ses terres de Navarre où cohabitent dans la paix, Chrétiens, Juifs et Musulmans. Il mourra douze ans plus tard, laissant son royaume à son fils, Thibault, celui qui a épousé la fille de saint Louis, Isabelle.

La Champagne ne devait jamais se relever de son départ. Elle va être finalement absorbée par la couronne de France, mettant fin à l'âge d'or de la Champagne.

 

IV. PROVINS, VILLE MARQUÉE

Quittant Fontainebleau, nous roulons doucement vers la Champagne. Ces vallées ondulées ne sont pas sans me rappeler l'Estrie de mon enfance. Les champs semblent d'une grande fertilité et en cette fin de printemps tout invite au calme et à la paix. Après la vie trépidante de Paris, il fait bon reprendre contact avec la nature.

Ici et là, de vastes bandes rouges se déroulent, telles des rubans, sur un fond vert de foin fraîchement coupé; ce sont des coquelicots, cultivés à perte de vue. Terre féconde et humide. La route porte un nom plein de promesses pour nous qui sommes à la recherche de la devise familiale : «Route Thibault de Champagne». Ce chemin nous mène à la ville où naquit Thibault le Chansonnier : Provins.

Avant l'ère chrétienne ce n'était qu'un petit hameau traversé par les Normands venant du nord et par les Romains venus y faire la guerre des Gaules à l'époque de César, un demi-siècle avant la naissance du Christ. C'était en fait une halte et un point d'observation. Un rocher isolé permettait d'observer grand à la ronde et d'assurer une certaine sécurité à ceux qui s'y arrêtaient.

Tout en roulant, je me prends à penser que les Thibault de Champagne ont occupé cette terre pendant des siècles oppressant sans doute les paysans sous la lourde dîme comtale et que la fin de cette dynastie a dû être un grand soulagement pour cette population de Champenois.

J'en suis là dans mes pensées lorsque nous nous trouvons face à une ville fortifiée : Provins. Du même coup, nous sommes projetés au Moyen Age. Les murailles y sont tellement élevées qu'elles paraissent irréelles à un Nord-Américain.

Une construction domine le centre de la Ville Haute : la tour César. Véritable donjon au coeur d'une forteresse. Tout y est si étrange, si nouveau qu'il faut une pause pour s'y habituer. Grimpant l'étroite rue St-Thibault, nous parvenons à joindre notre hôtel, «Aux vieux remparts». Effectivement notre gîte se trouve sous les remparts, à l'intérieur de la Ville Haute.

Notre premier soin, une fois installés, est de descendre sur la place publique et d'observer ces constructions si anciennes qu'elles nous semblent devoir s'écrouler d'un instant à l'autre. Et pourtant elles défient les siècles. Les rues sont si étroites que souvent les autos qui se rencontrent doivent forcément avoir un côté sur l'étroit trottoir; parfois il est impossible de rencontrer, c'est trop étroit.

Les maisons sont toutes de pierre et souvent le pollen a disséminé des semences qui ont pris racine à même les murs et murailles. L'ensemble est si saisissant qu'on croirait le temps arrêté depuis un millénaire. La marche est difficile sur ces gros cailloux qui forment la chaussée. Ces pierres n'ont pas été travaillées et le pied y bascule facilement. Il en est ainsi parfois sur les trottoirs.

Aucune enseigne néon ne vient gâcher l'ensemble et n'eut été des autos dans les rues, nous nous retrouverions en plein Moyen Age. Au bout de la place publique, une construction, une porte; au-dessus de l'entrée, gravé dans la pierre taillée : Lycée Thibault de Champagne. Puis, une autre école, primaire celle-ci : École primaire St-Thibault. Du côté opposé c'est la rue St-Thibault, celle par laquelle nous avons accédé à la Ville Haute.

