Bulletin de liaison de notre Association

Bulletin de liaison de notre Association

Le bulletin de liaison " Se comprendre " est publié quatre fois par année lors des changements de saisons. Celui-ci est réalisé avec la collaboration de nos membres, non-membres et des intervenants du milieu de la surdité soit par des témoignages relié à la surdité, par la retransmission de divers informations et stratégies pouvant améliorer la qualité de vie des personnes malentendantes.

Une édition spéciale est publiée annuellement regroupant les meilleurs articles parus au cours de l'année précédente. Elle est utilisée à des fins de sensibilisation dans les secteurs de l'éducation, de la santé et des services publics.

Vous avez des suggestions, des commentaires qui nous permettraient d'améliorer cet outil d'information et de sensibilisation ou le goût d'apporter votre témoignage, n'hésitez pas à contacter notre rédactrice Ann Warren ou faites-nous les faire parvenir à l'adresse de l'Association des malentendants québécois. (LIEN) Pour recevoir la version intégrale de " Se Comprendre ", il suffit de devenir membre. (LIEN DEVENIR MEMBRE)

Voici quelques articles parus dans notre édition de l'été 2002 " Le défi de l'acouphène " : (lien pour chaque titre ci-bas mentionné)

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SOMMAIRE

Les acouphènes dans ma vie
L'approche psychologique vient à la rescousse des personnes avec acouphènes
Petite histoire qui porte à réfléchir
La surdité professionnelle

 

LES ACOUPHÈNES DANS MA VIE
Témoignage de Gaston Lefrançois

L'acouphène a commencé en 1984 et je n'en savais ni la cause, ni ce que c'était. Mes problèmes de surdité sont arrivés au même moment, et je vous assure que ce n'était pas facile à vivre et à accepter. Maintenant, je sais ce que c'est que d'en souffrir, mais ce n'est toujours pas facile à vivre.

J'ai travaillé durant 32 ans dans des usines très bruyantes à plusieurs endroits, dont 22 ans avec des responsabilités de supervision. J'aimais beaucoup mon travail. Le bruit intense durant des journées très longues, le stress et des problèmes personnels ont développé la recette idéale pour que l'acouphène s'installe.

Je suis déménagé à Québec en 1998. Ce fut une période difficile : le déménagement, me faire de nouvelles relations, et tout… Mon objectif pour 1998-99, trouver quelqu'un qui pourrait m'aider. J'ai alors commencé avec les gens de l'IRDPQ au site Dominique-Tremblay. Je peux vous dire que ça vaut la peine de chercher de l'aide pour continuer à aller de l'avant.

J'ai alors pris la résolution suivante : oublier le passé et regarder en avant. Il me fallait aussi arrêter d'avoir peur, accepter et apprivoiser mon problème d'acouphène. Pour cela, il faut s'habituer à prendre la vie du bon coté, même si ce n'est pas toujours facile, écouter son cœur, relaxer le plus possible, éviter les grandes fatigues, se reposer et avoir une bonne alimentation. Il faut également rester positif et apprendre à s'aimer soi-même.

Je peux vous dire que j'ai fait beaucoup de cheminement à chaque jour et que je me récompense aujourd'hui et me pardonne. Depuis le mois de septembre 2000, ça va assez bien. Beaucoup de choses ont changé et je travaille fort pour rester positif, car il me reste encore de belles années à vivre. Je me dis que souvent le temps arrange les choses et qu'il faut être patient.

Je voudrais en profiter pour remercier l'ancien président, M. Roger Lemaire, qui m'a fait connaître notre association, ainsi que tous les membres qui m'ont accueilli et encouragé.

L'APPROCHE PSYCHOLOGIQUE VIENT À LA RESCOUSSE DES PERSONNES AVEC ACOUPHÈNEPar Marie LeBlanc, psychologue, IRDPQ, programme adultes, déficience auditive

De plus en plus de cliniciens s'intéressent à la façon d'aider les personnes aux prises avec des acouphènes. La psychologie a contribué dans ce sens en développant des techniques qui permettent de diminuer la détresse souvent associée à l'expérience de l'acouphène. Ces travaux nous viennent principalement des États-Unis, de l'Angleterre, de l'Australie, de la Suède et de l'Allemagne. En écoutant les personnes qui ont des acouphènes, nous retrouvons des réactions fréquentes comme la dépression, l'irritabilité, la tension et les problèmes de sommeil. Plusieurs de ces problèmes constituent la réaction à l'acouphène et dans certains cas, il est possible que la tension et le stress en eux-mêmes viennent exacerber l'acouphène.

