L'exploratrice


Photo de Michel Claquin



Elle a glan� les vents,
Respir� les embruns,
Aspir� quelques lueurs d'�toiles
Par une nuit sans lune.

Elle a trouv� des cl�s
Tout au long de sa route,
Mais bien peu de serrures
Pour en ouvrir les portes.

Ses pieds se fondent avec le roc,
Dans le cœur m�me de la nuit.

L'oc�an fait rouler des galets de col�re ;
Il gronde quelquefois,
Vomit son infortune en vagues vengeresses
Crevant les barques vides amarr�es, �� et l�.

Seule, dans la nuit, elle contemple la mer.
Guerri�re se d�couvrant, � son propre regard,
La marcheuse marque un temps
Avant de repartir.

Elle jette ce d�cor aux souvenirs amers,
Surgissant de son �me.
Son corps tendu comme une corde d'arc,
Lui laisse ressentir une force subtile
S'emparer de son �tre.
Qu'importe le combat
Puisqu'elle est g�n�rale de " son unique arm�e ; "

Parfois, frappant avec des fl�ches
Aux envol�es de mots tranchants,
Parfois m�me, se repliant pour mieux se prot�ger
Et puis se reconstruire.

Amante d'un sourire, d'un regard en martyr,
Elle ne vit de l'amour,
Qu'�claboussures d'�toiles
Et barbouillis de boue.

Tel un chien qui attend ou recherche sa piste,
Elle est fid�lit�, soumission � la fois.
Mais elle poursuit sa qu�te, sa lutte, son combat.

Ce ne sera pas lui, ce ma�tre m�cr�ant,
Qui pr�tendra l'apprivoiser en maniant la f�rule
� chaque saute d'humeur !

Imperturbablement, la marcheuse suit sa voie,
Jusqu'aux premi�res lueurs d'une aube renaissante.

Le monde a bascul� un instant sous ses pieds.
La terre a chavir�, emportant ses candeurs,
La laissant esseul�e, en proie � la torpeur
Mais une armure d'acier, en elle s'est forg�e.

Elle a vu le silence embraser son image,
Intense meurtrissure inflig�e,
Telle gifle au visage.
Elle a cru en l'amour :
Astre tomb� des nues,
Qui lui gla�a le sang, engendra la stupeur.
Elle a bu � sa voix, toute onde martelant,
Le fracas d'un glacier qui rompt et qui se fend
Puis a go�t� son corps au go�t de cet amour
Qui griffait sur son �me, ses empreintes d'absence,
�claboussant le temps en brisures d'immondices,
Renvoyant au n�ant, les restes de l'opprobre.

Elle poursuit son chemin au milieu d'une ronde
Dont elle ne sait trop bien comment la d�finir.

Aux portes de la paix, elle s'installe, s'endort,
D�posant sa besace sur un sol accueillant ;
Avant de repartir.

Quelques lambeaux �pars, de peurs, de souffrance,
Flottent devant ses yeux, s'�vanouissant soudain.
Et le ma�tre du temps fait danser son horloge
Pour transporter plus loin,
Sa d�marche � venir...

~~ ~~


Elle a fait d'autres d�couvertes qu'elle a plac�es dans sa besace.
Le cœur serr�, et bien en peine, elle les conserve pour plus tard.
Quoi que d'aucuns puissent lui dire, elle choisit de d�cider.
Ma�tresse de son propre empire, " g�n�rale de son arm�e " !
Cette arm�e ne compte pas grand monde,
Quelques forces diss�min�es
Au sein m�me d'un univers, dont seule, l'exploratrice d�tient la cl�.

Elle avance d'un pas �tudi�, sur les r�cifs, au petit jour
Et ce n'est pas un sacrifice encore, qui lui fera l'amour.
Elle perce de son regard, toute la froideur de l'hiver,
Sachant qu'il n'y a que retard pour ceux qui craignent la froidure.
Des montagnes aux pr�s dormeurs se sont dress�es devant ses yeux,
Des pr�cipices se sont ouverts et bien des failles se sont creus�es.
Mais le visage transparent au sourire tendre,
Demeure �tre son seul �cueil, fausse branche o� se raccrocher.
Il reviendra cet amuseur au gris regard,
Juste le temps d'un pas de danse, portant son masque d'indiff�rence,
Histoire de voir si tout va bien.
Il reviendra veiller aux grains qu'il a sem�s sur le limon
De son jardin imaginaire.
Peut-�tre lui parlera-t-il ?

La porte de sa libert� est � deux pas devant ses doigts.
Quand elle enclenchera la cl�, qu'adviendra-t-il de leur histoire ?
Poussi�res de souvenirs laiss�s sur les trottoirs, au gr� des vents ?
Elle sait qu'elle n'a qu'un geste � faire, qu'un mot � dire,
Pour tout quitter, tout oublier.

Il lui faut rencontrer ce clown, � cet ego inconsistant,
Ce " d�manteleur " � outrance, ce sale frimeur, ce sac � vent,
Pour prendre enfin sa d�cision.
Il lui faut marcher t�te haute, faire table rase, l�cher prise !
Pas facile de dire : Oui, difficile de dire : Non ;
Garder entre ouverte la porte qui laisse entrevoir l'horizon.

Alors, la marcheuse reprend son baluchon
Pour s'en aller chercher des preuves,
Dans le cœur m�me de l'ab�me…
Pour un instant encore.

Mais l'alchimie op�re avec magie...

...Savoir transformer le monde qui est en vous, qui vous est cher,
Sans vous faire blesser dans la chair...



*****
*

 

Suite 3 de L'Exploratrice
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