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Le circuit fétichiste du désir et ses restes

Le désir est une métonymie. Voilà une proposition qui semble être absolument évident pour un lacanien. On connaît déjà bien la figure de ce désir innommable, de cette pure négativité dont le destin serait le glissement indéfini dans la chaîne signifiante, tel quelle une métonymie interminable. Mais maintenant on doit insister dans cette proposition prédicative apparemment simple et déjà su : Désir = Métonymie. Parce que, c'est souvent sous l'étiquette d'un déjà su que le non-savoir se présente.

Le désir est une métonymie: qu'est que ça veut dire exactement?

D'abord, il faut insister sur le caractère absolument non-figuré de la proposition. Il ne s'agit ici d'affirmer, par exemple, que le désir serait représenté à travers la forme métonymique, comme si existait un contenu objectal premier caché derrière les figurations de la forme. En vérité, l'idée central c'est que le désir n'est autre chose qu'une métonymie. Comme on sait après la différentiation freudienne entre contenu manifeste, contenu latente et travail du rêve, le vrai objet du désir inconscient c'est le travail même de déplacement signifiant. De la même façon que le vrai objet du désir d'un fétichiste n'est pas exactement un pair de beaux seins ou de longues jambes mais c'est le travail pervers de transfigurer la femme dans une partie détachée de son corps. Puisque le fétiche - qui, comme nous le verrons, c'est la matrice constitutive de tout objet cause du désir - n'est pas simplement l'image d'une partie capable de présenter, d'une façon immédiate et non-castré, le Tout. Mieux serait d'affirmer qu'il est l'image du travail de dissolution du Tout dans une de ses parties.

Mais, à fin d'appréhender exactement quels sont les conséquences de tel proposition, il faut commencer par le début. Allons donc commencer pour épeler l'abécédaire lacanien.

Personne aujourd'hui méconnaît le rôle joué par le métaphore et la métonymie dans des considérations lacaniennes sur la notion de structure. La métaphore opère à travers la substitution paradigmatique d'un signifiant par l'autre. La métonymie opère à travers la combinaison syntagmatique d'une signifiant à l'autre. D'un côté, on a la gerbe de Booz (qui, drôle de chose, est plus une métonymie qu'une métaphore). D'autre, ces trente voiles qui naviguent détachés des ses bateaux. Mais c'est ça l'essentiel? Je ne crois pas. Allons donc poser une hypothèse: l'essentiel n'apparaîtra qu'après l'exposition du rapport de complémentarité qui articule ces deux procédures. Car c'est en insistant sur cette complémentarité qu'on pourrait appréhender la vrai dynamique du circuit du désir et de ses restes.

Mais pour ça, il faut analyser, avec un peu plus de souci, la notion lacanienne de structure.

Pour construire une structure, on sait qu'on a besoin des certains facteurs. Ici, on peut faire résonner une certaine formalisation mis en exécution par Badiou1:

  • Une multiplicité quelconque, c'est-à-dire, quelque chose pour être structuré dont le statut n'est présupposé que par rétroaction. Dés qu'on pose une structure, on présuppose une multiplicité inconsistante qui apparaît comme condition à l'action de la structure.
  • Une règle qu’établis la condition de passage d'un élément à l'autre et qui, de cette façon, transforme une multiplicité quelconque dans un ensemble articulé d'éléments multiples. L'action de la règle consistera dans l'acte de passage d'une multiplicité inconsistante à une multiplicité consistante.
  • Un fondement pour la règle; soit lui une métastructure (ce qui Jacques-Alain Miller appelle de 'structure structurante' qui se pose comme condition d'existence d'une 'structure structurée' par la règle2); soit lui une désignation ostensible d'une référence naturalisée (ce qu'on peut caractériser comme la stratégie réaliste par excellence). Car la règle a une position absolument particulière au intérieure de la structure. D'un côté, elle est ce qui articule la structure. Mais, pourtant, elle est exactement ce qui ne peut pas être articulé au intérieure de ladite structure. Puisque la condition d'existence des éléments du type X ne peut pas être non plus un élément du type X. La règle demande alors un lieu-Autre où elle pourrait être présenter dans son fondement3. D'où se suivra que toute structure devra avoir un élément que la nie.