Les gens sont souvent réticents à consulter un psychologue en disant que leur problème ne se passe pas dans leur tête et qu'ils ne sont pas fous… En effet les psychologues sont d'accord avec le fait que l'acouphène est bien réel et pas imaginaire et ils sont bien outillés pour aider la personne à apprendre à vivre avec un acouphène et avec les autres stresseurs présents dans sa vie. Les psychologues voient l'acouphène comme un stresseur en lui-même, comme l'est la douleur chronique ou tout autre stimulus aversif. En effet, l'acouphène peut avoir des conséquences sur la vie de la personne, sur sa famille et ses relations, sur son rendement au travail, sur ses activités de loisir, sur son humeur et sur son bien-être psychologique général.

Le but de la thérapie psychologique n'est pas d'éliminer l'acouphène ou même de le réduire, mais d'aider les personnes à trouver des stratégies pour mieux réagir au problème. L'acouphène est encore présent, mais la personne apprend à y réagir différemment. Ces stratégies permettent à la personne de se soutenir de façon efficace au cours de périodes plus difficiles, quand l'acouphène est plus fort ou plus dérangeant, quand le sommeil est perturbé ou quand des sentiments dépressifs ou d'inquiétude s'emparent de la personne.
Voici quatre de ces stratégies issues de la thérapie cognitive.

1- La restructuration cognitive. Cette approche consiste à aider la personne à comprendre comment ses pensées, ses croyances sont responsables de son état émotionnel et l'aider à changer sa façon de penser. Dans cette restructuration cognitive, le thérapeute aide à identifier les différentes pensées négatives, souvent automatiques qui passent par la tête de la personne quand elle rencontre une situation comme l'acouphène par exemple. Dans ce travail il s'agit de confronter et de nuancer ces pensées qui entraînent un sentiment négatif, de l'anxiété de l'irritabilité ou de la frustration. La situation demeurant la même, ce sont les croyances et les pensées à son sujet qui influenceront l'état émotionnel de la personne.
Le diagramme suivant aide à comprendre l'influence des pensées sur l'état émotionnel.

A=Situation ou événement B= Pensées -Croyances C= Réaction émotionnelle

Avoir un acouphène Pourquoi moi ? Pourquoi Frustration découragement
je dois souffrir ?

Avoir un acouphène Ce n'est pas juste, ça va Irritation, dépression
me rendre fou

Avoir un acouphène Le bruit est dérangeant Optimisme, acceptation
mais il y a tellement de choses
que j'aime dans la vie

Le but de la restructuration cognitive est d'aider la personne à identifier le contenu de ses pensées et d'apprendre des façons de les contrôler et de les remplacer par des pensées alternatives plus ajustées et plus nuancées. On peut arriver à les contrôler, si on prend le temps de s'arrêter et de porter attention à ces pensées qui passent souvent inaperçues. La personne en arrive à développer des pensées alternatives qui sont plus réalistes et constructives.

2- La diversion de l'attention. Le but de cette stratégie repose sur l'idée que l'habileté à déplacer son attention d'un stimulus à un autre peut être soumise à son propre contrôle. Nous pouvons apprendre à rediriger notre attention d'un stimulus à un autre. A travers des exercices de diversion de l'attention, la personne développe ses habiletés à recentrer son attention d'un stimulus interne comme l'acouphène, à un autre stimulus interne, comme d'autres sensations corporelles ou à un stimulus externe, comme les bruits de l'environnement. Il est important de reconnaître qu'il ne s'agit pas d'arrêter de penser à l'acouphène mais d'apprendre à diriger à la fois son attention vers ou de l'acouphène.

3- Les techniques de visualisation ou d'imagerie mentale. Il s'agit de développer la capacité d'orienter son attention sur des expériences sensorielles agréables par l'imagination. La personne apprend à recréer une image mentale en intégrant le plus de références sensorielles possibles, pas seulement visuellement. Ainsi quand elle évoque une scène, elle ne fait pas que la visualiser mais elle se la représente à partir de ce qu'elle peut entendre (ex .les oiseaux, les personnes qui parlent, le bruit des vagues, le vent, le feu qui crépite…), sentir (ex. l'air salin, des fleurs, un parfum, un gâteau qui cuit…), toucher ( ex. chaleur du soleil, eau froide sur les pieds…) et goûter (ex. breuvage chaud , rafraîchissant, bon plat… ). Ces techniques de diversion de l'attention et d'évocation mentale peuvent être particulièrement utiles dans différentes situations comme au moment de s'endormir ou quand on pense à son acouphène. La pratique régulière de ces techniques permet à la personne de développer plus de contrôle sur l'acouphène.

