MANUFACTURE DE PIANOS

MÉDAILLES D'OR

A TOUTES LES EXPOSITIONS DEPUIS 1827 ;
Hors de concours en 1849.

Le piano est un instrument d'une construction compliquée, et composé de tant de matières, toutes plus ou moins sensibles aux influences de la température, que sa durée et son maintien en bon état dépendent beaucoup des soins qu'on doit en avoir, soins qui, la plupart du temps, sont fort negligés. Cette négligence est une des principales causes des dérangements dont on se plaint et qu'on attribue, presque toujours à tort, à la construction de l'instrument. Pour démontrer l'urgence de ces soins, il nous paraît utile de faire connaître la multiture de matières et de substances différentes que entrent dans la fabrication d'un piano et qui se résument ainsi :

BOIS
INDIGÈNES.|Noyer.
|Houx.
Chêne.|Grisard.
Hêtre.|
Sapin rouge et blanc.|Exceptionnellement.
Tilleul.|
Érable.|Peuplier.
Poirier.|Orme.
Cormier ou alisier.|
EXOTIQUES.|Amaranthe.
|Bois de fer.
Acajou.|
Palissandre.|Exceptionnellement.
Courbaril.|
Cèdre.|Citron.
Cédrat.|Amboine.
Ébène.|Violet.
MÉTAUX.
Fer forgé.|Cuivre.
Id. fondu.|Laiton.
Acier forgé.|Argent.
Id. fondu.|Plomb.
ÉTOFFES.
Drap.|Feutre.
Casimir.|Taffetas.
Molleton.|
PEAUX.
De semelle.|De mouton.
- buffle.|- daim.
- veau (diverses épaisseurs).|
OBJETS DIVERS.
Ivoire.|Huile.
Colle.|Saindoux.
Vernis.|

On comprendra facilement, après avoir jeté les yeux sur ce détail, combien les précautions et les soins que nous allons indiquer sont indispensables pour que toutes les pièces de diverses sortes dont se compose l'instrument, et particulièrement le mécanisme, fonctionnent constamment bien :

1° Le piano doit être soumis, le plus possible, à une température moyenne ; pas au-dessous de 12 ni au-dessus de 30 degrés du thermomètre centigrade, soit 10 et 24 degrès de Réamus, ou 54 et 86 degrès de Fahrenheit.

Au-dessous de cette température (de 12, 10 ou 54 degrès), les bois, les draps, les peaux gonflent, et tout le mécanisme marche mal.

Au dessus (de 30, 24 ou 86 degrès), toutes ces matières se resserrent, se rétrécissent, et il en résulte un cliquetis ou une multitide de bruits désagréables et difficiles à corriger.

2° Ce qu'il et le plus important d'éviter pour le piano, comme pour tous les instruments sonores, c'est l'humidité. Il faudrait donc, autant que possible, ne pas placer l'instrument :
dans un rez-de-chaussée humide, ou
Entre deux croisées, ou
Entre une porte et une croisée formant un courant d'air.

3° Il ne faut jamais laisser le piano ouvert quand on ne joue pas, et particulièrement quand on nottoie l'appartement où il est placé.

4° Il faut éviter de le placer trop près d'un poêle, d'une cheminée ou des bouches de chaleur.

5° Il est essentiel de toujours essuyer le clavier, après avoir joué, avant de fermer le piano.

6° On doit avoir soin, au moins une fois par mois, de faire ouvrir en grand le piano pour épousseter et souffler à l'intérieur (à l'aide d'un soufflet et non avec la bouche), afin que la poussière qui s'infiltre inévitablement dans l'instrument ne s'agglomère pas sur la table d'harmonie et sur les pièces du mécanisme, ce qui nuit à la sonorité et gêne le jeu du clavier.

7° Il est utile d'observer qu'on ne charge jamais le couvercle du piano de livres, de musique ou d'autres objets dont la pesanteur le fait gauchir, et qui souvent occasionnent de certains frisements pendant qu'on joue l'instrument.

8° Pour assurer la tenue de l'accord, un piano doit être accorde au moins tous les deux moins, dans la première année de son acquisition, et tous les quatre mois au moins dans les suivantes.

Il est important de veiller avec soin à ce que l'accordeur ne laisse jamais l'instrument descendre au-dessous du diapason, ce qui nuit essentiellement à la sonorité.

9° Si le piano est transporte d'un lieu dans un autre, il doit être accordé après ce transport, en dehors du nombre d'accords recommandé ci-dessus. Il doit en être de même toutes les fois que, dans une grande soirée, la chaleur se sera élevée au-dessus de la température ordinaire de l'appartement.

10° Pour les pianos à queue ou verticaux, sur lesquels on joue, au moyen de la pédale de reculement, sur une ou deux cordes, on doit se servier de cette pédale avec ménagement et en jouant doux, pour éviter de discorder l'instrument ou de casser des cordes.