On voit que, pour construire une structure, il faut seulement deux procédures: une procédure d'articulation interne et une autre de fondation externe. La métonymie fait le premier travail et la métaphore le deuxième. Ou encore, le désir fait le premier travail et la fonction du sujet fait le deuxième.

Le désir c'est la règle de passage d'un signifiant à l'autre. Un passage qui obéit à la contiguïté espace-temporel propre de la métonymie. Car la métonymie: "est cet effet rendu possible de ce qu'il n'est nulle signification qui ne renvoie à une autre signification"4. Telle formule a le mérite de démontrer comment la métonymie produit un certain effet de signification à partir de la référence au contexte et pas à travers la correspondance à une référence naturalisé (c'est que la philosophie analytique désigne comme un natural kind). Dans cet anéantissement de la référence à un objet naturel, la métonymie provoque, d'un seule coup, deux conséquences différents mais aussitôt complémentaires. D'une côté, en faisant un signifiant s'appuyer toujours sur un autre signifiant, elle couture le tissu d'une langage que s'habille à soi même; une langage qui n'a pas été produit pour se mouler au corps d'un substrat pré-discursif. De cette façon, la métonymie produit un Tout consistent que, comme nous le verrons, ne peut être que de l'ordre de l'imaginaire.

Allons faire un petit court-circuit. C'est du rôle joué par la métonymie dans la production du Tout consistant qui vient la primauté lacanienne de la métonymie dans son rapport à la métaphore. Et, si cette primauté est bien présente dans le dit fameux du Père Ubu: "Vive la Pologne, parce que sans la Pologne il n'y aurait pas des polonais", c'est parce qu'il nous souvient que, sans l'instauration préalable de l'ensemble-Tout, il serait impossible de nommer ses éléments.

Mais il faut souligner qu'il y a un prix pour la production de cet ensemble-Tout. Un prix cher, il faut dire. Car le travail de coudre un signifiant dans l'autre se transforme dans un travail infini. C'est facile de percevoir que, à partir du moment où la signification est toujours envoyée au signifiant-autre, on rentre dans un glissement indéfini du sens, qui infinitise la barre qui sépare le signifiant du signifié. Morale de l'histoire: la consistance signifiante produite par l'opération métonymique est corrélative à la perpétuation de cette manque à être qu'on trouve au niveau de la barre. Car la métonymie instaure la dimension de l'absence du nom propre de la Chose: élément qui n'est produit que par la parole pleine métaphorique. Voilà la raison qu'amène Lacan a affirmer:"le désir est la métonymie du manque à être"5. Pour illustrer, il suffit qu'on se souvienne de l'article princeps de Jakobsen6 sur les aphasies. Qu'on fasse attention aux cas des patients avec ce genre d'aphasie qui touche au fonctionnement de l'axe métaphorique de la langue. Ils ont tous la tendance à omettre le sujet syntactique et ils se sentent empêchés d'énoncer des propositions prédicatives du type A=B e A=A. C'est-à-dire, ils tout simplement ne sont pas capables de nommer l 'objet visé; ce qui les jettent au intérieure d'un discours mauvais infini qui tourne autour de l'impossibilité de nomination de la Chose.

Mais on sait que, dans la cartographie conceptuel lacanienne, la nomination de l'être de la Chose mis en place par la métaphore est toujours une équivoque, ce que l'hystérique sait très bien. Puisqu'on peut interpréter la question hystérique comme une question 'nominaliste' du type: "Qu'est-ce qui c'est un nom?", "Pour quoi cet Autre m'appelle de sa femme?"; c'est-à-dire, "Qu'est-ce- que fait d'une nomination une nomination?". Question problématique car, pour cet élève de Kojève appelé Lacan, le nom est le meurtre de la Chose. Il n'y a aucun rapport d'adéquation que puisse être le garant de la nomination. La métaphore est défini, par ailleurs, exactement comme cette opération qui expose l'impossibilité d'un rapport d'immanence avec la Chose. Ce qui n'est veut dire autre chose que: l'acte de nomination ne peut pas obéir aux présupposés d'une théorie correspondencialiste de la vérité qui postule l'existence d'une espèce de substrat pré-discursif présenté par le signifiant. La stratégie réaliste de la désignation ostensible n’aura pas de place dans la pensé lacanien. La correspondance à la Chose Réel ne peut pas donner le fondement nécessaire au système symbolique. Car la Chose est exactement: "aquilo que do Real padece de significante" ou encore, ce qui est "hors-signifié". Elle est ce que n'apparaît dans la structure que comme manque.

