98.08.19
MICMACS, ARNAQUES ET COMPLAISANCE
Les Micmacs on levé le barrage. Nous vivons à nouveau
dans un État de droit. Pour combien de temps? C'est devenu un bonne
excuse d'être Amérindien. Comme ces cargos qui arborent le
"pavillon de complaisance" du Liberia ou du Panama et qui font
parfois dans la piraterie sans qu'on en sache trop la vraie provenance.
Ma trisaïeule maternelle - la grand mère de la mère de
ma mère - était Montagnaise. Du moins, c'est ce qu'on m'a
dit. A première vue, ça fait de moi un autochtone à
6,25 %; ai-je droit à une réduction d'impôts? Il est
bien probable que d'autres de mes ancêtres ont folâtré
à l'interracial et que, comme tant de Québécois, je
sois à 10, à 15 ou à 20% Amérindien. Puis-je
avoir plus?
Le Québécois "pure laine" a cueilli une bonne part
de gênes indigènes en courant les bois et, si je n'avais peur
d'être pris au sérieux, j'ajouterais que c'est ce qui le rend
résistant au froid et amateur de blé d'inde. Il y a eu un
énorme métissage au Québec, car on ne se détestait
pas tant entre Indiens et Blancs avant qu'il ne devienne rentable d'être
différents. Il faut combien de "sang indien" pour être
un Autochtone? Et pour un Autochtone qui est "visible", il y en
a combien qui ne le sont pas?
Ça m'agace quand on me parle dans la même phrase de racisme
et de la question autochtone. Il n'y a jamais eu de racisme anti-amérindien
militant au Québec. Mais il y en aura un, inévitablement,
si on laisse des millionnaires Micmacs stopper l'économie de toute
une région pour obtenir des privilèges de coupe de bois, si
on laisse des contrebandiers Mohawks jouer un rôle pervers sur la
politique fiscale du pays et si on laisse des avocats de toutes les couleurs
prendre prétexte de la race de leurs clients Cris ou Innus pour saboter
le développement du Nord québécois.
La vérité, c'est qu'il n'y a pas au Québec un conflit
entre deux races, mais deux (2) chocs entre notre culture à nous
d'une part et, d'autre part, deux (2) types de "cultures autochtones".
Il en découle deux crises différentes qui n'ont en commun
que d'être gérées de façon également ineptes.
Le premier choc est avec les cultures autochtones des Amérindiens
et Innus du Grand Nord. Ils vivent à l'écart et possèdent
encore un mode de vie traditionnel: ils ont bien le droit de le garder,
aussi longtemps qu'ils le pourront et le voudront. Mais c'est un choix individuel;
un choix que chacun d'eux doit faire en tenant compte de la réalité
présente et des avantages comparés qu'il y a à vivre
de chasse et de pêche dans les bois ou dans un milieu urbain moderne.
Nous n'avons pas à biaiser ce choix en le vidant de sa conséquence
logique, qui est qu'on a le train de vie de ce qu'on produit.
Nous n'avons pas la responsabilité de soudoyer des chefs de bandes
et leurs sujets pour qu'ils nous fassent la faveur de rester en milieu hostile,
pour la joie des anthropologues, dans des campements où la vie n'est
plus acceptable que dans la mesure où elle est entretenue à
grand frais par une infrastructure moderne qui est, elle, entièrement
le produit de NOTRE culture.
Nous n'avons pas la responsabilité de préserver artificiellement
le mode de vie et la pensée ancestrale des Amérindiens; ceci
est une vison réductrice, discriminatoire, intolérable de
l'avenir de chaque enfant amérindien, lequel a le droit d'être
aussi moderne que les Papous, les Touaregs, vos enfants et les miens. Le
maintien de la "pensée ancestrale" est une fumisterie.
Car si nous, les descendants des colonisateurs, pensions et voulions vivre
comme nos ancêtres du dix-septième siècle, nous ne penserions
pas à soutenir la création de sociétés amérindiennes
mais à voler les fourrures des "sauvages" au printemps
et à vendre leurs scalps aux Anglais. Le monde a changé. Pour
nous, pour eux, pour tout le monde. Pour les Autochtones du Nord, le mot-clef
est "évolution".
La deuxième crise autochtone à laquelle nous faisons face
est le résultat du choc avec les Amérindiens qui vivent "au
Sud", en banlieue de nos établissements et largement en marge
de la loi. Il y a une certaine ignorance à parler ici de racisme
- alors qu'un test d'ADN montrerait à quel point la génétique
de ceux-ci s'est mêlée à celle des Québécois
de vieille souche - et beaucoup de cynisme à parler de "cultures"
autochtones, alors que ces pseudo-cultures, totalement parasitaires, ont
acquis toutes leurs techniques et toutes leurs manières de faire
d'une population non-autochtone qu'elles exploitent.
Ce n'est pas la culture traditionnelle des Micmacs de faire la coupe de
bois pour vendre à des scieries, ni de pêcher le saumon pour
approvisionner les supermarchés. Ce n'est pas celle des Mohawks de
tenir des maisons de jeu, de passer de l'alcool aux frontières ni
de fabriquer des cigarettes. Ce que nous avons laissé se développer
au Sud, ce sont des sous-cultures mafieuses, des cultures de piraterie dont
certains des leaders ne sont pas plus autochtones que vous et moi, mais
les font naviguer sous pavillon amérindien de complaisance.
La majorité de ceux qui se réclament de ces soi-disant "cultures"
autochtones au Sud ne se distinguent pas tant de la population dite "blanche"
par leur apparence, leurs coutumes, ou leur modes de vie que par les privilèges
fiscaux et autres qui leur sont accordés. Des privilèges qui
n'ont pas pour effet de les ramener à une culture qui leur soit propre,
mais de les marginaliser de plus en plus au profit de quelques truands,
bien loin culturellement de l'héritage amérindien. Oka, les
Micmacs... On n'arrête pas le chantage en y cédant. Plus on
attend, plus ce sera difficile à régler. Il faut avoir le
courage de mettre fin aux sous-cultures de brigandage. A l'abordage...!
Pierre JC Allard
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