Rien ne peut apporter à Montréal un essor économique
permanent et durable mieux que la mise en valeur systématique de
son potentiel d'accueil. D'abord le tourisme. On doit viser le tourisme
de vacance, mais aussi, et surtout, le marché en expansion des congrès.
Il faut qu'à la fin de 1997 le "carnet de réservations"
de Montréal comme hôte de congrès soit le plus important
en Amérique, et du même ordre de grandeur que celui de Paris
ou de Londres, les leaders incontestés du marché mondial.
Non seulement le tourisme est-il immédiatement créateur
d'emplois et générateur de richesse, mais on doit garder en
mémoire qu'il faut aussi construire l'hôtel où le touriste
loge et le restaurant où il dîne, meubler cet hôtel et
ce restaurant, en approvisionner la table et le bar... Derrière la
création d'emplois du tertiaire, le tourisme apporte un soutien appréciable
au maintien des industries du secteur secondaire et de leurs emplois.
De plus, notre volonté d'accueil doit naturellement être soutenue
par un programme d'infrastructures qui permette d'accueillir le touriste,
d'où la création d'autres emplois temporaires, même
si la prudence exigera alors que les investissements publics consentis ne
viennent qu'appuyer les investisseurs privés qui auront été
convaincus du succès de notre démarche. Montréal
accordera une priorité au développement d'infrastructures
d'accueil et aidera le secteur touristique privé, mais ne se substituera
pas à celui-ci et n'en deviendra pas le concurrent.
L'hospitalité qu'offrira Montréal, cependant, ne se limitera
pas au tourisme. Il y a aussi le potentiel d'accueil des sociétés
étrangères. La Ville encouragera de toutes ses forces
l'établissement et le développement d'entreprises industrielles
à Montréal. Mais "encourager", par
delà les voeux pieux, veut dire convaincre un à un des investisseurs,
surtout étrangers, de s'établir chez-nous. Ceci ne peut être
fait efficacement que si on comprend bien les règles du jeu.
Comprendre d'abord que si Montréal, comme toutes les autres villes,
doit naturellement encourager l'accueil prioritaire d'entreprises de haute
technologie comme l'industrie pharmaceutique, l'aérospatiale etc.,
il ne faut pas s'attendre à ce qu'il en résulte directement
une création significative d'emplois: le propre de la haute-technologie
est de produire beaucoup avec peu de travailleurs. Pour que l'établissement
de ces entreprises de pointe mène à une création significative
d'emplois, Montréal planifiera et facilitera aussi l'établissement
des PME qui approvisionneront ces industries de pointe. Coté
emplois, si on ne fait pas cette planification "en grappes" on
perd son temps.
Comprendre aussi que ce n'est pas par la concession d'avantages fiscaux
qu'il faut séduire l'investisseur - ce qui mène souvent à
des situations où la relation avec l'entreprise qu'on accueille ne
dure que le temps durant lequel l'opération d'accueil est déficitaire
! - mais en mettant l'accent sur la qualité de vie de Montréal.
Montréal ville multiculturelle, Montréal ville sans violence,
Montréal ville de fêtes. C'est le cadre et l'employé
de la société cible qu'il faut convaincre de la qualité
de vie de Montréal. Quand il en est convaincu - et à juste
titre - son opinion pèse lourd sur la décision de l'employeur,
lequel sait mesurer la valeur ajoutée de la satisfaction de son personnel.
Montréal a beaucoup à offrir. Notre relance économique,
pour l'avenir prévisible, passe par la promotion de notre qualité
d'accueil. Aussi bien pour le tournage de films - nous en sommes l'un des
sites privilégiés en Amérique - que pour le tourisme
et l'établissement d'entreprises étrangères. Mais il
ne suffit pas d'avoir beaucoup à offrir, il faut le faire savoir.
Montréal mettra donc en place en toute priorité, en
collaboration si possible avec les autorités du Québec et
le gouvernement fédéral, un programme mondial d'information
de sa qualité de vie et de sa volonté d'accueil.