Note sur la Chose

En fait, il faut bien comprendre la notion lacanienne de Chose pour appréhender la spécificité de son concept de métaphore. On peut commencer en disant que la Chose garde une identique logique avec ladite multiplicité inconsistante présupposé par l'avènement de la structure. Comme on avait dit en avant, tout procès de symbolisation présuppose et pose un excès. Mais d'où vient tel excès? Il vient de la logique même du procès. S'on pose la question de l'en-deça de la structure, on reçoit comme l'unique réponse possible: "Avant la structure il y avait quelque Chose indéterminé que maintenant n'apparaît que comme pure manque". Voilà pour quoi Lacan dit: "au niveau des Vorstellungen, la Chose non pas n'est rien, mais littéralement n'est pas - elle se distingue comme absente, étrangère"7. Il ne s'agit pas d'une manque d'un objet déterminé mais, autrement, de pure manque, c'est-à-dire, manque de ce qui n'est pas déterminable. Car la détermination est déjà une action de la structure et ne peut pas être antérieure à son avènement. C'est la pure manque qu'apparaît comme excès, comme ce qui ne peut pas être structuré. C'est pour ça que la Chose marque la place de l'impossible chez Lacan. Elle marque une certaine opération de sacrifice présupposé par l'avènement du système symbolique.

Ici, la lecture kojevéenne de la théorie hégélienne du concept peut nous aider. On sait que Kojève formule l'aphorisme: "le mot est le meurtre de la Chose" (ce qui en Hegel n'apparaît que comme: "le concept est le temps de la Chose") à fin de souligner une opération de décentrement propre à n'importe quel acte de nomination. Car nommer c'est décentrer l'être de la Chose de son hic et nunc, de son support naturel, pour le faire passer à l'universalité du concept. Ce que Hegel lui-même avait déjà signalé à propos du problème de la référence qui anime le développement de la certitude sensible: "La parole a la nature divine d'inverser immédiatement mon avis pour le transformer en quelque chose d'autre"8. Car au moment où la conscience essaye d'énoncer la particularité elle n'énonce que la particularité comme un impossible qu'apparaît au intérieure de l'universalité du concept. D'une certaine façon, on est devant un problème symétrique à celle qui sera nommé plus tard, par Quine, d'indétermination de la référence. Et avec das Ding nous sommes bien devant un problème concerné à la référence que ne se présente que comme Réel impossible.

On peut donc définir la nomination métaphorique comme une certaine opération de refoulement de la Chose. Ce qui Lacan nous dit lorsqu'il parle de: "l'effet de condensation en tant qu'il part du refoulement et fait le retour de l'impossible, à concevoir comme la limite d'où s'instaure par le symbolisme la catégorie du réel"9. C'est-à-dire, la métaphore est un refoulement qui, en même temps, fait le retour de la Chose comme la limite à l'opération de symbolisation. Elle actualise une absence qui ouvre, au système, l'exposition de la limite de son dispositif de désignation nominal. C'est pour ça que la parole pleine lacanienne sera en fait une imposture. Derrière la femme du: "tu es ma femme", il y aura toujours ce rien, ce vide dont l’avènement, dont l'acte continu de ne s'inscrire pas, ne permet pas la stabilisation du pacte symbolique.

D'autre côté, si on se souvient que, pour Lacan, le nom de l'être de la Chose est la pulsion en tant que le désir dans son caractère foncière de désir pur innommable, de négativité absolue, alors on laisse encore en ouverte le problème de présentation nominale du désir dans l'intérieure de la structure.

