Tout le monde est d'accord pour qu'il y ait à Montréal plus
de parcs, d'arénas, de patinoires et de jardins communautaires. Tout
le monde ne veut que du bien aux Maisons de la Culture et personne ne dit
beaucoup de mal des bureaux d'Accès Montréal. Il ne s'agit
pas de prendre position pour ou contre ces services et ces équipements
d'agrément, mais de déterminer quelle priorité concrète
on accordera à l'ouverture d'un nouveau parc ou d'une nouvelle patinoire
dans une quartier donné... et quand précisément on
pourra le faire.
Or, s'il est facile de constater que la couverture de services est moins
dense dans certains quartiers que d'autres - et donc de décider,
par exemple, où sera construite la prochaine patinoire - il l'est
moins de fusionner cette liste des investissements d'agrément dans
la liste plus générale de nos priorités, laquelle doit
aussi inclure des équipements essentiels moins gratifiants: les rues,
les trottoirs, les égouts.
Chaque année durant laquelle on a laissé se détériorer
ces infrastructures essentielles lourdes, on a insidieusement modifié
pour l'avenir la liste réelle de nos priorités, puisqu'il
y a un point à partir duquel on ne peut plus retarder les travaux
de gros oeuvre. Le plan de relance du Gouvernement fédéral
offre à Montréal une amnistie miraculeuse de sa négligence
passée. Ne la refusons pas. Ne la gaspillons pas. A la fin de son
mandat, la future administration doit laisser à Montréal des
équipements adéquats et des rues qui aient cessé de
ressembler à celles des pays du tiers-monde.
Ce travail sur les infrastructures essentielles est urgent et nécessaire;
il serait irresponsable de promettre aujourd'hui de nouveaux équipements
d'agrément aussi longtemps que l'on n'aura pas revu l'état
de nos infrastructures essentielles. Mais on fera cet examen et une liste
des priorités sera établie; quand elle l'aura été,
les engagements pris seront tenus à l'échéance prévue.
Montréal, dès 1995, fera un inventaire de ses infrastructures
et reverra au besoin le plan triennal d'affectation des 500 millions déjà
prévus pour la rénovation et la construction des équipements
d'infrastructure . La priorité de chaque chantier
sera alors établie et la liste des priorités sera rendue publique.
Montréal, avec quelques réserves pour imprévus,
annoncera immédiatement à la population et aux soumissionnaires
éventuels la liste des travaux qui seront effectués au cours
du mandat de la nouvelle administration, ces travaux étant repartis
sur les années à venir selon un calendrier précis.
Le but de cette démarche n'est pas de priver la population
d'un suspense. Il s'agit, d'une part, de mieux documenter les demandes d'assistance
financière - dans le cadre des programmes supplémentaires
d'emplois que les gouvernements de Québec et d'Ottawa ne manqueront
pas de proposer - et d'en tirer donc une plus large part pour Montréal.
Il s'agit, d'autre part, de permettre aux entrepreneurs de mieux planifier
l'utilisation de leur main-d'oeuvre et de leurs équipements et donc
de réduire leurs coûts.
Il s'agit aussi d'un effort de transparence. Montréal réalisera
les projets selon la priorité fixée au départ, les
projets à faible priorité pouvant donc ne pas être exécutés
si les fonds dont dispose la Ville sont inférieurs aux prévisions,
mais l'ordre de priorité n'étant pas chambardé par
des pressions indues.
Montréal accordera aussi toute l'attention requise à l'impact
des travaux à réaliser sur la qualité de vie de ses
résidants. Montréal, au moment d'accorder les contrats,
tiendra largement compte des mesures auxquelles s'engageront les entrepreneurs
pour minimiser les inconvénients des travaux à exécuter,
tant sur la circulation que sur la qualité de vie en général
des citoyens.