Une surprise nous attend. C'est annoncé partout : Fêtes médiévales de Provins, 9 et 10 juin, 750e anniversaire de l'arrivée de la rose à Provins. Le hasard faisant bien les choses nous y sommes le cinq juin et nous ne voulons pas manquer ces fêtes pour tout l'or du monde.

 

PROGRAMME DES FESTIVITÉS

Vendredi le 8, à 22 h 30 heures : Spectacle sons et lumière. Les jeux médiévaux. Grande fresque retraçant la vie du peuple au Moyen Age et les principaux événements de la vie de Thibault le Chansonnier.

Samedi le 9, à 15 h heures : Défilé du comte de Champagne, Thibault le Chansonnier, et de sa Cour.

A 17 h heures : Tournoi de chevalerie.

Dimanche le 10, à 15 h 30 heures : Défilé de Thibault de Champagne rapportant la rose de Damas. 750e anniversaire de cet événement qui eut lieu en 1240.

Pour l'occasion, les citoyens sont vêtus à la mode du Moyen Age et sont les acteurs mis en cause. Aucun artiste professionnel sauf pour le tournoi. La scène : la ville de Provins. En arrière plan: Cour des miracles, marché médiéval, foire aux bestiaux, combats de rue, tournois d'archerie, chantier médiéval, expositions, avec la participation des troubadours, comédiens locaux, ménestrels, montreurs d'animaux et commerçants.

Les spectateurs viennent de Paris, située à 80 km et de toutes les villes environnantes. Il y a foule malgré le mauvais temps. Pour nous c'est une révélation. Mais, quelle est donc cette ville ? Qui est ce Thibault qu'on fête encore 750 ans après son départ ? Comment cela est-il possible ? Remontant dans mes souvenirs, j'essaie de me représenter une fête en l'honneur de Maisonneuve, Champlain ou Cartier, une fête qui reviendrait tous les ans. Impossible de concevoir une telle chose chez nous.

Pour trouver quelque chose d'approchant, il faut se remémorer la St-Jean-Baptiste d'autrefois; mais là encore, Jean-Baptiste n'occupe qu'une toute petite place, ne bouge pas et constitue quasi une abstraction. Ici Thibault est vivant, il bouge. Il reçoit la proclamation du maire, membre de l'Académie Française et ancien ministre : Alain Peyrefitte. Il se promène à cheval dans les rues avec sa cour.

Tant de belles dames et de joyeux seigneurs en costume d'époque ! La richesse et la couleur vive des tissus surprennent. L'habilité des cavaliers aussi. Aucune auto dans les rues cette fois. Même les annonces faisant anachroniques ont été masquées par des affiches en lettres gothiques.

Cette fois-ci nous sommes plongés en plein Moyen Age. Tout y est; même les lépreux qui montrent des plaies horribles. Le terrible bourreau vient faire affûter sa hache sur la meule d'un paysan. La Cour des miracles est si vraisemblable avec son bossu hideux et son fou habillé en polichinelle !

On note au passage des suppliciés soumis au supplice du carcan. Derrière l'église St-Ayoul se trouve le marché aux bestiaux et tout à côté, dans la cour des Bénédictins, les artisans et les marchands offrent leur marchandise. Sur la rue principale, des auteurs parfois en costume, dédicacent leur dernier bouquin, adossés à la librairie. Le Moyen Age revit. C'est une révélation pour nous. Comment cela est-il possible ? Revenons en arrière.

Sur la route des Romains, Provins était une halte, un point d'eau, un refuge. La tour qui surplombe la Ville Haute existait déjà en 1137. Nous l'avons visitée de fond en comble. Nous avons appris «de visu» ce qu'est une oubliette. Du sommet, la vue sur la Champagne est imprenable. Les champs se déroulent à nos pieds, à l'infini. Dans le lointain, du côté opposé à la Ville Basse se dresse une construction impressionnante : c'est le couvent des Cordelières.