Tel problème sera bien énoncé par Lacan dans l'affirmation déjà connue: "Qui le désir soit articulé, c'est justement par là qu'il n'est pas articulable"(E 804). C'est-à-dire, comme le désir c'est la règle d'articulation des signifiants, il ne peut pas, à cause d'une impossibilité logique, être articulable dans la dimension signifiante. Mais il y a une issue de ce cercle vicieux. Car, c'est que n'est pas articulable dans la structure symbolique peut être objectifié dans la dimension imaginaire. Voilà le prix payé pour produire la consistance du Tout. La structure devra compter au moins un élément qui ne soit pas un signifiant articulable. Tel élément sera, en même temps, l'objectification imaginaire de la règle et l'objectification imaginaire de l'impossibilité d'un fondement pour la règle. C'est-à-dire, tel élément est une illusion au sens marxiste du terme. Il est un semblant idéologique qui, pour avoir l'indestructibilité d'un semblant, est absolument nécessaire pour le fonctionnement du système. Voilà pour quoi Lacan affirme, dans le séminaire RSI: "toute consistance est de l'ordre de l'imaginaire".

Pour dire d'une autre façon, comme Lacan interdit la duplication de le structure ("Il n'y a pas de métalangage", "Il n'y a pas de l'Autre de l'Autre", "Il n'y a pas de sens du sens") il ouvre une place vide dans son intérieure. Une place vide qu'on peut voir comme une réponse à la question: "Quelle est le fondement d'un système fermé mezzo-psicotique, que ne se réfère qu'à soi même, tel quel l'univers symbolique lacanien?". Comme on sait, la réponse est: "Il n'y a pas". D'où se suit la besoin de produire quelque chose qui soit à la place du fondement qu'il n'y a pas. Quelque chose qui vienne recouvrir l'absence de cette Chose que ne peut pas être présenté par la structure. Quelque chose qui a un nom dans le vocabulaire lacanien. Il s'agit de l'objet du fantasme, de l'objet petit a: celle-ci que Lacan a appelé l'objet cause du désir10. C’est pour cette raison que Lacan peut affirmer :

Si nulle part dans l’Autre ne peut être assurée d"aucune façon la consistance de ce qui s’appelle vérité, où donc est-elle sinon à ce qu"en réponde cette fonction du petit a11.

C'est dans la dimension fantasmatique de l'objet petit a que la règle, ou dans notre cas, que le désir se présente en toute sa contingence et en toute sa essencialité de manque à être non appréhensive. Car l'objet petit a, loin d'être tout simplement une image congelé, est l'image de la négativité du désir se pétrifiant dans l'inertie d'une détermination concrète qui, en soi même, est absolument contingente.

[faire une articulation avec la lecture lacanienne du paradoxe de Russel présente dans le cours 23/11/66 de la Logique du fantasme. C’est possible de constituer l’ensemble de tous les ensembles à travers une opération de production de l’objet a ; « l’unité de plus, incomptable comme telle »]

La jouissance perverse

Mais pour mieux exposer ce point, j'aurais besoin de faire un court-circuit et aller dans la direction de la structure lacanienne de la perversion.

La raison pour cette procédure c'est simple: il faut insister sur la notion de la métonymie en tant que déplacement pervers. Parce que: "la fonction de la perversion du sujet est une fonction métonymique"12. C'est dans ce chemin qu'on pourra appréhender tout le rigueur logique qu'on trouve dans la proposition lacanienne sur: "ce phénomène fondamental que l'on peut appeler la radicale perversion des désir humains"13

Quand on dit que le désir est foncièrement structuré de façon perverse, on dit deux choses différentes - une plus évidente que l'autre. Le premier sens de tel affirmation fait appel à la distinction fondamental entre la notion de besoin et ce notion d'un désir coupé de toute adhérence naturelle préalable. L'autre sens sera une conséquence d'ordre logique qu'on verra dans la suite et qui poserait la différence entre le désir aliéné, pris dans une espèce de fausse jouissance auto-érotique, et ce qu'on pourrait nommer de vrai désir.

