98.10.21


SIM CITY

Pour ceux qu'amusent les jeux intellos sur ordinateurs, il n'y a pas plus captivant que Sim City. On ne s'attaque pas ici à des devinettes ou à des stratégies primaires: il s'agit de planifier le développement d'une ville ! Budget, règlements, investissements, urbanisme, services... tout est là. Et ça se tient. Faites une erreur de zonage et vous manquez le bateau. Mesquinez sur le service des incendies et le feu dévore des quartiers de votre ville. Allez-y trop fort sur les emprunts et vous finirez en tutelle. Il faut des semaines pour bâtir une Cité Sim.

Bien sûr, si vous êtes un débutant, vous allez vous gourer: on efface tout. Si vous êtes un joueur ordinaire, ca va... Mais, si vous êtes un champion...wow ! Les vrais pros de Sim City ont modélisé les grandes villes du monde et en ont créé d'autres, imaginaires, futuristes, qui n'ont en commun que de respecter les normes d'une saine gestion. Entre le joueur ordinaire et le champion, il y a l'imagination, le feu sacré. Si vous jouez Sim City avec une vision inspirée - tout en équilibrant votre budget et en maintenant vos "citoyens" heureux - vous êtes un champion.

Moi, je m'ennuie de Jean Drapeau. Je m'ennuie de l'imagination et du feu sacré. Et puis, on dira ce qu'on voudra, en ce qui a trait au rapport qualité-prix, la situation financière de la ville n'était pas plus mauvaise à l'époque du Roi Jean. On en avait pour notre argent et, pour ce qui est de faire des "pactes" avec Québec ou Ottawa, le vieux maître ne négociait pas tellement avant... il envoyait la facture. Je ne dis pas que c'est la bonne façon de faire; mais ceux qui l'ont suivi auraient eu avantage à étudier un peu la technique du poker aux pieds du vieux champion... !

Et la fierté, en 1967, pendant l'Expo, on en avait à revendre. Ceux qui n'ont pas la quarantaine bien avancée ne peuvent pas savoir ce que ça signifiait, alors, de se dire Montréalais et de SAVOIR que personne n'avait fait, ni ne faisait mieux ailleurs. Nulle part. On était dans le peloton de tête, pas en concurrence avec Cleveland ou Baltimore.

Je m'ennuie d'un temps où nous voulions être les meilleurs. On avait déjà accepté que la revanche des berceaux c'était fini - et qu'on ne serait pas les plus "gros" - mais nous étions convaincus qu'on pouvait être les meilleurs. On avait abandonné le rêve d'une métropole qui finirait le siècle avec 6 millions d'habitants, mais on se voyait devenir civilisé. On rêvait d'une ville qui deviendrait plus belle, plus cultivée, une ville de concorde...

Je n'irai simplement pas voter aux élections municipales du 1er novembre à Montréal: je ne vois aucun intérêt à aucune des propositions faites par l'un ou l'autre des candidats et j'ai trouvé navrants d'insignifiance les quelques débats qui les ont opposés. 1% par ci..., 1% par là ... Des discussions de taxes foncières dans une ville dont la majorité des habitants ne rêvent même pas d'être propriétaires, des quasi-promesses assorties de positions de repli sur la manière de dépenser moins. JAMAIS un mot sur la nécessité d'offrir plus, de redevenir plus.

On se propose d'être le maire de cette ville comme si la fonction consistait à en être le comptable ou l'auditeur! Comment un Montréalais raisonnable peut-il choisir le maire qu'il nous faut, alors que les candidats abdiquent d'avance le défi d'avoir une vision qui nous inspire et l'imagination des moyens pour que cette vision se réalise? Pourquoi perdre une minute à choisir à qui de ces candidats du "passé défini", du "passé antérieur" ou de l'"imparfait" il faut confier notre avenir, quand on ne nous propose aucun projet d'avenir?

Quels sont les vrais problèmes à régler pour que Montréal ait un avenir? Il y en a dix (10) 1. Réunir Montréal et sa banlieue pour gérer l'agglomération de façon cohérente et équitable, comme Toronto l'a compris. 2. Recréer la concorde et l'AMITIE entre francophones-de-souche et allophones-immigrants. 3. Compléter le développement dans les secteurs de haute technologie par un développement du tourisme et de l'industrie des congrès, des secteurs créateurs d'emploi. 4. Assumer de façon solidaire la lutte à la pauvreté, mettant d'abord un terme à la prolifération de l'itinérance. 5 Favoriser efficacement l'accès à la propriété. 6 Faire le choix du transport en commun et en faire une priorité. 7. Investir dans les industries culturelles, créatrices d'emplois et sources de retombées économiques importantes. 8 Mettre en place un véritable plan d'urbanisme pour que cette ville, avec le temps, devienne belle. 9. Ne plus parler de "pacte fiscal" - on a vidé le terme de son sens - mais mettre Montréal à la tête d'un mouvement des municipalités, des MRC et des régions pour imposer à Québec une nouvelle répartition du produit des taxes et impôts, une nouvelle donne qui colle à la réalité d'un nouveau partage des pouvoirs qui avantage de plus en plus les niveaux les plus proches de la population et de ses besoins. 10. Définir un rôle de leader pour le Maire de Montréal.

Il faut permettre que le Maire de Montréal ait un rôle de leader. Le Maire devrait être à l'écoute de la population. De cette écoute, et en usant de sa créativité et de son imagination, il devrait concevoir le "Projet" qui soit un cheminement vers notre avenir. Ce Projet, il devrait pouvoir l'expliquer, le défendre, nous en convaincre tous.... Il devrait pouvoir le faire accepter à Québec, à Ottawa et à Wall Street. Il devrait pouvoir en proposer de façon cohérente les étapes de réalisation à des conseillers municipaux qui représenteraient leurs électeurs. Le Maire, surtout, devrait être en communication constante avec les citoyens, leur expliquant chaque semaine, via les médias, où l'on en est du Projet et les motivant aux efforts nécessaires pour que ce Projet se réalise.

De ces vrais problèmes, on ne parle pas; on nous demande plutôt de nous réjouir des économies qu'on réalisera... en ne faisant rien de ce qu'on devrait faire. Comme tout bon bâtisseur de Cités Sim, le Maire devrait, bien sûr, voir à ce que les budgets soient établis en fonction des priorités et soient respectés. Pour ce faire, il s'assurerait que l'administration municipale dispose bien de comptables... mais il ne nous demanderait pas de les élire.

Un Maire de Montréal..., ça respecte les normes d'une saine gestion, ça équilibre le budget, c'est vrai; mais, comme un champion de Sim City, ça offre aussi l'imagination et le feu sacré. Une flamme, une vision..., c'est ça la différence entre un maire ordinaire et un champion de niveau Drapeau. Et c'est ça qui rendrait les citoyens heureux. Ce sera pour une autre fois?

 

Pierre JC Allard




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