Actions : Lycées professionnels : Résistance  


L'action dans les collèges et les lycées : En province - Ile-de-France
Lire aussi : Revue de presse : Refus de la carte scolaire (février 2000)

LP : RESISTANCE A L'ANNUALISATION ET LA CASSE DU SERVICE PUBLIC

L'exemple des Lycées Professionnels est le résultat de toute la logique de la réforme d'Allègre. C'est une attaque sans précédent. On assiste à l'application pratique des grands principes de la charte "un lycée pour le 21e siècle ". Allègre, avec l'appui de la direction du principal syndicat des LP, avait séparé les LP des lycées généraux et technologiques, afin que nous soyons "expérimentaux ", en particulier sur "l'intégration avec les entreprises privées ". Si nous ne réagissons pas massivement, l'expérience risque de tourner au tragique.
Jusqu'à présent, aucun document officiel n'a été diffusé, alors que la réforme de tous les BEP et Bac pro, les grilles et les horaires doivent être appliqués en septembre 2000. Dans mon lycée, quelques jours avant les vacances nous avons reçu la DHG : identique à celle de cette année. 3 semaines plus tard, tout est annulé. Dans certaines académies, des proviseurs utilisent de nouvelles grilles pour faire la répartition des postes, sans l'annoncer. Dans l'académie de Créteil, des DHG bidons ont été envoyé, de peur qu'on se mobilise. A Versailles, les DHG sont en chute libre. Mais toujours rien d'officiel, le ministère attend le dernier moment pour révéler le véritable visage de sa réforme, le 6 mars au CTPM (commission technique paritaire ministérielle). C'est proprement hallucinant, et c'est pour çà que le ministre veut nous mettre devant le fait accompli.
AUGMENTATION DU TEMPS DE TRAVAIL
Ce n'est pas officiel mais on veut nous imposer, "dans le cadre de la réduction du temps de travail " (!!!), qu'une heure de cours soit comptabilisée comme 55 minutes. Résultat : deux heures supplémentaires gratuites (18 X 60 min = 20 X 55 min) ! Mais ce n'est pas tout. Je suis enseignant en STMS, mes élèves partent en stage 6 semaines en moyenne. Aujourd'hui, nous ne travaillons pas en classe mais pendant ce temps j'assure le suivi, l'évaluationSUn barème est introduit disant que pendant les stages je ne fais que 13,5 heures et donc que je dois 4,5 heures. A multiplier par 6 semaines et on arrive à 27 heures "dues par l'enseignant ", c'est dire une heure en plus par semaine. Je ne veux pas trop compliquer la chose mais le résultat est que le ministère veut que nous faisions 21 heures mais qui seront "équivalent 18heures ", ceci étant obligatoire et à salaire constant. Allègre prétend que nous ne faisons pas 18 heures (en réalité tous les enseignants font bien plus avec la préparation, les copies, les réunionsS), et veut imposer une augmentation du temps de travail de 16%. Quel signal pour tout le patronat qui veut aussi redéfinir le temps de travail de tous les salariés ! Allègre nous décompte les récrés comme le MEDEF lui veut décompter les poses pipi. Toute la réforme est de la même veine. Le temps de travail va être annualisé, flexibilisé, les formations et "stages en entreprises pour les enseignants " se feront pendant les vacances.
AUCUNE PERSPECTIVE POUR LES NON-TITULAIRES Dans les LP, la précarité est plus importante qu'ailleurs, or il semble que le ministère veuille en "dégraisser " une partie. Les concours réservés se terminent cette année, et le ministère ne donne aucune réponse. Il y a pourtant encore 17500MA, 6500 contractuels et 7000 vacataires. En effet, les volumes horaires hebdomadaires devraient baisser de manière significative pour les BEP et bac-pro, "compensé " par un allongement de l'année scolaire (à terme on finira après le 14 juillet et on reprendra fin août). Les titulaires pourront donc prendre en charge des classes supplémentaires puisqu'ils que la "règle des 55 minutes " permet de "créer " des heures à effectif constant et sans le moindre coût. Cela signifie des suppressions de postes, avec en premier le non-renouvellement de non-titulaires. Le SNETAA annonce la suppression d'au moins 832 postes sur seulement 12 académies. Nous serons donc tous perdants. Si Allègre réussit à nous faire avaler quelque chose d'aussi gros, cela sera ensuite mis en place dans tous les lycées.
LYCEE ET MARCHE
L'orientation générale de la réforme est dans la charte : "l'identité du lycée professionnel ne peut désormais se concevoir qu'en partenariat avec les professions autour de spécialités identifiées, en prenant largement en compte la réalité de l'environnement économique de l'établissement et la demande sociale des familles ". Cela signifie, comme on y assiste, supprimer des emplois et précariser tous les personnels dans le secteur public d'éducation mais aussi dans la santéS Allègre a totalement accepté la logique du marché. Dans son livre, Loïc Wacquant (Les prisons de la misère Ed. Raisons d'agir) dénonce les dangers de cette politique : la fermeture des écoles, des hôpitaux (comme l'on fait Thatcher et Reagan) ont pour pendant l'ouverture de prisons, de maisons de redressement, la répression et des inégalités sociales croissantes. La politique actuelle est la même : on supprime des postes, on précarise et on envoie la police à l'école. Pourtant, Victor Hugo disait déjà : " une école qui ouvre, c'est une prison qui ferme ".
RESISTANCE
Allègre comptait sur la passivité des personnels pour nous "voler du temps de travail " impunément, c'est raté. Les luttes de ces dernières années (Décembre 95, mouvement de la Seine St Denis, comité anti-Allègre, grèves de l'an dernierS) et les grèves actuelles font que le climat est combatif dans les LP aussi. Le 3 février a été une grande journée d'action contre l'annualisation. Malgré le fait que le principal syndicat refusait d'appeler à la grève, 50% des PLP ont fait grève nationalement. Sur Paris, nous étions 3000 à manifester. A l'issue de la manif, nous nous sommes réunis en Assemblée Générale (130 établissements représentés sur toute la région parisienne). C'est un élément important car les derniers mouvements, en particulier à Montpellier, ont montré la nécessité de nous organiser par nous même, avec les syndicats et les non-syndiqués. Dès la rentrée, des nouvelles actions ont été mises en place. Une AG le 23/02 a décidé de faire grève le 3/03 et le 6/03 lors de la tenue du CTPM. Nous étions 500 le 24/02 devant le ministère pour demander la titularisation des précaires et l'abandon du projet de casse des statuts des PLP. Une quinzaine de LP de la région parisienne s'est déjà mise en grève reconductible, certains sont en grève tournante. Ils ont raison car il faut construire un mouvement déterminé et d'ampleur contre cette politique. Il faut aussi surtout que la solidarité se développe entre les différents secteurs de l'éducation car ce qui sera fait dans les LP sera rapidement mis en ¸uvre ailleurs. Les grèves actuelles sont importantes pour que la grève nationale unitaire du 16 mars ne soit pas une simple journée de grève, mais pour que se développe un vaste mouvement de lutte des personnels de l'éducation, avec aussi les parents d'élèves. Nous ne voulons pas la casse pure et simple de l'éducation publique, pour cela construisons la résistance.
Antoine Boulangé, enseignant au LP Arthur Rimbaud ˆ La Courneuve ˆ syndiqué FSU 93

Accueil

Hosted by www.Geocities.ws

1