A TRAVERS LA PRESSE FRANCAISE:
"PAROLES PAROLES": DUO DE STARS, OU CHRONIQUE D'UN STANDARD


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"J'allais partir en vacances quand Orlando m'annonce que j'allais adapter pour Dalida "Parole parole", une chanson classée numéro 1 pendant 6 mois en Italie et chantée par Mina et Alberto Lupo. J'étais heureuse, et dès mon retour, et je lui demande où en sont les choses. Il m'explique alors qu'il est trop tard: quelqu'un a fait le travail à ma place. J'étais déçue, d'autant plus que j'avais déjà vécu ça deux ans avant avec une adaptation d'un tube de Patti Pravo: "Tout au plus"! J'étais en compétition avec d'autres auteurs, mais c'est ma version qui était sortie cette fois-là. Et il me refaisait le même coup avec "Parole parole"! Et puis un vendredi matin à neuf heures, il m'appelle: "Micky, je vais te demander un grand service. On a Alain Delon pour faire le duo avec Dalida, mais il voudrait avoir le choix entre plusieurs versions du texte! Alors, il nous faut d'urgence d'autres paroles et on ne peut joindre personne, puisque c'est le week-end! Peux-tu nous dépanner, sans trop te fatiguer, puisque de toute façon, ce n'est pas ton texte qui sera choisi! Écris ce qui te passe par la tête! Mais je te revaudrai cela, je te le jure!". J'ai trouvé cela un peu gonflé de sa part, je le lui ai dit et j'ai raccroché! Une heure après, il me rappelle: "Je t'envoie le souple quand même!". Et là, je tombe amoureuse de cette chanson, que je n'avais encore jamais entendue. Je décide donc d'essayer, pour Dalida plus que pour Orlando, puisqu'elle ne m'avait rien promis, sachant qu'il s'agissait d'un exercice difficile, en l'occurrence adapter une bossa-nova... Je commence à travailler, sur mon petit balcon à Saint-Cloud, et à 16 heures, Orlando m'appelle pour voir ce que j'avais trouvé: j'avais déjà le titre, "Promesses promesses". Mais, comme ces mots ne sonneraient pas bien dans la bouche de Dalida, j'hésitais entre cela et le titre initial. Et le lundi matin à 10 heures, je donne le texte, adaptation fidèle de l'original, et les deux titres au choix à taper à Rosy, la cousine de Dalida, pour Orlando qui voyait Delon à 13 heures. A 13h30 pile, le téléphone sonne et j'entends: "Sorcière! Qu'est-ce que tu nous as fait ?! (rire)". Contre toute attente, Delon avait retenu mon texte en précisant: "C'est ça ou rien!". Et le lendemain, je déjeunais chez Dalida. Nous nous connaissions un petit peu, pas trop intimement, car pour moi, c'était vraiment une star, or je suis timide et je n'avais pas l'habitude de la tutoyer. Et elle me dit avec son accent: "Alain a adoré ton texte, c'est magnifique! Mais si tu pouvais y modifier une seule chose: change-moi "Caramels, bonbons et chocolats" s'il te plaît, parce que j'ai dit ça à une amie qui est venue dîner chez moi hier, et elle m'a répondu: "Et pourquoi pas esquimaux ?". A l'époque, j'étais têtue, orgueilleuse, et j'ai dit: "Je ne change rien!". Plus tard Orlando, venu prendre le café, insiste à son tour: "Tu peux quand même changer cette phrase!". Mais j'ai tenu bon, et j'ai ajouté: "Tu verras, Dali, c'est ça que les gens vont retenir!".

Le soir où Alain Delon a enregistré sa voix parlée sur celle de Dalida, au Studio des Dames, j'étais là. Il a fait deux prises pour cette chanson, dont il avait changé un ou deux mots. Tous les artistes qu'on a produits avaient les paroles devant eux au moment de chanter, lui est descendu sans papier, il a fait éteindre toutes les lumières, a demandé un cognac, a dit le texte d'un bout à l'autre, sur le play-back de Dalida. C'était magnifique, d'autant plus que la fin était difficile à faire, parce qu'il fallait répéter plusieurs fois "Que tu es belle", avec des intonations différentes. Mais il voulait faire mieux, et y est retourné pour une seconde prise: cognac, lumière, comme la première fois. Moi, j'étais toujours là, assise, Dalida était sur un tabouret, Orlando à côté. Elle adorait Delon, ils étaient voisins lorsqu'elle a débarqué d'Egypte. Le studio était donc plongé dans la pénombre, et en bas, c'était carrément le noir, avec juste une petite lumière pour Alain. Deuxième prise, parfaite. Terminé. Alain était arrivé à 21h00 pile, les séances étant programmées de 21h à minuit, et à 21h30, il avait fini: "Je ne peux pas faire mieux, dit-il en nous rejoignant. Maintenant, on écoute religieusement!". Nous avons tous trouvé cela magnifique. Avec deux stars pareilles, nous étions sûrs que ça allait marcher, et nous avons enchaîné avec "Les gondoles à Venise".

Le même soir, après qu'Alain Delon soit reparti, on n'avait rien à faire, et le temps que les ingénieurs commencent à caler les voix etc. , je dis à Dalida: "Tu sais, Dali, j'ai une idée pour terminer ton tour de chant!". C'était Gigi L'Amoroso...".

Numero 153 - Pierre ACHARD



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