En considération d'un montant annuel forfaitaire, négocié
avec la STCUM et le Gouvernement du Québec, la Ville de Montréal
obtiendra que la Carte de Citoyen portant mention « solidarité»
soit acceptée comme équivalent de la CAM. Le résultat
premier de cette mesure est une assistance financière significative
aux utilisateurs réguliers du transport en commun, c'est à
dire surtout les travailleurs salariés et les étudiants. Cette
assistance est-elle acceptable pour les payeurs de taxes ?
Oui, parce qu'il en découle deux résultats secondaires importants.
D'abord, on peut s'attendre à un virage vers l'utilisation du transport
en commun, ce qui diminuera substantiellement la congestion dans les rues
de Montréal. Or, celui dont l'aisance est suffisante pour qu'il persiste
à utiliser une voiture privée - au lieu d'un transport en
commun qui sera alors devenu gratuit - a vraisemblablement non seulement
les moyens mais aussi la bonne volonté de payer l'équivalent
de quelques cents par trajet, matin et soir, pour circuler à son
aide plutôt que pare-chocs à pare-chocs.
Ensuite, cette mesure constitue - ce qui n'est pas négligeable, loin
de là - un incitateur important pour les employeurs potentiels voulant
s'établir à Montréal et dont les exigences salariales
des employés pourront s'avérer moins pressantes si la population
y jouit du transport en commun gratuit. Ceci est d'autant plus important,
dans le contexte des restrictions que GATT et ALENA imposent, qu'il s'agira
d'une mesure sociale d'intérêt général dont on
ne peut que louer l'impact sur l'environnement et qu'il serait odieux d'assimiler
à une subvention. Posons ce geste vite, car d'autres le feront.
Pour que cette mesure ait vraiment tout son impact, toutefois, le système
de transport en commun doit être amélioré. Montréal
doublera le réseau du métro par une utilisation négociée
des voies de surface du CN et du CP sur le territoire urbain ,
voies qui sont présentement extraordinairement sous-utilisées.
Il est possible de doubler encore ce réseau en réservant une
voie au transport en commun, peut-être au bon vieux tramway, le long
de certaines artères. Ceci n'est vraiment efficace, toutefois, que
si - comme à Amsterdam, par exemple - on synchronise les feux de
circulation en fonction de la circulation sur cette voie réservée.
Pour que la gratuité du transport en commun soit acceptable à
tous, cependant, il faut simultanément régler le problème
du stationnement qui menace la survie même du centre-ville. En collaboration
avec les terrains de stationnement existants du centre-ville et les commerçants
qui choisiront de participer à cette initiative, Montréal
mettra en place, dès l'été 1995, un système
à coût modique permettant de prendre en charge les voitures
à certains endroits du centre-ville, de les garer en périphérie
proche, et de les ramener à leurs propriétaires à heure
fixe ou sur appel.
L'ensemble de ces mesures fera de Montréal un modèle de transport
urbain. Efficace et modulé aux préférences des utilisateurs,
puisqu'il ne s'agit pas d'imposer le transport en commun aux citoyens; il
s'agit de le rendre économique, confortable et plus accessible. Il
s'agit aussi d'enlever l'image de misère qui colle au transport en
commun et de dire clairement que c'est une forme de civisme de l'utiliser.
Hors ses fonctions officielles, le Maire de Montréal circulera régulièrement
en métro.
L'équivalence entre la CAM et la carte Carte de Citoyen devrait être
en vigueur au printemps 1995 et un plan global de transport en commun élargi
sera présenté à la STCUM à l'été
1995. En cas de divergence entre la CUM et Montréal, le Gouvernement
du Québec sera appelé à trancher et à donner
acte à la volonté démocratique des citoyens de Montréal.