Montréal - la communauté réelle - a bien grandi depuis
un demi-siècle, passant de un à trois millions d'habitants.
Pendant ce temps, les frontières formelles de la municipalité
sont restées à peu près les mêmes. Nous avons
donc aujourd'hui une ville privée des deux-tiers de sa population...
et deux millions de banlieusards privés de leur ville. C'est inviter
les injustices fiscales et des querelles intestines entre Montréal
et ses banlieues, les "quartiers" de ce tout réel que constitue
le Grand Montréal.
Pire, ce Grand Montréal - qui a son identité propre au Québec
tout autant que Paris a la sienne en France - qui a ses intérêts,
son histoire et sa culture bien typée, n'a pas de voix pour les exprimer.
On a mis le Grand Montréal sous la tutelle d'une structure non-démocratique,
la CUM, laquelle il semble que l'on veuille bientôt remplacer ou assujettir
à une instance régionale en voie de création et tout
aussi peu représentative.
Il faut que cesse cette dilution de la démocratie au profit des technocrates.
Il faut que la démocratie renaisse à la dimension de l'agglomération
montréalaise. Il faut que les Montréalais, tous ensemble,
aient une voix. Il faut que Montréal puisse retrouver et exprimer
son identité propre et que les citoyens reprennent leur pouvoir de
décision sur des éléments aussi essentiels à
la vie communautaire, entre autres choses, que la police, le transport,
l'évaluation foncière. Il faut refaire le vrai Montréal.
Il y a aujourd'hui ce que la Ville de Montréal peut faire: faisons
le vite et bien. Il y aussi a ce que trois millions de citoyens du Grand
Montréal devraient pouvoir faire et ce qu'ils ont le pouvoir
politique d'exiger: le droit de recréer une métropole - une
de ces grandes "villes-coeurs" du monde où bat la
vie d'un peuple - et de se faire un avenir. Le droit de chercher collectivement
à faire franchir à tous les Montréalais le seuil de
l'indispensable, comme de relever ensemble, unis, le défi de l'excellence.
Avant la fin de 1995, un plan opérationnel sera déposé
auprès des autorités compétentes pour la constitution,
avant l'An 2000 ,du Grand Montréal: une structure démocratique
réunissant les pouvoirs d'une Région administrative du Québec,
de la CUM et de ses villes constituantes.
Reprenant sa vraie dimension et les vrais pouvoirs d'une métropole,
Montréal cessera de se voir comme une ville au déclin, désuète,
dépassée. Montréal se reconnaîtra un avenir et
une vocation. Montréal retrouvera l'Esprit de "67, quand nous
étions un exemple pour le monde entier.
Montréal est l'une de ces villes bien-aimées qui n'ont jamais
cessé d'être le lieu privilégié de l'identification
et de l'appartenance de leurs citoyens et qui, aujourd'hui, dans un monde
en révision, sont à redevenir aussi les vrais modules de base
de l'activité humaine. Montréal a la vocation de mettre à
profit les circonstances exceptionnelles que lui ont imposées son
histoire et sa géographie pour devenir un modèle pour l'organisation
de ces &laqno;villes-coeurs" qui vont donner son rythme au prochain
siècle.
Montréal doit être un exemple de l'affirmation d'une spécificité
culturelle dans le respect des autres... et le modèle de la tolérance,
de la solidarité, de l'ouverture sur le monde.
Un exemple d'une haute qualité de vie, à la mesure d'une redéfinition
du travail et du loisir... et le modèle d'une société
dynamique d'ordre, de justice, de partage, de richesse et de mieux-être
Un exemple de transparence... et le modèle d'une façon démocratique,
participative, efficace de gérer et de développer la Cité.