11° Ayant un bon piano, bien égal dans ses diverses octaves, il faut, les moins possible, s'en servier pour faire des exercises de 5 notes, ou autres du même genre, qui ne parcourent qu'une petite étendue du clavier et presque toujours la même ; car il est évident que cette portion s'usant plus vite que les autres, qui sont moins jouées, le piano perd toute son égalité.

12° Il est à recommander de tenir constamment le piano couvert d'une couverture doublée en peau, qu'on doit avoir soin d'ôter tous les jours pour épousseter l'instrument à l'extérieur. En ajoutant à cette précaution celle de tenir constamment sur le clavier un petit coussin en soie, ouaté, ou une bande de flanelle double, le piano conserve beaucoup plus longtemps la beauté du vernis et la blancheur de l'ivoire des touches.




NOTICE

SUR

LE PIANO ET LA MANUFACTURE

D'IGN. PLEYEL ET CIE.


Le piano, instrument aujourd'hui si usité et si cultivé, fut inventé en 1717 par Schröder, en Allemagne, après des essais tentés en 1711 à Padoue par Cristofali, et en 1716, à Paris, par Marius, facteur français. Il le nomma piano-forte, en raison de la faculté qu'on a de jouer doux et fort, par le plus ou moins de pression sur les touches, ce qu'on ne pouvait obtenir sur le clavecin.

Quelques facteurs de l'Allemagne introduisirent succesivement diverses améliorations dans la fabrication de cet instrument, et il fut enfin perfectionné en Angleterre, où John Broadwood forma, en 1772, une fabrique de pianos qui, par les soins , le talent et la persévérance de cet habile facteur et de ses successeurs, est devenue la plus importante du monde. Quoique Sébastien érard eût fondé à Paris, en 1776, la première fabrique de pianos qui y fut établie et y obtint de grand succès, pendant cinquante ans l'Allemagne et l'Angleterre conservèrent le monopole de la vente des pianos sur les marchés étrangers. Cette fabrication peu importante en France au commencement de ce siècle, puisqu'on n'y comptait alors que 5 à 6 facteurs, produisant enseble environ 500 pianos par an, a pris un développement considérable, et aujourd'hui on compte plus de 200 facteurs, qui mettent en circulation, chaque année. 7 à 8,000 pianos de toutes les formes et de tous les prix, depuis 430 jusqu'à 3,000 francs et plus. Sur ce nombre, un dixième seulement est exporté.

La manufacture de pianos de PLEYEL ET CIE fut fondée en 1825, à l'instar des grandes fabriques anglaises, dans le double but de mettre en terme à l'importation en France des instruments qu'on tirait encore en grande quantité de l'étranger, et de pouvoir présenter, sur les marchés où les pianos français ne trouvaient aucun succès, un concurrence active aux instruments de l'Allemagne et de l'Angleterre. Les premiers succès de cette manufacture, dirigée dans un esprit de progrès plutôt qu'en vue d'innovations hasardées, ne tardèrent pas à couronner les travaux et les recherches de son chef : la médaille d'or, la décoration de la Légion-d'Honneur et trois rappels de médaille d'or, lui furent décernés aux expositions de 1827 à 1844, et constatèrent la marche progressive qu'elle a suivie.

En effet, depuis la formation de cette fabrique, ses établissements, le nombre de ses ouvriers, la fabrication et l'écoulement de ses produits ont été dans un constant accroissement, et cette maison, qui, en 1827, ne fabriqua que 108 pianos, en a livré, depuis cette époque jusqu'au mois de juin 1849, 15,194. Elle atteint aujourd'hui un chiffre qui forme plus du huitième de la fabrication totale des pianos en France, et en fait la manufacture la plus considérable du continent.

Ses quatre établissements, situés dans différents quartiers de Paris, sont :
La manufacture et les magasins, rue Rochechouart, n° 200 ;
La succursale (location et vente), rue Drouot, n° 2, ex-rue Grange-Batelière ;
Les ateliers de construction, rue des Récollets, n° 9 ;
Les chantiers et la scierie, rue des Portes-Blanches n° 10 (à Montmartre).

Dans ces chantiers et sous leurs immenses hangars sont constamment entretenus, tant en bois indigènes qu'exotiques, des approvisionnements pour la fabrication de 4,000 pianos.

C'est par des moyens d'un aussi large développement et l'emploi des ouvriers les plus habiles, et qui sont au nombre de plus de 300, que la manufacture d'IGNe PLEYEL ET CIE a pu fonder une fabrication non-seulement en France, mais aussi dans les pays d'outre-mer où elle exporte 250 à 300 pianos par an, et où l'expérience de leur durée et de leurs qualités lui procure une débouché constamment croissant.




APERÇU

DE LA

FABRICATION DES PIANOS.


Extrait d'un article du Magasin pittoresque intitulé :
Voyage scientifique d'un ignorant autour de sa chambre.

site index

Hosted by www.Geocities.ws

1