Mise à jour 1999
A l'heure des précepteurs
Parmi les propositions de ce livre, il y en a trois qui ont suscité
un véritable enthousiasme; celle-ci est l'une d'entre elles. Questions,
conférences, ateliers au congrès de l'Alliance des professeurs,
rapport au Ministre, une proposition formelle des Comités de Parent
de la CECM pour la mise à l'essai de cette formule... il a semblé
un moment qu'on allait s'en occuper. Puis, les choses sont retournées
à leur train-train quotidien.
Pourtant, c'est encore une fois une proposition que personne ne contredit
mais avec laquelle tout le mode semble d'accord en principe. Oh, il y a
des divergences sur la durée du mandat du précepteur, il y
a des question sur la façon de permettre aux ados de former leur
propre "foyer" et sur ce qu'on fait de ceux qui semblent laissés
pour compte, mais il est toujours facile de s'entendre sur ces modalités.
En bloc, la population accepte une école humaine - porteuse de valeurs
- et un programme flexible qui ne réunit pas les jeunes sur la base
de leur succès académique mais crée entre eux des affinités
permanentes.
En fait, du "conseil d'école" au "projet scolaire",
et finalement au tout récent "Programme de soutien à
l'École montréalaise", le Ministère de l'éducation
semble s'orienter dans la bonne voie. En pratique, tout se passe comme si
l'on voulait bien créer quelque chose qui ressemble à l'École
préceptorale, mais en y mettant le temps - une ou deux générations,
peut-être - et en ménageant la susceptibilité de tous
les intervenants.
Les intervenants? Les groupes de pression religieux et linguistiques, les
fanatiques bornés de l'éducation égalitaire - même
si elle est génératrice d'inégalités - les microsatrapes
qui tirent leur petit pouvoir d'être commissaire ou président
d'un conseil d'école et, surtout, la masse des enseignants qu'on
présume être en bloc imperméables au changement et aussi
éloigné du bon sens que le langage que leur syndicat tient
en leur nom.
Or ce n'est pas vrai que les intervenants s'opposent au concept de l'école
préceptorale. Je mets les autorité au défi de faire
un sondage ou de tenir un scrutin secret sur ce thème au sein de
n'importe lequel des sous-groupes d'intervenants - parents, enseignants,
groupes de pression religieux ou linguistiques...
Plus de 80 % de la population, au sondage Sondagem de 1996, s'est déclarée
en faveur du concept de l'école préceptorale. Ceux qui s'y
opposent, ce sont fondamentalement les fonctionnaires qui trouvent que cette
révolution de l'éducation leur demanderait bien des efforts,
les leaders syndicaux qui craignent d'y perdre une partie de leur pouvoir
et les politiciens qui ne savent trop si cette évolution leur serait
ou ne leur serait pas favorable.
Il faut aller vers une école humaine. Avons-nous fait ou appris quelque
chose depuis 1992 qui exige que l'on modifie cette proposition? Peut-être.
Je voyais à l'époque les Familles comme des écoles
publiques soumises à des Commissions scolaires et les professeurs
comme des fonctionnaires dont le salaire est payé par l'État.
Tenant compte de l'évolution de notre société, peut-être
les Commissions scolaires sont-elles devenues totalement inutiles.
Peut-être vaudrait-il mieux aujourd'hui que les Familles soient
des entreprises privées, recevant chacune une subvention du Ministère
au prorata du nombre de ses élèves inscrits en plus du libre
accès aux services de soutien, mais payant pour l'espace en polyvalente
qu'elle occuperait. Selon cette formule où celle de 1992, l'essentiel
est d'aller de l'avant.
Pierre JC Allard
Texte 1992
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