On sait déjà qu'il y a, chez Lacan, une certaine déformation pervers des besoins par le désir que fait écho au dualisme ontologique de Kojève et au rapport entre nature et société chez Lévi- Strauss. Car l'énonciation du désir - ce passage des besoins dans le signifiant - fait résonner toujours une Autre Chose à distance. Si le désir c'est la règle c'est parce que la règle c'est la déviation. Il suffit de souligner que, en essayant d'appeler l'objet du désir par son nom: "le sujet ne satisfait simplement un désir, il jouit de désirer"14. Au-delà de la relation d'objet, il y a une: "jouissance du désir en tant que désir"15. Proposition, dérivé de l'adage "le désir de l'homme est le désir de l'Autre", qui a aussi le sens d'affirmer l'existence d'une jouissance de la métonymie en tant que tel. C'est-à-dire, jouissance du pur déplacement signifiant. Ou encore, ce qui Miller appelle de jouissance du symbolique.

Mais si la perversion est fondé sur ce plaisir de l'usage du signifiant c'est parce que dans le fantasme pervers: "Ce qu'on peut nommer comme le signifiant en état pur se soutien sans la relation intersubjective, vidé de son sujet"16. Dans le fantasme pervers, cette jouissance du pur déplacement signifiant se objetifie, ou encore, se réifie (elle apparaît sans la relation intersubjective) dans l'image d'un objet inerte et opaque: l'objet petit a.

Mais ici, il faut poser une question centrale: s'on suit tout ce raisonnement, comment on peut faire la différenciation entre le désir aliéné et ce qui Lacan désigne dans le séminaire V comme le vrai désir? Ou encore, comment différencier sublimation de perversion?

Allons commencer par l'hypothèse suivante: la perversion c'est le nom d'un certain procès de travail qui a pour but produire un objet absolument particulière appelé fétiche. Depuis Freud, on sait que le fétiche c'est un objet produit pour défendre le sujet de l'angoisse de la castration. Une castration perçue d'emblée sur la femme ou, plus précisément, sur le premier grand Autre que se présente au sujet: le grand Autre maternelle. Perception que, grâce à une réflexivité propre à la constitution du sujet, reçoit la valeur d'une menace de castration contre soi-même. On peut donc affirmer que la procédure pervers consiste dans le rejet (Verleugnung) de la castration à travers de la production d'un objet-fétiche qui empêche la présentation d'une manque dans l'Autre qui est corrélative à la spaltung du sujet. Car, grâce à son identification avec le fétiche, le sujet se objetifie à travers l'objectification de son désir et permet la production d'une consistance imaginaire dans l'Autre. Ici on doit se souvenir comment le sujet rejette, à travers le fantasme pervers, sa division et son caractère de manque à être grâce à son objetctification. Ce qu'on trouve dans l'affirmation fameuse de Lacan: "La structure de la perversion é propriamente falando um efeito inverso da fantasia. É o sujeito que se determina a si mesmo como objeto, em seu encontro com a divisão da subjetividade"(SXI 175 168)

Le remarquable c'est qui, si dans la dimension signifiante le désir glisse toujours, dans l'ingénierie imaginaire du fétiche il paraît trouver finalement son point de présence. Ce qui prouve que le fétiche est le nom du désir. C'est pour cette raison que, quand le fétiche s'efface il ne reste autre chose que l'angoisse d'un désir qui a l'odeur de la mort. Il suffit de souligner ce que dit Lacan à propos de Gide et du résultat de la destruction, par sa femme, des ces lettres qu'il lui avait écrire: elle a laissé une béance ouverte dans son être. Ou encore, elle a dévoilé la structure de l'être comme manque à être. D'où se suit qui dissimuler tel place vide était la vrai fonction des ces lettres-fétiches. Et on peut affirmer que la jouissance permise par la production de tels lettres a été bien une image de jouissance qui n'est se soutenue que grâce au dénie de la castration. Une image de jouissance dont la fonction principale est la dissimulation même de l'impossibilité de la jouissance. Car la perversion: "pour autant qu'elle accentue à peine la fonction du désir chez l'homme, (...) institue la dominance, à la place privilégié de la jouissance, de l'objet a du fantasme qu'il substitue à l'A"17.

