07.07.18

 

 

Vae Sinistris !

 

On parle beaucoup, depuis les dernières présidentielles, d'une refondation de la Gauche. Nécessaire non pas tant à cause d'un échec ­ -- la Gauche en a vu d'autres -- que d'un hiatus entre le projet socialiste et les espoirs qu'on souhaiterait qu'il véhicule, cette métamorphose est annoncée par tous les candidats et crypto candidats au leadership du PS. Comme est annoncée sans preuves et dénoncée sans conviction, d'ailleurs, la mort imminente de ce parti.

Mort ou métamorphose d'un parti sont elles si importantes ? N'est-ce pas plutôt la direction que prend la société qui importe ? A ceux qui se sont réjouis que la victoire de l'UMP ait semblé marquer le déclin du FN, n'a-t-on pas été bien prompt à faire remarquer que c'est toute la France qui avait fait un pas à Droite et que l'échec électoral de Le Pen coïncidait avec une incontestable progression de ses idées ? Je me sentirais plus rassuré si c'est sur la Gauche qu'on pouvait porter ce diagnostic. Mais il faudrait voir de quel mal elle souffre.

La Gauche est malade de ses Gauchistes. Pas seulement de ceux qui filent, qui fuguent et qui fuient leurs responsabilités ­-- rarement navire en péril a été abandonné si vite, alors que, comme les Législatives l'ont montré, il reste tant de passagers à bord et tant de bon grain dans les cales -- ­ mais malade aussi de ses penseurs qui n'ont pas une bonne pensée à offrir et de ses chantres qui ne turlutent que des refrains sans entrain. 35 heures ? Est-ce qu'on a lutté 70 ans à gauche pour s'éviter 5 heures de travail ? Est-ce ainsi qu'on va mettre un peu plus de justice dans la société ?

La Gauche est sinistrée, parce qu'elle a rentré les voiles et ne va plus au large, mais fait du sur place. La Droite, elle, peut motiver ses gens par le succès personnel, mais la Gauche qui n'a pas un projet de société, un espoir collectif, un grand dessein à proposer n'intéresse pas. Nous avons une Gauche sans dessein... et elle ennuie.

Il faut faire le constat que la Gauche s'est scindée entre une faction organisée, corporatiste, qui a réussi sa rentrée à la mezzanine, sinon au piano nobile de la société moderne ... et les autres, dont cette faction s'est sommairement délestée pour parvenir à ses fin : les démunis, les marginaux, les précaires, les irrécupérables, dont on n'assume plus vraiment les combats, sauf du bout de la plume, tenue à longueur de bras par des intellectuels qui ne voient même pas le clivage.

De telle sorte qu'on a une Gauche pusillanime qui devient de centre gauche, qui ne demande qu'à devenir le parti d'alternance à un parti de centre droite, dans une démocratie à l'Américaine où il n'existera qu'un seule politique qui fait consensus et dont tout désir de changement sera exclu. On a une Gauche qui se veut « Mouvement Démocrate », n'attendant qu'un « Mouvement Républicain », collé tout contre elle à sa droite, qui naîtra pour lui donner la réplique. À gauche de cette Gauche sans dessein, se coagulent en groupuscules ceux qui voudraient des changements plus radicaux, mais qui n'ont ni la voix ni les moyens de devenir un parti sérieux.

Ce sont ces radicaux à gauche qui pourraient innover et tracer les plans pour une nouvelle société, mais seuls ils ne constitueront jamais une option électorale crédible. Il resteront du folklore, si les mutins et les naufragés du PS ne leur tendent pas la main, mais préfèrent se mettre en ligne au centre, pour avoir épisodiquement accès au peu de pouvoir que peuvent avoir les gouvernements élus dans un régime néolibéral.

Si c'est ce choix que font les sinistrés, les radicaux à gauche ne pourront espérer un progrès lent, mais au moins constant vers la justice sociale par les voies de la démocratie. Il faudra une génération, peut-être deux, mais tôt ou tard ces démunis, ces marginaux, ces précaires, ces irrécupérables dont le nombre et la colère augmenteront reviendront en force et par la force. Il est dommage qu'on ne lise plus l'Histoire.

Si la Gauche veut se refonder sur ses racines, et non dans une potiche, il faudrait qu'elle se donne pour but de changer la société. Changer la société prend du temps, mais la Gauche pourrait tout de suite se fixer au moins quelques objectifs, donc j'indique quelques-uns ci-dessous, à titre d'illustrations seulement, car il y a bien plus à faire...

 

1. Mettre en place un programme universel de recyclage/formation afin que TOUS puissent être réinsérés dans le processus de production ;

2. Augmenter les salaires et le prix du travail, pour qu'ils coïncident avec le niveau de consommation compatible avec la production ;

3. Éliminer toute sécurité d'emploi et la remplacer par une sécurité du revenu par paliers ;

4. Modifier le système électoral pour que les élus représentent leurs électeurs et non des partis ;

5. Nationaliser les banques et redonner à l'État le contrôle direct sur l'émission de monnaie ;

6. Eliminer l'impôt sur le revenu et la TVA, ainsi que toute mesure fiscale directe ou indirecte, à l'exception d'un impôt sur le capital;

7. Rembourser la dette publique en la portant au patrimoine des contribuables au prorata de leurs avoirs;

8. Restructurer la profession médicale et augmenter le nombre des ressources en santé pour en faire la première priorité

9. Nationaliser la recherche médicale et l'industrie pharmaceutique ;

10 Assurer la totale gratuité de tout processus judiciaire et universaliser l'arbitrage en matières contractuelles;

11 Reconnaître la violence comme une pathologie et en tirer les conséquences sur le crime, la récidive et le système carcéral ;

12 Rendre toute immigration conditionnelle à l'adhésion formelle à un Contrat Social explicitant les valeurs républicaines ;

13 Mettre fin à toute immigration illégale, en réservant l'accès aux services aux signataires du Contrat Social ;

14 Alléger la fonction publique et en accélérer les processus, en réglant par internet la plus grande partie des contacts avec les administrés ;

15 Remplacer le mondialisme par un politique d'import-export en complémentarité avec l'optimisation de la production interne ;

16 Reconnaître les effets négatifs de la colonisation et payer durant 50 ans aux ex-colonies une compensation annuelle à débattre ;

17 Assurer la défense nationale, mais en réaffirmant les principes de non agression et de non ingérence ;

18 Favoriser l'intégration à l'Europe et l'appartenance à des entités supranationales, en ce qui ne contrevient pas aux objectifs ci-dessus.

 

Cela pour un début, bien sûr, pour que renaisse une façon de voir le monde qui fasse la part belle à l'innovation et à un progrès vers l'égalité. Citant le Sage Vyasa, cependant, « si ces mesures ne sont pas suffisantes, qu'on s'en remette à l'inspiration »

 

 

Pierre JC Allard



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