Montréal financera ses activités futures à partir de
ses propres taxes, complétées d'un octroi du Gouvernement
du Québec. Cet octroi mettra fin à la contrainte d'assurer
toutes les dépenses de la Ville à partir d'une ponction sur
les seuls propriétaires et commerçants et permettra donc de
réduire leur fardeau fiscal. Ce nouveau mode de financement, toutefois,
ne changera pas, du seul fait qu'il est mis en place, les besoins de la
Ville ni le montant global perçu de la population. Ceci est une autre
décision.
La décision d'augmenter ou de réduire les dépenses
de la Ville dépend de notre projet de société. Rien
n'est gratuit. On n'a que les services collectifs municipaux dont on est
disposé à assumer les frais. Qui prétend le contraire
trompe la population. Un régime compétent, c'est celui qui
peut offrir un meilleur rapport qualité-prix - c'est-à-dire
services-taxes - et chaque administration, sur ce point, doit être
jugée à son mérite. Elle ne peut l'être qu'à
la fin de son mandat.
Ce qui importe, en début et en cours de mandat, c'est de choisir
un juste point d'équilibre entre les deux options extrêmes
dont la première consiste à privilégier le meilleur
service à tout prix (au meilleur coût possible, bien sûr),
et la seconde à adopter le budget le moins gourmand... tout en maintenant
les services les moins médiocres que ce budget permet. Il faut faire
ce choix d'un point d'équilibre. Cacher la nécessité
de ce choix sous de vagues promesses, c'est aussi mentir à la population.
On peut faire ce choix discrètement entre élus: c'est le pouvoir
qu'accorde la loi. Mais on peut aussi consulter la population, en lui offrant
des plans d'action alternatifs cohérents dont chacun à son
coût. En donnant son avis sur ces plans, la population indique clairement
à quels engagements elle veut consentir et ce qu'elle souhaite recevoir
en retour. C'est un pas de plus vers la vraie démocratie. La mise
en place de la Carte de Citoyen permettra de consulter aisément et
à peu de frais la population sur ce point.
Montréal présentera chaque année à la
population, à partir de 1996, au moins trois plans d'action dont
chacun déterminera un budget et correspondra à un taux d'imposition
bien concret.
Au moins un de ces plans correspondra à un budget égal
ou inférieur à celui de l'année précédente
et donc à une baisse du taux d'imposition global des contribuables
montréalais. La population étant ainsi consultée quand
à ses préférences concernant ces trois plans d'action,
le payeur de taxes aura son mot à dire dans les choix que fait la
Ville en son nom.
Les citoyen seront consultés. Ceci ne veut pas dire que la Ville
abdiquera sa responsabilité de décider en dernier ressort
de ce qui doit être fait; mais la population pourra savoir quand ses
dirigeants auront suivi ses désirs et quand ils auront jugé
préférable de privilégier une autre approche. Lorsque
l'administration leur rendra des comptes, on peut penser que les électeurs
auront - à juste titre - tendance à juger plus sévèrement
des décisions néfastes qui auraient été prises
envers et contre la sagesse populaire.
Ceci dit, la solidarité que nous voulons vivre à Montréal
exigera que ne soient jamais sacrifiés ceux qui n'ont pas de comptes
de taxes à recevoir, tout simplement parce qu'ils n'ont rien d'autre
à donner que leur travail.
Montréal défendra les droits des moins nantis. Aucune
proposition ne sera soumise à l'avis des citoyens dont on ne se sera
pas préalablement assuré qu'elle protège les droits
des plus faibles et va dans le sens de la justice sociale.