Mais comment la perversion produit le fétiche responsable pour la dissimulation de l'impossibilité de la jouissance? Ici, le mieux a faire c'est de donner la parole à Lacan même: "Cette fonction fétiche n'est concevable que dans la dimension signifiante de la métonymie"18. La fonction fétiche de l'objet n'est autre chose que l'exposition de son caractère métonymique. Mais ça ne veut pas dire simplement que le fétiche est une partie que présente le Tout. il faut aller un peu plus loin et dire que le fétiche est l'image de ce qui ne se présente dans le déplacement signifiante, c'est-à-dire, le déplacement même, le travail du désir. Il est la fixation perverse de ce moment où la femme est en train de devenir jambes, bouche. Il est l'image même du mouvement pris dans un moment de suspension. Ici, la notion de fixation perverse doit être comprise comme une certaine procédure d'objectification d'un mouvement de déplacement signifiant.

On peut donc donner la formulation suivante: l'objet fétiche est cet élément qui doit être compté pour donner consistance à l'ensemble-Tout. N'importe quel système symbolique est fondé par un fétiche qui est dans la place même d'une clivage foncière qui advient de l'absence d'un fondement de la règle, extérieure au système même. En fait, tout système symbolique est fondé par un Totem dont la fonction est dissimuler l'impossible marqué par le tabou. On peut dire quand même que la castration est le nom de cette opération de marquer le fondement avec le signe du manque. Accepter la castration signifie, dans ce sens, reconnaître l'impossible du Tout, de l'Un et de l'auto-identité immédiate. Et si toute règle produit, tel quel une espèce d'ombre, un élément fétiche qui comble l'impossible de son fondement extérieur on doit souligner que tel élément sera le responsable pour une certaine auto-identité imaginaire ($ <> a).

L'objet sublime c'est un fétiche sans reste

Et ici on arrive à la question centrale de ce travail: comment passer de ce désir fasciné par sa propre image dans le fétiche à la sublimation qui fait le sujet se confronter à l'inquiétante étrangeté (unheimlich) d'une expérience de décentrement? Ma réponse serait: on ne passe pas du fétiche à l'objet sublimé. Car cet objet élevé à la dignité de la Chose - définition lacanienne pour la sublimation - n'est autre chose qu'un certain genre de fétiche. N'est pour autre raison que Lacan insiste dans la présence d'une certaine uberschätzung, c'est-à-dire, d'une supervalorisation de l'objet dans la sublimation. Allons, par exemple, penser à Antigone: le paradigme lacanien pour l'éthique. La beauté de son geste (et on peut dire la beauté pervers de son geste) a consisté à désirer la partie en dépit du Tout. C'est-à-dire, son frère à la pólis. Et en désirant la partie elle a exposé la consistance imaginaire de la pólis à l'échec. C'est amour est devenu amour sublime, et pas amour fétichiste, parce que l'objet, loin de dissimuler la clivage du Tout sociale de la pólis, est se transformer dans l'affirmation de tel clivage. A travers l'attachement à son frère, Antigone a dévoiler l'objectification d'un amour pour le décentrement, d'un amour pour la faille. C'est dans ce rapport qu'on peut identifier une jouissance de l'impossible. Jouissance d'un Réel qu'apparaît comme faille, Jouissance absolument différente de cette image de jouissance produit par le fétiche.

Mais ici on doit faire écho à une certaine formule qu'on trouve chez Freud: "c'est dans la construction du fétiche lui-même qu'ont trouvé accès aussi bien le déni que l'affirmation de la castration"19. Formule absolument fantastique à cause de son caractère dialectique. Dans le fétiche on trouve accès aussi bien le déni que l'affirmation. Et, peut être, on ne passe pas le fétiche parce que, comme le sait tous les dialecticiens involontaires, le fétiche est déjà sa propre négation. D'une certaine façon, il est l'exposition de sa propre impossibilité. Il est présentation de la Chose en tant qu'impossible car il est présentation déterminé de cette impuissance d'un système qui sera toujours un UNiversel Pas Tout. D'où vient la formule possible: l'objet sublime c'est un fétiche sans reste; c'est-à-dire, avec le moment de sa propre auto-négation.

