Mise à jour 1999
Pub et vérité-choc
Sous le chapeau de la publicité, la proposition #17 réunissait
deux (2) volets dont chacun à eu depuis une évolution et un
sort bien différent. Le premier visait à restreindre le droit
des annonceurs à dire n'importe quelle foutaise, au mépris
du bon sens, de la décence et même du bien public. Ce volet
répondait à un besoin de protéger le consommateur des
abus, besoin qu'on a plutôt tenté de combler par le travail
de l'Office de Protection des Consommateurs et une application plus stricte
par les tribunaux des règles interdisant la publicité mensongère.
Le résultat en a été une auto-censure plus efficace
de la part des annonceurs, à laquelle n'a pas été étrangère
non plus la simple incrédulité croissante des clients. Avons-nous
aujourd'hui une publicité plus "vraie" qu'en 1992 ? Je
ne crois pas. Mais elle est devenue moins bête, plus subtile..., subliminale.
Le chemin suivi par les producteurs de tabac et de boissons alcooliques,
qui eux ont subi des contraintes, montre d'ailleurs la voie qu'aurait suivie
toute l'industrie de la publicité si on avait tenté de la
réglementer.
Devrait-on le faire? Si on le faisait, on ferait certes monter d'un cran
le niveau de qualité général des annonces; mais il
est improbable qu'on apporterait une meilleure protection à la population:
les techniques de manipulation s'améliorent plus vite que les moyens
de les contrôler qu'une société démocratique
est prête à tolérer. Le "sceau de vérité",
d'autre part, aurait certainement un effet positif sur la consommation des
produits qui sont hors de tout soupçon... tout en passant le message,
même à l'auditeur le plus simple, que la publicité qui
n'a pas ce sceau exige qu'on y regarde à deux fois. Je persiste à
penser que ce serait une mesure utile.
Le deuxième volet de la proposition #17 était que l'État
prenne l'initiative de la publication et de la diffusion d'un catalogue
universel. Je suis maintenant perplexe quant à l'avenir de cette
initiative. Pourquoi ? Parce que, dans un sens, il est trop tard. Le développement
fulgurant de l'Internet - qui était encore un truc pour initiés
techno en 1992 - a amené le "commerce en ligne" dont le
volume quadruple chaque année. Le service que devait rendre le catalogue
universel sera incessamment disponible pour ceux qui le veulent et peuvent
se l'offrir. Évidemment, l'État devrait en faciliter l'accès
à tous, mais ceci est une autre histoire.
Dans une autre optique, toutefois, le développement sauvage sur Internet
d'un catalogue VRAIMENT universel qui n'est soumis à aucune loi rendrait
encore plus utile une structuration de l'information et l'apposition d'un
sceau de vérité qui jouirait de la crédibilité
d'un État. Dans tout ce fouillis d'offres sur Internet - dont une
bonne part est plus ou moins mensongère et frauduleuse - un message
portant une mention qui en garantirait la véracité serait
une bouffée d'air pur. Il n'y n'aurait nul besoin de l'imposer: on
ramperait pour l'obtenir.
Mais je demeure perplexe quant à l'opportunité de cette mesure,
car on se voile trop volontiers la face quand on examine les conséquences
inéluctables d'un marché totalement transparent. Si le vendeur
qui offre le meilleur rapport qualité-prix est clairement identifié,
pourquoi qui que ce soit, dans le monde entier, achèterait-il ailleurs?
Et qu'arrive-t-il des autres vendeurs? Je ne retire pas cette proposition;
mais notre société a des obligations a remplir avant de pouvoir
se permettre de la mettre en place.
Pierre JC Allard
Texte 1992
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