Un soir de tempête, Thibault le Chansonnier était penché à sa fenêtre au sommet de son château. Tout à coup, le ciel s'ouvrit et dans un coup de tonnerre un éclair sillonna longuement le ciel. Thibault y vit la forme d'une dame pointant de son épée une construction à ses pieds. En un instant, il crut voir la silhouette de la grande sainte Catherine, qu'il avait vu tant de fois sur une peinture du château. Croyant à une intervention céleste, il fit construire une immense abbaye à cet endroit. Cette construction tient toujours et elle a fière allure. C'est là une de ces légendes dont on raffolait au Moyen Age. Dieu était toujours présent et il se manifestait de différentes façons.

Il semble que le coeur de Provins se soit arrêté de battre à cette époque du Moyen Age. Que s'est-il donc passé ? La lecture de vieux documents nous éclaire à cet effet.

Lorsque Thibault le Tricheur s'installa à Provins, c'était un petit village de moins de mille âmes. Il aima l'endroit et se dit que cet endroit devait devenir une ville fortifiée. Après avoir longtemps guerroyé, il se replia sur Troyes, sa capitale officielle, et sur Provins. Il était frappé par le va-et-vient de Provins.

Mais peu de gens avaient l'idée de s'y installer. C'était en somme un carrefour entre la Germanie et Rome; c'était aussi la voie empruntée jadis par les légions romaines se rendant en Gaule ou dans la terre des Angles (Angleterre). Son expérience lui avait appris que la prospérité venait du commerce.

Aussi eut-il l'idée d'organiser des foires pour les passants : 15 jours en mai et 15 jours en septembre. Pour organiser des foires, il faut avoir des objets à vendre. Les premières foires faisaient étalage de poteries et de tissus artisanaux. C'était en somme très modeste et ne retenait les voyageurs qu'une heure ou deux.

Thibault constata cependant que la poterie se vendait peu. Par contre les tissus soyeux et laineux semblaient retenir davantage l'attention des passants. Aussi développa-t-il ce secteur. Au fil des années de plus en plus de tissus se vendaient à la foire de Provins. Il y avait aussi des moutons, poules et cochons qui se vendaient bien. On y ajouta du pain frais, de la crème et des aliments susceptibles de nourrir les voyageurs qui ne désiraient pas s'inscrire à l'auberge.

Chaque année les foires étaient plus courues. On venait de Paris et d'ailleurs. La qualité des marchandises vendues s'élevait, la population augmentait aussi et on commençait des mois à l'avance à fabriquer des produits pour les foires. Cependant, dès le début, il y eut un problème de monnaie. Combien valait la pièce romaine, l'espagnole, l'allemande, l'anglaise ?

Le commerce en était rendu difficile et Thibault s'occupa activement de cette question. Durant l'hiver, il obtenait la valeur des différentes pièces, mais il fut grandement surpris de trouver un jour des pièces hindoues et chinoises. Combien valaient ces pièces ? Impossible de le déterminer. La solution ? Frapper sa propre monnaie.

C'est ainsi que naquit le denier de Provins qui, au fil des années, allait devenir une monnaie plus sûre que celle frappée par le roi de France. De plus en plus de monnaie circulait et les foires se développaient au point où Thibault les introduisit à Troyes et dans quatre autres villes de la région. Thibault contrôlait les changes et prélevait une commission. Les argents qu'il accumula à changer des monnaies étrangères furent considérables et les sommes augmentaient avec le développement des foires. Le denier de Provins était devenu une des principales monnaies du monde. Il était valable autant en Asie qu'en Europe.

La population de Provins augmenta. Comme les murs délimitaient la superficie de la ville, des souterrains furent creusés et des ouvriers toujours plus nombreux venaient y fabriquer le célèbre drap de Provins, reconnu comme le meilleur au monde à l'époque.

On avait également développé une expertise considérable dans la fabrication de cuirs fins. La présence des deux rivières, le Durteint et la Voulzie, facilitait le travail de tannage et l'écoulement des eaux usées. Ces cuirs furent rapidement reconnus comme les meilleurs de l'Europe et la population de Provins grimpa à 60 000 mille âmes.