4- L'apprentissage de techniques de relaxation. Plusieurs personnes rapportent le lien entre l'acouphène et le stress, soit que l'acouphène les rend plus nerveux, tendus ou que l'acouphène est pire suivant une période de stress physique ou émotif. Des méthodes de relaxation deviennent importantes dans ces occasions. Selon les individus, différentes méthodes peuvent être enseignées. Le but est d'arriver à un état de profonde relaxation tout en demeurant éveillé. La relaxation est un entraînement qui demande temps et pratique pour atteindre un maximum de bénéfices. Une pratique régulière, active et intégrée dans le mode de vie de la personne apporte un meilleur contrôle de ses réactions au stress et à la tension. Ces techniques rendent la personne plus consciente de ses zones de tension musculaire particulièrement au niveau du cou et des épaules, des mâchoires et du front. La pratique de techniques de relaxation favorise la capacité de détendre ces régions et améliore la tolérance au stress ainsi qu'à l'acouphène. La méthode de relaxation musculaire progressive de Jacobson est une des plus connues et consiste à tendre et à relâcher chaque groupe musculaire de tout le corps. Les groupes musculaires alternent de gauche à droite et incluent les mains, les bras, les biceps, les mâchoires, le front, le cou, la poitrine, les épaules, le dos, l'estomac, les cuisses, les mollets et les pieds.

Ces différentes stratégies ont été expérimentées auprès des personnes qui ont des acouphènes et peuvent être utiles à différents moments et dans différentes situations. Il s'agit d'identifier celles qui conviennent le mieux à la personne tout en étant conscient que ces stratégies se doivent d'être apprises, pratiquées et que l'entraînement nécessaire pour améliorer son adaptation à l'acouphène est variable d'une personne à l'autre.

PETITE HISTOIRE QUI PORTE À RÉFLÉCHIR !
Lu pour vous par Anne Desrochers, membre

Un porteur d'eau indien avait deux grandes jarres, suspendues aux deux extrémités d'une pièce de bois qui épousait la forme de ses épaules. L'une des jarres avait un éclat et, alors que l'autre jarre conservait parfaitement toute son eau de source jusqu'à la maison du maître, l'autre jarre perdait presque la moitié de sa précieuse cargaison en cours de route. Cela dura deux ans pendant lesquels, chaque jour, le porteur d'eau ne livrait qu'une jarre et demi d'eau à chacun de ses voyages. Bien sûr, la jarre parfaite était fière d'elle, puisqu'elle parvenait à remplir sa fonction du début à la fin, sans faille. Mais la jarre abîmée avait honte de son imperfection et se sentait déprimée parce qu'elle ne parvenait à accomplir que la moitié de ce dont elle était censée être capable.

Au bout de deux ans de ce qu'elle considérait comme un échec permanent, la jarre endommagée s'adressa au porteur d'eau, au moment où celui-ci la remplissait à la source. " Je me sens coupable, et je te prie de m'excuser.". " Pourquoi ? demanda le porteur d'eau, de quoi parles-tu ? " " Je n'ai réussi qu'à porter la moitié de ma cargaison d'eau à notre maître, pendant ces deux ans, à cause de cet éclat qui fait fuire l'eau. Par ma faute, tu fais tous ces efforts, et, à la fin, tu ne livres à notre maître que la moitié de l'eau. Tu n'obtiens pas la reconnaissance complète de tes efforts ", lui dit la jarre abîmée. Le porteur d'eau fut touché par cette confession et, plein de compassion, répondit: " Pendant que nous retournons à la maison du maître, je veux que tu regardes les fleurs magnifiques qu'il y a au bord du chemin ".

