Pour luy aussi j’ay jette mainte larme,
Premier qu’il fust de ce corps possesseur,
Duquel alors il n’avait pas le cœur.

[…]

Pour luy depuis j’ay meprise l’honneur,
Ce qui nous peust seul pourvoir de bonheur,
Pour luy j’ay hazarde grandeur & conscience,
Pour luy tous mes parens J’ay quitte & amis,
Et tous autres respectz sont a part mis.

Pour luy tous mes amis, j’estime moins que rien,
Et de mes ennemis je veux esperer bien.
J’ay hazardé pour luy nom & conscience,
Je veux pour luy au monde renoncer,
Je veux mourir pour le faire avancer.

[…]

Pour luy je veux rechercher la grandeur,
Et feray tant que de vray cognoistra
Que je n’ay bien, heur, ne contentement,
Qu’a l’obeir & servir loyaument.

Pour luy j’attendz toute bonne fortune,
Pour luy jé veux garder sante & vie,
Pour luy tout vertu de suivre j’ay envie,
Et sans changer me trouvera tout’ une.

[…]

Entre ses mains, en son plain pouvoir,
Je mets mon fils, mon honneur, & ma vie,
Mon pais, mes subjects, mon ame assubjettie,
Est tout à luy, & n’ay autre vouloir
Pour mon objet, que sans le decevoir
Suivre je veux, malgré toute l’envie
Qu’issir en peut.

[…]

Vous m’estimez legiere, que je voy,
Et si n’avez en moy nulle asseurance,
Et soupconnez mon cœur sans apparence,
Vous meffiant a trop grand tort de moy.
Vous ignorez l’amour que je vous porte.
Vous soupconnez qu’autre amour me transporte.
Vous despeignez de cire mon las cœur.
Vous me pensez femme sans jugement ;
Et tout cela augmente mon ardeur.

[…]

Car c’est le seul desir de vostre chere amie,
De vous servir, & loyaument aimer,
Et tous malheurs moins que rien estimer,
Et vostre volonte de la mienne suivre
Vous cognoistrez aveques obeissance,
De mon loyal devoir n’obmettant la science,
A quoy J’estudiray pour tousjours vous complaire.
Sans aimer rien que vous, soubs la subjection
De qui je veux san nulle fiction,
Vivre & mourir.

[…]

Et maintenant elle commence à voir,
Qu’elle estoit bien de mauvais jugement,
De n’estimer l’amour d’un tel amant,
Et voudroit bien mon amy decevoir
Par les ecrits tous fardez de scavoir…
Et toutes fois ses paroles fardeez,
Ses pleurs, ses plaincts remplis de fictions,
Et ses hautz cris & lamentations,
On tant gaigné, que par vous sont gardeez
Ses lettres, escrites, ausquels vous donnez foy,
Et si l’aimez, & croiez plus que moy.


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