Maison
La mission
La vie spirituelle
Les traits
Biographie
Poême
Lettre
Hymne
Trois
Images
Liens
 
Lettres

Son amour dans le cœur

Mon très cher père et ma très chère mère,

Je vous apprends que les chartreux ne m'ont pas jugé propre pour leur état; j'en suis sorti le second jour d'octobre. Je regarde cela comme un ordre de la Providence qui m'appelle à un état plus parfait. Ils m'ont dit que c'était la main de Dieu qui me retirait  de chez eux. 

Je m'achemine vers la Trappe, ce lieu que je désire tant et depuis si longtemps.

Je vous demande pardon de toutes les désobéissances et de toutes les peines que je vous ai causées. Je vous prie l'un et l'autre de me donner votre bénédiction, afin que le Seigneur m'accompagne. Je prierai le bon Dieu pour vous tous les jours de ma vie. Surtout ne soyez pas inquiets à mon égard. Quand j'aurais voulu rester dans ce couvent, on ne m'y aurait pas reçu ; c'est pourquoi je me réjouis beaucoup de ce que le Tout-Puissant me conduit.

Ayez soin de l'instruction de mes frères et sœurs, et surtout de mon filleul.

Maintenant la grâce de Dieu, je ne vous coûterai plus jamais rien et ne vous ferai plus aucune peine. Je me recommande à vos prières. Je me porte bien et je n'ai pas donné d'argent au domestique. Je ne suis sorti qu'après avoir fréquenté les sacrements. Servons toujours le bon Dieu et il ne nous abandonnera pas.

Ayez soin de votre salut. Lisez et pratiquez ce qu'enseigne le Père l'Aveugle; c'est un livre qui enseigne le chemin du ciel et, sans faire ce qu'il dit, il n'y a pas de salut à espérer. Méditez les peines effroyables de l'enfer, que l'on y endure une éternité tout entière pour un seul péché mortel qu'on commet si aisément. Efforcez-vous d'être du petit nombre des élus.

Je vous remercie de toutes les bontés que vous avez eues pour moi et des services que vous m'avez rendus. Le bon Dieu vous en récompensera.

Procurez à mes frères et sœurs la même éducation que vous m'avez donnés; c'est le moyen de les rendre heureux dans le ciel: sans instruction on ne peut se sauver. Je vous assure que vous êtes déchargés de moi. Je vous ai beaucoup coûté; mais soyez assurés que moyennant la grâce de Dieu, je profiterai de tout ce que vous avez fait pour moi. Ne vous affligez point de ce que je suis sorti de chez les chartreux; il ne vous est pas permis de résister à la volonté de Dieu qui en a ainsi disposé pour mon plus grand bien et pour mon salut.

Je vous prie de faire mes compliments à mes frères et sœurs. Accordez-mois vos bénédiction; je ne vous ferai plus aucune peine, Le bon Dieu que j'ai reçu avant de sortir, m'assistera et me conduira dans l'entreprise qu'il m'a inspiré. J'aurai toujours la crainte de Dieu devant les yeux et son amour dans le cœur".

J'espère fort être reçu à la Trappe. En tout cas, on m'assure que l'ordre de Sept=Fons n'est pas si rude et qu'on y reçoit plus jeune; mais je serai reçu à la trappe.

À Montreuil, ce 2 octobre 1769.

Votre humble serviteur,

Benoît-Joseph Labre

(Première lettre de Benoît Labre à ses parents écrite à Montreuil, le 2 octobre 1769)

 

J'ai pris le chemin de Rome

Mon très cher père, ma très chère mère,

Vous avez appris que je suis sorti de Sept-Fons, et vous êtes sans doute en peine de savoir quelle route j'ai prise depuis, et quel état de vie j'ai envie d'embrasser. C'est pour m'acquitter de mon devoir et vous tirer d'Inquiétude que je vous écris cette présente; je vous dirai donc que je suis sorti de Sept-Fons le 2 de juillet. J'avais encore la fièvre quand je suis parti et elle m'a quitté au quatrième jour de marche; et j'ai pris le chemin de Rome. 

Je suis bientôt à présent à moitié du chemin; je n'ai guère avancé de puis que je suis sorti de Sept Fons, parce que pendant le mis d'août il fait de grandes chaleurs dans le Piedmont où je suis; et que j'ai été retenu pendant trois semaines dernièrement dans un hôpital, où j'ai été assez bien, par une petite maladie que j'ai eue. Au reste je me suis bien porté depuis que je suis sorti de Sept-Fons.

Il y a en Italie plusieurs monastères où la vie est fort régulière et fort austère. J'ai dessein d'entrer dans quelqu'un et j'espère que Dieu m'en fera la grâce. J'en sais même un de monastère, de l'ordre de la Trappe, dont l'abbé a écrit à un abbé de France que s'il allait des Français dans son abbaye, qu'il les recevrait parce qu'il lui manquait des sujets. J'ai tiré de bons certificats de Sept-Fons. Je ne manquerai pas de vous envoyer de mes nouvelles; je voudrais bien en avoir des vôtres, et de mes frères et sœurs. Mais cela n'est pas possible à présent, parce que je ne suis pas arrêté dans un lieu fixe.

Je ne manque pas de prier Dieu pour vous tous les jours; je vous demande pardon de toutes les peines que je peux vous avoir causées et vous prie de m'accorder vos bénédictions, afin que Dieu bénisse mes desseins. C'est par l'ordre de sa Providence que j'ai entrepris le voyage que je fais. Ayez soin surtout de votre salut, et de l'éducation de mes frères et sœurs. Veillez sur leur conduite. Pensez aux flammes éternelles de l'enfer et au petit nombre des élus. Je suis bien content d'avoir entrepris le voyage que je fais. Je vous pris de faire mes compliments à ma grand'mère et mon grand'père, à mes tantes, à mon frère Jacques, à mes frères et sœurs, et à mon oncle Chois.  Je vais entrer dans un pays où il fait bon pour les voyageurs. IL m'a fallu affranchir la lettre pour sortir des États du Roi de Sardaigne, tant qu'elle fut arrivé en France.

Je finis en vous demandant derechef vos bénédictions, et pardon des chagrins que je vous ai occasionnés.

Fait en la ville de Quiers en Piedmont, ce 31 août 1770.

Votre très affectionné fils,

Benoît-Joseph Labre

 

(Seconde lettre de Benoît Labre à ses parents, écrite à Chieri, en Piedmont, le 31 août 1770)

 

 

Hosted by www.Geocities.ws

1