Et c'est dans cette ville florissante qu'on retrouve le célèbre moine Abélard, héros du Moyen Age, et mondialement connu pour son terrible amour de la divine Héloïse. Abélard était devenu un enseignant renommé avant de fonder son monastère, le Paraclet, à proximité de Tremblay-en-Champagne. C'est dans ce monastère dont la propriété à Abélard avait été confirmée par Thibault de Champagne, qu'Héloïse devint abbesse.

Thibault le Tricheur mourut mais son oeuvre se continua pour atteindre son apogée deux siècles plus tard. Thibault s'était avéré un visionnaire. Il avait compris par lui-même tous les rouages du commerce et l'importance de contrôler l'argent, ce qui lui valut d'être beaucoup plus riche que le roi de France. De 1 000 âmes, la ville de Provins atteignit en l'an 1200, 80 000 âmes approximativement. Elle venait tout de suite après Paris quant à sa taille et sa population. Les foires, dit-on, attiraient 200 000 personnes à Provins chaque année.

Cette ville s'était développée grâce à la perspicacité d'un homme et ceci devait amener la richesse à sa famille durant trois siècles. Thibault le Chansonnier, manquant d'argent, fit un jour frapper plus de monnaie que dû. Ce qui le dépanna sur le champ; mais ce fut vite connu et la valeur du denier déclina un peu. Le Chansonnier remarqua aussi que les goûts du peuple changeaient. Les solides tissus de lin et de coton de Provins étaient toujours populaires, mais il nota qu'un nouveau produit menaçait son empire: les tricots de laine de mouton venant d'Angleterre et arrachant une bonne part du marché. A cela il n'y avait pas de remèdes à court terme et Thibault se voyait offrir la couronne de Navarre. Il quitta donc Provins mais il n'y avait personne pour remplacer efficacement le comte de Champagne.

Les foires diminuèrent en importance; les tricots anglais se répandaient de plus en plus et le chômage s'installa définitivement lorsque la Champagne fut réunie à la couronne de France et que la petite-fille de Thibault épousa le roi de France, lui apportant en dot, et la Champagne et la Navarre.

Le coeur de Provins cessa de battre et la stagnation s'installa. En 1275, tout était fini et c'est le Provins de 1275 que nous avons visité. Tout y est arrêté, figé dans le temps. La ville ne s'est jamais relevée, passant de 80 000 âmes à 13 000 aujourd'hui. Figée à l'époque de Thibault le Chansonnier ! Depuis, plus rien. C'est pourquoi les Thibault ont tellement d'importance dans cette ville. C'est pourquoi on vit replié sur le passé, pleurant une ancienne grandeur, une ancienne richesse et une ancienne notoriété. Le Chansonnier en avait fait une ville des arts. Tout est disparu.

Si, lors de mon entrée à Provins, je me disais que les comtes avaient dû exploiter les gens du peuple, j'ai dû changer d'avis. Leur talent et leur richesse avaient rejailli sur les Provinois. Aujourd'hui ils ont la nostalgie de cette époque.

Il y a sept ans, les citoyens se sont réunis pour une analyse de leur situation. Tout se développe autour d'eux et Provins stagne. Que faire ? Les foires firent jadis la prospérité de la ville ? Qu'à cela ne tienne ! Ils reprendraient les foires sous une forme à la fois ancienne et nouvelle. Ils allaient reconstruire les murs de la ville, là où ils en avaient besoin, et avec un festival d'été, habillés à la mode du Moyen Age, ils reprendraient les foires d'autrefois. Les marchands décidèrent d'étaler des marchandises sur la rue à l'occasion de la fête médiévale et d'intéresser les touristes aux produits de provins. C'est une bien timide tentative et tout au plus pouvons-nous y voir une attraction touristique pas encore bien rodée.

