LETTRE OUVERTE
A MONSIEUR ALLEGRE, MINISTRE DE L'EDUCATION NATIONALE
Monsieur le Ministre,
Vous venez de déclarer dans un entretien télévisé (le
30 janvier dernier), qu'« on ne va pas réduire le temps de travail »
(au ministère de l'Education Nationale), qu'« il faut profiter des gens
qui font actuellement 18 heures, 15 heures ou certains 13, 12 heures de travail ...
» et que « des gens ... font plus de 35 heures... il y en a quelques
uns ».
Nous en déduisons que, dans notre grand Ministère, un grand nombre
de « gens » sont payés à temps plein mais travaillent à
temps partiel.
En tant que citoyens et contribuables, nous sommes inquiets de cette situation, et
nous vous demandons :
1) de rendre public l'audit d'où vous tirez ces chiffres,
2) qui sont ces catégories de personnels, ou ces personnels, qui « volent
» ainsi les contribuables,
3) depuis combien de temps dure ce scandale, et qui parmi vos prédécesseurs
s'est rendu tacitement complice de cet abus de biens publics,
4) pourquoi vous avez attendu aussi longtemps pour révéler cette situation,
5) et enfin pourquoi vous avez caché jusque là ce scandale aux contribuables.
En tant qu'enseignants et qui, en tant que tels, faisons tous partie de ces «
quelques uns qui font plus de 35 heures », nous demandons à notre Ministre
:
1) de lever l'ambiguïté provoquée par ces deux chiffres «
18 et 15 heures ». En effet, le grand public les a immédiatement et
par méconnaissance, assimilé au temps d'enseignement des professeurs
certifiés et agrégés et donc déduit de cette similitude
que vous visiez ces deux catégories d'enseignants. Or vous savez, vous, ce
que le grand public ne sait pas, à savoir qu'il faut multiplier ces chiffres
par 2,5 voire 3 pour obtenir le temps de travail total réel d'un enseignant
2) de laver donc ces deux catégories de personnels de l'insulte qu'elles ont
ainsi reçue
3) d'engager une réelle concertation avec les enseignants et leurs représentants
sur l'ensemble des réformes que vous souhaitez mettre en œuvre, car nous constatons
qu'elles rencontrent une vive opposition dans tous les milieux enseignants, alors
qu'elles devront nécessairement être mises en œuvre par ces derniers
4) et d'appliquer à votre ministère les directives de votre collègue
Martine AUBRY sur la semaine de 35 heures. Nous ne comprenons en effet pas pourquoi
les seules entreprises privées, qui rencontrent elles aussi des difficultés
de gestion, devraient supporter tout le poids de la création d'emplois, ni
pourquoi le gouvernement, premier employeur de France, ne s'applique pas à
lui-même ses propres lois.
Soyez assuré, Monsieur le Ministre, de notre profond attachement à
nos élèves, à notre profession d'enseignants et à l'Ecole
Publique.
Mireille BERNEX |