Montréal est la métropole du Québec. C'est une ville
où l'on doit pouvoir vivre et travailler en français. Le français
doit être la langue de travail et la langue de l'administration montréalaise.
Mais Montréal n'est pas une ville de France comme Lyon, Marseille
ou Toulouse. Montréal est un carrefour pluriethnique et multiculturel
comme New-York ou Paris. C'est ce qui fait sa spécificité,
son charme, sa force. C'est ce qui en fait, au Québec, un lieu unique.
C'est un aspect essentiel de notre IDENTITÉ de Montréalais.
Montréal doit relever le défi de mettre fin à l'incompréhension,
à l'intolérance et à la méfiance qui se sont
installées entre les communautés ethniques qui y cohabitent.
Il faut mettre prioritairement l'accent sur le rapprochement entre ces communautés.
Par delà toute émotivité, la simple efficacité
exige que le français soit notre langue de travail. Montréal
est une ville francophone, mais il n'en est pas moins indispensable que
la multiplicité des cultures y soit non seulement permise mais encouragée.
Montréal doit accueillir les nouveaux immigrants avec joie. Il faut
y promouvoir le respect de leurs coutumes et de leurs traditions, lesquelles
doivent toutes se refléter dans le tissu urbain pour faire de Montréal
la ville unique que nous aimons; on peut le faire sans mettre en péril
les droits de la majorité. C'est une richesse pour Montréal
qu'on y trouve une "Petite Italie", un quartier hassidique qui
n'a vraiment rien d'un ghetto, et des rues où l'on parle grec, chinois
ou créole. Je suis fier d'avoir joué personnellement un modeste
rôle dans la venue au Canada de la minorité vietnamienne, comme
de pouvoir parler dans leur langue aux hispanophones. Et ce n'est pas du
folklore, dans un monde où vivent désormais plus d'un milliard
de musulmans, que quelques milliers de Libanais et de Marocains se sentent
bien chez-eux parmi nous.
Et comment le respect qu'on doit aux Néo-Québécois
ne serait-il pas tout aussi essentiel à l'égard de ces Québécois
d'autres souches -- Anglais, Écossais, Irlandais - qui, depuis des
générations, ont bâti et enrichi Montréal aux
cotés des francophones? Montréal doit faire tout en son pouvoir
pour qu'il n'y ait pas de mesures vexatoires à l'égard de
ses minorités, pour s'assurer que leur participation est encouragée
à tous les niveaux de l'administration, et pour veiller à
ce que leurs cultures soient perçues et appréciées
comme un apport vital, irremplaçable, à notre réalité
quotidienne.
Montréal créera un Conseil Consultatif des Communautés
Culturelles et tiendra compte de l'avis de ce Conseil quant à l'impact
de chaque décision de la Ville sur la vie et le développement
des diverses communautés qui composent notre ville.
Montréal est une ville à vocation internationale: assumons
notre identité multiculturelle. Notre essor comme ville passe par
l'expansion au delà de nos frontières et la culture québécoise
francophone ne doit surtout pas être imposée: elle peut et
elle doit séduire. Elle peut séduire, et elle séduira
à la mesure de ce que nous réaliserons et de ce que nous serons
capables d'offrir.
Il est urgent de réinsérer Montréal dans le réseau
des grandes villes nord-américaines, des villes-coeurs et des capitales
du monde. Il est important qu'a coté du français, notre langue
nationale, soit accueilli l'anglais, langue véhiculaire internationale
de communication avec le monde. Il faut que le bilinguisme ne soit plus
perçu comme une trahison mais comme une richesse.
Montréal doit obtenir du Gouvernement de Québec la reconnaissance
d'un statut particulier qui permette l'usage subsidiaire de l'anglais dans
tous les cas où l'intérêt de la Ville et de ses citoyens
l'exige.