Il y manque une flamme; l'intelligence d'un Thibault le Tricheur pour tout faire démarrer à nouveau. C'est difficile de sortir d'un cercle car ils sont tous vicieux par définition. Espérons qu'il se trouvera un homme pour donner une âme à ces fêtes et à la foire. Actuellement on ne peut que tourner en rond. Il ne faut souvent... qu'une idée. La saga des Thibault prend fin avec la grandeur de Provins. A nous, il reste un nom : THIBAULT.

 

V. LA PARENTÉ

La généalogie étant l'étude de nos ascendants et de nos descendants, une question se pose invariablement : «Sommes-nous parents ?»

La parenté est une notion qui diffère suivant qu'elle s'applique aux conventions sociales ou à la science, en particulier la biologie et la génétique. En fait, nous sommes tous frères et soeurs, descendant tous d'Adam et Eve, nous dit la bible. Les lois de l'hérédité nous disent cependant que les caractères génétiques se transmettent durant une période maximale de huit générations, de telle sorte que du point de vue génétique, une personne qui est séparée de nous par plus de huit générations ne fait plus partie de notre parenté.

La réalité est beaucoup plus complexe. Ainsi un descendant à la quatrième génération de François Thibault porte en lui les caractères héréditaires de ce François. En prenant pour acquis que la quatrième génération de François est celle de Michel-Julien, Pierre et autres, ces derniers étant les arrière-petits-fils de ce François, qui vint au Canada en 1665 et mourut à Cap-Saint-Ignace en 1724, sont fortement porteurs de ses caractères héréditaires et personne ne mettra en doute le fait qu'un enfant soit parent avec son arrière-grand-père.

Si Michel-Julien, Pierre et les autres de cette génération sont parents avec leur arrière-grand-père François, il n'existe aucun doute que mon grand-père Jean-Baptiste est porteur des caractères héréditaires de son arrière-grand-père, Michel-Julien. De là à conclure qu'étant parent avec mon grand-père, je suis également parent avec ceux qui l'ont précédé et qui sont de la même lignée directe, il n'y a qu'un pas.

De telle sorte que même après huit générations, mes enfants et moi serons porteurs des gènes transmis d'une génération à l'autre, même si on atteint, par ce calcul, la neuvième génération.

Considérant maintenant le fait que le nombre d'immigrants français venus au Canada au début de la colonie est assez restreint, on se trouve face à un phénomène étrange. Non seulement sommes-nous parents avec tous ceux qui nous ont précédés en ligne directe, mais nous sommes aussi parents avec tous ceux qui ont intégré notre famille par alliance. Le nombre de ces familles est si peu considérable que la colonie ne comptait que 60 000 personnes à la fin du régime français.

Le nombre de colons d'origine fut si restreint que les généalogistes ont constaté qu'il n'y avait aucun Canadien-Français d'origine qui ne soit apparenté à Zacharie Cloutier, d'une manière ou d'une autre. D'autre part il existe très peu de familles qui ne soient apparentées à Pierre Tremblay, ce qui fait qu'en bout de ligne les familles souches canadiennes-françaises sont presque toutes parentes.

Surpris de cet énoncé, nous sommes allés en France afin d'y trouver nos racines. En causant avec les généalogistes, nous avons eu la surprise de constater que tous les Français, en remontant leur généalogie, sont rattachés à Charlemagne.

A partir de ce fait, sommes-nous parents avec les Thibault de Champagne? La réponse est oui. Thibault l'Ancien se rattachait à Charlemagne en ligne directe par sa mère. Ça restait à vérifier. Nous avons eu l'occasion de mettre la main sur un travail généalogique préparé par Denis E. Amyot, qui, de 1952 à 1980 effectua des recherches généalogiques sur sa famille au Canada et en France. Attaché d'ambassade, Denis E. Amyot a consacré tous ses loisirs de plus de trente ans à la recherche de ses ancêtres. Comme nous, il découvrit neuf générations canadiennes et en poussant nos recherches, nous avons découvert que notre famille Thibault se rattache à la famille de Denis E. Amyot en Canada.

