Monsieur le ministre,
C'est avec consternation que beaucoup d'entre nous ont entendu vos propos du dimanche
30 janvier, lors de l'émission de Christine Ockrent, France Europe Express,
sur FR3, et comme ce n'est pas votre premier "dérapage", nous tenons
à faire connaître aussi largement que possible notre indignation. En
effet, aussi ignorant que vous sembliez être de nos réelles charges
de travail, vous ne pouvez soutenir qu'un enseignant "travaille quinze ou dix-huit
heures par semaine". Il s'agit de notre temps de cours, or chacun sait qu'un
cours, il faut le préparer, prévoir des exercices, chercher et reproduire
des documents, qu'il faut plusieurs heures pour corriger un seul paquet de copies,
qu'il faut remplir des bulletins, des livrets, surveiller des devoirs, participer
à de multiples réunions, prendre le temps de se former et de s'informer.
Vous savez aussi, comme tout le monde, que nos tâches se sont diversifiées
et alourdies constamment ces dernières années et que nous avons fait
beaucoup d'efforts pour nous adapter à un public plus hétérogène
et souvent plus difficile. Certains d'entre nous se sentent écrasés
de travail, d'autres accablés par les conditions dans lesquelles nous devons
travailler.
Tout cela vous le savez, c'est pourquoi nous jugeons que ces propos, de votre part,
sont injustes et inadmissibles. Comment pouvez-vous, Monsieur le Ministre, pratiquer
vous-même, publiquement, le mensonge, l'injustice, le cynisme et la démagogie
la plus irresponsable, et proposer des "leçons de morale" pour nos
élèves ? Quels sont exactement vos projets ? Nous savons tous qu'un
enseignant qui méprise ses élèves et les dénigre constamment
ne peut que récolter leur colère.
Nous exprimons aujourd'hui notre colère, nous l'exprimerons demain par d'autres
moyens.
Ne comptez pas, Monsieur le Ministre, sur notre respectueuse considération.
Des enseignants du lycée Ferdinand Buisson, Voiron. |