On sait que cet objet élevé à la dignité de la Chose n'est pas un objet que représente la Chose. Par définition logique, la Chose ne peut pas être représenté, car elle est pure manque que marque l'espace de l'en-deça de la structure. Par contre, on peut tourner autour de ce manque. Et peut-être on pourra dire que le fétiche n'est autre chose qu'une façon de tourner autour de la manque de la Chose. Car lorsqu'on comprend cela on peut passer d'une jouissance toujours impossible à une jouissance de l'impossible.

Bibliographie

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BADIOU, Alain; L'être et l'événement, Seuil: Paris, 1988.

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LYOTARD, Jean-François; Le travail du rêve ne pense pas in Discours, forme, figure;

MILLER, Jacques-Alain; La suture: éléments pour une logique du signifiant in Cahiers pour l'analyse, n.1, 1966

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ZIZEk, Slavoj; Ils ne savent pas ce qu'ils font (Le sinthome idéologique), Point Hors Ligne: Paris, 1990

___ ; Subversions du sujet, PUR: Rennes, 1999.

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1 BADIOU, Alain; L'être et l'événement, pp.161-167. Le schéma de Badiou est différent de cet ensemble de trois facteurs ici présenté. En fait, il ne part pas de la question: "quels sont les facteurs exigibles par une structure?" mais "quel sont les facteurs exigibles par une ontologie de l'infini?". C'est-à-dire, s'on accepte l'infinitude de l'être et s'on accepte aussi l'identité entre l'être et nature il faudrait penser les conditions d'une infinité de la présentation. Telles conditions passent par une méthode d'exhaustion du fini que sera équivalent à un système des procédures de présentation du multiple. D'où on déduit que la question passe par la classification des facteurs de configuration d'une structure. Badiou nous présente quatre facteurs: a) un multiple présenté (un déjà); b) une règle; c) une limite à la règle (un encore); d) un deuxième multiple qui sera en même temps le lieu d'articulation de la règle et ce qui apparaît en position de limite à la règle. Ce deuxième multiple sera nommé l'Autre et peut être aussi pensé comme la métastructure. Pour des raisons de didactique, j'ai exposé les facteurs c) et d) comme une seule
2 MILLER, Jacques-Alain; Matemas I, 11
3 On rencontre ici le problème du fondement de ce lieu-Autre: procédure qui peut nous amener à une exhaustion à l'infini. Mais, comme on sait après Lacan, "il n'y a pas de l'Autre de l'Autre", ce qui veut dire: il y a un manque dans la place du fondement. on reviendra à cette question pour exposer comment le fétiche est l'objet qui vient combler tel manque.
4 LACAN, Jacques; Ecrits, 622
5 LACAN, Jacques; Ecrits, 623
6 JAKOBSEN, Roman; Linguística e comunicação, 78
7 LACAN, Jacques; Seminário VII, 78
8 HEGEL, G.W.F.; Phénoménologie de l'Esprit, p. 84
9 LACAN, J. Radiophonie 69
10 Mais dans ce point il faut souligner qui l'objet: "a, en tant que semblant est un leurre au sens lacanien: non parce qu'il serait un substitut trompeur du réel, mais précisément parce qu'il appelle l'impression qu'il y aurait, derrière lui, quelque réel substantiel: il leurre en se posant comme ombre d'un réel sous-jacent" (ZIZEK, Slavoj; Subversions du sujet, 44). En autre, c'est la position de l'objet petit a qui présuppose la Chose.
11 LACAN, J, SXVI, p. 21
12 LACAN, Jacques; Séminaire IV, 148
13 LACAN, Jacques; Séminaire V, 76
14 idem, 313
15 idem, p. 320
16 LACAN, SIV, p. 120
17 LACAN, Jacques, Ecrits, 823
18 LACAN, SV, p. 70
19 FREUD, Sigmund, Fétichisme, 130

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