En France monsieur Amyot sillonna inlassablement le pays à la recherche de ses ancêtres, et remonta vingt-neuf générations. Tout au haut de la pyramide il découvrit dans ses ancêtres Guillaume le Conquérant dont le petit-fils était Thibault le Grand. Il trouva aussi parmi ses ancêtres Thibault III, sixième comte de Champagne et père de Thibault le Chansonnier.

Ceci confirme le fait que les Français étaient très peu nombreux à la fin du dixième siècle et que finalement tous les Français, comme les autres peuples, sont un peu parents et partagent des traits communs.

La généalogie réserve souvent des surprises, pas toujours faciles à expliquer à première vue. Ainsi les Thibault de Champagne sont numérotés de deux manières différentes dans l'Histoire. Par exemple, Thibault IV, dit le Chansonnier, porte aussi le nom de Thibault VI aux yeux de certains historiens.

 

Voici donc l'explication de ce phénomène. Il y eut deux Maisons de Champagne en France. Aux yeux des historiens, Thibault le Tricheur fut le premier à porter seulement le nom de Thibault, d'où le nom de Thibault Premier. Quant à son père, Gerlon, fils d'Ingon, nous avons vu qu'ils le désignèrent sous le nom de Thibault l'Ancien. Lorsque la Champagne fut fondée en 950, Thibault le Tricheur était comte de Blois. Plusieurs historiens considèrent que cette première Maison de Champagne, dite également de Vermandois s'éteignit en 1019 par la mort sans héritier d'Etienne Premier, quatrième comte de Champagne, fils d'Herbert III. Thibault III s'empara alors du titre de comte de Champagne avec son frère Etienne II, donnant ainsi naissance à la deuxième maison de Champagne, sous le nom de Thibault Premier.

Cependant, les Thibault continuèrent à se numéroter à partir de Thibault Premier (Le Tricheur) jusqu'à Thibault VII, treizième comte de Champagne et époux d'Isabelle, fille de saint Louis.

Et c'est ainsi que l'Histoire contemporaine désigne Thibault VI dit le Posthume ou le Chansonnier, petit-fils de Marie de France et douzième comte de Champagne sous le nom de Thibault IV. C'est là un caprice de l'Histoire.

Nous aurons l'occasion, dans un texte ultérieur, de vous fournir le tableau généalogique des Maisons de Vermandois et de Blois, ayant donné naissance aux première et seconde Maison de Champagne, ainsi qu'à la dynastie royale capétienne.

 

VI. LES ARMOIRIES

Les armoiries apparaissent en Europe sous l'empire d'une nécessité militaire. Les chevaliers entièrement revêtus de leur armure deviennent absolument méconnaissables. Pour les distinguer dans la bataille, on commence à utiliser systématiquement les emblèmes que portaient déjà les chevaliers dans les tournois du siècle précédent, le douzième. On se sert naturellement du bouclier, maintenant entièrement orné des armoiries du chef. Les chevaliers ainsi que leurs épouses et fils aînés ont d'abord droit d'arborer les armoiries de leur seigneur. C'est ainsi que sous le règne de Thibault le Chansonnier, qui est à la fois comte de Champagne et roi de Navarre, tous les soldats sont porteurs du bouclier des Thibault. Finalement tous les membres de la Maison des Thibault seront autorisés à utiliser ses armoiries.

Comme Thibault le Chansonnier est très riche, grâce à son commerce de vin de Champagne et de fromage Brie, ainsi que des droits perçus pendant les foires initiées par sa famille, son armée est plus puissante que celle du bon roi Louis IX. En 1234 Thibault s'ébranle pour la Navarre avec sa troupe de Thibaudiens, afin d'y être couronné roi. Il va remplacer son oncle, Sanche le Fort, et la reine Blanche de Castille, mère du roi Louis IX, (qui allait devenir saint Louis) peut compter sur Thibault le troubadour, son cousin et son admirateur, pour consolider le Royaume de France.

