Mise à jour 1999
La santé bien encadrée
La proposition #23 venait compléter la proposition #03. Ensemble,
elles apportaient une solution au "problème" que pose l'extraordinaire
développement de nos connaissance et de nos moyens d'action dans
le domaine médical. Un problème? En fait, ce développement
est la plus grande bénédiction de notre époque, un
progrès qui promet une vie plus longue, plus agréable, plus
active. Il faut que nous soyons bien bêtes et le système bien
méchant pour ne pas comprendre qu'il n'y a pas là un problème
mais un trésor à mettre en valeur
Une richesse que nous pouvons d'autant plus facilement exploiter que l'automation
- qu'on perçoit comme une cause de chômage - libère
les ressources humaines dont nous avons besoin pour le faire. Le défi,
c'est de nous dégager d'un préjugé qui limite la nature,
le nombre et la mission des intervenants médicaux. Quand les machines
produisent, que font les êtres humains? Ils pensent, ils éduquent,
ils amusent ... ils soignent.
Comment la situation du système de la santé a-t-elle évolué
depuis 7 ans? Elle s'est détériorée au-delà
des projections les plus pessimistes que l'on aurait pu faire et, le blâme
en ayant été mis sur les aspects financiers du système
- nécessité d'équilibrer le budget, croissance des
coût, etc. - la proposition de mettre à profit le bénévolat
et de confier une responsabilité accrue à l'individu sur sa
propre santé semble arriver bien à point.
La proposition #23, de diverses manières, suggère de répartir
entre plus d'intervenants les fonctions qui sont actuellement dévolues
aux médecins et autres professionnels de la santé, afin d'avoir
PLUS de ressources et MOINS de frais. C'est la seule solution qui n'équivaut
pas à renoncer à ce que la médecine peut apporter de
plus pour notre bonheur sous prétexte que quelqu'un s'est arrogé
le droit d'exiger un droit de péage pour y avoir accès.
La question est maintenant de savoir si on peut cesser de penser à
une société encore primitive, orientée vers la production,
où il y a un médecin pour 500 personnes, pour prévoir
une société de mieux-être où 20% de l'activité
professionnelle sera consacrée à garder les gens en santé,
à les soigner et à les guérir. C'est un passage vers
un niveau supérieur. Comment vivre cette transition?
D'abord, il faut préparer l'individu lui-même à s'autodiagnostiquer
et à se soigner dans les limites de ce qu'on peut apprendre à
une adulte raisonnable. C'est une mission pour la réforme d'un système
d'éducation tout autant que pour la réforme du système
de santé: nos objectifs d'apprentissage actuels sont simplement aberrants.
Ensuite, il faut utiliser la notion de bénévolat et mettre
à la disposition de toute la collectivité les connaissances
plus complexes qui devraient faire partie de toute formation supérieure
- encore une tâche pour pour le système d'éducation
! - et doter ces bénévoles des outils informatiques ou autres
qui leur permettront d'agir utilement - au palier du diagnostic, par exemple.
Dans un troisième temps, il faut créer toute une armée
d'intervenants professionnels à temps partiel, de "paramédics"
de bénévoles formés à cette fin qui assumeront
les fonctions de garde à domicile et de soutien moral des malades,
vieillards, accidentés, etc. Puis, au palier intermédiaire
entre le médecin omnipraticien que nous connaissons présentement
et les infirmièr(e)s, il nous faut des "maîtres-médecins"
qui seront les ressources spécialisées de demain: oncologue,
cardiologue, pédiatre, etc
Enfin, au faîte de la pyramide, le Docteur en médecine qui
assurera la coordination interdisciplinaire qu'exigera parfois - mais pas
toujours! - le suivi médical des patients
Pierre JC Allard
Texte de 1992
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