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L'école française est devenue
l'école des sciences de l'éducation

Liliane Lurçat

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Il ne s'agit plus de l'école de la République. Désormais les principes, les références et les valeurs de l'école sont élaborés notamment par l'Institut National de la Recherche Pédagogique et les penseurs des sciences de l'éducation.

Le Dictionnaire encyclopédique de l'éducation et de la formation (publié par Nathan en 1994) révèle crûment les transformations apportées à l'école et qui sont rapportées dans la loi d'orientation sur l'éducation de 1989. Les points de vue qui s'expriment dans ce dictionnaire sont homogènes, ils sont principalement idéologiques. L'article "Interdiscipllnarité'' définit celle-ci comme: " une modalité pédagogique destinée à se substituer plus ou moins aux disciplines dont le découpage arbitraire ne correspondait plus à l'identité actuelle des nouveaux savoirs". L'interdisciplinarité est soutenue "par une approche militante de démystification du savoir dans une perspective de sociologie des collnaissances".

Dans le Manuel de psychologie pour l'enseignement (publié par Hachette en 1995), la psychologie cognitive est définie comme "la science de la connassance", ce qui lui donne une emprise sur toutes les disciplines enseignées. Mais pas de la même manière que l'interdisciplinarité qui se veut, elle, au-dessus des disciplines au nom d'un péJagogisme totalisant.

Dans cette école des sciences de l'éducation les sociologues et les pédagogistes rejettent la singularité de la personne au nom de déterminismes liés principalement à l'origine sociale. Dans les IUFM,on prétend former des professionnels de l'enseignement sans tenir compte des disciplines à enseigner. En réalité, la péJagogie n'est pas séparable des connaissances à transmettre, elle prend des formes différentes selon les disciplines. A l'inverse, le pédagogisme sépare la pédagogie des disciplines, il veut se situer au-dessus des connaissances auxquelles il substitue un arsenal de techniques et de procédés

Aujourd'hui, l'école a changé dans son projet, ses démarches et sa manière de gérer le temps. Le temps scolaire est morcelé par la multiplication des vacances et des rentrées qui nécessitent chaque fois des réadaptations. Ce hachage du temps scolaire favorise la discontinuité mentale et l'instabilité physique et intellectuelle des enfants

L'école renforce les pesanteurs sociales: elle défavorise les défavorisés en se déchargeant de son propre échec sur l'origine sociale des enfants. C'est là l'effet du soclologisme à l'école. Les parents d'aujourd'hui sont affrontés à une école qui n'assume plus sa fonction. Ils sont obligés plus que jamais d'aider leurs enfants

dans les apprentissages scolaires. Plus l'école s'appuie sur la famille et plus elle est inégalitaire.

C'est l'école du tiers temps pédagogique qui s'est développée sous la Cinquième République (arrêté du 7 août 1969). Elle s'oppose dans sa démarche et dans sa conception à l'école de Jules Ferry. Elle comporte beaucoup d'activités non scolaires. Le temps consacré aux apprentissages de base est réduit, en même temps qu'est contestée la méthode de l'école élémentaire, fondée sur une transmission systématique et progressive des connaissances.

L'imprécision des démarches, l'absence de rigueur pédagogique favorisent la confusion et l'incompréhension, tandis que les automatismes de base: lire écrire et calculer ne sont pas installés chez beaucoup d'enfants qui ne bénéficient pas du soutien familial et mal installés chez beaucoup d'autres, dont les connaissances sont lacunaires à des niveaux très élémentaires.

L'illettrisme actuel est un produit de la destruction des méthodes éprouvées. Il touche un nombre important d'adultes qui ont quitté l'école sans savoir lire et d'élèves des collèges. Mais on refuse de voir le lien entre l'échec des enfants et l'inadéquation des méthodes utilisées. L'échec des enfants peut avoir des causes individuelles, psychologiques et familiales. Il peut avoir des causes accidentelles. Cependant, une de ses causes essentielles est aujourd'hui interne à l'école. On a a détruit les méthodes éprouvées de l'école élémentaire au nom d'arguments idéologiques et scientistes qui se sont imposés dans tous les lieux de formation des mâîtres.

Le refus de la transmission des connaissances dans l'apprentissage et son remplacement par des pratiques aventureuses fondées sur des thèses constructivistes ont perverti l'acte pédagogique. Des formes spécifiques d'échec sont apparues, concernant en particulier l'apprentissage de l'écriture et de la lecture: l'échec des enfants mal enseignés. L'abandon pédagogique fait apparaître des formes inédites d'autodidactisme, l'autodidactisme scolaire, caractérisé par l'imprécision dans le contenu, la forme et l'expression.

Les bons sentiments ont envahi le discours sur l'école. Le discours angélique sur l'égalité des personnes masque mal l'étiquetage des enfants et de leurs familles, coupables d'être trop pauvres ou trop riches. Ils sont tous entièrement porteurs de leur destinée scolaire.

Derrière un discours à prétention humanitaire, on piège les enfants et leur famille par d'incessantes évaluations et des intrusions intempestives dans ce qui leur appartient en propre.

Il faut rendre sa fonction à l'école . Elle est là pour instruire. Elle doit transmettre les connaissances et les valeurs au plus grand nombre. 


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