Au fur et à mesure de leur montée sur le chemin, au long de la colline, la vieille jarre vit de magnifiques fleurs baignées de soleil sur les bords du chemin et cela lui mit du baume au coeur. Mais à la fin du parcours, elle se sentait toujours aussi mal parce qu'elle avait encore perdu la moitié de son eau. Le porteur d'eau dit à la jarre : " T'es-tu rendu compte qu'il n'y avait de belles fleurs que de TON côté, et presque aucune du côté de la jarre parfaite? C'est parce que j'ai toujours su que tu perdais de l'eau, et j'en ai tiré parti. J'ai planté des semences de fleurs de ton coté du chemin, et, chaque jour, tu les as arrosées tout au long du chemin. Pendant deux ans, j'ai pu, grâce à toi, cueillir de magnifiques fleurs qui ont décoré la table du maître. Sans toi, jamais je n'aurais pu trouver des fleurs aussi fraîches et gracieuses. "

Morale de l'histoire: nous avons tous des éclats, des blessures, des défauts. Nous sommes tous des jarres abîmées. Certains d'entre nous sont diminués par la vieillesse, d'autres ne brillent pas par leur intelligence, d'autres trop grands, trop gros ou trop maigres, certains sont chauves, d'autres sont diminués physiquement, mais ce sont les éclats, les défauts en nous qui rendent nos vies intéressantes et exaltantes ! Vous devez prendre les autres tels qu'ils sont, et voir ce qu'il y a de bien, de bon en eux. Il y a beaucoup de positif partout. Il y a beaucoup de bon en vous, mes ami(e)s. Ceux qui sont flexibles ont la chance de ne pas pouvoir être déformés. Souvenez-vous d'apprécier tous les gens si différents qui peuplent votre vie ! Sans eux, la vie serait bien triste.

Merci d'apprécier amicalement mes imperfections et, que le plus important pour vous lors de cette prochaine année, soit d'apprendre à aimer les vôtres!

LA SURDITÉ PROFESSIONNELLE

La maladie professionnelle la plus fréquente, la surdité professionnelle, affecte de façon significative 60% des travailleurs qui oeuvrent dans le secteur manufacturier. Plus ils travaillent longtemps dans un tel milieu, plus ils risquent d'éprouver des problèmes d'audition.

Selon l'Organisation mondiale de la santé, le bruit peut entraîner une diminution des capacités auditives lorsqu'il atteint plus de 75 dB SPL, et que le temps d'exposition est plus long que huit heures consécutives. Évidemment, une exposition plus courte, mais avec de forts bruits, peut être tout aussi nuisible. Au Québec, plus de 400000 travailleurs sont exposés à des doses de bruit supérieures à 85 dBA/8 hres. Nous n'avons qu'à penser aux concerts rock d'où nous sortons en parlant fort et en faisant répéter, pour comprendre ce que vit un travailleur après son quart de travail à l'usine, jour après jour.

La diminution des capacités auditives se fait de façon lente et insidieuse et ne se manifeste pas du jour au lendemain. Le premier symptôme de cette maladie professionnelle apparaît lorsque le travailleur, en sortant de l'usine, entend moins bien. Ce qui s'explique par la fatigue auditive (perte auditive temporaire), qui peut à la longue devenir permanente. Cette diminution de l'acuité auditive est due à la destruction progressive des cellules soumises à des bruits d'intensité élevée.

La surdité professionnelle neurosensorielle, affectant au départ la perception des fréquences aiguës, est la résultante de la destruction de l'oreille.

Les difficultés reliées à la perte auditive due au bruit se feront sentir surtout en dehors du milieu de travail, c'est-à-dire à la maison, au magasin, à la banque, chez les amis, partout où règne un bruit de fond important. C'est la sélectivité fréquentielle de l'oreille interne qui est alors particulièrement affectée. Ainsi le travailleur nous dira : " J'entends, mais je ne comprend pas. Ce n'est que du bruit que reçoit mon oreille ". Des conflits naissent : le volume de la télévision est très élevé; la conjointe est fatiguée de lui " servir d'oreille "; les proches ont l'impression que le travailleur " entend quand il veut ". Il refuse les invitations chez les amis et préfère ne plus être présent aux réunions de famille pour ne pas être confronté aux difficultés et être obligé de les reconnaître.

Malheureusement, la surdité professionnelle ne peut être guérie puisqu'elle est la résultante de la destruction d'une partie de l'oreille interne. Par contre, en consultant un audiologiste, la personne aux prises avec un tel handicap pourra trouver des moyens pour pallier ses troubles d'audition.

Source : Ordre des Orthophonistes et Audiologistes du Québec.

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