ALI
TILE Le
pagne présenté ici a été exécuté par Ya Soucko, originaire de Sogola. La notice
muséographique révèle que le nom du pagne, c'est à dire du motif principal présent
dans le panneau central est répété sur les deux bordures s'appelle Ali Tile. Ce thème
est extrêmement fréquent dans le cercle de Banamba. On cite le nom d'Ali Konaré,
célèbre chasseur décédé en 1970 et dont la femme Nye Coulibaly aurait créé ce
thème pour honorer les exploits de son époux. Ainsi, Ali Tile évoque le temps (tile) ou
le siècle d'Ali et ce pagne lui serait dédicacé.
Le motif principal, dont il est composé est disposé en cercle et porte deux noms : basa
kungolo (la tête de lézard) ou suraka sen (la trace ou le pied du Maure). Il peut s'agir
des traces laissées après une chose. A ce propos, un grand nombre de motifs sont des
stylisations de l'empreinte d'un homme ou d'un animal. En milieu bamanan les traces dans
la poussière ont une grande importance puisqu'on considère qu'elles contiennent une
partie de la personne.
Le centre est marqué d'une croix blanche dont les axes sont disposés en diagonales ou
encore d'une croix blanche aux axes perpendiculaires et dont l'intérieur noir est orné
d'un point blanc en son centre.
Ces deux signes ne portent pas le même nom. Le premier évoque la trace d'un oiseau kono
sen et le deuxième signifie la maison de la mère ba so.
Les petits points blancs clairsemés n'ont pas de sens particulier mais servent à combler
les espaces trop foncés afin d'accentuer les contrastes entre les noirs et les blancs.
Une ligne de losanges successifs définit clairement les trois espaces que sont le panneau
central, la bordure extérieure et le bas du pagne. Ce motif est un des plus utilisé pour
séparer les motifs les uns des autres. Ces noms sont ngolo ngoloni, ce fari jala ou
encore baba ka kursi juru, c'est à dire le zigzag, la ligne tortueuse, la ceinture du
brave homme ou la cordelette du pantalon de papa (ce : l'homme, fari: brave, jala:
ceinture, baba: papa, kursi: pantalon, juru: cordelette). Ces différentes appellations ne
sont pas du à des caprices de la géographie mais bien plutôt à différents stades de
compréhension du motif. Un premier sens a toujours un rapport avec la description
méticuleuse du motif, ici le zigzag, puis on fait appel à des références un peu plus
compliquées ayant un rapport avec le degré d'intérêt de la personne auquel s'adresse
ces explications. Ainsi cette succession de losanges évoquent les plis de la ceinture au
moment où elle est serrée, par exemple avant de commencer un travail. Inversement, quand
elle est dénouée l'homme crée sa descendance et c'est donc les générations à venir
qui sont représentées. C'est alors que ces losanges sont le symbole de la virilité et
de la prospérité d'une lignée familiale".
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