Montréal est en crise, Montréal est sans travail; iI n'y a
qu'une solution définitive à la crise et c'est de remettre
tout le monde au travail. Cette crise n'a que peu à voir avec une
quelconque récession; les secteurs de production industrielle qui
ont fait la richesse de Montréal sont simplement en déclin
et leurs méthodes de production désuètes. Si ces secteurs
renaissent, ils ne renaîtront qu'en substituant des machines aux travailleurs:
rien ne permettra jamais d'y créer à nouveau de l'emploi...,
à moins que les travailleurs montréalais ne veuillent travailler
pour des salaires mexicains, ce qui n'est ni probable ni souhaitable. Si
nous voulons que les Montréalais travaillent, il faut créer
des emplois dans le secteur tertiaire.
Montréal, ne nous leurrons pas, n'a que peu de marge de manoeuvre
pour créer des emplois. Ce n'est pas Montréal qui contrôle,
ni ne devrait contrôler, les politiques de main-d'oeuvre ni les politiques
monétaires: nous ne règlerons pas la crise du pays par des
mesures au palier municipal. Montréal, cependant, peut créer
un foyer de prospérité et générer des revenus
qui se diffuseront sur toute la population, si nous mettons à profit
une ressource que Montréal possède en abondance: l'hospitalité
et la joie de vivre de sa population.
Montréal, c'est l'Expo, les Olympiques, le Festival du Jazz. Montréal,
après New-York et Washington, c'est la ville d'Amérique qui
accueille le plus de congrès d'envergure internationale. Montréal
est une ville de fêtes. Or on néglige trop souvent que le tourisme
est devenu la première industrie du monde et que nous possédons
des ressources et des avantages concurrentiels importants pour miser sur
cette industrie tertiaire, à forte intensité de main-d'oeuvre
et donc créatrice d'emploi
Notre avantage extraordinaire, en plus des qualités propres à
notre population même, c'est que nous sommes une ville d'été.
La plupart des villes du monde se vident de leurs habitants en été
et en perdent leur âme. Montréal, avec ses festivals et la
profusion de théâtres saisonniers qui l'entourent, a cette
rare caractéristique d'être une ville où l'été
est la saison active. Il faut exploiter le potentiel touristique de cette
singularité en y joignant l'effet d'attraction du visage français
et multiculturel de Montréal.
Montréal agencera les événements déjà
récurrents chaque année à Montréal de la fin
mai à la fin septembre - et d'autres qui s'y ajouteront - de façon
à offrir au touriste un calendrier ininterrompu d'activités
qui fera de Montréal la &laqno;Capitale de l'Été»:
.
Dans le cadre de ce calendrier, chaque communauté culturelle
de Montréal qui en fera la demande recevra la collaboration technique
et financière de Montréal pour organiser, au cours de l'été,
dans un secteur de Montréal signifiant pour cette communauté,
un festival mettant en évidence la spécificité culturelle
de celle-ci. Cette communauté deviendra alors, durant cette période,
non seulement l'hôte des autres éthnies de Montréal
mais aussi, si elle fait de cet événement un succès,
le point de ralliement en Amérique du Nord de tous les membres de
cette communauté.
Mettant également à profit la relâche des activités
culturelles en France durant la période estivale, Montréal
établira, dans les Îles ou ailleurs, avec la collaboration
des industries culturelles et des restaurateurs de France, une ambiance
complètement française à prix nord-américains
- du Moulin Rouge au Musée d'Orsay et du bal musette à
la Tour d'Argent - qui complétera la séduction de la clientèle
américaine.
RIEN ne peut apporter à Montréal un essor économique
et des emplois aussi rapidement que le tourisme. Activité saisonnière,
le tourisme peut être complété par une autre activité
à forte intensité de main-d'oeuvre: la rénovation.
Un projet innovateur dans ce secteur sera mis en place, dont il serait cependant
irresponsable de discuter aussi longtemps que ne sera pas rendue publique
la position définitive du gouvernement quant à la Loi 142.