Lorsqu'on lui demande sa lignée, ce Thibault peut la réciter et remonter de quatre siècles, en l'an 800, jusqu'à Charlemagne, empereur du Saint Empire s'étendant de l'Allemagne à l'Italie en passant par la France. De cette Europe de 1234, Thibault est le plus puissant monarque.

Sa soumission au Royaume de France, assure la survie de la nation. Les Thibaudiens sont très fiers de leur appartenance et on les appelle communément les Thibault. Cette famille domine la Champagne de 950 à 1285 et il faudra que Jeanne D'Arc amène Charles VII se faire sacrer roi en Champagne, à Reims en 1429, pour que la Champagne devienne officiellement une province de France.

Lorsque par un décret, François 1er ordonne à tous les Français de prendre un nom de famille, les Thibault en ont un depuis trois siècles. Ils sont répandus par toute la France et se retrouveront bientôt dans les colonies d'Amérique où le nom doit survivre avec les armoiries que portaient les chevaliers des Thibault sur leur bouclier.

«Une couronne constituée d'un cercle d'or à pointes surmontées de neuf perles.»

Cette description est celle des armoiries des comtes.

«D'azur à la bande d'argent accompagnée de deux cotices potencées et contrepotencées d'or de treize pièces.»

L'or, l'argent et l'azur (le bleu royal) sont presque toujours réservés à la royauté. «Les cotices potencées et contrepotencées» sont les deux bandes parallèles inclinées, ayant un nombre impair de T, agencé à un autre T, de manière à former treize T, le nombre impair indiquant le nombre indéfini de Thibault ayant un lien avec la Champagne. Ce blason est celui de la Champagne surmonté de la couronne du comte.

L'ensemble forme les armoiries des comtes de Champagne et tous les Thibault sont autorisés à les utiliser. Elles sont aussi devenues les armoiries de tous les Thibault qui, tant en Europe qu'en Amérique ont contribué, d'une façon ou d'une autre à bâtir leur nation.

 

VII. CONCLUSION

D'où vient-il que nous soyons si nombreux à porter ce nom ? Il faut remonter à François 1er pour le savoir. A l'époque la plupart des gens n'avaient qu'un prénom; parfois deux noms constitués d'un prénom et d'un qualificatif non officiel. La vie devenait impossible à Paris. Même les rues n'avaient pas de nom ni de numéros.

François 1er décida de remédier à cela. Dans un texte de loi, il établit que tous les citoyens devaient désormais avoir deux noms : un prénom et un nom de famille officiels. «Nommez-vous», déclara-t-il. Il établit que les rues de Paris auraient désormais un nom officiel et des numéros civiques. Cette initiative devait faire le tour du monde.

C'est ainsi que les citoyens se cherchèrent un nom de famille. Ce fut souvent des noms géographiques : Larivière, Dubois, Dulac. Des noms de couleur : Leblanc, Lenoir, Legris. Des particularités physiques : Lecourt, Legrand, Petit. Des traits de caractère : Bellehumeur, Contant, Lajoie. En fait, on chercha dans tous les domaines ce qui donna Lamarche, Lacourse, Petitpas et autres. Certains crurent qu'il n'y avait pas lieu de se gêner et choisirent des noms comme Lecomte, Leduc et même le nom de Roy.

D'autres, sans doute portés vers la religion, se firent nommer Lévesque, L'Archevêque et même Saint-Père. Et pourquoi se priver ? Enfin un petit nombre se raccrocha à des événements ou des gens importants ayant jalonné leur vie. C'est ainsi que les anciens employés des Thibault, clercs, serviteurs, soldats ou autres, fiers d'avoir servi un nom illustre, prirent le nom de leur maître. D'où le nom de THIBAULT que nous pouvons encore être fiers de porter. Car d'INGON à chacun d'entre nous, il y a onze siècles d'histoire.

 

Aimé Thibault,

Juillet 1990

  

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